L’argument
Ce recueil contient huit nouvelles traitant du petit peuple d’Arthur Machen, à savoir un peuple très ancien ayant survécu au monde moderne et dont les rites et pouvoirs s’avèrent terrifiants.
Ça commence comme ça
Je vois que vous êtes résolument rationaliste, dit la dame. Ne vous ai-je pas dit tout à l’heure que j’avais connu des expériences encore plus terribles ? Il fut un temps où j’étais sceptique, moi aussi, mais, après ce dont j’ai été témoin, je ne puis plus prendre l’attitude du doute.
« Histoire du cachet noir »
Avis personnel
Le Petit Peuple de Machen serait un peuple aborigène pré-historique de petite taille vivant dans les collines et qui aurait survécu au fil du temps. Il aurait conservé des rites très anciens dont l’horreur alarme Vaughan et Dyson dans La pyramide de feu. L’auteur nous suggère que le folklore féerique s’est développé autour de ce peuple. Mais les fées sont bien loin dans ces nouvelles…
Ces histoires dépeignent un fantastique où l’horreur est suggérée, laissant libre court à l’imagination du lecteur. Et lorsqu’elle est un instant révélée, l’écart avec la réalité est tel que la terreur en est augmentée.
Un des éléments importants du fantastique de Machen est le décor : les paysages de la compagne galloise qui ont tant inspiré le jeune Machen, telle une terre enchantée. Un aspect mystérieux enveloppe ces terres où les collines se mêlent aux forêts et aux arbres, créant une « atmosphère silencieuse et hantée » (La pyramide de feu). Mais l’horreur peut aussi sortir des bois et se rendre jusqu’en ville, comme dans La main rouge. Ici des indices mèneront Dyson à d’affreuses conclusions.
Paganisme, sorcellerie et magie noire se mêlent pour tisser une toile de mystère où se trouve au centre ce peuple primitif. Dans la nouvelle très étrange Le peuple blanc, une nounou initie une jeune fille à la magie noire, tout comme dans Substitution où le mythe du changelin est utilisé. Dans les deux cas,il s’agit d’une nounou, sorte de sorcière qui fait lien entre notre monde et celui du Petit Peuple.
Voici donc un recueil parmi les plus étranges que j’ai lu. On comprend l’engouement de Lovecraft pour cet auteur qui a su insuffler un fantastique des plus mystérieux et singulier.
Le grain de sable
Arthur Machen a beaucoup influencé Lovecraft. Ceci se ressent énormément dans ce recueil, notamment avec l’idée d’un peuple ancien aux rites horribles. Il en est de même pour l’idée de régression souvent évoquée dans Lovecraft et que l’on retrouve à travers le Petit Peuple de Machen.
Gramophone
L’EP mystérieux The Barghest O’ Whitby de My Dying Bride.
Dans la même veine
Le Mythe de Cthulhu de Lovecraft.
À propos d’Arthur Machen
Arthur Llewelyn Jones-Machen est né en 1863 au Pays de Galles. La campagne hantée du Gwent (Monmouthshire) donna goût au jeune Machen pour le fantastique et l’étrange. Après des études et un emploi dans diverses maisons d’éditions, il se consacre à l’écriture mais ne rencontre qu’une brève renommée. Après la mort de sa femme, il cherche une consolation dans l’occulte et rejoint l’Ordre de la Golden Dawn. Il se remarie et vit dans une grande pauvreté ; il meurt en 1947. Parmi ses textes, on note Le Grand dieu Pan, Les Trois imposteurs et La Collines des rêves.
Références
- Préface de Roger Dobson ; postface de Michel Meurger.
- Terre de brume, collection Terres fantastiques, 2002, 199 pages.
- Nouvelles parues initialement entre 1895 et 1936.
Liens et sources
- Préface de ce livre Arthur Machen et le royaume de l’Invisible de Roger Dobson.
- Postface de ce livre Arthur Machen et la race sorcière de Michel Meurger.
- Article Arthur Machen de Roger Dobson paru dans le Visage Vert n°3 p. 45-53.
A mon avis de Machen il faut surtout lire le Great God Pan et Inmost Light, bien plus choc et profonds que ses chroniques.
Merci Carine pour cette chronique ! Je ne connaissais pas du tout cet auteur, et j’ai eu le grand plaisir de lire ce recueil pendant mes vacances en Bretagne (ambiance choisie).
Ce qui est frappant dans les nouvelles de Machen, c’est à quel point on est à mille lieux du style et du traitement contemporains du « Petit Peuple » (on est loin des Fées de New-York de Millar…) : ce côté descriptif ethnologique et historique, les détails ésotériques et les variations régionales folkloriques.
Par contre, je n’ai pas ressenti d’horreur ou de terreur à la lecture de ces textes, peut-être à cause de leur style et du comportement des personnages, si caractéristiques de l’époque. La lecture n’en était pas moins passionnante et prenante !
Effectivement, tu as choisi le bon coin pour le lire :) ! Oui, c’est vraiment étonnant d’aborder le thème du Petit Peuple sous cet angle. Pour la terreur, elle est juste suggérée, et jamais franchement dévoilée, c’est peut-être pour ça. Ravie que tu aies aimé en tous cas !