Stephen King Salem

Épouvante psychologique

Couverture de "Salem" de Stephen King

Note :
4/5
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L’argument

Ben Mears revient à Jerusalem’s Lot, dite Salem. C’est une petite ville où il passa quelque temps quand il était enfant, et où il fut marqué par un étrange événement alors qu’il était entré dans Marsten House suite à un défi, la maison étant réputée hantée depuis qu’un drame s’y fut produit. Or, son retour coïncide avec le rachat de cette maison par deux étrangers. Alors que Ben noue une idylle avec Susan Norton, un enfant disparaît. L’horreur commence tout juste d’étendre son voile sur Salem…

Ça commence comme ça

C’est le père et le fils, se disait-on en les voyant.

Ils traversaient le pays en diagonale, nord-est – sud-ouest, dans une vieille Citroën. Ils ne se hâtaient pas, faisant halte ici ou là pendant un jour ou une semaine et empruntant de préférence les routes secondaires.

Partout où ils s’arrêtaient, l’homme achetait un journal du Maine, « Le Courrier de Portland« , et regardait s’il s’y trouvait quelque nouvelle d’une petite ville du nom de Jerusalem’s Lot. Cela arrivait de temps en temps.

Avis personnel

J’ai fait mes premiers pas dans la littérature fantastique avec les oeuvres de Stephen King. Et Salem a marqué mon incursion dans le domaine des écrits vampiriques. Je devais avoir dans les douze ans, et j’étais facilement impressionnable. La lecture de Salem, la plume de Stephen King, tout a concouru pour que je me retrouve à passer quelques nuits blanches, tant le roman m’avait effrayée.

Stephen King a un don pour faire vivre ses personnages dès les phrases où il les introduit. Il sait comment leur donner de la profondeur, connaît tout des personnalités des M. et Mme Tout-Le-Monde, avec leurs qualités, leurs défauts, et les sombres secrets qu’ils dissimulent. Pas de héros sans peur et sans reproche, ceux qui luttent pour leur survie le font comme nous le ferions, nous, face à pareille situation. Qui, avec lâcheté, qui, avec courage, qui, faisant une crise cardiaque. Des gens ordinaires, face à une créature qui ne l’est pas. Un vampire.

C’est cela qui fait surtout la force du roman. Cela, ainsi que la description très réaliste du quotidien d’une petite ville du Maine.  On s’imagine sans peine se promenant dans ces rues, faisant partie de ces habitants, saluant un tel et méprisant tel autre. Et, quand l’horreur arrive, on réagit comme les personnages dont nous lisons l’évolution. D’abord le doute, avant d’être convaincu.

Stephen King aborde le thème du vampire sans trop y apporter d’originalité. La créature est ici un objet de peur, de terreur. C’est par elle que l’horreur s’abat sur cette ville si paisible en apparence. L’intérêt réel du roman réside dans tous ces portraits d’hommes et de femmes, dans le portrait de cette ville, véritable tableau de l’American Way of Life dans tous ses aspects – dont les moins reluisants. Et, avec le recul, l’apparition du redoutable vampire et le cortège d’événements funestes qui l’accompagne m’apparaît comme une façon pour l’auteur de nous révéler les plus noirs aspects de ces petites villes trop tranquilles.

Par ailleurs, Stephen King n’a pas volé son titre de maître de l’épouvante. Le roman commence normalement, puis lentement l’angoisse monte. Quand le danger est enfin identifié et reconnu, il est presque trop tard et alors commence la véritable lutte pour la survie, et on tremble devant cette lutte à l’issue incertaine, tant l’épidémie vampirique a pris de l’ampleur et tant est redoutable le vampire qui est à l’origine de cette déferlante d’angoisse.

Le grain de sable

Salem a été adapté trois fois à l’écran : le téléfilm Les Vampires de Salem en 1979, le film Les Enfants de Salem en 1987, puis un nouveau téléfilm en 2004, Salem’s Lot.

Gramophone

Love song for a vampire d’Annie Lennox, qui accompagne la B.O. du film Dracula de Francis Ford Coppola, et qui pourrait très bien accompagner aussi les états d’âme de Ben Mears.

Sur le mur

De quoi se prémunir contre les vampires : un crucifix, de l’ail, un pieu…

Dans la même veine

Après la lecture de Salem, je vous recommande vivement celle de deux nouvelles parues dans Danse macabre ( J’ai Lu, 2000), du même auteur. Dans la première, Un dernier pour la route, on retrouve Salem après les événements décrits dans le roman. La deuxième, Celui qui garde le ver, présente Salem au XIXe siècle, et le mal y rôdait déjà sous une autre forme…

Vous apprécierez également Entretien avec un vampire d’Anne Rice (Pocket, 2001) et Dracula de Bram Stoker (J’ai Lu, 2005).

A propos de Stephen King

Stephen King est né en 1947 dans le Maine, aux Etats-Unis. Il commence à écrire ses propres textes dès l’adolescence. En 1971, alors qu’il étudie la littérature anglaise à l’université du Maine, il épouse Tabitha Jane Spruce, avec qui il aura trois enfants. Son diplôme obtenu, il devient enseignant à l’école secondaire de Hampden. Il écrit plusieurs nouvelles et les vends à des magazines pour joindre les deux bouts, tout en prenant un travail supplémentaire. Il connaît des problèmes de boisson. En 1973, il publie son premier roman : Carrie (Le Livre de Poche, 2010). Le roman est un succès, permettant à Stephen King de quitter ses emplois pour se consacrer à l’écriture. Suivront plusieurs romans et recueils qui donnent à Stephen King le titre de maître de l’horreur et de l’épouvante, comme Shining, Dead Zone, Différentes saisons (tous disponibles chez Le Livre de Poche) ou encore le cycle La Tour sombre (J’ai Lu). Stephen King a également publié quelques ouvrages sous le pseudonyme de Richard Bachman et la plupart de ses oeuvres ont connu une adaptation télévisée ou cinématographique, les deux plus célèbres étant Carrie par Brian De Palma (1976) et The Shining par Stanley Kubrick (1980). Bien qu’ayant annoncé en 2002 qu’il songeait à prendre sa retraite, il livre chaque année de nouvelles productions, la dernière traduite en date étant le recueil de nouvelles Juste avant le crépuscule (Albin Michel, 2010).

Références

Edition Pocket, 1995, 387 pages.

Réédité chez le Livre de Poche, 2009, 827 pages, avec l’ajout de scènes coupées et des deux nouvelles relatives à Salem.

Liens et sources