Dead Can Dance au Grand Rex, le 27 septembre 2012

Coup de cœur de La Lune Mauve

Dead Can Dance sur scène

Cet article a déjà 11 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Dead Can Dance fait partie de mes groupes archi, archi cultes. Jamais je n’aurais pensé avoir la chance de les voir en concert, depuis leur séparation en 2005. Et pourtant : au mois de mars, j’ai réussi l’exploit d’attraper deux places au vol pour leur concert au Grand Rex, sold out en une heure à peine.

Six mois se sont ensuite écoulés, l’excitation montant, grondant, comme une tempête émotionnelle sur le point de déferler. Pendant ce temps, leur neuvième album studio, Anastasis, sortait dans les bacs. Je l’ignorais fermement, prenant sur moi pour ne pas gâcher la surprise.

Dead Can Dance sur scène

Et soudain, en cette soirée fraîche du 27 septembre, j’ai pu vivre ce rêve, relâcher la pression, me laisser aller à l’émotion la plus pure, lorsque Lisa Gerrard et Brendan Perry ont fait leur entrée sur scène avec leurs musiciens : la claviériste et chanteuse Astrid Williamson ; Jules Maxwell, également aux claviers et aux chœurs ; le multi-percussionniste David Kuckhermann, qui assura également la première partie ; ainsi que Dan Gresson à la batterie.

Lisa Gerrard

Lisa Gerrard, statuesque, est vêtue d’une robe sombre, recouverte d’une traîne beige et cyan, le chignon sévère auréolant son visage pâle. Brendan Perry quant à lui scintille dans sa chemise noire, et sa moustache légendaire est simplement un peu plus blanche que dans mon souvenir.

Pendant un moment, je perds l’ouïe, l’odorat, la vue ; mes mains tremblent et je réalise que je m’apprête à vivre un des plus beaux concerts de ma vie.

DEAD. CAN. DANCE.

La rythmique de Children of the Sun a retenti à en faire trembler ma carcasse. Percus, dulcimer, buzuki, claviers, et surtout ces voix, ces voix extraordinaires, encore plus belles qu’il y a 20 ans (la Grande Déesse seule sait comment cela est possible).

Nous sommes tous des enfants des Morts qui dansent, nous, public hétérogène et médusé, uni en cette si belle soirée. Le morceau est cinématographique, Perry lève les bras au ciel : on y est.

Ensorcelés. Nous sommes ensorcelés. Et moi, je suis touchée par la grâce, enveloppée par la voix puissante de Lisa.

Les applaudissements fusent, personne n’arrive à s’arrêter. J’ai du mal à croire qu’ils sont là, parfaits. Les morceaux issus du nouvel album s’enchaînent et alimentent la magie, dans une veine très orientale. Je ne suis pas déçue d’avoir patienté. Return of the She-King et son canon féminin en particulier me fait frissonner des pieds à la tête.

Brendan Perry

Tant de beauté et de lyrisme partagée avec quelques âmes cousines, présentes elles aussi ce soir. Je devrai me souvenir longtemps de l’instant, qui dura en réalité plus de deux heures.

Bien sûr, on pourrait regretter que les violons soient des nappes synthétiques, et non pas de beaux violons délivrés par un véritable orchestre. Le groupe le mériterait, intensément.

Anastasis sera joué en entier, interrompu ici et là de morceaux emblématiques tels que The Host of Seraphim, The Ubiquitous Mr. Lovegrove, Rakim ou encore Now We Are Free, une chanson de Lisa Gerrard, qui a figuré notamment sur la bande originale du film Gladiator.

Émerveillés de voir Dead Can Dance nous offrir deux superbes rappels, nous n’en croyons pas nos yeux ni nos oreilles lorsque Lisa Gerrard revient sur scène une ultime fois pour le troisième rappel. Juste elle, et Jules Maxwell, pour nous souhaiter la bonne nuit avec un intense Rising of the Moon.

Nul doute que notre Lune s’est nourrie, et même gavée, de toute l’énergie magique et spirituelle partagée ce soir-là, de toute la beauté et de toutes les émotions gravées pour toujours dans nos mémoires.

Standing ovation. J’en frémis encore, souhaitant en silence que ce moment n’ait jamais cessé.

Vous pouvez écouter le concert en entier, voir des photos de la soirée, consulter la setlist et écouter Anastasis gratuitement sur le site officiel du groupe.