J.R.R. Tolkien Lettres du Père Noël

Correspondance givrée

Note :
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L’argument

John, Michael, Christopher et Priscilla, les enfants de Tolkien, ont eu la chance, entre 1920 et 1943, d’entretenir une relation épistolaire avec le Père Noël. C’est leur père, bien sûr, qui, en écrivain passionné, inventait chaque année de nouvelles histoires sensées se passer au Pôle Nord, où vivent non seulement l’icône des fêtes de fin d’année, mais aussi son ami l’Ours blanc, les lutins, et leurs ennemis les gobelins.

Ça commence comme ça

Maison de Noël, Pôle Nord

22 décembre 1920

Cher John,

Je t’ai entendu demander à ton papa à quoi je ressemblais et où je vivais. J’ai fait pour toi un dessin me représentant, et un autre de ma maison. Je suis maintenant en route pour Oxford avec mon chargement de jouets – certains d’entre eux sont pour toi. J’espère arriver à temps : la neige est très épaisse au Pôle Nord ce soir.

Ton Père Noël qui t’aime

Avis personnel

Quel enfant n’a pas rêvé d’une relation privilégiée avec le Père Noël ? Et quel bonheur ce devait être de recevoir chaque année, une lettre de sa main tremblante à cause du froid, calligraphiée malgré tout, décorée d’arabesques et d’étoiles, et illustrées de ses aventures… La magie de Noël a son paroxysme: fête colorée et aventures trépidantes.

La plupart des lettres envoyées sont accompagnées de grands dessins représentant les aventures du Père Noël. Nombre d’entre eux sont reproduits dans ce livre (presque tous d’après la préface), ainsi que les lettres originales, en anglais, ce qui permet non seulement de suivre les histoires écrites par ce fabuleux conteur de Tolkien, mais également d’admirer ses créations picturales.

De plus, sur la trentaine de lettres publiées dans cet ouvrage, la moitié est inédite en France.

Comme plusieurs personnages interviennent dans ces « contes », Tolkien met en place des procédés pour les différencier les uns des autres. Ainsi, si le Père Noël utilise un langage plutôt raffiné et une écriture tremblotante qu’il met sur le compte du froid, l’Ours polaire, pour sa part, possède une orthographe, une grammaire et une conjugaison très approximatives qu’il délivre avec un alphabet tout en lettres bâtons, et Ilbereth l’elfe, quant à lui, écrit drôlement bien, ne souffrant apparemment ni du froid, ni de soucis de langue. Dans la version traduite et non écrite à la main, l’éditeur a eu la bonne idée de choisir des caractères spéciaux pour différencier à son tour l’écriture de chacun des protagonistes.

Les aventures sont simples, inexistantes même dans les quelques premières lettres, mais gagnent en richesse au fil des ans, avec l’arrivée de nouveaux personnages tels que l’Ours polaire, déclencheur maladroit de catastrophes en série, et Ilbereth l’elfe secrétaire du Père Noël.

Ces trois narrateurs en viennent à interagir dans une même lettre, commentant les histoires de l’un ou de l’autre, ce qui rend cette correspondance particulièrement dynamique, assez proche du dialogue. On voit ensuite débarquer les neveux de l’Ours blanc, des elfes rouges, ainsi que les ennemis du Père Noël : les gobelins.

Mine de rien, toutes ces lettres mises bout à bout forment à leur insu un véritable roman épistolaire (trop court, on en redemanderait bien quelques pages), certes d’une écriture très simple, mais n’oublions pas qu’il était à l’origine destiné à un jeune public. Malgré le style enfantin de cette correspondance, le plaisir de la lecture est bien au rendez-vous, probablement le fait du génie de l’auteur et de la magie de Noël.

Le grain de sable

Pour suivre encore et toujours les aventures du Père Noël malgré la disparition de J.R.R. Tolkien, il suffit de se connecter à son site web. Et le plus beau, c’est qu’on peut aussi lui écrire, ici.

Sur le mur

Christmas night magic scene with flying Santa, une oeuvre de AlexandraF sur deviantart

Gramophone

Divers artistes – The days of Chrstmas past, CD 3 : Children’s songs

Dans la même veine

  • Lettres, de J.R.R. Tolkien, la correspondance de l’auteur avec tantôt son éditeur, tantôt ses fils, tout au long de sa vie. Il y parle de ce qu’il écrit (Bilbo le hobbit, Le Seigneur des Anneaux, etc.)
  • Bilbo le hobbit, de J.R.R. Tolkien
  • Des contes de Noël d’auteurs divers et variés
  • Cher Père Noël!, de Jean-Pierre Gueno

A propos de J.R.R. Tolkien

Né le 3 janvier 1892 à Bloemfontein en Afrique du Sud, John Ronald Reuel Tolkien est l’auteur qu’on ne présente plus, rendu immortel grâce à l’immense monde qu’il a créé, est-ce bien nécessaire de citer la Terre du Milieu…

Il s’engage dans l’armée pendant la Première Guerre Mondiale mais est rapatrié en 1917. Non seulement écrivain célèbre, mais aussi poète, philologue et professeur d’université (langue et littérature anglaises, vieil anglais) à Oxford, il a créé plusieurs langues qu’il a utilisé dans ses romans : Bilbo le hobbit, qui fit de lui un auteur de roman jeunesse réputé, sa suite, Le Seigneur des Anneaux, ainsi que tous les contes tirés de cet univers, regroupé dans le Silmarillion, les Contes et légendes inachevés.

Il fit partie du cercle littéraire des Inklings avec notamment  C.S. Lewis (auteur du Monde de Narnia). Il est mort le 2 septembre 1973.

Références

Christian Bourgeois éditeur, 2004, 111 pages, édition préparée par Baillie Tolkien, traduit de l’anglais par Gérard-Georges Lemaire.

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