Jean-Pierre Andrevon Tous ces pas vers l'enfer

Fantastique inquiétant

Couverture de Tous ces pas vers l'enfer

Note :
3/5
Cet article a déjà 15 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

L’argument

Tous ces pas vers l’enfer rassemble sept nouvelles et un court roman, chaque texte décrivant l’aller simple ou l’aller-retour de ses personnages vers les abîmes. Abîmes de la souffrance, de la folie, de la mort. Tous les personnages effectuent un voyage, qui s’avère délibérément ou non introspectif. Et si les esprits sont pris dans la tourmente, les chairs ne sont pas épargnées.

Andrevon aborde successivement une métaphore ferroviaire de la vie; deux inversions, l’une psychique et l’autre de situation; une version fantastique de l’expression « être à la rue »; le badinage d’un fantôme; une adaptation vacancière du « ça vire au cauchemar »; un récit sarcastique de réincarnation et enfin la quête d’un vivant pour apprécier la vie.

Ça commence comme ça

Je n’ai gardé aucun souvenir du départ du train. Je sais seulement que j’ai été secoué, le mouvement. Et il me semble que j’ai pleuré, peut-être le bruit, ou alors la lumière, brutale, douloureuse, en sortant de la gare ou d’un tunnel.

Avis personnel

Tous ces pas vers l’enfer est un recueil inégal. Certains sujets sont originaux et constituent d’agréables surprises, comme par exemple le fait de prendre pour fil rouge d’une histoire… les menstruations (!) (Des vacances gratuites); d’autres en revanche relèvent du cliché ou de la figure de style douteuse, comme la première nouvelle qui développe une métaphore ferroviaire sur le cours de la vie (Dans le train).

Le recueil souffre aussi d’une faiblesse non négligeable. L’écriture de ces textes entretient un flou qui se résout en des chutes faciles, laissant un goût amer d’incrédulité et de dépit. Ce même flou qui distille un malaise certain et supporte un fantastique souvent glauque, comportant des aspects ironiques, voire cyniques, inattendus, est aussi ce qui semble produire ou permettre des fins sans intérêt, et qu’on pourrait voir de loin si l’on n’espérait pas à fond une conclusion à la hauteur du reste.

Il faut cependant reconnaître que ces nouvelles et ce roman parviennent sans peine à communiquer un univers poisseux, à pointer ce je-ne-sais-quoi de dérangeant qui donne parfois l’impression d’être englué(e) dans sa vie… Même si la lecture de ce recueil peut être frustrante, même si on ne l’a pas aimé, il est indéniable que l’écriture de Jean-Pierre Andrevon est marquante, et qu’elle ne laisse pas indifférent(e).

Le grain de sable

C’est Jean-Pierre Andrevon lui-même qui a peint l’illustration de la couverture.
Le court roman Des vacances gratuites inclus dans ce recueil était en lice pour le Prix Rosny 2009.

Le gramophone

Given to the Rising de Neurosis, en particulier les titres « At the End of the Road » et « Shadow ».

Sur le mur

Une horloge avec un tic-tac particulièrement agaçant.

Dans la même veine

Du même auteur : Fins d’après-midi, Ed. Voute, coll. Turbulences, 1997.

A propos de Jean-Pierre Andrevon

Jean-Pierre Andrevon

Né en 1937 dans l’Isère, Jean-Pierre Andrevon a été tour à tour employé aux Ponts et Chaussées, enseignant, soldat, écrivain, journaliste, cinéaste et peintre.
Sa première nouvelle en tant qu’écrivain à temps complet est publiée en mai 1968. Il a d’abord publié principalement chez Denoël et Fleuve Noir, puis dans d’autres maisons d’édition.
Il a reçu le Prix de la science-fiction pour la jeunesse en 1982 avec La Fée et le Géomètre ( Casterman), puis le Grand Prix de la Science-fiction française en 1990 pour Sukran ( Denoël) et le Prix du Roman d’Aventures 2001 pour L’Œil derrière l’épaule (Le Masque), entre autres.
Il est aussi peintre et chanteur.

Références

Où acheter le livre : Éditions Glyphe, Collection « Imaginaires », 232 pages, 2008.
Site officiel de l’auteur : http://jp.andrevon.com/