Synopsis
Bliss Cavendar (Ellen Page) est une ado qui s’ennuie mortellement dans son bled du Texas. Maman Cavendar est obsédée par les concours de Miss, et oblige ses deux filles à y participer. Papa Cavendar boit beaucoup de bière et regarde ses matchs de football américain en cachette de sa femme. Bliss et sa meilleure amie, Pash (Alia Showkat), travaillent à mi-temps dans un restaurant, avec des tabliers en forme de tête de cochon tout rose.
Seulement, un beau jour que sa mère l’emmène acheter des chaussures dans la grosse ville du coin, Austin, Bliss voit des filles tatouées, en mini-jupes et rollers qui déposent des flyers dans la boutique : l’annonce d’un championnat de roller derby. Bliss et Pash s’y rendent, et c’est le coup de foudre : Bliss veut faire partie des « Scoutes Gerbantes » coûte que coûte, et sa vie va radicalement changer lorsqu’elle prendra le surnom de « Barbie Destroy ».
Avis personnel
Entre le parcours d’adolescente un peu facile et l’hommage réel au roller derby, Drew Barrymore signe un premier film très personnel et jouissif, qui n’a pas la prétention de réaliser un portrait de fonds ou d’être un « film d’auteur ».
Bliss est un film 100% girl power & punk-rock, légèrement soupoudré de considérations sur le normal et la déviance, impliquées par ces thèmes.
Pour qui connaît un peu l’univers de Drew Barrymore, le contenu du film est sans surprise : la B.O. et les références musicales sont constituées de rock, punk, metal, des vieux groupes à ceux de nos jours; les couleurs flamboyantes côtoient les T-shirts noirs et le style destroy; les filles ont la patate et distribuent les beignes de façon efficace.
Le derby est loin d’être un sport tendre, tout juste toléré des autorités locales. Si le choix d’un film centré sur ce sport permet justement à Drew Barrymore de montrer des héroïnes de tous âges appartenant à cette Amérique plus ou moins mal vue, imprégnée de culture « sex, tatoos and rock’n’roll« , qui mettent en pratique le girl power (nous ne sommes pas des nunuches, on maîtrise nos vies, nos amours et nos emmerdes), il montre aussi l’envers du décor.
Une scène d’évacuation par la police et les pompiers du hangar où se déroule le championnat rappelle les peurs (fantasmes et réalités) concernant ce sport et son public : foule trop importante, circulation d’alcool et de drogue, participation illégale de mineurs… le cauchemar de parents tels que les Cavendar.
Les scènes de match sont bien filmées, et la rivalité entre les joueuses est développée avec passion et humour. Dès que le jeu devient trop sérieux, la situation est tournée à la rigolade : si la victoire est souhaitée avec ardeur, l’amour du derby et la joie d’avoir fait de son mieux prennent le dessus. Et Drew Barrymore interprète la gaffeuse de service, Trashley Simpson, spécialiste du un-contre-un et du désamorçage de conflit (magnifique dans l’uniforme seyant des Scoutes Gerbantes).
D’une manière qu’on pourra juger un peu lourde (pour ma part, je trouve que l’atmosphère voulue du film n’en demandait pas plus), l’évolution adolescente de Bliss se trouve canalisée, libérée par le roller derby. Elle y apprend l’agressivité (au sens positif – et sportif – du terme), la passion, la solidarité (elle est soutenue par ses co-équipière mais devra aussi revenir sur son propre égoïsme envers Pash), et aussi à gérer une relation amoureuse.
Chacune des étapes qu’elle franchit est aussi une étape pour d’autres personnages : sa mère obligée de faire face à ses obsessions, son père rabroué pour sa lâcheté, sa petite sœur qui se détache un peu de son univers rose bonbon, etc. Pas de véritable noirceur ici, mais des problèmes, des duretés de la vie apparaissent furtivement, au détour d’une scène ou d’une réplique. Telle Maggie Grabuge qui élève seule son fils et le couve pour qu’il ne suive pas son exemple; ou Iron Madonne, qui lutte pour rester la meilleure d’une discipline découverte sur le tard, et conserver une unique passion que l’âge l’empêchera bientôt de pratiquer… On devine alors que le derby est parfois un échappatoire pour des femmes un peu à la marge, un peu trop libres et exubérantes pour une certaine Amérique.
Ce qu’il faut garder en tête, c’est que Bliss est avant tout un film de divertissement, drôle et enthousiaste, dont on ressort chargée à bloc. A noter d’ailleurs que le titre original est Whip It, le whip étant une technique de derby, traduite en français par « le lasso ». Tout le film est résumé dans ce mouvement : on vous lance pour que vous preniez de la vitesse.
Références
- Actrices : Ellen Page, Marcia Gay Harden, Alia Shawkat, Juliette Lewis, Kristen Wiig…
- Année : 2010
- Durée : 1h51
- Pays : Etats-Unis
Faut que j’essaie d’aller le voir, celui-là! :) Ta critique donne envie!
Oh oui, une critique qu’elle est bien, pour un film très girl power et plein de punch.
C’est limite si je n’avais pas envie de me mettre au roller derby en sortant de la salle (mais juste pour pouvoir porter des tenues aussi fun que celles des scoutes gerbantes, parce que ma pratique du roller se résume à … rien !)
Pour un premier film en tant que réalisatrice, je trouve que Drew Barrymore s’en sort bien, et qu’on retrouve bien sa « patte » dans ce film.
Merci ! j’avais peur de rater ma chronique, vous me rassurez :)
@Lullaby : j’ai hâte d’avoir tes impressions sur le film !
@Deedlot : Yep, elle s’est pas mal débrouillé, et j’espère qu’elle fera d’autres films. Et pour la tenue des Scoutes Gerbantes, on est d’accord, elle est trop chou :3 Contente que tu aies aimé !
Il faudra que tu patientes un peu, pour mes impressions : le ciné ne le passe plus… :( *snif* J’attends donc de voir du côté du ciné indé (qui a souvent un à deux mois de décalage). Wait & see, wait & see!
Je la trouve très bien cette chronique pour parler d’un film en effet très “sex, tatoos and rock’n’roll“! (qui l’est pas toujours en fait mais le reste j’ai tendance à l’oublier plus vite). Le parcours d’ado est un peu planplan je trouve, c’est dès qu’on passe au derby, c’est vraiment le groupe des filles qui donne des coups d’accélérateur. Je trouve que ça suffit tout à fait pour déborder au-delà de l’histoire de Bliss.Et c’est drôle.
Au passage j’aimais bien les débuts en compétition, genre on est les deuxième tout le temps mais c’est pas grave on s’amuse bien sur la piste.