Dull residue of what once was

Dull residue of what once was. Aquarelle réalisée sur du mauvais papier, inspirée par cette photo vintage et par Pray for Rain de Massive Attack.

J’ai la fâcheuse manie de laisser traîner ma correspondance.

En particulier quand un échange me tient à cœur : je tiens à bien répondre, à donner au moins autant que j’ai reçu, or cela prend du temps.

En effet, les correspondances dans lesquelles je m’engage sortent en général de la norme : les lettres et les e-mails personnels auxquels je dois répondre contiennent souvent entre 3000 et 10 000 caractères.

Ce sont de véritables petits romans. Des écrits détaillés, composés avec minutie ; et souvent, des récits à forte teneur émotionnelle.

Quand je reçois ce type de courrier, c’est une fête. Je ressens beaucoup de gratitude pour ce riche partage. Je sais le temps et l’énergie que cela prend, et cela m’honore d’autant plus d’en être la destinataire.

Si lire de longues missives est un plaisir, devoir y répondre me demande beaucoup plus d’efforts et de temps : non seulement j’ai besoin de digérer et de réfléchir à ce que j’ai lu, mais j’ai aussi besoin de temps pour trouver le temps de répondre.

Le temps qui ne vient pas

Il m’est très difficile de trouver un créneau de plusieurs heures pour répondre à un pavé. J’ai besoin en moyenne d’une à 3 heures de rédaction, passées en compagnie de sujets souvent prenants.

Quand je trouve enfin le temps, il s’est souvent écoulé 6 mois, un an, voire plus encore depuis le moment où j’ai reçu le courrier auquel je suis prête à répondre.

C’est un rythme normal pour moi, mais complètement inhabituel pour autrui.

Aussi, il arrive que le temps que je mets à répondre soit perçu comme un désintérêt ou un manque de volonté de ma part. Et ça m’ennuie car c’est tout l’inverse de ce qui se passe en réalité. (Je n’ai aucun problème pour répondre du tac au tac aux e-mails qui restent en surface.)

Recherche de solution

Mais pour les longs messages, je ne peux pas faire plus vite. Aussi, je cherche des solutions pour rassurer les personnes qui s’impatientent voire s’inquiètent de ne pas recevoir de nouvelles de ma part.

Même si j’exprime régulièrement sur mon blog et sur les réseaux sociaux les difficultés que je rencontre pour trouver le temps de tout faire, le message ne parvient pas toujours aux personnes avec qui je corresponds, pour différentes raisons. Qui a le temps de tout lire, de toute façon ?

Créer une page « En ce moment »

D’où l’idée de créer une passerelle entre l’insatisfaction relationnelle à une information apaisante.

Je me demande si cette passerelle ne pourrait pas prendre la forme d’une page « En ce moment » (« Now »).

C’est une page de blog, accessible par convention depuis l’URI /now, sur laquelle on résume où on en est dans la vie.

Pour la rédiger, il est conseillé d’imaginer raconter à un·e ami·e que l’on n’aurait pas vu·e depuis un an où on en est aujourd’hui.

Il y a plein d’exemples accessibles depuis le site Now Now Now (partagé par Eliness).

Passons outre le fait qu’il y a à boire et à manger parmi les pages proposées, et que le dit site semble fait la part belle aux tech bros (hommes cisgenres privilégiés travaillant dans la tech et ayant développé, plus ou moins inconsciemment, un réseau, un langage, une attitude et des outils excluants).

Dans l’absolu, rien ne nous empêche de créer une page « En ce moment » en l’adaptant à nos besoins et à nos particularités, de manière complètement indépendante de l’annuaire pré-cité.

En fouinant un peu, je suis quand même tombée sur des exemples intéressants, qu’elles soient synthétiques ou plus longues.

Il y en a même certaines dont les auteurices ont trouvé de riches idées, comme Bridget qui y partage sa couleur de cheveux du moment.

Bref, une page « En ce moment » peut prendre la forme que l’on veut.

J’en ai donc créé une, assez simple, à mi-chemin entre les antidotes de mes revues de web et mes Émois en photos, car je trouve que ça s’y prête bien.

Intégration de cette page dans mon écosystème

Maintenant que cette page existe, je prévois d’insérer un lien menant à elle dans ma signature e-mail, comme une sorte de disclaimer :

<Signature>

Note : je mets souvent du temps à répondre à mes e-mails mais cela n’a rien de personnel. Beaucoup de choses occupent mon esprit en ce moment. Si je tarde trop, n’hésitez pas à me relancer gentiment. Merci beaucoup pour votre compréhension.

Ce message et le contenu de la page liée sont-ils de nature à rassurer des correspondant·es en cas d’inquiétude face à mon relatif silence ? Je l’ignore, mais ça vaut le coup d’essayer.

Cela fait des années que je « rêve » d’un moyen qui me permettrait en un seul coup d’informer mes ami·es et proches de ce que je fais, de mes projets, etc.

Ma page « En ce moment » pourrait aussi me servir à ça. Par exemple, je pourrais m’appuyer dessus pour répondre à la sempiternelle question « Comment vas-tu ? », avant de détailler certains points et/ou d’aborder ceux qui sont plus personnels.

En pleine guerre du temps, la perspective de ne plus avoir à répéter ni réécrire 30 fois la même chose me soulage.

Et pourtant, cette possibilité est sous mon nez depuis 20 ans, vu que ce que je décris n’est rien d’autre que… le fonctionnement d’un blog (abréviation de weblog, soit journal de bord web, donc exactement ce que je décris péniblement depuis 10 minutes).

Moins d’attentes

J’aurais beau essayer de tordre le problème dans tous les sens, ce qui me pèse le plus et ce depuis toujours, ce sont les attentes que les autres ont vis-à-vis de moi.

J’aimerais que personne n’attende rien de moi, je crois. C’est ce qui me rendrait véritablement libre.

Cela ne voudrait pas dire que je ne ferais plus rien ou ne m’engagerais plus dans aucune relation, non ; cela signifierait simplement que je pourrais faire, ou ne pas faire, sans devoir supporter la déception, les suppositions voire les reproches d’autrui.

D’ailleurs, je remarque que plus je vieillis, moins je m’engage et plus je déserte les collectifs. Les attentes d’un groupe vis-à-vis d’une seule personne ont tendance à me tétaniser. J’ai envie de répondre : Faites comme si je n’étais pas là. Habituez-vous.

Pour terminer, puisqu’il semble nécessaire d’être littérale à ce point : le délai de mes réponses ne veut rien dire du degré d’affection que je porte aux personnes qui m’ont écrit. Si quelqu’un déduit de ce délai qu’il est inversement proportionnel à mon affection, cela signifie simplement que nous n’avons pas encore suffisamment fait connaissance.

Je repense souvent à cette citation de Bernard Werber, qui s’applique si bien aux problèmes de communication asynchrones :

Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous entendez, ce que vous comprenez… il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même…

Rien ne vaudra jamais une bonne vieille discussion en tête à tête pour dissiper les insécurités affectives. En attendant, je fais de mon mieux, je vous assure.

Le saviez-tu ? D’après le nombre de Dunbar, une personne ne peut entretenir simultanément une relation humaine stable qu’avec 150 personnes maximum (ce qui me paraît déjà énorme).

Marie

Déjà 35 commentaires

  1. C’est une super idée, n’empêche… Je me disais justement: j’ai envie de couper tous les réseaux sociaux, mais en même temps c’est aussi par le biais de mes stories que je garde mes ami.e.s proches informé.e.s, que je dois pas tout répéter via message alors que j’ai du mal à être constante (moins que par mail et lettre mais quand même). Cette peur de perdre le lien…

    Je comprends ton rythme en tout cas 😊 et c’est sans culpabilité que je t’enverrai une lettre seulement demain 😉 après tout ce temps 😱😜💜 J’ai passé une partie de la semaine à mettre à jour ma correspondance. C’était vraiment agréable. Cette lenteur par rapport à l’immédiateté, à la pression capitaliste, à l’urgence, à l’indécence des réseaux, sociaux, c’est ça qui est précieux 💜
    Merci pour ton slow blogging 💖

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    1. Coucou Cathou ! Merci beaucoup pour ton message (et pour l’autre, et pour le courrier, hiii c’est trop cool !).

      Cette lenteur par rapport à l’immédiateté, à la pression capitaliste, à l’urgence, à l’indécence des réseaux, sociaux, c’est ça qui est précieux 💜

      Mais oui, je trouve qu’il y a un truc très « empouvoirant » de casser le rythme et d’opter pour d’autres canaux, a fortiori pour ceux qui sont tombés en désuétude parce que pas assez « rapides » ou « visibles » ou « stimulants ».

      En ce moment je parcours à nouveau cette merveille que sont Les passages secrets du web, l’ode d’Orel aux chemins de traverse sur le net, aux annuaires, aux sites perso et aux blogs. Et ça fait tant de bien de redécouvrir tous ces univers alternatifs, faits parfois de bric et de broc, mais sincères et quelque part, atemporels car ils me rappellent une esthétique, une « médiagénie » si j’osais dire, qui m’ont beaucoup bercée quand j’étais ado et que je découvrais le web.

      D’ailleurs Orel a aussi créé Piradex, une liste de plein de petits blog/sites indé fait avec amour, et je me réjouis de retourner m’y promener, à petite dose, de temps en temps, quand j’aurai envie ou besoin de voir et de faire l’expérience d’autre chose.

      Je me disais justement: j’ai envie de couper tous les réseaux sociaux, mais en même temps c’est aussi par le biais de mes stories que je garde mes ami.e.s proches informé.e.s, que je dois pas tout répéter via message alors que j’ai du mal à être constante (moins que par mail et lettre mais quand même). Cette peur de perdre le lien…

      Je n’ai pas résolu ce paradoxe non plus, et je pense qu’on est beaucoup à y réfléchir. Quand j’ai arrêté d’utiliser mon compte Facebook personnel il y a de ça quelques années, ça a été un soulagement mais aussi un crève-cœur étant donné que certain·es ami·es n’utilisent que ça pour communiquer. C’était un peu comme si soudain j’avais coupé le lien…

      Difficile de contenter tout le monde, difficile de s’adapter aux préférences et aux habitudes de tout le monde, tout le temps…

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  2. Ce que je trouve magique dans la correspondance, c’est qu’on sait quand on envoie, et on ne sait pas quand on recevra. J’aime ce côté à contre-courant du « avoir tout, tout de suite » que l’on a avec les mails, sms, et messageries instantanées de toute sorte.
    Je me régale à partager cela avec les nièces qui ne connaissent que le numérique… Et c’est assez dur pour elles de ne pas savoir si j’ai reçu leur lettre et elles m’interrogent régulièrement sur quand je vais leur répondre. Je me délecte à leur faire comprendre que le mystère de quand on reçoit une lettre a un charme certain !
    Répondre à l’attente des autres semble énormément te peser, alors dis-toi, que me concernant -même si nous ne correspondons que très peu-, plus ça traîne et plus la surprise en sera délicieuse. Plein de ronrons pour toi, Miaourie chérie 😘

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    1. Coucou Delphine ! Merci pour ton message, ça me fait toujours super plaisir de te lire. (Et c’est vrai que l’effet surprise est cool !).

      Je me régale à partager cela avec les nièces qui ne connaissent que le numérique… Et c’est assez dur pour elles de ne pas savoir si j’ai reçu leur lettre et elles m’interrogent régulièrement sur quand je vais leur répondre. Je me délecte à leur faire comprendre que le mystère de quand on reçoit une lettre a un charme certain !

      C’est vraiment sympa cette transmission « temporelle » si j’osais dire, cet apprentissage d’un rythme différent ; déconstruire la langueur, décorréler le temps qui passe des sentiments qui s’étiolent, vu que cela n’a pas forcément à voir (en tout cas dans nos mondes).

      Répondre à l’attente des autres semble énormément te peser, alors dis-toi, que me concernant -même si nous ne correspondons que très peu-, plus ça traîne et plus la surprise en sera délicieuse. Plein de ronrons pour toi, Miaourie chérie 😘

      💜💜💜 Merci, je le sais mais c’est du miel de le lire.

      Répondre

  3. Comme toi Marie, je mets souvent trop de temps à répondre aux mails ou lettres que je reçois. En te lisant je me reconnais, c’est d’ailleurs assez amusant de voir ton caractère, tes besoins ou attentes vis à vis d’autrui, au sens large du terme, évoluer avec les années. Sur certains points j’ai l’impression d’avoir désormais une petite sœur.
    Tout ce que je ressens de ce genre de situation ou stress vis à vis du temps qu’il te/nous faut pour répondre, est que si la personne ne l’accepte pas, c’est qu’elle ne te/nous connaît pas, ne te/comprends pas. Et dans ce cas, tu ne peux rien y faire. C’est dommage car échanger avec quelqu’un dans de grandes missives, quelque soit le support, sous-entend une certaine connaissance, appréhension du destinataire, de sa vie, de sa charge de travail et son manque de temps libre pour répondre avec son cœur. Une amitié ne devrait pas souffrir du temps de réponse, elle devrait juste se réjouir lorsque le message arrive.
    Je trouve ton idée de page  » now  » très rigolotte ! Et peut-être est-ce la solution pour les impatient(es). Alors fonce, à ton rythme, et je serai heureuse de la consulter.

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    1. Coucou Co ! Merci beaucoup pour ton COmmentaire !

      Comme toi Marie, je mets souvent trop de temps à répondre aux mails ou lettres que je reçois. En te lisant je me reconnais, c’est d’ailleurs assez amusant de voir ton caractère, tes besoins ou attentes vis à vis d’autrui, au sens large du terme, évoluer avec les années. Sur certains points j’ai l’impression d’avoir désormais une petite sœur.

      Moh ! Cela m’honore et me touche, merci !

      Tout ce que je ressens de ce genre de situation ou stress vis à vis du temps qu’il te/nous faut pour répondre, est que si la personne ne l’accepte pas, c’est qu’elle ne te/nous connaît pas, ne te/comprends pas. Et dans ce cas, tu ne peux rien y faire.

      Je pense que tu as raison ; il y a plein de raisons qui peuvent expliquer cette différence d’attentes et de perceptions. Je pense que la rareté des échanges, la récence (? is that a word) de la relation, la situation personnelle de chaque personne impliquée dedans sont des facteurs sensibles à l’œuvre en permanence.

      elle devrait juste se réjouir lorsque le message arrive.

      C’est ça. Et on peut toujours me relancer gentiment si on s’inquiète de mon silence. Une relation n’est pas à sens unique (ou alors elle est condamnée).

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  4. Je rebondis sur ce billet, parce que je voulais déjà réagir à tes tweets sur le sujet.
    Je me rends compte en te lisant que j’ai un rapport aux relations qui n’est pas forcément le même que certaines amies/connaissances et que parfois, ça mène à de mauvaises interprétations.
    J’entretiens des relations longues distances / longues durées avec des gens que je ne vois qu’une fois par an (voire encore moins) mais qui sont assez solides pour ne pas douter de la sincérité de notre affection.

    Alors quand, récemment, une amie proche (davantage physiquement / localement) m’a légèrement accusé de la ghoster parce que je ne prenais pas de ses nouvelles, je t’avoue que ça m’a fait cogiter !

    Comme toi, le degré d’affection ne se mesure pas au nombre d’échanges / interactions que l’on a avec la personne. J’ai aussi l’impression d’avoir fait comprendre à mon entourage que c’est mon fonctionnement, que c’est un peu la course au temps en ce moment, et que quand le Temps est enfin là, c’est parfois l’Energie qui ne suit pas…

    Certains l’ont compris, d’autres pensent que j’exagère et que je ne fais pas assez d’efforts. Bah, tu sais quoi, tant pis. Ca me gonfle un peu de me rajouter de la charge mentale pour gérer les insécurités affectives des uns et des autres.

    Pour revenir à ta page Now, je comprends la tranquillité d’esprit que ça procure, mais je me demande si ça répondra au besoin d’attention des gens qui te « reprochent » de ne pas être disponible. Y aura toujours des gens pour se dire que si tu as le temps de bloguer/écrire/peindre (raye la mention inutile), c’est que tu avais du temps pour venir prendre de leurs nouvelles et que t’as fait un choix dans tes priorités :/

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    1. Salut Hélène ! Merci beaucoup pour ton commentaire.

      J’ai aussi l’impression d’avoir fait comprendre à mon entourage que c’est mon fonctionnement, (…) et que quand le Temps est enfin là, c’est parfois l’Energie qui ne suit pas…

      Certains l’ont compris, d’autres pensent que j’exagère et que je ne fais pas assez d’efforts. Bah, tu sais quoi, tant pis. Ca me gonfle un peu de me rajouter de la charge mentale pour gérer les insécurités affectives des uns et des autres.

      C’est en effet toujours délicat (mais j’allais écrire « relou ») de devoir gérer les insécurités affectives des autres en plus de l’effort qui consiste à exprimer ses besoins à soi (les identifier, les formaliser, trouver les bons mots, le bon moment, multipliés par le nombre de personnes à qui les expliquer… Relou, donc).

      J’ai aussi parfois fais face à des attitudes défensives voire agressives quand j’ai pu exprimer certains de mes besoins et limites. Mais comme tu le dis, en général ça marque une étape dans la relation — pour ma part, ce type de relation s’est souvent dégradée ensuite, mais je ne regrette rien.

      Pour revenir à ta page Now, je comprends la tranquillité d’esprit que ça procure, mais je me demande si ça répondra au besoin d’attention des gens qui te « reprochent » de ne pas être disponible. Y aura toujours des gens pour se dire que si tu as le temps de bloguer/écrire/peindre (raye la mention inutile), c’est que tu avais du temps pour venir prendre de leurs nouvelles et que t’as fait un choix dans tes priorités :/

      Ce passage m’a pas mal trotté dans la tête ces dernières semaines, je dois dire. Tu mets le doigt où ça pique !

      C’est VRAI, je fais un choix dans mes priorités. Est-ce que l’art est plus important que mes amitiés ? J’ai beaucoup réfléchi à ça, et je crois pouvoir répondre que oui.

      Si je devais choisir, je choisirais très certainement un ermitage artistique à vie, plutôt qu’être à vie en compagnie de mes ami·es (hypothèses tirées par les cheveux, mais bon, je suis une ourse très solitaire).

      J’apprécie la compagnie des autres, mais pas au point de sacrifier mon temps à moi et mes projets ; en tout cas, plus au point de.

      Fut une époque par exemple où je répondais très rapidement aux e-mails que je recevais, car j’étais sans arrêt collée derrière mon écran : le matin, la journée, le soir, la nuit, le week-end, pendant mes vacances… Et surtout : je ne pratiquais plus aucune activité artistique (même l’art numérique et les manipulations photo, je n’en faisais plus).

      J’errais, juste. Alors certes, j’avais pleiiin de contacts, je recevais pleiiin de messages, de réponses à mes tweets, d’e-mails, de commentaires (vu que je bloguais beaucoup plus). Mais quelque chose me manquait ; je n’étais que l’ombre de celle que j’avais besoin de devenir. Et ça m’a coûté, et me coûte encore, beaucoup d’efforts pour donner une chance à la Marie artiste de s’exprimer comme elle le mérite.

      Écrire, peindre et dessiner est un besoin vital. Le reste est chouette, et je suis très heureuse de connaître et de fréquenter les personnes qui font partie de ma vie ; mais celles qui me connaissent savent que derrière chaque e-mail en retard, il y a des tas de projets créatifs qui ont vu le jour à la place. Créer est précisément ce qui m’aide à remplir mon réservoir à sociabilité.

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  5. J’étais tombée une première fois sur les pages /now, et si j’avais trouvé le concept très intéressant, je ne m’étais pas du tout retrouvée dans les exemples existants. Je pense que tu résumes bien le problème en parlant de Techbros. Je me rends compte d’ailleurs que quand j’ai visité la galerie tout à l’heure, je n’ai ouvert que les pages de femmes, je n’étais pas curieuse de lire les autres, comme si je savais déjà ce qu’elles allaient contenir.

    Te lire me fait à nouveau envisager d’ajouter une page /now à mon site perso. Site qui est d’ailleurs déjà à moitié composé sur ce principe, puisqu’en dehors du blog, les seules pages existantes sont des listes de tous les livres / albums / films / séries passées entre mes mains, et que mes articles de blog sont quasiment tous des résumés de mes lectures et découvertes du mois en cours… Mais j’aime beaucoup l’idée de faire la même démarche pour moi en plus de ma consommation culturelle.

    Le fait d’écrire une page /now est déjà intéressant en soi, puisque ça nous force à faire le point sur notre vie, nos centres d’intérêts et nos priorités du moment. Je pense que c’est un exercice d’introspection qu’il est utile de faire régulièrement, que la page soit lue ou non au final.

    Sur la question de la correspondance, je vais botter en touche, c’est clairement quelque chose sur lequel je suis très mauvaise, et j’en ai fait le deuil il y a longtemps ^^ »

    En tout cas, je profite de ce commentaire pour te remercier encore pour ton blog. Je commente peu, mais je lis assidument et j’en ressors à chaque fois avec de jolies découvertes et matière à réflexion. C’est un endroit rare et précieux sur le Web.

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    1. Merci beaucoup Luna !

      Je me rends compte d’ailleurs que quand j’ai visité la galerie tout à l’heure, je n’ai ouvert que les pages de femmes, je n’étais pas curieuse de lire les autres, comme si je savais déjà ce qu’elles allaient contenir.

      La même ici ! Étonnant (non).

      j’aime beaucoup l’idée de faire la même démarche pour moi en plus de ma consommation culturelle.

      Je plussoie ! Finalement est-ce qu’une page « now » ne serait pas la page « À propos » idéale, en reflétant un état à un instant donné, plutôt qu’un contenu qui se veut atemporel comme si nous étions une entité figée dans le temps ?

      Peut-être que cela peut provoquer plus d’empathie : il y a forcément des gens qui vivent des choses similaires à ce que nous pouvons partager sur cette page.

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  6. Oh là là je commente avant même d’avoir lu le billet, à chaud, juste en ayant lu le titre qui m’a fait bien marrer ! Comme celui-ci me parle ! Hâte de lire ton billet !!
    PS : mais non mais non, je ne me sens pas viser ! lol ! Je vais essayer d’y répondre avant 2 mois ! ;)

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    1. Rien ne presse, vraiment ! 💜

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  7. Coucou Marie,

    Cela fait un moment que je n’ai pas réagi ici…

    Ho, que je te comprends ! Il y a, dans ma boîte mail en ce moment, un message qui traine depuis bien trop longtemps et auquel je n’ose plus répondre, me disant que la personne pensera que je me moque d’elle en répondant si tardivement (je n’ai pas compté, mais ça doit bien faire un an qu’il y est).

    Récemment, une « amie » de longue date a rompu avec moi pour cette même propension à ne pas répondre/donner de nouvelles rapidement et régulièrement… Le fait que ses messages consistaient à écrire « salut, ça va » sans réellement sembler se préoccuper de mon bien-être n’a pas semblé entrer en ligne de compte dans sa décision.

    Je suis toujours perturbée par cette attente que nous avons par rapport à nous même, ou que d’autres nous imposent, à vrai dire. Cette sensation de devoir une réponse, des nouvelles, de la régularité, alors que ce n’est pas toujours nécessaire, à mon sens. Comme si nos relations, pour tenir le temps, se devaient de fonctionner dans la régularité, comme si on devait pointer et dire « je suis là » même en période creuse.

    J’aime beaucoup l’idée des pages « now », je ne savais pas que la notion existait. Sérendipité obligé, je m’aperçois que j’ai plus ou moins ce type de petites infos perso sur la propre présence Web. Comme quoi…

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    1. Coucou Mylène ! Merci pour ton commentaire, ça me fait plaisir de te lire !

      Ho, que je te comprends ! Il y a, dans ma boîte mail en ce moment, un message qui traine depuis bien trop longtemps et auquel je n’ose plus répondre, me disant que la personne pensera que je me moque d’elle en répondant si tardivement (je n’ai pas compté, mais ça doit bien faire un an qu’il y est).

      Je comprends très bien ; j’en viens à me demander si laisser tomber et repartir d’une page blanche ne serait pas mieux, plutôt qu’en effet ressusciter un très vieil échange qui n’est plus d’actualité.

      Ce qui me frappe c’est de voir à quel point le problème est répandu. Me concernant, je ne sais pas dans quelle mesure le fait de bosser dans le numérique depuis des années et d’avoir le nez collé sur un écran à longueur de journée m’a dégoûtée au fur et à mesure de passer du temps rivée à mon clavier.

      Mais je crois que ce qui m’écœure le plus, c’est le fait de passer du temps à écrire des messages et d’obtenir très rapidement une réponse. Un peu comme si tous les efforts que j’avais faits étaient déjà, si vite, réduits à néant, que la balle était revenue bien trop tôt dans mon camp.

      D’un côté j’aimerais bien moi aussi pouvoir répondre du tac au tac pour me « débarrasser » de la charge mentale de « ah oui il faut que je réponde à tel e-mail… ». Mais en vrai ça n’arrive jamais, pas au-delà d’un certain volume d’informations reçues.

      Pour l’instant je ne vois pas trop de solution, à part prévoir des créneaux spécialement réservés à ma correspondance, mais j’en reviens au souci initial : je préfèrerais toujours bloguer et peindre pendant ces moments précieux, que faire ce que je perçois comme du secrétariat (même si c’est plus que ça).

      Comme si nos relations, pour tenir le temps, se devaient de fonctionner dans la régularité, comme si on devait pointer et dire « je suis là » même en période creuse.

      Y’a de ça, oui. Peut-être qu’envoyer de petits signes de vie / de réassurance de temps en temps permettrait de combler l’insécurité affective de la personne en face (un SMS, une réaction sur les réseaux sociaux, un petit poke quelconque).

      En général je fais tout l’inverse, pour éviter de me rappeler aux bons souvenir de la personne à qui je dois une réponse, car j’ai peur qu’elle se dise « ah ouais la meuf elle a le temps de réagir à mes stories mais pas de m’écrire un e-mail, super ».

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  8. Je découvre le concept de la page /now grâce à toi.

    Je n’ai pas la chance ou le malheur (selon l’humeur) d’être trop sollicité et donc je prête une grande importance à obtenir une réponse quand c’est par mail/sms. Ne serait-ce que pour me dire que la personne l’a bien reçu mais qu’elle n’a pas le temps ou l’énergie de répondre actuellement…
    Je compte les messages sans réponse, aucune, par dizaines, même des années plus tard. Et ce sont toujours des gens qui quand je les recroise ou relancent me parle comme si ces messages de ma part n’avaient jamais existés. Et c’était toujours des messages qui appelaient une réponse ;)

    Les personnes qui comme toi répondent réellement après plus de quelques semaines sont rares dans mon entourage.

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    1. Coucou Mealin ! Merci pour ton message.

      Je compte les messages sans réponse, aucune, par dizaines, même des années plus tard. Et ce sont toujours des gens qui quand je les recroise ou relancent me parle comme si ces messages de ma part n’avaient jamais existés. Et c’était toujours des messages qui appelaient une réponse ;)

      Je trouve ça intéressant d’avoir ton point de vue de celui qui ne reçoit pas de réponse. C’est une lapalissade mais vraiment, je suis choquée de voir les difficultés communicationnelles que l’on a, et qui semblent très répandues, alors qu’on n’a jamais eu autant de moyens de communication qu’aujourd’hui.

      Le cœur y est-il vraiment ?

      Et dans quelle mesure la pandémie et les difficultés individuelles et sociétales qu’elle provoque impacte nos relations interpersonnelles ?

      Quoi qu’il en soit, faire comme si de rien n’était est la pire des attitudes, je trouve. Je préfère qu’on me dise clairement : « écoute, je suis désolé·e, je n’ai jamais répondu à ton e-mail mais je l’ai lu et  », plutôt qu’on fasse semblant que mon message initial n’a jamais été lu.

      Mais en général, je suis plutôt dans la position de celle qui ne répond pas, justement, et je continue à essayer de trouver des solutions pour passer outre cette « tétanie de la réponse ».

      (D’ailleurs, je ne sais pas trop comment réagir au fait que même si je mets des plombes à répondre aux commentaires laissés sur mon blog, j’y réponds quand même toujours plus vite qu’aux e-mails que je reçois…)

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  9. Labbè Sébastien

    7 novembre 2021

    Coucou Marie,

    Je viens de lire ce billet , il est très intéressant à lire , de l’art délicat de donner des nouvelles .
    Illustration en aquarelle est magnifique , même si elle est sur du mauvais papier .

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    1. Merci beaucoup Sébastien ! Je suis ravie que tu aies trouvé le chemin menant à l’Antichambre.

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  10. Merci infiniment de partager ces interrogations avec nous. Tmtc, comme disent les jeunes, coucher ses pensées sur le papier ou un clavier, c’est déjà une thérapie, puisqu’on se doit de structurer nos élucubrations et leur donner un certain sens.

    Question : est-ce que tu as toujours eu ce rythme ? Ou alors, as-tu constaté un changement depuis l’avènement du micro-blogging et des plateformes sociales ?

    Avec le temps, je constate des changements profonds dans la manière dont mon cerveau traite l’info courte / instantanée. Tout ça au détriment de tout ce qui demande du temps long, en tout cas sur l’ordinateur. E-mails, rédaction d’articles pointus ou longs, je ne suis pas sûre de me souvenir de mon mot de passe de mon journal intime numérique (un vieux Tumblr non public qui me sert de vide-cerveau). Même si j’ai toujours eu un fonctionnement mental très exploratoire, voire chaotique, je trouve que les RS ont profondément affecté ma cognition… a médité hein !

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    1. Coucou MC ! Merci beaucoup pour le grain à moudre.

      Question : est-ce que tu as toujours eu ce rythme ? Ou alors, as-tu constaté un changement depuis l’avènement du micro-blogging et des plateformes sociales ?

      Hé bien justement c’était la question que j’étais en train de me poser. Quand j’ai commencé à utiliser Internet, les e-mails c’était tout. Dans le sens où ça revêtait une importance énorme, bien plus que les tchats qui existaient déjà mais que j’utilisais différemment (plus « small talk »). Les e-mails, dans la mesure où ils permettaient de creuser certains sujets, me semblaient bien plus intéressants et j’y étais très attachée, répondant au plus tard sous quelques jours.

      Bon, j’avais davantage de temps libre aussi, je pense…

      Les réseaux sociaux me donnent sans conteste l’impression de savoir comment les personnes que je suis vont ; mais en fait ça ne montre en général que quand tout le monde va bien. Je suis souvent choquée de réaliser que je n’avais pas perçu qu’un·e·tel·le avait disparu des radars pour cause de problèmes perso jusqu’à son retour.

      J’ai l’impression qu’au fil du temps, je me suis accoutumée à cette impression en surface, que j’en ai de moins en moins quelque chose à faire de savoir vraiment comment vont les autres.

      Ou alors c’est simplement parce que je m’autorise aussi plus de temps et d’espace pour gérer mes propres problèmes, et que je suis moins disponible pour encaisser ceux des autres ?

      Avec le temps, je constate des changements profonds dans la manière dont mon cerveau traite l’info courte / instantanée. Tout ça au détriment de tout ce qui demande du temps long, en tout cas sur l’ordinateur.

      Pareil. Ça m’embête de le constater mais m’atteler à mon ordi pour écrire un billet de blog comme j’en ai l’habitude, touffu et tout, est de plus en plus difficile.

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  11. J’ai beaucoup cette idée du « Now/En ce moment » parce qu’en plus de son utilité première, ça peut donner un second souffle à son blog quand il est en perte de vitesse et permettre de décrocher (un peu ou complètement) des réseaux sociaux. Je ne sais pas du tout si je suis dans le vrai mais c’est la première réflexion que je me suis faite sur ce sujet.

    Et je trouve aussi que ça aide à maîtriser, en quelque sorte, nos relations sociales. J’entends par là que nous sommes tellement sur-sollicité·e·s via tous les biais que cette page « En ce moment » sert de point central, une manière de dire aux autres : « Voilà où j’en suis, accord tacite : ne venez pas m’emmerder sur les réseaux, tous leurs DM, WhatsApp, SMS, mail et tutti quanti ». Peu ou prou.

    Les relations sont parfois difficiles à entretenir, personnellement j’ai du mal à donner des nouvelles. Je crois que c’est aussi pour ça que je suis active sur tous les réseaux sociaux finalement, c’est une façon de montrer que j’existe et les gens qui s’intéressent à moi peuvent s’en contenter. Rien de pire que de répondre à la question : « Alors, quoi de neuf ? » Ma phobie, limite.

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    1. Salut Lucie ! Merci de partager tes réflexions avec moi.

      cette page « En ce moment » sert de point central, une manière de dire aux autres : « Voilà où j’en suis, accord tacite : ne venez pas m’emmerder sur les réseaux, tous leurs DM, WhatsApp, SMS, mail et tutti quanti ». Peu ou prou.

      Ouais, à condition que les personnes susceptibles de te contacter par ces canaux-là aient connaissance de ton blog, aient le réflexe de le consulter et que ta page « now » soit facile à trouver. Ça fait pas mal de conditions.

      Les relations sont parfois difficiles à entretenir, personnellement j’ai du mal à donner des nouvelles. Je crois que c’est aussi pour ça que je suis active sur tous les réseaux sociaux finalement, c’est une façon de montrer que j’existe et les gens qui s’intéressent à moi peuvent s’en contenter.

      Ouais, à condition qu’iels utilisent les mêmes réseaux sociaux que toi, qu’iels voient bien tes publications, etc. J’étais choquée l’autre jour de m’apercevoir qu’une pote, qui sait que j’ai un blog, suit les comptes de LLM sur les réseaux sociaux, semblait totalement ignorer que j’avais relevé le défi Inktober cette année. Comment est-ce possible ? En admettant que les algos ne lui aient montré aucune de mes publications, cela voudrait dire qu’elle ne lit pas mon blog même si elle sait qu’il existe.

      Après, tu me diras, si les gens s’en foutent, là c’est un tout autre problème.

      Rien de pire que de répondre à la question : « Alors, quoi de neuf ? » Ma phobie, limite.

      Je comprends ! Cette impression que c’est à toi d’expliquer plein de trucs et de monologuer alors que l’autre ne se dévoilera peut-être pas autant (ça m’arrive neuf fois sur dix).

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  12. Très bonne idée, que tu peux mettre en œuvre à ton rythme pour que ça ne devienne pas pour toi une contrainte supplémentaire *hug*

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    1. Je ne sais pas si ça résoudra tous les soucis, mais c’est un truc que je vais tenter, ouais. Merci Shaya ! 💜

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  13. J’avais complètement oublié l’existence des now pages, en gros tu viens de me donner un shoot de nostalgie du web ou de « tiens ça fait partie de ces trucs que je voulais faire et que je n’ai jamais fait ».
    J’avais beaucoup aimé le principe mais effectivement il y a un petit côté « rassemblement de tech bros » sur le site nownownow. Du coup c’est amusant de regarder la liste des avatars et de se demander par lequel on va se laisser tenter, comme un jeu de « Qui est-ce ? ». Seulement les femmes ? Seulement celleux qui ne portent pas de chemise ?

    Encore une fois, je trouve que tu réussis à merveille à entrer en contact avec tes lecteurices avec ton blog et à nous faire voyager ou à susciter des émotions !

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    1. Coucou Maïa !

      J’avais complètement oublié l’existence des now pages, en gros tu viens de me donner un shoot de nostalgie du web ou de « tiens ça fait partie de ces trucs que je voulais faire et que je n’ai jamais fait ».

      Shoot de nostalgie is my middle name 😁

      effectivement il y a un petit côté « rassemblement de tech bros » sur le site nownownow. Du coup c’est amusant de regarder la liste des avatars et de se demander par lequel on va se laisser tenter, comme un jeu de « Qui est-ce ? ». Seulement les femmes ? Seulement celleux qui ne portent pas de chemise ?

      Ah bah clairement j’ai cliqué en priorité sur les photos de meufs ; en parallèle j’ai cliqué sur les URL qui avaient l’air sympa sur ce site, mais je n’ai pas toujours atteint des résultats très convaincants. C’est un peu la roue de la fortune, mais après j’aime bien ce système aussi (un peu comme les « cliques » de jadis).

      Encore une fois, je trouve que tu réussis à merveille à entrer en contact avec tes lecteurices avec ton blog et à nous faire voyager ou à susciter des émotions !

      Merci beaucoup !

      Répondre

  14. Je suis en grande réflexion sur ma communication en ce moment, cette lecture tombe merveilleusement bien! Je ne connaissais pas ce concept et ca m’ouvre l’esprit à de nouvelles possibilités, c’est fascinant.
    J’adore les longs mails, et j’ai l’impression de passer plus de temps à m’excuser de faire de courtes réponses pour que les gens ne se sentent pas oubliés qu’á écrire les longues réponses dont je reve. Heureusement j’ai quelques bonnes amies qui comprennent ce rythme et ne m’en tiennent pas rigueur (voire, oh joie, ont un rythme similaire). Les longues missives sont un baume pour le coeur, quand elles suivent le temps juste pour nous.

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    1. Coucou Kellya !

      J’adore les longs mails, et j’ai l’impression de passer plus de temps à m’excuser de faire de courtes réponses pour que les gens ne se sentent pas oubliés qu’á écrire les longues réponses dont je reve.

      C’est clair que c’est un dilemme : soit on répond un pavé mais ça prend des plombes, soit on répond du tac au tac mais la réponse est nécessairement bien plus courte. Dans les deux cas, il y a un fort risque de déception.

      Après réflexion, je pense quand même que répondre rapidement est plus important que répondre de manière exhaustive. Au pire, si la personne concernée souhaite relancer un sujet à côté duquel on serait passée, elle peut le faire.

      Les longues missives sont un baume pour le coeur, quand elles suivent le temps juste pour nous.

      Je t’avoue que plus le temps passe, plus je redoute de recevoir de tels pavés, car je sais d’avance que je ne serai pas à la hauteur pour y répondre à la fois 1/ autant en volume, 2/ dans un délai socialement convenable.

      J’ai le vague espoir qu’en me forçant à prendre l’habitude de répondre sous une ou deux semaines max à ce type de mail, et en m’efforçant d’aller davantage à l’essentiel, mes correspondant·es m’imiteront peut-être un peu, et privilégiant la régularité des échanges plutôt qu’à leur exhaustivité.

      Après, dans le cas actuel, rien n’empêche les personnes qui attendent une réponse qui ne vient pas de relancer gentiment, aussi. :)

      Répondre

  15. 1) Correspondance : tu es probablement la seule personne avec qui j’entretiens une vraie correspondance, aussi sporadique soit-elle. J’ai beaucoup, beaucoup de mal à prendre du temps pour cet exercice moi aussi (le nombre de fois où je me promets de te répondre vite, ou plus longuement, et où ça n’arrive pas…). Donc non seulement je n’ai aucun problème avec ton rythme, mais merci de continuer à tolérer le mien ^^

    2) Page « now » : j’aime beaucoup le concept, tant pour donner des nouvelles que pour définir ses propres priorités, faire un bilan sur soi-même, que quelqu’un le lise ou pas… Je suis actuellement en train de penser à refaire mon site, peut-être en intégrerai-je une !

    3) En fait c’est de te revoir en vrai dont j’ai envie, surtout :-*

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    1. Ma chère étoile,

      1) Correspondance : tu es probablement la seule personne avec qui j’entretiens une vraie correspondance, aussi sporadique soit-elle. J’ai beaucoup, beaucoup de mal à prendre du temps pour cet exercice moi aussi (le nombre de fois où je me promets de te répondre vite, ou plus longuement, et où ça n’arrive pas…). Donc non seulement je n’ai aucun problème avec ton rythme, mais merci de continuer à tolérer le mien ^^

      C’est vraiment cool que ce rythme te convienne autant qu’à moi, que l’on ait pas besoin de se justifier car on sait, et surtout de réussir malgré tous les impondérables à maintenir des échanges précieux et profonds au fil du temps.

      2) Page « now » : j’aime beaucoup le concept, tant pour donner des nouvelles que pour définir ses propres priorités, faire un bilan sur soi-même, que quelqu’un le lise ou pas… Je suis actuellement en train de penser à refaire mon site, peut-être en intégrerai-je une !

      Super nouvelle ! J’étais en train de me dire qu’en fin de compte, une page « now » pourrait servir de page « À propos » ou au moins être fusionnée avec elle, peut-être. Retrouver l’idée que notre blog soit notre petite maison sur le web, l’endroit principal où nous trouver et où avoir des nouvelles fraîches.

      J’ai l’impression que pour réussir à « percer » et à conserver une bonne visibilité sur les réseaux sociaux, il faut surtout avoir une stratégie de contenus, tout calculer et préparer à l’avance, bref assassiner toute spontanéité.

      Peut-être que le format blog permet justement de faire un truc plus « vrai », un vrai « web log » d’où on en est en ce moment et qu’on a envie de partager sur les Internets.

      Je pense en outre que le blog/le site permettent de créer une relation privilégiée avec les personnes intéressées par ce que l’on crée, et que c’est un outil injustement sous estimé à cet égard. On insiste lourdement sur l’importance de bâtir une communauté sur les réseaux sociaux, mais il y a beaucoup trop de paramètres que l’on ne contrôle pas sur ces plateformes, les dés sont pipés.

      Je pense qu’avoir un blog/un site en parallèle et publier des contenus au moins de temps en temps dessus et a fortiori des contenus sincères et uniques (= donc personnels ? Il faudrait définir « personnels » mais j’ai le sentiment qu’un truc important se joue là-dessus) reste très important aujourd’hui — en partie parce que plus personne ne le fait ou presque.

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  16. à lire ce que tu dis et les commentaires (un endroit sur internet avec uniquement des commentaires pertinents et intéressants, c’est tellement bien – et rare) sur le « trop de temps pour répondre », je me demande – parce que j’ai aussi tendance pour les échanges avec pas mal de texte à mettre du temps à répondre, que ce soit pour analyser le message initial, trouver puis écrire ce que je veux dire, ou tout simplement être dans un état d’esprit où j’ai envie de répondre, et ne prend pas cela comme une corvée (par défaut j’ai tendance à prendre tout ce que je « dois » faire comme une corvée, même les trucs que j’aime…) – si finalement le mot de trop ne serait pas, justement, « trop » : ne vaut-il pas mille fois mieux, en effet, une réponse détaillée et profonde, plutôt qu’un truc rapide mais superficiel. C’est vrai qu’internet habitue à l’inverse, mais justement, raison de plus je dirais. Même si le problème de la charge mentale du « il faut toujours que je réponde à tel ou tel truc » est effectivement gênante – voire bloquante si elle s’accumule trop j’imagine (quand je vois à quel point ça peut m’embêter d’avoir à répondre à un seul mail…). Ce dernier point allant totalement à l’encontre de ma phrase intiale, je ne sais finalement pas qu’en conclure, en fait…
    En tout cas je pense avoir trouvé avec quelques amis (bon, en fait, globalement un, le seul avec lesquel je corresponde depuis longtemps) un rythme correct, avec de temps en temps un mail détaillé et deux ou trois échanges s’ensuivant… mais avec plus de personnes avec qui échanger, je ne suis pas sûr.e que j’y arriverais (plus précisément, je suis quasi sûr.e que je lâcherait l’affaire au bout d’un moment, ou au moins par périodes).

    Pour citer quelque chose que tu dis en réponse à Hélène ci-dessus : « Est-ce que l’art est plus important que mes amitiés ? J’ai beaucoup réfléchi à ça, et je crois pouvoir répondre que oui. ». En ce qui me concerne, je ne suis jamais aussi apaisé.e que seul.e dans mon atelier avec mes os et mes machines, donc je suis complètement d’accord : sortir ce qu’on a en soit de cette façon me paraît bien plus efficace que des échanges, même profonds, mais il faut avouer souvent assez superficiels, avec des ami.es. Beaucoup de personnes diront probablement l’inverse, mais j’imagine que ça dépend des caractères/personnalités/humeurs.

    Et pour le coup je découvre l’existence des pages « now » – je me fais toujours l’effet d’un.e noob du web, même si j’y traîne (j’hésite à dire assez peu ou beaucoup trop, selon l’humeur) depuis pas mal de temps…

    (réponse en mode « cavalerie », dix mois après le post, mais cette fois j’ai à peu près réussi à formuler ce que ton post m’a fait penser, alors j’en profite)

    Répondre

    1. Ooh c’est trop cool de dérouler à mon tour le fil de tes pensées, suite à ce billet-là. Je te suis très reconnaissante de prendre le temps d’écrire et de partager tout ça ; 22 ans de blog et je n’ai toujours pas compris ce qui me vaut d’avoir environ les meilleur·es lecteurices de la Terre, mais en tout cas ça me fait toujours autant chaud au cœur de voir que mes tartines appellent à réflexion et à partages. Donc je le redis, mais merci.

      Je comprends tout à fait ce que tu décris, le fait d’arriver à avoir une correspondance à peu près régulière avec une personne, le poids du « il faut que je fasse tel truc » même si c’est a priori un truc qui est censé nous faire plaisir, ou encore le bonheur inégalé de la sainte solitude dans nos ateliers.

      Avec le temps, à force de rencontrer des êtres humains et de comparer mon mode de vie aux leurs, j’ai pris conscience que le goût pour la solitude prolongée d’une part, et l’extrême sélectivité + la sporadicité avec laquelle on entretient des relations sociales d’autre part, sont deux caractéristiques que le commun des mortels jugent « étranges » voire relevant carrément de l’asociabilité.

      À supposer que ces gens disent vrai : l’art précède-t-il cette asociabilité ? Ou bien est-ce l’inverse : le fait d’être asociable/asocial qui nous a mené·es vers l’art ? Ou peut-être que les deux énoncés sont vrais.

      Dans tous les cas, je persiste que l’on ne peut être artiste* sans préserver avec la plus grande précaution – pour ne pas dire méfiance – son énergie et son temps.

      * nom que j’utilise toujours sans limite : je considère que l’on est artiste quoi que l’on crée (images, livres, photos, musique, performances, etc.). Je précise car cette définition surprend souvent !

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      1. 22 ans de blog et je n’ai toujours pas compris ce qui me vaut d’avoir environ les meilleur·es lecteurices de la Terre

        faut pas me faire rougir comme ça, fait déjà assez chaud :p
        Mais je dirais bien que c’est parce que tu offres un contenu de qualité et une sensibilité particulière qui touche les gens qui viennent et restent.

        l’art précède-t-il cette asociabilité ? Ou bien est-ce l’inverse : le fait d’être asociable/asocial qui nous a mené·es vers l’art ? Ou peut-être que les deux énoncés sont vrais.

        j’aurais tendance à penser (ça vaut ce que ça vaut et ne s’appuie sur aucune source, juste ma réflexion et mon ressenti) que l’asociabilité, qui implique d’être souvent seul.e – et très bien ainsi, les cas où en plus la solitude est mal supportée sont probablement différents – implique une activité intérieure importante, sûrement plus qu’en étant sociable (et donc souvent avec d’autres personnes) et la part de cette activité ayant besoin de sortir donne l’art (en reprenant le sens large que tu lui donnes). Mais peut-être aussi que faire de l’art demande d’être seul.e, et implique donc une certaine asociabilité, si ce n’est de caractère, au moins de fait. Dans mon cas, c’est plutôt le premier mode qui colle, mais les deux marche sûrement, comme tu le dis.

        je considère que l’on est artiste quoi que l’on crée

        dans l’absolu, je penses que tu as raison, même si mon petit imposteurice personnel.le me murmure à l’oreille que ça ne s’applique pas à moi (selon les moments, je l’envoie balader, ou pas, genre en cas de pas d’inspiration, cf la discussion sur le Naïa museum)…

      2. l’asociabilité, qui implique d’être souvent seul.e (…) implique une activité intérieure importante, (…) et la part de cette activité ayant besoin de sortir donne l’art

        Je n’y avais jamais pensé en ces termes, mais ça me semble assez évident maintenant que je le lis. La solitude implique d’être seul·e avec ses pensées, qui sont moins perturbées par des facteurs extérieurs et peuvent donc s’exprimer de plein droit.

        Mais peut-être aussi que faire de l’art demande d’être seul.e, et implique donc une certaine asociabilité, si ce n’est de caractère, au moins de fait.

        Ça me questionne ! J’ai le sentiment que l’on peut, même en étant introverti·e et solitaire, créer gaiement avec autrui, et réaliser des œuvres signifiantes. Pour le formuler autrement, je ne pense pas que créer de l’art nécessite d’être seul·e ? Ça dépend sans doute des personnes, des disciplines artistiques, des projets eux-mêmes… J’ai l’impression que beaucoup d’artistes travaillent à plusieurs (1 + 1 = 3).

  17. serendipity liche

    11 août 2022

    je ne pense pas que créer de l’art nécessite d’être seul·e ?

    Non, je pense que tu as tout à fait raison, mais que mon asociabilité à pris le dessus et a répondu à ma place :p
    Plus sérieusement, je n’ai jamais rien produit avec d’autres personnes, j’ai toujours bidouiller mes trucs seul.e, et j’avoue que l’idée que ça pouvait être autrement ne m’est même pas venue à l’esprit lorsque j’ai répondu (et; le cas échéant, quand bien même l’idée me viendrait, faudrait passer mon syndrôme d’imposture – j’adopte ta façon de le dire – pour ne pas me dire que je vais juste pourrir le travail de quelqu’un d’autre)…
    Mais comme dans les jdr et jeux narratifs créer une histoire à plusieurs est super intéressant, et permet d’aller dans des directions où seul.e on ne serait pas allé.e, créer à plusieurs doit effectivement donner des trucs intéressants et surprenants, et être plutôt cool.

    Répondre

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