Arno Mothra La Fausse Couche du Paraphène

Nouvelles psychotiques

La fausse couche du paraphrène

Note :
4/5
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L’argument

Des enfants qui jouent à se tuer, ou d’autres qui avancent dans le noir au son de Joy Division pour conquérir leur monde. Des épouvantails qui attendent leurs parents et grandissent seuls. Des amoureux qui cherchent à s’envoler et à se crasher dans leur paradis sans se lâcher la main…

Tels sont, entre autre,  les héros des 13 histoires courtes du recueil, 13 nouvelles grinçantes et sombres comme un cauchemar, 13 « contes au vitriol ».

Ca commence comme ça

Qui s’y frotte s’y pique. J’habite dans une boîte d’allumette, au milieu des kamikazes dont la tête rouge prendrait feu pour un rien. J’ai le cœur compact et compressé, comme une fourmi perdue dans le ventre d’un éléphant.

Je pense à ses lèvres, je pense à elle ; si belle et si maigre que tout son corps tiendrait dans une chaussette. Kiss me, kiss me, kiss me ! Moi, je détruis tout ce que je touche ; j’ai des tronçonneuses en guise de doigts, et mes caresses font mal. Alors je savoure des yeux, du cortex, en pleurant cette paresse avec laquelle Dieu m’a créé. Du khôl sur le coeur, et les mains couvertes de poussière ; j’ai la tristesse productive.

Avis personnel

[« Paraphrénie : Psychopathie. Psychose délirante chronique, caractérisée par le fantastique, la luxuriance des thèmes délirants, alors que l’adaptation à la réalité est paradoxalement conservée »]

Les nouvelles de ce recueil sont courtes et percutantes, dérangeantes et fascinantes. Les personnages oscillent et vacillent au cœur d’une sombre folie, et sont prisonniers d’eux-mêmes. Et la délivrance ne peut se faire sans douleur.

Comme des petites gouttes de poison, les différentes histoires sont pleines de monstres qui nous renvoient à nos peurs ou nos désirs (de se trouver, d’aimer, de vivre…)

Les héros se cherchent mais ne se trouvent pas toujours, et l’accouchement de soi ne se fait pas sans souffrance, ni sans une bonne dose de psychose.

L’écriture est directe et rapide, sans détour ni faux-semblants.

Il peut être difficile de se plonger totalement au fond des histoires, tant celles-ci sont violentes, mais il est impossible de rester indifférent face à la souffrance et à la folie des personnages.

La quête de soi devient alors douloureuse, et folle. Sans espoir de s’en sortir indemne.

Le gramophone

L’album de The Vanishing, Songs for Psychotic Children, qui, comme l’indique son titre, colle exactement à l’ambiance et au thème du recueil.

Sur le mur

La fausse couche du paraphène
Photographie extraite du film « Psychose » d’Alfred Hitchcock (1960)

Dans la même veine

« Loin à l’intérieur », le recueil d’Armand Cabasson (éditions de l’Oxymore), pour la folie et la souffrance humaine.

A propos d’Arno Mothra

On sait très peu de chose sur Arno Mothra.
Il a publié à ce jour deux recueils, « La fausse couche du paraphrène », et « Amylène Analgésique » au éditions Komakino.
Son premier roman, « JUSTIN(E) », paraîtra dans le courant de l’année 2009.
En parallèle, il est aussi rédacteur pour le fanzine Twice, et pour le webzine rock indé Discordance.

Références

Editions Komakino, 2008, 79 pages

Liens et sources

La page myspace de l’auteur :  http://www.myspace.com/arno_mothra