Rude Boy de Jack Hazan & David Mingay

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The Clash Rude Boy

Synopsis

Ray s’ennuie ferme dans son quotidien partagé entre son travail dans un sex-shop de Londres et ses soirées passée à picoler. Seul le punk et les concerts parviennent à donner du relief à sa vie. Lorsqu’il a l’occasion de partir avec les Clash comme roadies, il n’hésite pas.

Critique personelle

A une époque où on n’avait pas encore trouve le schéma-type du biopic – ou qu’on s’en moquait de le faire – Rude Boy choisit cette solution mixte de passer par une touche de fiction pour réaliser ce qui est un des plus beaux documents su les Clash. Non pas rétrospectivement, mais en tournant au moment même, dans les tournées de 1978-1979. Et Contrairement aux biopics récents qui ont tendance à donner une image assagie des musiciens dont il était question, il n’est pas question ici d’évacuer les liens étroits entre musique et politique.

Rude Boy-manifestation

Angleterre, fin des années 70 ; en ouverture une manifestation contre le National Front qui gagne en influence. Le décor est planté. Réalité d’une époque qui aboutit à Thatcher et ce n’est pas seulement pour colorer l’évocation du groupe : le contexte nous mène dans d’autres manifestations, au fameux concert du rock against racism, laisse entrevoir la communauté jamaïcaine qui aura cette influence reggae sur le groupe. L’époque y sonne claire comme dans les paroles des Clash alors que nous n’en sommes qu’à leur premier album. Pas encore question de lancer le London Calling, pour le moment Londres brûle encore d’un punk qui a déjà évolué et la consomption se fait sur scène. Ces séquences live sont peu montées, parfois filmées d’un seul trait en plan-séquence ; pas besoin de changer de point de vue de manière hystérique pour donner du rythme à des titres de cet acabit. Il faut voir ce gang furieux sur I fought the Law monter en première ligne et tenir la scène avec un tel flamboiement.

Pas de méprise sur ce point, le héros c’est groupe. Ray c’est le prétexte, le moyen de se plonger dans l’ambiance de récession sociale et d’arriver jusqu’à la formation, d’être un contrepoint non-politique, peut-être aussi d’offrir une illustration de Career Opportunities. Le film est bourré de kids en tout genre, ça sent le cuir, le jean, le bleu de travail et les drapeaux. Dans les images de manifs et les files d’avant concert tout le monde regarde la caméra et fait coucou. À quoi bon faire semblant ? Elle était là, sinon au cœur du moins pas très loin. La fiction triche toujours, pour autant cette béquille parvient à donner un coup d’œil accrocheur et maîtrisé. Certains personnages passent à peine, mériteraient de s’y arrêter, comme celui de Terry, pote de Ray devenu skinhead, autre aspect de l’époque que le récent This is England de Shane Meadows permet de voir un peu plus – le titre de ce film faisant d’ailleurs écho à une chanteuse plus tardive des Clash. Alors que les biographies de musiciens au cinéma se multiplient, Rude Boy conserve par de nombreux aspects une singularité très nette, à commencer par celui d’être aux premières loges. Filmé au moment même, avec très peu de retard sur les événements et sur son époque qu’il aborde par le prisme d’un groupe, lui-même singulier.

Rude Boy sur scene

Au sein des Clash Strummer investit l’image, pas vraiment en leader, plutôt en porte-parole sinon en porte voix quand il chante – il n’y a que la belle gueule de Paul Simonon pour lui voler de temps à autre la vedette au sein du groupe. Dans les scènes de concert bien sûr ou la caméra s’accroche à ses respirations, aux sursauts de sa voix éraillée, jusqu’en studio où dans l’enregistrement de  All the young Punks où cette rugosité cherche la nuance pour se placer avec soin. Avec soin, et oui, cela n’empêche rien. Pas vraiment de révélations au fond, éventuelleemnt un rappel de qui constitue l’identité de la formation, de ses engagement ou de ses insurrections. Rude Boy est au bord de l’hagiographie, et – peut-être parce que déjà conquis – j’ai envie de dire qu’il n’y a pas là quelque chose d’immérité. Au-delà des « hauts faits » se trouve avant tout ce plaisir à montrer un groupe en mouvement, au présent. Lorsque Strummer reprend Let the Good Times Roll au piano dans un coin de film, c’est sans une once de nostalgie mais avec un sourire jusqu’aux oreilles. En hommage aux grands du rock’n’roll.

Références

  • Acteurs : Ray Gange, Joe Strummer, Paul Simonon, Mick Jones, Nicky Headon
  • Année : 1980
  • Durée : 2h10
  • Pays : Royaume-Uni
  • Genre : Musical