Chelsea Wolfe Apokalypsis

Post-rock de sorcière

Coup de cœur de La Lune Mauve

Pochette de « Apokalypsis »

Note :
4/5
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Ça fait du bien là où ça fait mal : Apokalypsis commence par vingt secondes de cris bizarroïdes, mi-humains, mi-animaux, d’une femme qui semble possédée.

Passée cette épreuve, on décolle avec Mer et son rythme de basse entêtant, sa voix spectrale et sa somptueuse lumière noire. Un rythme tribal patiné par des guitares léchées et une production toute en rondeur achève d’introduire cet album court mais intense.

Apokalypsis

Movie Screen tombe là comme une faille spatio-temporelle fissurant l’album en deux parties. Post-rock en diable et éminemment cinématographique, ce titre rappelle le genre d’ambiance posée par Radiohead dans son Talk Show Host. Des morceaux de métal sont traînés par terre, le rythme lancine et hypnotise, tandis que Wolfe survole la scène avec sa voix d’oracle funèbre.

Et toujours les guitares, saturées, cinglantes, à la fois mélodies et cris, tandis que la bobine continue de se dérouler. C’est comme un écran de cinéma.

L’album est difficile à classer : post-rock oui, noise, witch house, shoegaze voire folk metal par moment, avec ce je ne sais quoi de magie noire, de philtres empoisonnés et de malaise tangent. Dix morceaux comme autant d’incantations minimalistes, dont émane pourtant une puissance émotionnelle qui foutrait presque mal à l’aise.

Niveau références, impossible de ne pas penser à P.J. Harvey pour la voix et le rock, à Sonic Youth et même un peu à Portishead. Mais Apokalypsis déroule sa propre histoire, et établit son propre dogme, à l’apogée duquel se trouve Pale on Pale, une litanie métallique et sinueuse, d’où émane le doux parfum de la fin du monde. Ce disque n’a rien d’éthéré. Ce disque est du plomb.

La musique elle-même est portée par des visuels obscurs et vintage : la musicienne raffole de l’imagerie gothique, des typographies grecques et autres symboles ésotériques.

Tout pour plaire, donc.

Chelsea Wolfe