C’est un disque que l’on aura longtemps attendu.
Depuis son départ (ou son éviction) des Libertines, Pete Doherty n’avait jamais caché son envie de sortir un album solo.
L’impatience se disputait à la peur face à cette arlésienne, Doherty s’étant au fil des années plus ou moins perdu en chemin. Le bateau naviguait sans Monsieur Désastre, cahin caha, au bon vouloir de Monsieur Barât.
Il y avait bien eu des fulgurances (Acousticalullaby ou les quelques sessions from the bedroom lâchées ici et là), il y avait eu les Babyshambles (dont seul le premier disque peut s’en sortir avec les honneurs pour peu qu’on aime le sépia et les borborygmes et le gloubiboulga). On savait aussi que les chansons existaient, les plus informés d’entre nous connaissaient leurs squelettes.
Et alors Grace / Wastelands. Un album qui porte son nom de façon aussi fringante que Doherty porte son air ahuri-tombé-du-nid.
Produit par Stephen Street, aidé par Graham Coxon à la guitare, Doherty trouve ici une sorte d’apogée. Mélancolique mais aussi fondamentalement lumineux. Tout y est, tout s’y retrouve, de ce qu’on a toujours aimé chez ce type. Tout ce qui nous a fait l’aimer instantanément il y a de cela des années.
La poésie parfois tortueuse, les références obscures, la naïveté touchante. Le folk-rock intime, ce sens inné, cet art délicat de la mélodie. Et l’Angleterre, toujours, en bandoulière.
Des anciennes, presque mythologiques, « Arcadie » ou « New Love Grows On Trees » aux murmurées un court moment il y a un temps « A Little Death Around The Eye » en passant par l’épanoui single « Last Of The English Roses », c’est une boucle enfin bouclée. La sublime « Salomé » s’ajoute en cours de route tandis que Dot Allison se rappelle à nos bons souvenirs sur « Sheepskin’ Tearway » et que Doherty s’essaie à autre chose, avec son air de funambule suicidaire, sur « Sweet By And By ». Et « Broken Love Song » d’achever le tableau, exalté.
D’une tracklist griffonnée il y a longtemps, d’un projet vague et irréalisable en l’état, du Sun à Voici, à travers les aléas et les détours, les Babyshambles, Kate Moss et les jeans slim, Pete Doherty, tel un phénix un peu fumeux, renaît de cendres sans cesse incandescentes.
Grace / Wastelands réussit la synthèse parfaite de l’essence du personnage, enfantin mais un peu brisé, lumineux mais une petite mort autour des yeux. Ce n’est pas un feu qui brûle, c’en est un qui réchauffe, dans les flammes duquel apparaît non pas Salomé, mais Bilo, son cœur sur un plateau.
Un disque qu’on aura attendu longtemps effectivement ! (qui a dit qu’on y croyait plus ?!!)
Ce disque, c’est un feu ronronnant, qui donne envie de plonger dedans les yeux fermés. C’est beau, c’est fragile, mais c’est solide aussi, bien ancré en nous.
Pour l’anecdote, « Last of the english rose » est le nom d’un bootleg des Smiths. (mais est-ce si anecdotique que cela?…^^;)
J’en entends que des louanges, de cet album. Je vais écouter ça dès que possible :)
Un très bel album, que j’ai découvert aussi de manière quelque peu fébrile, tant on attendait de savoir si Pete Doherty était toujours capable…
Le genre d’album qu’on peut écouter comme on lirait un bouquin beatnik, avec l’impression d’être embarqué dans un road trip très personnel…
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Cet album est simple,naïf mais si beau.Peter Doherty et sa poésie nous transporte ! C’est une petite perle,un trésor,une cascade de bonheur,un reve pour les oreilles !