Synopsis
Dans les années 1930, le professeur Henry Jones Junior, qui se fait appeler Indiana Jones, enseigne l’archéologie à l’université. Certaines de ses étudiantes ne sont d’ailleurs pas insensibles à son charme. Mais Indiana Jones passe le plus clair de son temps sur le terrain.
Il parcourt le monde à la recherche de reliques légendaires, comme l’Arche d’alliance, une pierre indienne sacrée, le Graal ou encore, dans les années 1950, un crâne de cristal. Mais ces reliques sont convoitées par de nombreuses personnes, pas toujours animées des meilleures intentions, le tout dans un contexte politique international des plus tendus.
Et pour mettre la main sur ces objets légendaires, le chemin est long et semé d’embûches. Indiana Jones, qui bénéficie aussi de l’aide de compagnons d’aventures, aura fort à faire pour retrouver ces trésors tout en devant lutter contre ses ennemis.
Critique personnelle
Indiana Jones. Un nom connu de tous. Un nom qui évoque aussitôt un homme coiffé d’un chapeau Fedora brun, vêtu d’une veste en cuir et armé d’un fouet, au sourire charmeur et aux poings prêts à l’action, lancé sur les traces de reliques mystérieuses. Indiana Jones, qui incarne l’Aventurier avec un grand « A ». Il n’aura mis que trois films pour s’imposer comme un héros mythique et aujourd’hui encore, il demeure le plus célèbre et le plus adulé des archéologues.
Il méritait donc bien une chronique fouillée sur La Lune Mauve, au cours de laquelle vous pourrez découvrir les coulisses de sa naissance, la façon dont les films le consacrèrent comme l’archétype de l’aventurier et comment il influence encore aujourd’hui la production cinématographique. Prêts pour cette nouvelle aventure en compagnie de votre archéologue préféré? Première destination : Hawaï. En route !
Mais d’où vient Indiana Jones?
Tout commence peu de temps avant la création de Star Wars. Georges Lucas, qui jusqu’alors n’a réalisé que deux longs métrages (THX 1138 en 1971 et American Graffiti en 1973), imagine le personnage d’un aventurier en s’inspirant de ses lectures d’enfance, les magazines pulps (revues populaires et bon marché) et de ses films d’enfance, à savoir des serials (films à petits budgets découpés en plusieurs épisodes). Mais la trilogie Star Wars s’impose et Georges Lucas décide de s’y consacrer. Il tourne le premier volet de la saga, Un nouvel espoir, qui sort dans les salles en 1977. Craignant l’insuccès, le réalisateur se rend à Hawaï avec Steven Spielberg, autre réalisateur de qui il est proche. Spielberg, à cette époque, a déjà pu asseoir sa notoriété grâce aux Dents de la mer (1971) et Rencontres du troisième type, paru cette même année 1977. Les deux hommes se détendent donc sur la plage lorsqu’ils apprennent que Star Wars : un nouvel espoir remporte un succès aussi démesuré qu’inattendu. Spielberg confie alors à Lucas son projet de réaliser un film reprenant le célèbre espion britannique : James Bond. Mais Lucas, lui, se souvient alors de son personnage d’aventurier aux prises avec des reliques aux pouvoirs surnaturels. Le projet du premier film consacré à Indiana Jones est alors lancé.
Mais si les bases sont là, le personnage n’est pas encore tout à fait construit. Le premier volet de Star Wars étant un succès, George Lucas s’attelle à la réalisation des films suivants de la saga, laissant Spielberg affiner seul le personnage naissant d’Indiana Jones. Ainsi, si Spielberg s’inspire en partie de ses lectures d’Hergé pour modeler l’aventurier, il conserve l’influence des serials que George Lucas avait déjà utilisée. Le personnage est nommé par Lucas, il s’appellera Indiana Smith ! Pourquoi Indiana ? C’est tout simplement le nom de son chien. Le troisième film consacré à Indiana Jones, La Dernière croisade, fait d’ailleurs référence à cette origine canine du prénom : on y découvre que le personnage même de l’aventurier a choisi ce surnom d’après celui du chien familial ! Et Jones, me direz-vous ? Si à la base notre aventurier se nommait Indiana Smith, comment en est-on arrivé à Indiana Jones ? Cela vient de Spielberg. Il n’aimait pas ce « Smith », Lucas lui suggéra donc « Jones » pour le remplacer. Vint ensuite la conception physique du personnage, à l’aide du dessinateur de comics Jim Steranko et toujours sous le patronage de Lucas comme de Spielberg.
Les « premiers pas » d’un héros
Les Aventuriers de l’arche perdue sort en salles en 1981. Le succès critique comme public est au rendez-vous, le film reçoit de nombreuses récompenses dont cinq Oscars en 1982 (pour les effets spéciaux, notamment). Indiana Jones, qui y fait sa première apparition, a tous les atouts pour devenir un héros inoubliable. Le film démarre sur les chapeaux de roue puisque l’intrigue démarre en 1936 en Amérique du Sud, où un homme au visage plongé dans l’ombre et accompagné d’acolytes recherche dans la jungle une idole. Quelques minutes plus tard, cet homme se dévoile lors d’un plan où il déjoue une tentative d’assassinat sur sa personne : c’est Indiana Jones, qui vient là de démontrer son habileté au fouet.
Cette première aventure précède la recherche de l’Arche d’alliance, sujet principal du film. Si elle plonge le spectateur directement dans l’action, elle permet surtout de découvrir les principales caractéristiques et traits de personnalité d’Indiana Jones. Son style vestimentaire, son arme fétiche, son penchant pour le combat et l’action, son intelligence (il déjoue les pièges semés sur le chemin conduisant à l’idole, là où d’autres y ont laissé la vie), sa phobie (les serpents)… L’ennemi du film apparaît également très tôt dans le film, lui volant la statuette durement acquise. On retrouve plus tard Indiana enseignant à l’université, ce qui permet de découvrir son métier : archéologue et professeur d’archéologie. Mais le début du film a permis de voir que cet homme plein de charme préfère le terrain aux salles universitaires.
Le succès du film est du à son savant mélange d’action, d’humour et de fantastique mystique. Une touche de charme s’y ajoute, Indy retrouvant une ancienne conquête qu’il avait abandonnée des années auparavant et qu’il re-séduit. Celle-ci, Marion Ravenwood, constitue d’ailleurs un personnage de caractère, pendant féminin d’Indiana Jones. Et si l’ennemi principal de notre héros est Belloq, ce dernier bénéficie de l’appui des nazis, incarnation de l’Ennemi par excellence pour le spectateur contemporain lorsqu’on évoque les années 1930-1940.
Les Aventuriers de l’arche perdue permet de voir qu’Indiana Jones ne poursuit pas des reliques ordinaires : une idole sud-américaine bien protégée et l’Arche d’alliance, dont la quête fait l’objet de la majeure partie du film. Appartenant au symbolisme judéo-chrétien, cette Arche est citée dans la Bible comme le coffre ayant contenu les tables des Dix commandements, donnés par Dieu à Moïse. Qu’elle trouve sa place dans le film est somme toute très logique : Indy étant archéologue, il s’attache à la recherche d’objets permettant de reconstituer l’histoire de l’humanité (bien que notre Indy ait tendance à ne rechercher que reliques mystérieuses et objets précieux, plutôt que de banals pots de terre cuite… après tout, c’est un Aventurier archéologue avant tout, héros de surcroît!). L’Arche d’alliance est aussi entourée d’un certain danger, ce n’est pas une relique religieuse comme une autre qu’on peut manipuler à sa guise. Légende, religion, surnaturel, menace, voilà toutes les qualités de l’objet idéal d’une quête !
Ce premier film étant un grand succès, Spielberg fait vivre à Indiana une nouvelle aventure en 1984. Indiana Jones et le temple maudit situe son intrigue en 1935, soit un an avant l’histoire dépeinte dans les Aventuriers de l’arche perdue. Là encore, l’action prend place dès les premières minutes, en Asie. Indy doit échapper à Lao Che, un gangster chinois. Sa fuite le fait échouer en Inde, dans un village où une pierre sacrée a été dérobée par les Thugs, une secte aux rites sanglants. Comme dans le précédent volet, l’objet de la quête de l’archéologue tient du mysticisme mais sans l’influence de la religion judéo-chrétienne.
Par ailleurs, l’ennemi du film est incarné par les membres de la secte, celle-ci ayant réellement existé en Inde mais dont les moeurs étaient, bien entendu, quelque peu différents de ceux dépeints dans Le Temple maudit : les Thugs y arrachent des coeurs alors que l’Histoire nous a qualifié ces mêmes Thugs d’étrangleurs. Mais Spielberg a tout de même conservé quelques véracités historiques, comme le culte rendu par la secte à la déesse Kali.
Et Indiana Jones devint l’Aventurier mythique
Le Temple maudit achève le portrait d’Indiana Jones en l’étoffant. Les qualités qu’il avait démontrées dans L’Arche perdue sont toujours présentes, mais une autre s’y ajoute : sa fibre paternaliste, avec son acolyte Demi-Lune, un petit garçon asiatique. Si Indy a tendance à le considérer comme un réel compagnon d’aventures, l’âge de ce dernier influe sur son comportement. Mais un héros n’en est pas un véritable sans sa part obscure et celle-ci nous est aussi dévoilée au cours du film. Indiana Jones, certes sous l’effet d’une drogue, se rallie à ses ennemis. Pire, il est confronté à la folie et à l’horreur lors de l’absorption du produit, baptisé « Sang de Kali ». Considéré par la critique et le public comme le plus sombre des films de la franchise Indiana Jones, Le Temple maudit assoit pourtant définitivement l’archéologue comme un héros incontournable.
Mais il manque encore à Indy un cadre familial et un passé solide. Sa nouvelle aventure se charge de combler ce vide : Indiana Jones et la Dernière Croisade sort sur les écrans en 1989, toujours réalisé par Steven Spielberg. Il s’ouvre sur un adolescent scout en maraude : Indiana. Qui, déjà, montre de solides connaissances en matière d’archéologie, un certain sens de l’aventure et le désir de fournir aux musées les reliques dénichées, non de les garder pour un intérêt personnel, ce qui lui vaut des ennemis. Une belle esquisse de ce qu’il deviendra plus tard, à l’âge adulte ! Mieux encore, cette première partie montre l’origine de certaines caractéristiques du personnage présentées lors du premier opus. On apprend ainsi d’où est née sa phobie des serpents, comment le fouet est devenu son arme favorite et comment est survenue la petite cicatrice qu’il porte au menton. Enfin, comment il s’attacha au célèbre chapeau Fedora brun !
On découvre aussi le contexte familial dans lequel Indy évolue. Un père obnubilé par ses recherches sur le Graal, une mère décédée… Le jeune Indy est bien souvent livré à lui-même. Nous le retrouvons en 1938, adulte. Son père, toujours en quête du Graal, a disparu. Or, les Nazis sont aussi sur les traces de cette coupe légendaire qui aurait contenu le sang du Christ et que les chevaliers du roi Arthur avaient aussi recherché, en vain. Indiana Jones, pour retrouver son père, doit donc se lancer aussi sur la piste du Graal. Le film est ainsi centré sur la relation père-fils. Un père incarné par Sean Connery, excusez du peu ! Indy apparaît sensible, ayant souffert du manque d’attention de son père, mais tout aussi passionné que lui par la recherche archéologique.
Quant à l’objet de la quête du film, c’est lui qui consacre Indiana Jones comme la quintessence de l’aventurier. Le Saint Graal, objet légendaire par excellence, symbole d’une quête quasi impossible. Même les célèbres chevaliers du roi Arthur ont échoué à le trouver, seul Galaad, le plus pur de ces chevaliers, étant parvenu à le voir avant de mourir aussitôt. Notre archéologue n’est donc pas au bout de ses peines ! Mais la réussite de sa quête lui permet de consolider sa place au panthéon des Héros de cinéma. Indiana Jones n’est plus un archéologue aventurier, il est désormais l’Aventurier.
L’héritage d’Indiana Jones
Indy étant très apprécié du public, il lui est donné de vivre de multiples autres aventures sur d’autres supports que le cinéma (livres, série télévisée, jeu vidéo). Par ailleurs, on assiste à la naissance d’autres archéologues sur petit comme grand écran, qui se calquent sur le personnage d’Indy sans pour autant parvenir à l’égaler. N’est pas Aventurier mythique qui veut !
Les années passent donc mais la célébrité d’Indiana Jones n’en diminue pas pour autant, comme le prouve toute cette activité autour de l’archéologue. Et, en 2008, Indy fait enfin son grand retour sur grand écran avec Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal ! Ce quatrième film, arrivé presque 20 ans après La Dernière Croisade apporte-t-il aussi sa pierre au personnage ? Ma réponse, toute personnelle et subjective, est non. Comme je l’ai indiqué tout au long de cet article, ce sont les 3 films initiaux qui ont fondé l’Aventurier qu’est devenu Indiana Jones. Le Royaume du crâne de cristal suit pourtant la recette habituelle, un bond dans le futur en plus : on passe des années 30 aux années 50, du fantastique à la science-fiction. Ce glissement s’explique par l’âge de l’acteur et le respect des pulps. Si les années 30 coïncidaient avec le mysticisme, les années 50 correspondent à l’affaire Roswell, au boom des soucoupes volantes. Qui dit changement d’époque dit aussi changement de méchants, là aussi on suit l’historique en troquant les nazis par les Russes soviétiques. Quid d’Indy ? Le héros a vieilli, a roulé sa bosse entre-temps comme espion et, quoiqu’il semble vouloir se ranger, il se lance dans une nouvelle aventure. Aventure qui lui apporte un fils. Le film se veut donc une complète inversion du rapport fils-père présenté dans l’opus précédent, La Dernière Croisade. Mais, malheureusement, ce 4e film est bourré de clins d’oeil à la trilogie fondatrice, devenant une sorte de best-of qui se conclue par un Indy désormais assagi et rangé.
C’est pourquoi, à mes yeux, les 3 films de base constituent la véritable identité d’Indy et le 4e un ajout optionnel, qui écorne même (un comble !) l’archétype patiemment construit tout au long de la trilogie.
Le grain de sable
George Lucas ayant participé à la création du personnage et Harrison Ford incarné Han Solo, on retrouvera ici et là des clins d’oeil à Star Wars, autre trilogie culte (devenue hexalogie par la suite) : dans Indiana Jones et le Temple maudit, l’intrigue démarre au club Obi-Wan ; dans Les Aventuriers de l’arche perdue, on peut voir des hiéroglyphes représentant R2-D2 et C-3PO dans le Puits des âmes… pour les autres clins d’oeil, à vous de jouer!
Références
- Les Aventuriers de l’arche perdue
- Acteurs : Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman
- Année : 1981
- Durée : 1h55
- Indiana Jones et le temple maudit
- Acteurs : Harrison Ford, Kate Capshaw, Jonathan Ke Quan
- Année : 1984
- Durée : 1h52
- Indiana Jones et la dernière croisade
- Acteurs : Harrison Ford, Sean Connery, Alison Doody
- Année : 1989
- Durée : 2h07
- Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
- Acteurs : Harrison Ford, Shia LaBeouf, Cate Blanchett
- Année : 2008
- Durée : 2h02
- Pour l’ensemble des films
- Genre : Aventure
- Pays : Etats-Unis
Pour aller plus loin
- Le site officiel d’Indiana Jones
- Un site français consacré au célèbre aventurier
En effet, c’est une chronique bien complète que tu nous offres là ! Chapeau ! J’étais loin de savoir tout ça, alors que dans ma famille on a dû voir chaque opus (excepté le n°4) au moins cinq fois…
Je n’ai jamais éprouvé un amour fou pour Indiana Jones, mais de savoir qu’il y a des clins d’œil à « Star Wars » dans les films me donne envie de les revoir, pour les dénicher…
Et tu me confortes dans l’idée que l’opus 4 est à éviter, ce que beaucoup de fans d’Indie m’avaient déjà affirmé.
Merci Qimen pour ton commentaire ! :) Et, tu vois, je pensais que beaucoup de fans d’Indy connaissaient tout ça et tu m’apprends que non (donc ouf ! Mon article ne sera pas ennuyeux pour les fans ^^). Pour les clins d’oeil à Star Wars, bonne pêche ! :) Il y en a dans tous les films et c’est parfois subtil ;)
Spielberg ne cesse de s’inspirer d’Hergé, je viens de visionner « le royaume du crâne de cristal », ça crève les yeux ! Il suffit de lire ou relire « les 7 boules de cristal », « le temple du soleil » ou « vol 714 pour Sydney » pour s’en rendre compte. C’est dire si Hergé fut un précurseur et ça n’enlève rien au talent de Spielberg qui pourrait apparaître comme un digne héritier d’Hergé.
Ah mais concernant le « Royaume du crâne de cristal », je dois dire que personnellement, je ne le considère pas comme faisant partie de la saga Indiana Jones ^^ » L’esprit est perdu, l’ensemble forme plus un best-of des meilleurs moments de la trilogie repris autrement, et puis zut ce final c’est quoi enfin ! Indy ne s’engage pas, ça ne cadre pas avec le personnage construit tout au long des films !
Bref, pour rebondir sur votre commentaire, en effet, Spielberg ne cache pas s’être inspiré des aventures du célèbre reporter imaginé par Hergé pour créer son personnage et ses films. Je pense qu’il est même très attaché à l’oeuvre d’Hergé et qu’il essaie de lui rendre hommage à sa manière, comme vous le mentionnez.
Merci d’être passé par ici et de votre commentaire ! :)