George Sand Le Géant Yéous

Récit fantastique montagnard

Couverture du "Géant Yéous" de George Sand

Note :
4/5
Cet article a déjà 16 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

L’argument

Miquelon a vu sa vie brisée par une chute de pierres sur son champ et sa maison, réduisant ainsi sa famille à la mendicité et lui-même à l’état d’estropié. Lorsque son fils Miquel devient un homme, il retourne sur les lieux du drame, bien décidé à venger son père en redonnant au terrain son aspect d’autrefois. Mais il n’est pas certain que l’irascible Yéous le laisse faire…

ça commence comme ça

Lorsque j’habitais la charmante ville de Tarbes, je voyais toutes les semaines à ma porte un pauvre estropié appelé Miquelon, assis de côté sur un petit âne et suivi d’une femme et de trois enfants. Je leur donnais toujours quelque chose, et j’écoutais toujours sans impatience l’histoire lamentable que Miquelon récitait sous ma fenêtre, parce qu’elle se terminait invariablement par une métaphore assez frappante dans la bouche d’un mendiant.  » Bonnes âmes, disait-il, assistez un pauvre homme qui a été un bon ouvrier et qui n’a pas mérité son malheur. J’avais une cabane et un bout de terre dans la montagne ; mais un jour que je travaillais de grand cœur, la montagne a croulé et m’a traité comme me voilà. Le géant s’est couché sur moi. »

Avis personnel

J’ai lu ce livre pour la première fois enfant et l’image du géant Yéous m’a si fortement impressionnée que le livre conserve encore une certaine aura maléfique. Les illustrations, tout comme le traitement du récit, sont sans doute pour beaucoup dans ces frissons de peur qui m’avaient agitée à cette première lecture et qui n’ont jamais disparu. Car George Sand a su raconter cette histoire en maintenant un doute effroyable pour le lecteur : le géant Yéous existe-t-il vraiment ou n’est-il que le fruit de l’imagination de Miquel ? Impossible de répondre à cette question, et ce doute permanent contribue beaucoup au sentiment de malaise que l’on a pendant le récit.
De plus, Yéous symbolise les forces de la nature, forces primitives et puissantes devant lesquelles l’homme ne peut rien et ne peut que se faire tout petit. Qui n’a jamais ressenti la puissance enfouie au sein des montagnes ? Qui ne s’est jamais senti bien petit et faible face à ces imposantes dames de pierre ? Le combat entre l’homme et ces forces naturelles est souvent inégal. Si l’homme gagne parfois, la nature sait lui rappeler qui, des deux, est le plus puissant. Si vous lisez ce récit, nul doute qu’ensuite vous ne regarderez plus les montagnes de la même manière.

Le grain de sable

Au début du récit, les titres des quelques livres que possède Miquel sont énumérés. Il s’agit en fait des livres que George Sand estimait absolument nécessaire d’avoir avec soi sur une île déserte.

Gramophone

Le thème principal du film Zoulou par John Barry.

Sur le mur

Un objet : une pierre brute.

Dans la même veine

Si vous avez aimé Le géant Yéous, retrouvez-le avec d’autres contes de George Sand au sommaire du recueil Contes d’une grand-mère, paru chez Gallimard. Vous aimerez aussi l’anthologie Magie Verte d’André-François Ruaud (L’Oxymore, 2003) et, dans un registre futuriste, la nouvelle Ne tirez pas sur les arbres de Patricia Highsmith in L’épouvantail (Calmann-Lévy, 1997).

A propos de George Sand

George Sand est née à Paris le 1er juillet 1804 sous le nom de Amantine Aurore Lucile Dupin. Elle épouse à dix-huit ans Casimir Dudevant et le couple s’installe à Nohant, dans le Berry. Un fils, Maurice, et une fille, Solange, naîtront de cette union. Bien qu’étant établie à Nohant, George Sand voyage beaucoup, en France comme à l’étranger. Mais elle s’ennuie auprès de son mari et sa rencontre avec Aurélien de Sèze sonnera le glas de son amour pour son mari.
Les années suivantes, George Sand, qui écrit déjà depuis quelques temps, se lance dans l’écriture journalistique. Elle mène une vie libre à Paris, comptant parmi ses amants les écrivains Jules Sandeau et Alfred de Musset et le musicien Frédéric Chopin. C’est avec Jules Sandeau qu’elle écrit et publie son premier roman, Rose et Blanche, en 1831 sous le pseudonyme commun J. Sand. Un autre roman, Indiana, écrit de la main de George Sand seule, paraît l’année suivante. Jules Sandeau refusant d’être considéré comme l’auteur de cette œuvre, George Sand prend le pseudonyme masculin qui demeure célèbre aujourd’hui. Elle ne cessera pas d’écrire jusqu’à sa mort, en 1876.

Son œuvre romanesque est considérable. Elle est réputée pour ses romans dit champêtres, tels que La Mare au diable (1846) et La Petite Fadette (1849), qui se déroulent dans le Berry, région chère à George Sand. Parmi ses autres oeuvres les plus connues, on peut citer Laura : voyage dans le cristal (1865) et Contes d’une grand-mère (1873 et 1876). Le Géant Yéous (1873) est l’un de ces contes, que George Sand a écrit car elle estimait qu’il y avait un manque dans la littérature pour enfants. Elle conçoit les contes comme devant posséder du merveilleux mais aussi des interrogations existentielles, le récit devant aller au-delà du simple divertissement pour donner un enseignement de la vie aux jeunes lecteurs. Ses premiers contes s’adressaient à sa fille Solange, les suivants sont destinés à ses petites-filles.

George Sand

Références

Editions Casterman, 1982, 95 pages

Liens et sources

Les éléments utilisés pour la biographie et la bibliographie sont issus du Site du Ministère de la Culture, riche en informations et joliment présenté avec un air de piano très XIXe siècle.