Stéphane Bourgoin (dir.) Halloween : les citrouilles de l'horreur

Contes noirs-citrouilles d'épouvante

Couverture de "Halloween les citrouilles de l'horreur" dirigé par S. Bourgoin

Note :
3/5
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L’argument

C’est la nuit d’Halloween. Citrouilles maléfiques, fantômes avides de vengeances, maisons hantées et autres démons capricieux parcourent les pages de cette anthologie où figurent, comme il se doit, treize nouvelles signées par des plumes reconnues du fantastique et de l’horreur, tels que Ramsey Campbell (Les pommes où un homme garde jalousement son jardin), Whitley Strieber (Le Masque de Nixon où les masques ne sont pas ce qu’ils semblent), Robert Bloch (La citrouille où les terreurs de l’enfance se basent parfois sur la réalité) ou Robert McCammon (Il ira frapper à votre porte où les enfants ne sont pas les seuls à exiger des « douceurs »), ou des plumes moins connues, comme Mearle Prout (Le carnaval de l’horreur où l’apparence cache parfois un piège) ou Alain Ryan (La maison de Halloween où les maisons hantées ne le sont pas forcément par un fantôme). Treize nouvelles d’auteurs différents, mais toutes ont un point commun : à glacer le sang.

ça commence comme ça

Bill Pronzini – La citrouille maléfique

La citrouille, l’étrange citrouille, entra dans la vie d’Amanda Sutter un beau jour de fin septembre.

Elle avait passé la plus grande partie de la matinée et le début de l’après-midi à faire des courses à Half Moon Bay, et il allait être bientôt deux heures lorsqu’elle remonta dans la vieille camionnette Dodge et se dirigea vers le sud sur l’autoroute 1. Elle guetta le panneau, comme elle le faisait toujours. Finalement, elle le vit apparaître au loin et grandir, jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de lire, d’abord les lettres en orange vif qui indiquaient FERME SUTTER – CITROUILLES, puis les lettres noires, plus petites, au-dessous : Les plus grosses, les plus savoureuses, les plus belles – Premier Prix, Fête de la Citrouille de Half Moon Bay, 1976.

Avis personnel

Une anthologie ayant pour thématique Halloween, quoi de mieux comme lecture pour… Halloween, justement?

Contrairement à ce que le sous-titre pourrait faire croire, les citrouilles ne figurent pas dans toutes les nouvelles, même si on les croise souvent dans le rôle du « monstre » de l’histoire. Fantômes et autres diableries sont aussi de la partie!

Les auteurs au sommaire sont tous anglo-saxons. Etant donné que la fameuse fête des trick-or-treat nous est venue de là, rien de plus normal que de retrouver des plumes anglo-saxonnes dans cette anthologie. Et non des moindres!

Le texte de Robert Bloch, Tours, commence tout en gentillesse sucrée pour mieux faire monter la terreur en douceur, avant d’asséner le coup de grâce. Un autre texte m’a particulièrement frappée : Oeil pour oeil, de Charles L. Grant. Une histoire de fantôme qui m’a donné envie de hurler d’horreur et de pleurer à la fois, tant la souffrance est liée à la situation atroce du personnage principal. Samhain Feis de Peter Tremayne nous convie aux légendes irlandaises liées à Halloween, quant à La maison de Halloween de Alan Ryan, je me suis régalée à le lire (quoique quelques frissons m’ont gagnée vers la fin de l’histoire…), car il revisite de façon originale le thème éculé de la maison hantée! Une mention spéciale au texte de Darrell Schweitzer, L’homme qui n’était pas gentil avec les Poupées à Tête de Citrouille, pour son hilarante (et pourtant bien glaçante) description de la marchandisation d’Halloween.

L’anthologie n’est cependant pas exempte de faiblesses. Je me suis demandée ce que Le carnaval de l’horreur de Mearle Prout venait faire là, car dans cette histoire, Halloween semble n’avoir été qu’un prétexte. Sans compter que d’horreur, il n’y en a que dans son titre : cette nouvelle m’a laissée totalement insensible. Le masque de Nixon de Whitley Strieber, quoiqu’original, est assez confus dans son écriture, bien que cela reflète la situation de confusion intérieure du personnage principal. Je suis restée plus perplexe que terrifiée.

Au final, Halloween : les citrouilles de l’horreur est une assez bonne anthologie de textes horrifiques liés à la célèbre fête du dernier jour d’octobre. Frissons garantis! Et prenez garde, la nuit d’Halloween. Le mal peut prendre n’importe quelle forme… même celle de cette inoffensive citrouille au sourire goguenard.

Le grain de sable

La compagne de Stéphane Bourgoin, l’anthologiste, a été violée et assassinée en 1976. C’est de ce meurtre que provient l’intérêt de l’anthologiste pour les serial killer.

Gramophone

La B.O. d’un film d’horreur. De préférence celle d’Halloween la nuit des masques.

Sur le mur

Une citrouille à laquelle on aura donné le faciès d’un Jack O’Lantern diabolique.

Dans la même veine

Pour prolonger l’horreur, rien de tel que Danse macabre (J’ai Lu, 2000), Brume (Le Livre de Poche, 2006),  Rêves et cauchemars (Le Livre de Poche, 2006) ou tout autre ouvrage de Stephen King. L’Exorciste de William Blatty (J’ai Lu, 2001) est également idéal comme lecture pour la soirée d’Halloween.

A propos de Stéphane Bourgoin

stephane_bourgoinNé en 1953, Stéphane Bourgoin est à la fois écrivain, journaliste et libraire. Il est spécialisé dans la criminologie et s’intéresse en particulier  aux serial killer. Il a publié plusieurs ouvrages à ce sujet comme Serial killers : enquête sur les tueurs en série (Grasset, 2003), Profileuse : une femme sur la trace des serial killers (Grasset, 2004) ou encore Le Dahlia noir : autopsie d’un crime de 1947 à James Ellroy (Edite, 2006).

Références

Edition Les Belles Lettres, 1998, 267 pages

Liens et sources

Interview de Stéphane Bourgoin au sujet de son travail sur les serial killer

Site Internet de la librairie de Stéphane Bourgoin