Rebelotte. Samedi 6 février 2009, rendez-vous avec Amanda Palmer – leader des Dresden Dolls et pianiste survoltée -, le Danger Ensemble – troupe de performers australiens disjonctés – et Lyndon Chester – violonniste de génie tout droit sorti d’un film de Tim Burton – au Divan du Monde, à Paris.
Le précédent passage de la brune incendiaire dans la capitale était récent: octobre 2008, la Palmer joue à guichets fermés à La Boule Noire, déjà accompagnée de ses Australiens dangereux, de son violonniste mais aussi de Zoe Keating, violoncelliste et ex-Rasputina. Cette fois-ci, on rejoint à nouveau Amanda à Pigalle, où elle se serait baignée nue pour une séance photo avec Marie Darling, à ce qu’elle nous a dit.
Des Suédois, des ciseaux
Mais revenons-en à la musique. Ce sont les Detektivbyrån, trio suédois fortement inspiré par Yann Tiersen et Air, qui ouvrent la danse de manière originale: la batteur, hyper carré, délaissera sa batterie mi-électronique, mi-acoustique pour une paire de ciseaux; le leader du groupe caché derrière une frange épaisse alternera entre l’accordéon et le clavier, tandis que le troisième compère, tout de blanc vêtu, ajoutera une touche de magie aux compos du groupe grâce à un imposant vibraphone. Leur set est somme toute honorable. Et surtout, le groupe a l’air content d’être à Paris. Du coup, on est content pour eux. Bref, bonne ambiance.
Moins d’une demie-heure de battement après, les trois membres originels du Danger Ensemble, accompagnés d’une nouvelle venue vêtue d’un tutu écarlate, entrent lentement sur scène, tandis que la FM de fond continue à cracher dans nos oreilles. Les performers arborent tous un visage figé; et c’est figés à leur tour qu’ils s’arrêtent en plein milieu d’un public quelque peu médusé.
Un show théâtral et transgenre en demie-teinte
Amanda entre alors sur scène, comme un chat: sans bruit, sans spot braqué sur elle, sans introduction dramatique comme lors du précédent concert (et qu’on avait adorée), mais tout aussi chaleureusement applaudie. La voilà qui s’installe à son fidèle Kurzweil, tandis que le public, serré dans un Divan plein à craquer, retient son souffle. Petit problème: la belle a oublié ses retours (in-ear monitors) dans sa loge. Elle s’en va les chercher. Elle revient. On l’applaudit à nouveau. Et la poupée punk commence enfin à jouer.
Surprise: Amanda Palmer débute sa setlist par Assistant, morceau plutôt calme qui ne donnera pas le ton de la soirée. C’est bien, mais ça surprend. Elle enchaîne avec un Backstabber, des Dresden Dolls, déjà plus survolté, et le public jubile, car il connaît. Voilà pour l’introduction. Le show peut vraiment commencer.
Lyndon Chester entre sur scène, et livrera une performance assez extraordinaire au violon en accompagnant Amanda sur Favorite Things. Malheureusement, ça sera là le seul coup d’éclat de Chester qui semblera moins inspiré et moins impliqué pendant le reste du concert.
Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas: Amanda est rejointe tantôt par Marie Darling à la scie musicale, Chester au violon, ou encore Emilie Bera en ombre chinoise sexy. Sans oublier les différentes apparitions du Danger Ensemble, toujours hautes en couleurs, où des néo-nymphes harnachées de gode-ceintures poursuivent des hommes maquillés, où une Blanche-Neige moderne fuit un boogey man plus vrai que nature, et où le coup du « Un bisou pour un sou » a encore fait fureur.
Amanda Palmer a joué les morceaux de Who Killed Amanda Palmer qu’elle avait zappés à La Boule Noire. Ainsi, quel plaisir d’entendre « pour de vrai » Runs in the family, Oasis, Guitar Hero ou encore Have to drive. On a apprécié qu’Amanda délaisse les playbacks à répétition du précédent concert, même si le temps ainsi gagné a été finalement consacré à beaucoup, beaucoup de bavardages. Sur Roadrunner, sur The Cure, sur Neil Gaiman. Ok, c’est cool: on aime Amanda Palmer aussi parce qu’elle est proche de son public. Mais on n’aurait pas craché sur deux ou trois morceaux de plus à la place de tous ces blablas.
La bonne surprise intervint au milieu du show, lorsqu’Amanda décida, au lieu de continuer sa reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel, de nous jouer une nouvelle compo: Trout Heart Replica, dont la tristesse est a sûrement à voir avec la récente rupture de l’artiste d’avec Brian Viglione, son binôme dollesque.
Le concert se termina au ukulélé, avec une reprise de Creep de Radiohead, achevant une impression de déjà vu qui nous laissera sur notre faim.
Si le concert d’Amanda Palmer au Divan du Monde a commencé sur les chapeaux de roues, il a terminé sans queue ni tête, moins maîtrisé que la fois précédente, même si l’artiste était plus en voix qu’en octobre. Néanmoins, un concert d’Amanda Palmer est toujours un fantastique moment à passer!
Setlist
- Assistant
- Backstabber (Dresden Dolls)
- Favorite Things
- Astronaut
- Slide
- Guitar Hero
- Blake Says
- Coin Operated Boy (Dresden Dolls)
- Oasis
- Trout Heart Replica
- Ne Me Quitte Pas (Jacques Brel)
- Runs In The Family
- Have To Drive
- I Kissed A Girl (Kate Perry Playback)
- Girls On Film (Duran Duran Playback)
- Creep (Radiohead)
Pour continuer…
- Photos de Mélanie Fazi sur Le Cargo;
- Oliver Peel (chronique sur son blog, en allemand);
- Chronique du concert d’Amanda Palmer à La Boule Noire, le 23 octobre 2008.
Moi qui n’ai pas vu le précédent concert parisien (et qui n’ai donc pas de point de comparaison), j’attends avec impatience son passage à Toulouse qui sera une grande première pour moi.
Cette critique donne quand même le goût de la voir en concert. Depuis le temps que j’en entend parler, il est plus que temps que j’écoute en profondeur l’oeuvre de Miss Palmer (à faire dans les prochaines semaines, tient !)
Ah ça c’est sûr que c’est quelque chose de la voir en concert! ça tabasse! :-)
Je te rejoins sur la setlist et particulièrement les morceaux que tu cites, c’était blastant de les entendre ! « Have to drive » notamment, avec la performance du Danger Ensemble (ce que j’ai pu en voir en tout cas ^^’) qui accentuait encore l’intensité du moment, ah, superbe…
Comme c’était mon premier concert Amanda Palmer et n’ai donc à le comparer qu’avec mes attentes, j’avoue, je l’ai apprécié à fond – un bonheur de découvrir en vrai cette artiste dont la présence sur scène est aussi prenante que son extraordinaire voix ! Et de même, j’ai été soufflée par la performance du violoniste, et pas mal fascinée par les scènes jouées par le Danger Ensemble.
Une fantastique soirée, oui ! :-)
Ma grosse frustration de la soirée, c’est effectivement de ne pas avoir vu ce qui se passait pendant « Have to drive », ça avait l’air très fort. Tora du Danger Ensemble m’a dit qu’il existe une vidéo live sur YouTube où on voit bien le numéro, mais je ne l’ai pas encore trouvée. Sinon, je te rejoins pour préférer le concert précédent, plus spectaculaire et plus maîtrisé, mais j’ai trouvé Lyndon Chester très inspiré de bout en bout, notamment sur « Astronaut ». Et concernant « Trout Heart Replica », que j’ai trouvée magnifique, je crois qu’elle fait référence à une rupture dont elle a parlé à demi-mots sur son blog, mais qu’il n’y a aucun rapport avec Brian Viglione.
J’ai adoré le petit « ratage » du début, quand elle dû retourner en coulisses en nous demandant de faire comme si de rien n’était à la deuxième entrée. ;)
Je viens de retrouver « Trout Heart Replica » sur YouTube, j’en ai la chair de poule.
http://www.youtube.com/watch?v=7-dTVhXtKw8
Ah super!! Chair de poule partagée @_@
En fait on dirait que c’est un peu handicapant de l’avoir vu en octobre car niveau mise en scène, j’ai largement préféré le premier concert avec une entrée vraiment fabuleuse!! Là du coup, je m’attendais à quelque chose d’aussi fort mais rien. Mais si l’on oublie la comparaison, ce show était vraiment excellent et la setlist le rend complémentaire au premier. J’attendais vraiment « Astronaut » et « Have To Drive », déçu de ne pas les avoir eu la dernière fois, donc là j’étais ravi!
Par contre, je ne suis toujours pas trop fan des performances en parallèle, j’avoue que ça me gâche la prestation musicale et j’aime bien avoir la liberté d’imaginer visuellement ce qui se passe pendant les chansons… Mais c’est tout à fait personnel bien sûr :)
Sinon avec du recul, j’ai vraiment bien aimé la première partie!! Il fallait oser sortir tous ces sons façon « minimoog », d’autant plus devant ce public, et ce de manière totalement décomplexée, chapeau!! Batteur super carré et créatif, duo de claviers, mélange accordéon/vibraphone, ouais vraiment très intéressant!!
Sinon y’a toujours des boulets dans l’assistance on dirait :D
Je me rappelle « Astronaut » comme morceau d’ouverture à la Boule noire pourtant, entendre les premières notes pile au moment où elle se dévoilait m’avait fait l’effet d’un coup de poing.
Oups en effet, toutes mes confuses! J’avoue que j’étais complètement absorbé par l’entrée en scène… Quand je dis que le visuel me perturbe… :p
Pour ma part j’ai plutôt été ravi, mais je dois être bon public…
En fait, chaque défaut se retourne en qualité.
Par exemple, j’ai trouvé qu’elle a eu du mal à interpréter « sérieusement » certaines chansons, elle les jouait mais n’était pas « possédée ». En ça, la version d’Astronaut a été décevante (même sur Libelabo elle avait été plus habitée). En contrepartie, elle chantait merveilleusement bien, techniquement parlant.
Et puis quand effectivement, l’alchimie fonctionnait entre l’interprétation et la qualité du chant… j’avais pas mal de buée sur mes lunettes T-T
Le blabla c’est sûr, c’est rasant parfois, on est pas venu pour voir une interview « live » mais en même temps, j’en ai connu qui expédiait les titres sans pause, sans même un oeil pour le public et partir au bout d’une heure un quart (tout ressemblance avec un quelconque révérend-gothique-SM-à-échasse est évidemment fortuite…). La proximité avec le public, le dialogue font partie de l’esprit d’Amanda (et par extension des Dresden) c’est pas un simple concert, on est dans un cabaret ! Par contre, j’ai eu une pensée émue pour ceux qui ne comprenait pas ce qu’elle disait et si ça marche outre-manche et outre-atlantique c’est vrai qu’il n’est pas gagné que tout le monde ait compris ce qu’elle disait.
J’embraye du coup sur une autre très bonne surprise du concert, les Dresden Dolls vont revenir :D :D :D et l’idée de les voir sur scène (et j’espère bien dans les linéaires de nos disquaires favoris) suffit à elle-seule à effacer tout les petits désagréments de la soirée (le public mineur et hystérique / les grands qui se plantent au milieu de la salle et qui du haut de mon 1m80 et sur la pointe des pieds ne me permettait pas de voir autrechose que la nuque du mur en face de moi :s / les vagissements des portiers-videurs qui braillaient tellement forts qu’on les entendait parfois plus qu’Amanda / qu’il n’y ait que les filles du Danger Ensemble qui ont fait un tour d’un bisous pour un sous :p / Les photographes en herbe qui pensent encore qu’au fond de la salle le flash de leur numérique sert à quelque chose / l’idée que Mr Viglione n’était pas très loin et qu’il ne soit même pas venu pour accompagner la fin de Slide où sa batterie a été regretté pour mettre un peu d’emphase dans une chanson pourtant sublimement jouée / … ). mais oui, j’ai été conquis :)
Merci à tous pour vos commentaires tartinesques! C’est ça que j’aime bien quand j’écris un article sur la Palmer, ça laisse rarement indifférent. ^^
Bon, alors je ne savais pas du tout que Brian Viglione était en coulisses o_O Effectivement, ça annihile mon interprétation de « Trout Heart Replica »! Mais alors, de qui Amanda parlait-elle quand elle évoquait son coeur brisé?? Miss Potins vous écoute! lol
Sinon, ouaip, les Dresden Dolls seront en tournée en 2010 et passeront par la France, à ce qu’Amanda disait. Bah ça y est, j’en peux plus X-D
Je ne crois pas qu’il était en coulisses, j’ai cru comprendre qu’elle lui avait parlé au téléphone quand elle a dit au public qu’il nous passait le bonjour (ou un truc comme ça ;)).
Pour le reste, ça fait un moment qu’elle parle à demi-mots sur son blog d’une relation qui a pris fin il y a quelques mois, et de manière assez évidente, ce n’était pas de lui qu’il s’agissait. Je crois même qu’elle disait que le type en question faisait de la figuration dans le clip d’Oasis… Il y a toujours eu pas mal de spéculation sur le fait qu’elle et Brian aient été ensemble ou pas mais je crois que la question n’a jamais été vraiment élucidée. ;)
Ok! Vu les photos sexy qui circulent d’eux deux, j’ai toujours pensé qu’ils étaient ensemble. Enfin, ils l’étaient peut-être au début des Dolls, et entre temps ça a changé. Uhuh, désolée pour cet intermède people!…
En tournée en France en 2010? Ceci n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde! Fan récente, certes, mais fan bien fan même! En tout cas, ce compte-rendu de concert me fait trépigner, trépigner, trépigner et raaaaah! Pourquoi n’a-t-on pas encore inventé la téléportation?
très bon compte-rendu donc! Merci kreestal! ;)
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