Warpaint The Fool

Alt rock spectral

Coup de cœur de La Lune Mauve

Pochette de « The Fool » de Warpaint

Note :
5/5
Cet article a déjà 12 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Chroniquer un disque que j’ai tellement, tellement écouté ces derniers mois me soulage et m’embarrasse. Un peu comme si je dévoilais publiquement une porte directe sur mon jardin secret, ou un petit plaisir musical rien qu’à moi.

Mais The Fool de Warpaint fait définitivement partie des albums lunemauviens : aussi sombre que lumineux, oscillant autour d’une mélancolie latente, et dont chacun des neuf morceaux se déroule telle une lamentation lointaine, bourrée d’étoiles. Je ne pouvais pas taire plus longtemps ce disque sublime.

Warpaint, ce quatuor féminin originaire de Los Angeles, prodigue un rock alternatif lancinant tendance cold wave shootée à la bile noire. Pas d’extravagance, pas de clavier, très peu de sons synthétiques : ici les voix de Emily Kokal et de Theresa Wayman, plaintives, entêtées, entêtantes, n’ont rien de lyrique et planent sur le decorum désertique de l’album comme deux spectres blancs.

La basse, omniprésente, enrichit son rôle rythmique grâce des arpèges chaleureux, qui participent pour beaucoup à la fascinante sensualité du disque, tandis que la guitare délivre des mélodies à tomber (le frissonnant Baby) et incisives (Bees, Shadows).

The Fool est un joli petit tourbillon émotionnel : commencer à l’écouter, c’est prendre le risque de devenir très vite accro. Hypotique, l’album est également très mélancolique. Les paroles évoquent douleurs, absences et torpeur.

Néanmoins, les morceaux sont relativement rythmés, mid-tempo cela va sans dire, et les riffs répétitifs, la production assez brut de pomme, et le chant éthéré font de l’album un rêve éveillé teinté de magie noire.

Quatre petites sorcières qui ont élégamment tissé leur majestueuse toile.

Quatre petites fées recouvrant la Terre d’un rock froid et désertique, qui réussit la prouesse d’allier subtilité à l’enivrement le plus complet.

À ce stade, vous en êtes déjà à la troisième écoute, et le piège se referme sur vous !

Au sein de ce joyeux cauchemar, chaque chanson est un baiser ardent sur une peau froide comme la lune dixit Samuel Cogrenne sur Discordance. Voilà. Vous m’en direz des nouvelles.

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