Shirley Jackson Nous avons toujours habité le château

Roman onirique oppressant

Couverture de "Nous avons toujours habité le château" de Shirley Jackson

Note :
5/5
Cet article a déjà 15 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

L’argument

Mary Katherine Blackwood vit avec sa soeur Constance dans le château familial. Tous les membres de sa famille, à l’exception d’un oncle à demi sénile, sont morts empoisonnés. Les villageois murmurent que Constance serait la coupable. Mais Mary Katherine n’est pas du même avis et sa voix chuchote d’autres secrets…

ça commence comme ça

Je m’appelle Mary Katherine Blackwood. J’ai dix-huit ans et je vis avec ma soeur Constance. Je me suis souvent dit que j’aurais fort bien pu être un loup-garou, car l’index et le majeur de mes deux mains sont de la même longueur, mais il a fallu que je me contente de mon sort. J’ai horreur de me laver, je déteste les chiens et le bruit. J’aime bien ma soeur Constance, Richard Plantagenet et l’amanite phalloïde. Tous les autres membres de ma famille sont morts.

La dernière fois que j’ai jeté un coup d’oeil aux livres de la bibliothèque municipale alignés sur l’étagère de la cuisine, je me suis rendu compte que la date limite de prêt était dépassée depuis plus de six mois. Je me suis demandé si mon choix aurait été différent si j’avais su alors qu’ils resteraient nos derniers livres et, à jamais, sur l’étagère de notre cuisine.

Avis personnel

Nous avons toujours habité le château est un roman troublant car il se situe entre réel et fantastique. La narratrice, Mary Katherine, vit en effet dans des rêves éveillés et s’est inventé des rituels sécurisants. On ignore sans cesse si ce qu’elle croit et raconte est vérité ou invention née de son imagination trop vive. L’histoire n’est pas riche en rebondissements et pourtant elle instaure petit à petit un sentiment de malaise, car la voix de Mary Katherine s’infiltre insidieusement dans nos têtes. Cela fait naître un sentiment de malaise profond, une terreur sourde qui va grandissant et ne cesse pas même après la fin de l’histoire. Car les murmures de Mary Katherine se poursuivent encore quelque temps en nous, on met du temps à s’en défaire, comme si la folie du personnage était parvenue à nous atteindre et à nous contaminer. C’est là tout le talent de l’auteur, qui parvient en peu de moyens, avec de simples mots, à instiller un climat oppressant.

Le grain de sable

Shirley Jackson se proclamait sorcière.

Gramophone

Chansons Transylvanian concubine, Howard Hughes et Dig Ophelia de Rasputina

Sur le mur

Natalia Pierandrei : Leda

Natalia Pierandrei - Leda

Dans la même veine

Si vous avez aimé Nous avons toujours habité le château, vous aimerez Irlanda de Espido Freire (J’ai Lu, 1999), « L’amant vampire » de Tanith Lee in Ecrit avec du sang (L’Oxymore, 2002) et « Le papillon écarlate » de Nicolas Valinor in Emblèmes 15 : Trésors (L’Oxymore, 2005).

A propos de Shirley Jackson

Shirley Jackson prétendait être née en 1919 à San Francisco, mais il semblerait que sa véritable année de naissance soit 1916. En 1940, elle épouse le critique littéraire Stanley Edgar Hyman avec qui elle aura plusieurs enfants. Sa première nouvelle est publiée en 1941, suivie bientôt par d’autres courts récits et des recueils de nouvelles. Elle est décédée en 1965. La loterie (The Lottery, 1948, Pocket) est la nouvelle qui fit d’elle un auteur populaire. Son roman Maison hantée (The Haunting of Hill House, 1959) est reconnu, par des auteurs comme Stephen King et Richard Matheson, comme un classique dans le genre de la ghost story. Il a par ailleurs été adapté à l’écran deux fois, en 1963 sous le titre La Maison du diable et en 1999 sous le titre d’Hantise, titre qui devint celui des ré-éditions du roman. Nous avons toujours habité le château (We have always lived in the castle, 1962) a remporté un grand succès et a été adapté au théâtre. Ces trois récits, ainsi que Le Cadran solaire (The Sundial, 1958) sont disponibles en français chez Pocket (éditions parfois épuisées). Outre ces romans de terreur, Shirley Jackson a également mis en scène les mésaventures de sa famille dans Life among the savages (Mes sauvages chéris, Robert Laffont, 1953) et écrit des ouvrages pour la jeunesse, notamment concernant les accusations de sorcellerie à Salem.

Shirley Jackson

Références

Editions Pocket, 1998, 285 pages

Liens et sources

Un article de Wikipédia est consacré à Shirley Jackson, en anglais. Les informations de ce site ont été comparées pour vérification de leur pertinence avec celles de ce site, qui propose une courte biographie et bibliographie en anglais.