André Fayot (dir.) Le Revenant et autres contes de terreur du Blackwood Magazine

Nouvelles mystérieuses du 19ème siècle

Note :
4/5
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L’argument

Ce recueil propose 14 nouvelles parues à l’origine dans le Blackwood Magazine entre 1817 et 1832. Il est rarement question de fantastique, mais plutôt de situations terrifiantes, horribles et souvent tragiques. Un recueil où le macabre règne sous les plumes de Walter Scott, John Galt, William Mudford, James Hogg et bien d’autres.

Ça commence comme ça

Monsieur le Directeur,
Durant l’automne dernier, au cours d’une excursion à travers les contrées les plus sauvages et les plus reculées de la Suisse, je trouvai refuge, une nuit d’orage, dans un couvent de capucins non loin d’Altorf, lieu de naissance du fameux Guillaume Tell. Au cours de la soirée, l’un des pères raconta une histoire qui, tant par l’intérêt qu’elle vise à susciter naturellement que par la manière touchante dont elle était dite, fit une très forte impression sur moi. Au matin, je la notai brièvement dans mon journal, en préservant autant que possible le style du vieil homme, mais il ne fait aucun doute qu’elle a beaucoup perdu du fait de la traduction.

Avis personnel

Ce recueil saura séduire les amateurs de nouvelles du 19ème siècle traitant du macabre. Le choix des contes est éclectique, tant au niveau de la longueur et des thèmes traités que de l’intensité de l’horreur. En effet, si certains contes se lisent comme un simple divertissement, d’autres provoquent effroi et suspens. Je pense notamment à la nouvelle de William Mudford, Le Linceul de Fer, horrible du début à la fin !

La folie n’est pas loin, comme en témoignent les nouvelles Brève relation d’une tradition suisse, relatée par un moine ou L’homme dans la cloche. L’horreur de la maladie mêlée à la folie se retrouve dans la nouvelle Un homme du monde, où Samuel Warren nous conte l’horrible fin d’un homme rongé par la maladie et la peur de l’Enfer. Catherine Sinclair sait peindre un paysage de désolation, témoin de meurtres affreux. C’est aussi cette diversité des thèmes qui rend ce recueil assez riche.

Enfin, à travers certaines nouvelles, on perçoit une révolte contre la société de l’époque. En effet, contrairement à de nombreux récits sur ce thème qui ont tendance à mettre en scène la classe aisée de la population, ce recueil voit souvent ses protagonistes appartenir à la classe pauvre. Ainsi, dans Le bourreau, William Godwin le jeune dénonce l’attitude d’une société face aux plus démunis.

Le grain de sable

Le magazine écossais eut une influence importante sur Edgar Allan Poe. Ce dernier en était un lecteur assidu. Il lui rend hommage dans plusieurs de ses titres (How to write a Blackwood article ; Article for Blackwood : a predicament ; Loss of breath : a tale neither in nor out of Blackwood ; …).

Gramophone

The Deathship Has A New Captain, premier album de The Vision Bleak.

Sur le mur

Odilon Redon, Le masque sonne le glas funèbre

Dans la même veine

L’anthologie Les fantômes des victoriens parue en 2000 chez José Corti.

À propos du Blackwood Magazine

Ce magazine écossais fut crée en 1817 par l’éditeur William Blackwood. Il s’oppose alors à son rival, The Edinburg Review, qui appuie les idées whigs. Ces magazines sont les parmi les premiers en tant que tels : ils proposent essais, critiques, fictions… Malgré ses idées conservatrices, le Blackwood’s Magazine publie des romantiques comme Mary Shelley et Byron. Le « gothique » étant au goût du jour à l’époque, de nombreux récits comme ceux présents dans ce recueil sont publiés dans la revue. On comprend alors pourquoi elle aura une influence importante sur des écrivains comme Poe. Après de nombreuses années de parutions, le magazine finit par s’arrêter en 1980.

Références

  • Traduit et présenté par André Fayot
  • Éditions José Corti, Domaine romantique, 1999, 257 pages.

Liens et sources