Arnaud Luphenz L'Errance des échos

Errance poétique dans un labyrinthe obscur

Couverture de "L'errance des échos" d'Arnaud Luphenz

Note :
3/5
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L’argument

Le narrateur se voit léguer une maison, où il découvre deux tableaux. Séduit par ces toiles, notamment celle représentant une fée, il se lance dans un voyage qui le mène en Nephandia, ville étrange, afin d’en retrouver le peintre mais aussi, peut-être, se trouver une destinée. Entre rêve et réalité, il avance, enquête, rencontre, vibre, songe, s’émeut…

ça commence comme ça

Médusa et ses canaux de pierre aspirèrent bien plus que ma jeunesse,  après m’avoir trop donné et sans aucune distinction. Comme un souffle-tentacule ou des lèvres-brisures aux baisers passionnés. Les ombres de ses venelles italiennes avaient su rendre ma peau blême et mon esprit des plus secrets. Mes méninges en proie aux nuées avaient édifié des alcôves et des refuges aussi salutaire qu’inaccessibles. Des archipels de brouillards et de vapeurs dorées au coeur d’une mer déchaînée. Mais la cité avait ses séides, toujours prêts à pétrifier la moindre velléité de sécession.

Avis personnel

Dès le début de L’Errance des échos, le ton est donné : Arnaud Luphenz nous liste les personnages que l’on rencontrera au cours de notre lecture, et leur brève description, en une phrase voire deux mots, laisse augurer une plongée dans un univers surréaliste des plus séduisants.

Et c’est bel et bien le cas! Oubliez tout vos repères, vos habitudes de romans linéaires et bien structurés. Ici, si l’histoire se tient, on peine à la suivre. Non parce qu’elle est mal construite ou ennuyeuse. Mais parce que chaque phrase tient de la poésie surréaliste. Toutes très courtes, séparées par des points, comme autant de balles tirées vers le lecteur pour mieux briser ses défenses, elles envoûtent de leur chant de sirène. Tissent un filet qui capture.

L’Errance des échos, c’est une plongée dans un labyrinthe de rues, de lieux. On a l’impression de se promener dans une ville aux contours flous, aux ramifications étranges et tordues, peuplée de personnages tous plus bizarres les uns que les autres, mais animés d’une poésie noire et surprenante.

On se laisse porter par les phrases d’Arnaud Luphenz, abandonnant toute tentative de compréhension. Amateur d’ambiances surréalistes, mélancoliques, oniriques et surtout pas transparentes de netteté, plongez vite dans ce roman!

Le grain de sable

Certains passages du roman laissent transparaître une certaine ironie vis-à-vis de notre société actuelle.

Gramophone

Le sifflement du vent et des spectres passant à travers des murs en ruines.

Sur le mur

L’Asile des mouches de Jérôme Sevrette

Dans la même veine

Si L’Errance des échos vous a plus, vous aimerez Ubik de Philip K. Dick (éditions 10/18, 1999) : un autre genre d’errance, dans un monde futur, entre réalité et virtuel. Egalement la nouvelle Mère-géode de Jérôme Noirez (in Trésors, Emblèmes n° 15, dirigé par Estelle Valls de Gomis, éd. de L’Oxymore, 2005).

A propos d’Arnaud Luphenz

On sait très peu de choses  d’Arnaud Luphenz. Il rédigea ses premiers écrits à l’âge de dix ans, puis il connut une longue période de non-écriture. Il est revenu par la suite à l’écriture et a publié le recueil de nouvelles Beau temps pour un poison et un recueil de poésie, Crépusculaires, en 2009 chez Edifree. Parmi ses influences, il cite Baudelaire, Mallarmé, Bashung ou encore René Char.

Références

Edifree, 2010, 314 pages