En pleine préparation de mes favoris de juin, je suis tombée sur Le salaire d’une blogueuse.
Dans ce billet, Julie Pancakes prend la défense des blogueuses – en particulier des blogueuses « lifestyle » et « green » – qui acceptent des partenariats avec des marques, et monétisent ainsi leur blog.
Elle va même plus loin en poussant un coup de gueule contre les critiques qui surgissent encore très souvent sur les blogs au sujet des partenariats divers et variés
.
Le mieux est que vous alliez le lire avant de lire ce qui suit pour vous faire une idée par vous-même.
Son billet m’a interpelée, et je me suis surprise à écrire une tartine en réaction à propos d’un sujet qui me passionne : le blogging.
Du coup, plutôt que de rallonger inutilement ma prochaine revue de web (qui – ô surprise ! – est déjà bien dense), autant consacrer un billet entier à cette réflexion, par souci de lisibilité.

Stop la culpabilisation
Avant tout, je tiens à dire que j’ai lu le billet de Julie en étant bien lunée et ouverte à un argumentaire opposé à mes convictions. (En effet, lors de la renaissance de La Lune Mauve, j’ai en effet formellement décidé d’opter pour un blog 100 % sans pub, comme je l’explique dans ma page À propos.)
Même si je suis en désaccord sur le fond, Julie défend bien son point de vue et elle ne lâche jamais le morceau. Cela me fait toujours plaisir de lire des contenus forts en gueule dans la blogosphère meuf, ça change des OOTD (outfit of the day) et autres unboxings à bailler aux corneilles.
La lecture d’un blog monétisé n’est jamais « gratuite »
Cependant, ma lecture a commencé à tourner au vinaigre lorsque je suis arrivée au passage suivant, que je trouve inutilement moralisateur et culpabilisant (c’est moi qui surligne ci-dessous et dans les citations suivantes) :
contrairement à moi, [le salaire d’une blogueuse] ne vient pas directement des personnes pour lesquels une blogueuse travaille : c’est à dire vous (et moi!), lecteurs. Vous consommez le travail de quelqu’un entièrement gratuitement, les blogs ayant tous gardé un accès gratuit
Gloups ! Cette phrase est tellement angoissante ! Sommes-nous de véritables monstres sans cœur ? (Moi oui, c’est connu, mais vous, je ne sais pas.)
Déjà, je ne comprends pas comment on peut assimiler la lecture d’un blog à de la « consommation ». Peut-être si tu « binge-lis » un blog comme un robot avant de passer au suivant ?
Mais ce que je comprends encore moins, c’est le fait de reprocher aux (rares) personnes qui lisent encore des blogs qu’elles le font GRATUITEMENT, sous-entendu : « ce serait quand même la moindre des choses de donner une contre-partie à la personne qui se casse le cul à l’écrire, si possible de la thune » (ou des likes).
Bon, à ce stade, on sent déjà que ça commence à déraper.
C’est le bon moment pour rappeler que ce n’est pas parce que l’accès à un blog est gratuit qu’on ne « paye » l’utilisation qu’on en fait d’une autre façon :
- par exemple quand nos données personnelles sont utilisées, et qu’on est pisté·e, tracé·e, traqué·e pour qu’une régie publicitaire peu scrupuleuse de notre choix de ne pas être suivi·e puisse encore mieux nous cibler ;
- ou bien quand on se prend des bannières de pub bien violentes dans la tronche (spéciale kassdédi aux bannières vidéo, cette invention du Malin) et que cela génère des vues et donc de potentiels revenus pour la personne à qui appartient le blog ;
- ou, plus insidieusement, quand on lit malgré soi des publi-reportages qui ne sont pas clairement présentés comme tels. Ce dont jouent souvent les personnes ayant monétisé leur blog, d’ailleurs : c’est que ça fait tâche, les placements produits. Le ton est souvent forcé, le style manque de naturel… C’est non seulement fatiguant à lire, mais ça manque surtout d’intérêt, aussi ce sont des billets qui attirent moins les foules, de base. D’où la tentation de cacher le publi-reportage sous le tapis ;
- et que dire encore de l’affiliation ? L’accès à un blog est gratuit, oui, mais si quelqu’un clique sur un lien affilié et achète un produit, le blogueur ou la blogueuse touchera une commission.
En plus, le simple fait de lire et/ou d’être abonné·e à un blog ou au(x) profil(s) sociaux de la personne qui le tient est déjà une contre-partie en soi : chaque abonné·e, chaque like, chaque partage, et chaque page vue gonflent les statistiques du blog ou du profil en question.
Or, ces statistiques sont stratégiques puisque c’est ce qui convainc les marques de la pertinence d’investir dans tel blog ou tel profil et pas un autre.
Donc on ne peut pas vraiment dire que lire un blog monétisé soit « gratuit ». Si le sujet vous intéresse, je vous renvoie au billet Si vous êtes le produit, ce n’est pas gratuit publié par la Quadrature du Net.
« T’as pas honte d’avoir envie d’acheter les produits qu’on te présente ? »
J’en reviens à ma lecture du billet de Julie. J’ai été sidérée par cet autre passage, que je trouve encore plus agressif que le précédent :
SPOILER : tu n’es pas obligée d’acheter ce qu’on te présente sur un blog. N’oubliez pas que les mentions « offert par xxx » ne sont pas des incitations à la consommation ! C’est quand même dingue de voir partout surgir des « c’est chiant de nous donner envie d’acheter des trucs qu’on peut pas ». (…) si ça vous donne envie d’acheter à chaque article et que ça vous frustre, à vous de revoir votre rapport à la consommation.
Nouveau malaise. Ici, l’utilisation de la deuxième personne du singulier permet à Julie d’infantiliser ses lectrices et de leur faire la morale individuellement.
Alors je sais pas vous, mais moi, j’ai horreur d’être prise à partie et de devoir rendre des comptes sur ma vie et mes choix à une personne que je ne connais pas et dont je lis le blog pour la première fois (et sans doute la dernière, du coup).
Au-delà de mon ressenti personnel, cette attaque sur le supposé « consumérisme » des lectrices d’un blog (d’ailleurs, pourquoi ce choix d’accorder au féminin l’adjectif « obligée » dans la phrase tu n’es pas obligée
? Cela ne serait-il pas un tout petit peu sexiste ?) – des lectrices, donc, qui seraient incapables de se retenir d’acheter chaque produit présenté dans le cadre d’un partenariat (ces sottes !) – est tout bonnement incompréhensible sous la plume d’une blogueuse qui entend défendre les partenariats de ce genre.
Spoiler : l’intérêt d’un partenariat pour une marque est précisément de placer ses produits ou services auprès d’une cible précise et déjà qualifiée, et… DE LES VENDRE.
Du coup, reprocher à cette même cible d’avoir envie d’acheter des produits qui sont justement 1/ PRÉSENTÉS POUR ÇA et 2/ qui le sont de manière ultra jolie et esthétique comme savent si bien le faire les blogueuses et blogueurs « lifestyle », cela n’a absolument AUCUN SENS.
C’est un peu comme si on vous reprochait d’avoir envie de manger du fromage (végane of course), tout en vous agitant un plateau de « faux-mages » bien garni sous le nez.
Et puis, c’est pas très sympa de taper sur les gens qui auraient envie d’acheter certains des beaux produits ou vêtements éthiques qu’on leur présente, mais qui n’en ont simplement pas les moyens (d’autant plus que ces produits-là sont souvent assez chers).
Bref, je ne comprends absolument pas la logique de ce passage, ni cette poussée d’agressivité, justifiée par… rien, en fait.
Il faudrait s’interroger sur ce que cela implique de promouvoir un ensemble de codes, de références, de normes, de désirs, d’affects, d’histoires, de figures tutélaires, en escamotant le fait que tout cela exige des moyens financiers considérables. Tôt ou tard, le public découvre pourtant que, sans viatique sonnant et trébuchant, on n’est rien dans ce monde ; car il ne s’agit pas de culture, mais, bien plus banalement, de consommation ostentatoire.
Mona Chollet, Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine
La pub m’emmerde
Bon, cela étant dit, que Julie ou d’autres décident de faire des partenariats avec des marques de leur côté, cela m’est égal, car je ne les suis pas.
Par contre, en tant que lectrice fervente de nombreux blogs et utilisatrice quotidienne d’Instagram, non seulement je n’apprécie pas de me faire rabrouer par une inconnue sur ma façon de « consommer » ou pas, mais surtout, j’en ai ras-la-cacahuète de voir apparaître des placements produits et des noms de marques dès que j’ai le malheur de lire le moindre billet de blog ou de consulter la moindre story ou photo Instagram.
Ce qui me dérange, c’est la publicité, les placements produits et les partenariats entre des marques et une personnalité numérique que je suis, mais aussi la récurrence de cette publicité.
Voir que, chaque jour ou presque, telle ou telle personne glisse un nom de marque, un produit, un contenu sponso dans ses tweets, ses statuts, ses billets, ses photos, c’est oppressant. Et les vrais contenus personnels, les seuls qui soient intéressants, se font toujours plus rares, éclipsés sur l’autel de la pub et des deadlines à tenir. Tout cela est d’une tristesse !
Sérieusement, belles gens de la blogo- et Insta-sphère : vous avez le droit de ne pas faire de la pub sans arrêt. Promis, on ne vous en voudra pas si vous levez le pied dans ce domaine.
Et même si vous écrivez le nom des marques en petit et en gris clair sur fond blanc, ou tout à la fin de la description de votre photo Instagram pour ne pas nous faire fuir, prenez conscience que ça se voit quand même, et qu’à la longue ON N’EN PEUT PLUS.
Ce matraquage publicitaire a beau être joli et soigné, ça n’en reste pas moins du matraquage publicitaire.
Et une démarche green, veggie, etc., ne rend pas la pub plus acceptable.
Au contraire, c’est dommage de ne pas remettre en question les injonctions de la société de consommation, alors qu’on défend sur son blog un mode de vie « green », le zéro déchet, le minimalisme, etc. Niveau cohérence, on a connu mieux !
La pub est une pollution aussi bien visuelle que mentale, et cette pollution est d’autant plus insidieuse qu’elle est jolie et qu’elle vante des produits a priori éthiques.
Tout cela n’a évidemment rien à voir avec quelqu’un qui parlerait ponctuellement d’un produit acheté avec ses propres deniers, répondant à un véritable besoin, et faisant l’objet d’un retour d’expérience objectif.
Par ailleurs, parler de tel produit sponsorisé et de telle marque plutôt que d’autres est un choix éditorial et commercial fait en toute conscience, parce qu’on est payé·e pour cela.
D’autres marques et d’autres produits, voire – soyons fous – d’autres associations, ONG et démarches bénévoles auraient bien besoin d’un coup de pouce elles aussi, mais elles en sont privées parce qu’elles ne passent pas à la caisse. Qu’on ne vienne pas me dire qu’un partenariat ne change rien à l’objectivité d’un blog…
Réflexes capitalistes
Quand je lis un blog, c’est parce que la personne derrière m’intéresse, pas les contenus publicitaires vantant je ne sais quel produit de beauté, accessoire ou fringue dont elle parle avec un enthousiasme qui sent le fake à 15 kilomètres à la ronde.
Quand je suis un compte Instagram personnel et que je vois apparaître, jour après jour, des photos où unetelle ou untel pose nonchalamment avec l’objet de son dernier partenariat, un sourire figé sur le visage, ça me gonfle.
D’autant qu’on sait très bien que cette personne va le refourguer à quelqu’un d’autre ou le revendre le mois d’après – c’était pas le produit du siècle finalement, hein ?

Ajouté à cela que je n’ai aucune confiance dans l’avis des personnes qui acceptent des partenariats publicitaires : à les écouter, tous les produits présentés sont toujours beaux, utiles, solides… Bizarrement (non), il n’est jamais question d’aucune réserve (ou alors une toute petite broutille mignonne, un peu comme quand on répond Hihi je suis perfectionniste
quand on nous demande quelle est notre plus grand défaut lors d’un entretien d’embauche).
Cependant, comme je l’ai déjà dit, le monde du travail est tellement pénible que je comprends tout à fait la volonté de gagner sa vie autrement qu’en étant salarié·e.
Et, c’est vrai que gagner sa vie en parlant de sujets qui nous intéressent et en faisant de jolies photos pleines de bokeh peut vendre du rêve.
Moi-même, cela fait longtemps que je me demande si je n’aurais pas intérêt à me mettre à mon compte, à essayer de monétiser mon activité créative et bloguesque, etc.
Mais plus le temps passe, plus je discute avec des personnes qui ont fait ce choix et qui galèrent comme pas permis, et plus je flippe devant la perspective de devoir gérer non seulement ma production, mais aussi l’aspect administratif et commercial, la prospection, le service après-vente, la promotion, et bien sûr la rentabilité de mon activité.

Dessin de Jennifer Xiao, découvert sur Twitter pendant la rédaction de ce billet. À gauche, on voit une artiste en train de peindre. La scène est titrée « Attentes ». À droite, on voit cette même artiste penchée sur son ordinateur, accablée par le fait qu’elle doive être à la fois illustratrice, designer, animatrice, comptable, manager, et son propre agent. Cette scène est titrée « Réalité ».
Je repense souvent à l’histoire de cette amie d’amie qui dessinait depuis toujours, à qui tout le monde disait depuis des années oh vraiment, tu devrais vendre tes dessins
, qui a fini par lâcher son boulot salarié pour ouvrir sa boutique en ligne, et qui, au final, a vendu un seul croquis en six mois avant de jeter l’éponge.
Bref, donc non, ce n’est pas que l’on puisse tirer profit de son activité bloguesque qui me gêne.
Ce qui me gêne, c’est la pub, la récurrence de la pub, mais aussi le fait que la monétisation d’une démarche initialement personnelle soit considérée comme « normale » ou comme « la suite logique ».
Moi-même, j’ai longtemps suggéré à mes copines-qui-créent de vendre leurs créations. Jusqu’à ce que je réalise que, NON, générer de l’argent avec sa créativité n’est PAS le but ultime de la vie.
Je me débats encore souvent avec ce satané réflexe capitaliste qui rejaillit à la moindre occasion, y compris quand je bidouille moi-même des trucs (Tiens, pourquoi je n’ouvrirais pas une boutique Etsy ?
alors que je suis infoutue de dessiner et donc de produire quelque chose régulièrement).
Bref, tout dans la vie n’a pas vocation à générer du profit : on a le droit de faire des choses juste par plaisir, bénévolement, sans que cela ne constitue un plan de carrière ou des revenus.
Et le talent n’a, en fait, rien à voir là-dedans.
Que cela représente du travail même si c’est bénévole, oui, personne ne remet ça en cause. Pour autant, dire que c’est « normal » d’être rétribué·e pour tout travail pose un problème moral : qui irait dire à des personnes bénévoles qu’elles ont tort de travailler sans toucher d’argent en échange ?
Plus globalement, la valeur de qui nous sommes et de ce que nous faisons se mesure-t-elle réellement au profit que notre travail engrange ? Non, bien entendu.
J’ai sursauté l’autre jour lorsqu’une de mes amies, blogueuse de longue date mais qui a progressivement lâché l’affaire, m’a dit vouloir s’y remettre pour « se fixer des objectifs et obtenir des résultats », ou un truc du genre. C’était limite si elle ne parlait pas de courbe de croissance et d’investissement !
J’étais estomaquée et ne comprenais pas que cela puisse être sa motivation première pour se remettre éventuellement à bloguer.
Bien sûr, on en a discuté, et elle a vite admis que ce n’était pas exactement ce qu’elle avait voulu dire.
N’empêche, ces mots et expressions néo-libérales qui jaillissent malgré nous dès que nous évoquons le moindre projet perso me fout sérieusement les creeps.

Libre et indépendante
Aujourd’hui, je tiens mon blog avant tout pour moi, pour documenter mes obsessions, mes découvertes et mes créations.
Mon expérience du webzinat
Mais il n’y a pas si longtemps, La Lune Mauve était un webzine culturel écrit par une quinzaine de bénévoles, pour lequel nous recevions beaucoup de services presse : on nous envoyait des livres que nous pouvions garder en échange d’une chronique.
Quand tu débutes, ce fonctionnement est la chose la plus enthousiasmante du monde : DES LIVRES ! GRATUITS ! PAR CENTAINES !

Ouais, sauf que cela représente aussi des centaines de lectures obligatoires qui sont loin d’être toutes inoubliables.
De plus, entre le temps de lecture, le temps d’écriture de la chronique et le temps d’édition et de mise en forme, multiplié par une quinzaines de personnes travaillant parfois en parallèle, je vous laisse imaginer le travail (bénévole, donc) qu’un webzine, un blog littéraire ou une chaîne booktubesque peut nécessiter.
Sans oublier la pression qui s’installe, petit à petit, plus ton webzine ou ton blog grandit. En particulier lorsqu’une jeune maison d’édition dont tu connais l’équipe compte énormément sur la publication de ta chronique à une date précise pour favoriser les chances de vendre le livre en question.
Bref, à la longue, multiplié par N livres, et par une équipe croissante, cela avait fini par devenir une véritable corvée qui m’a dégoûtée du webzinat.
D’ailleurs, cela m’a conduite à mettre fin à l’aventure du jour au lendemain, et à ouvrir un blog personnel ailleurs, sans personne et sans pression (…ce qui n’a pas duré longtemps, mais ça c’est une autre histoire).
Libre comme l’air
Dorénavant, je connais mieux mes limites, et je sais que je serais bloquée, créativement parlant, si je devais m’astreindre à parler tous les jours de marques, de produits, ou d’évènements sur commande pour réussir à payer mon loyer.
Mon indépendance éditoriale est cruciale : pouvoir gérer mon blog comme je l’entends, si j’en ai envie, quand j’en ai envie, est une liberté que j’ai choisie et que je savoure.
Je suis très heureuse que mon blog soit gratuit et libre, de n’avoir aucun fil à la patte, et de pouvoir gérer mon calendrier éditorial comme je le veux, loin, très loin de je ne sais quelle « opé marketing ».
Cela ne m’empêche pas de respecter les personnes qui vivent de leur blog : au fond, même si je suis critique vis-à-vis de certains de leurs choix, une part de moi les admire, car je devine le travail et les concessions que cela représente.
D’autant que, comme semble le dire Julie, vivre de son blog n’est pas une activité très rentable (bon, sauf pour Betty Autier), du coup j’imagine bien à quel point elles doivent cravacher pour réussir à joindre les deux bouts.
Mais cette tentative de normalisation de la pub doit cesser : un blog à partenariats est un blog publicitaire, qui défend des intérêts qui ne sont pas ceux de la personne qui l’écrit. Ce n’est plus vraiment un blog personnel, du coup. C’est un blog à but lucratif.
Le paradoxe veut que les rares billets personnels écrits sans commande sont précisément ce qui attire les marques, car c’est le levier qui permet de créer de la complicité avec le lectorat du blog.
L’aspect personnel d’un blog, et la personnalité qui tient le blog, devient un argument de vente pour la marque, dont la communication agrège ainsi l’aura de diverses personnes qui ont la cote auprès de leur cible.
En plus de ça, la pub se repaît des stéréotypes de genre, avec une nette préférence pour les blogueuses conformes aux normes de beauté en vigueur, c’est-à-dire blanches, minces, valides et souriantes. Ces meufs sont généralement canons, les photos qu’elles publient révèlent des fringues élégantes et des intérieurs toujours bien rangés, bref, ce sont des mannequins contemporains bon marché.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que ce sont les blogs mode et les blogs « lifestyle » qui sont le plus bardés de publicité et de partenariats : le marché est déjà tellement segmenté que c’est du petit lait pour le marketing.
Sur ce sujet, je vous renvoie (à nouveau) à ma chronique de l’excellent livre Libérées de Titiou Lecoq.

Énième synchronicité : je tombe sur ce message de Marshmellow pile au moment où je cogite sur le sujet « monétisation ». I’m working hard now so my future daughter doesn’t have to sell detox tea on her social media.
, ce que l’on peut traduire par : Je travaille dur afin que ma future fille n’ait pas à vendre du thé détox sur les médias sociaux
.
Personne ne va mourir lorsque tu décideras d’arrêter de faire de la pub sur ton blog
Un blog pro, c’est un vrai métier, nous dit Julie. Oui, c’est vrai. Cela demande beaucoup de travail, comme n’importe quelle publication professionnelle.
Mais décider de le monétiser grâce à des partenariats et donc de la publicité, c’est un choix que personne n’a l’obligation de faire.
Tout comme je prends le risque de provoquer des réactions virulentes en publiant ce billet, un blogueur ou une blogueuse qui décide de monétiser ses contenus prend de son côté le risque de voir ce choix critiqué.
Le fait même de tenir un blog, c’est tendre la loupe pour être jugé·e. Quoi que l’on fasse, il y aura des gens à qui ça plaira, d’autres à qui ça plaira moins, et une écrasante majorité de gens qui n’en auront absolument rien à faire.
Mais rien ne nous empêche d’arrêter les frais, si cela devient insupportable.
C’est un choix. C’est la vie. Personne ne va mourir parce qu’on arrête de bloguer ou de faire de la pub sur Internet. Ouf !
c’est une chose d’avoir la tête encombrée d’informations et de désirs déposés là par l’industrie de la mode ou de la beauté. C’en est une tout autre de faire de ce conditionnement sa raison sociale, de se mettre de bonne grâce au service d’intérêt commerciaux, d’accepter de laisser son pouvoir d’achat résumer sa personnalité, de contribuer avec enthousiasme à son propre enfermement ; enfermement dans une idée pitoyable de soi-même et dans un éventail de préoccupations aussi étroit qu’abrutissant.
Mona Chollet, Beauté fatale, op. cit.
Il existe d’ailleurs de nombreuses alternatives à la publicité pour gagner de l’argent sur le net, si c’est absolument nécessaire.
Comme le dit Julie, il est tout à fait possible d’axer son modèle économique sur autre chose : des cours en ligne, une boutique avec des produits illustrés, des ateliers, l’écriture d’un livre, un Tipeee, le développement d’activités professionnelles comme la rédaction web, le community management, l’illustration, le web design, etc.
Ce ne sont pas les idées qui manquent, d’autant que les partenariats ne semblent pas rapporter beaucoup d’argent, les petites marques se contentant souvent d’offrir des produits.
Du coup, raison de plus pour ne pas comprendre l’intérêt de défendre un modèle économique qui, en plus de tous les problèmes qu’il pose, n’a même pas l’air rentable !
Bref, mon blog n’est pas mon gagne-pain, je n’ai pas l’intention qu’il le devienne, et j’en suis très heureuse.
Edith : il y a des années, j’avais écrit sur le même sujet Celle qui n’a pas de niche, et force est de constater que je n’en changerais pas un seul mot aujourd’hui.
PS : un grand merci à Hana, Vladkergan, Stefie, El3a, Luna et Sophie pour leur aide à finaliser cette tartine.
Judith
29 juin 2018
Coucou Marie,
J’attendais avec impatience ce nouvel article et, en bon oiseau de nuit que je suis, je suis contente d’avoir pu le lire tout de suite après sa publication :D
J’ai adoré lire tes réflexions à ce sujet, qui me taraude énormément aussi, surtout au niveau de la volonté de « monétiser » son activité artistique… Comme je suis indépendante depuis le début de ma vie pro, j’ai toujours tendance à me demander comment mes productions graphiques personnelles (donc qui ne sont pas motivées par une demande client) peuvent me rapporter de l’argent… mais à trop se demander comment faire des sous, on ne prend plus le temps de créer ! J’essaie en ce moment de trouver un bon équilibre, qui me corresponde, entre création, rémunération et épanouissement ; je suis loin d’y être, mais j’ai l’impression d’avancer, petit à petit :) Bref, merci beaucoup pour cet article, qui m’a fait beaucoup de bien !
À bientôt !
Marie
10 juillet 2018
Merci pour ton commentaire, Judith ! Cela m’a fait super plaisir de le lire au petit matin après la publication, je ne m’attendais pas à avoir des retours immédiatement.
Je comprends bien, et, pour ce que ça vaut, je trouve justement que les choix que tu fais sont un bon exemple qu’on peut monétiser son activité artistique de manière cohérente.
Vendre ses propres services et créations me semble beaucoup plus logique et « intègre » (car il y a beaucoup de créativité et de personnalité en jeu) que vendre des services ou des produits vendus par d’autres boîtes (et plus la boîte est connu, plus je trouve cela avilissant… Quand je lis un blog, je ne suis pas en train de regarder TF1 : je ne veux pas voir d’encarts de pub tous les quarts d’heure, en gros).
Après, comme je disais, chacun·e fait comme iel veut et peut, surtout. C’était surtout un coup de gueule en tant que lectrice gavée de voir de la pub partout, et de lire des billets de blog ou des publications Instagram totalement biaisées. Mais je suis persuadée qu’un équilibre est possible.
C’est chouette et inspirant de te voir à l’œuvre. Ta démarche me fait un peu penser à celle de Nubby Twiglet, qui a longtemps bloggé et qui petit à petit a eu de plus en plus de contrats pour des prestations graphiques, jusqu’à monter sa propre « boutique design studio ». Cela fait littéralement plus de 12 ans que je la suis, et elle a toujours fait des choix hyper cohérents avec sa personnalité et ses compétences, sans jamais dégrader « sa marque ».
Edgar
29 juin 2018
Oh merci pour cet article qui exprime si bien mon propre point de vue sur la question !
Je suis assez sévère envers la monétisation des blogs. Pour moi, dès lors que l’on accepte un partenariat/d’insérer de la pub dans ses articles, on se vend et on perd son intégrité. Je sais que c’est un point de vue qui peut paraître un peu extrême, mais je le ressens ainsi. C’est d’ailleurs ce qui m’a progressivement éloignée de la blogosphère ces dernières années.
J’ai beaucoup aimé ton paragraphe sur le rapport à l’argent, sur la nécessité sociétale actuelle de tout « valoriser » financièrement. C’est justement ce travers-là qui a fait que je me suis orientée vers l’enseignement. L’un des rares boulots où ta « performance » n’est pas directement liée à des résultats financiers (bon, soyons honnêtes, les décisions de l’Education Nationale restent motivées par des raisons économiques, mais c’est moins « direct » que dans le cas d’autres jobs).
Ca n’empêche pourtant pas certains élèves grandes gueules de te dire « mais Madame, on devrait nous verser un salaire à nous aussi, vu qu’on travaille » ^^.
Est-ce que tu connais la revue « Eléphant » ? Dans un numéro paru il y a un ou deux ans, il y avait un article philosophique sur le travail qui était super intéressant. Si ça t’intéresse, je peux le retrouver et te le scanner.
Encore merci pour cet article fouillé et « lucide ».
Lalie
29 juin 2018
Ohhhh … moi je suis intéressée par ton article sur le travail si jamais tu le retrouves ( pour des raisons totalement differentes !). <3
Marie
10 juillet 2018
Hello Edgar ! Merci beaucoup d’avoir pris le temps de développer ton point de vue.
Ouais, je suis d’accord avec toi… Comme je disais à Judith un peu plus haut, je fais une distinction entre ses propres services et ses propres produits, et les services et les produits d’autres marques. Autant quand on vend sa propre soupe, cela ne me dérange pas outre mesure, je trouve ça même complètement logique.
En revanche, jouer à l’épicière ou à l’épicier et faire la pub de produits de consommation courante, je ne comprends pas. Je trouve ça dégradant, en fait. Et, en tant que lectrice, je déteste ces placements produits faussement innocents. (Sans parler de toute la dimension « genrée » de cette problématique.)
Après je comprends que certaines personnes vivent de leur blog et de leurs autres activités numériques, et qu’il faut bien manger. Mais il y a sans doute d’autres façons de générer des revenus que de s’aligner à la première offre de partenariat. J’attends des personnes que je suis plus de créativité, en fait.
En tout cas, +1 pour cet article d’Éléphant, si tu le retrouves, je le lirai avec plaisir :)
PARIS-LIBRIS
29 juin 2018
Très intéressante analyse d’un vaste sujet. Chez Paris-Libris, nous avons fait le choix du blog pour présenter de façon élargie des ouvrages anciens sur le thème de Paris. Nous utilisons notre blog pour vendre nos livres et uniquement cela. Tant mieux si des lecteurs découvrent notre univers par ce biais et tant pis si nous ne réalisons pas systématiquement des ventes par ce vecteur. En plus rédiger ce blog nous offre des opportunités de recherche et enrichit notre activité. C’est en quelque sorte une opération vertueuse. Pour l’instant nous n’avons qu’une seule réserve, c’est que malgré le nombre constaté d’utilisateurs et de pages vues en constante progression, les commentaires sont très souvent absents et c’est parfois frustrant ! Evidemment les blog mode ne suivent pas cette approche et si leurs rédactrices ou leurs lectrices y trouvent leur compte tant mieux mais il y a aussi d’autres approches comme la vôtre qui conviennent à d’autres lecteurs et finalement, ils sont aussi très nombreux et ravis de trouver des espaces de réflexion vierges de toutes sollicitations commerciales et c’est aussi très bien ainsi.
Marie
10 juillet 2018
Bonjour, et merci pour votre commentaire ! Je suis toujours ravie de lire de nouvelles plumes par ici.
Cela me semble tout à fait cohérent !
La problématique est bien différente de celle des blogueuses et blogueurs dont je parle dans mon billet : ce sont des personnes qui, au départ, éditaient leur blog à titre personnel, en y insufflant toute leur personnalité, avant de chercher à monétiser cette activité – la façon la plus rapide de gagner de l’argent étant d’accepter de faire de la pub pour des marques. C’est ce point précis qui me chiffonne.
De votre côté, le blog arrive après, pour soutenir la raison d’être de Paris Libris, qui est la vente d’ouvrages anciens. Le blog n’est donc plus vraiment l’objet premier, mais simplement un support d’une activité plus vaste.
Je comprends, l’essor des réseaux sociaux est pour beaucoup dans la désertion de la blogosphère… Il n’y a pas de recette miracle, mais publier des commentaires sur d’autres blogs spécialisés ou qui traitent de sujets similaires ou connexes peut être une façon de faire découvrir votre blog à des personnes ayant les mêmes centres d’intérêt.
Construire une communauté prend du temps, il faut s’armer de patience. Mais si le contenu est de qualité, le site bien construit et visuellement attrayant, et des liens faits aux quatre coins du web, il n’y a pas de raison que cela ne vienne pas au bout d’un moment.
Marine
29 juin 2018
AMEN ! ?
Lorsque je suis tombée sur cet article encensé sur Twitter par les blogueuses, je n’ai pas pu m’empêcher de cliquer, juste pour voir (même si je me doutais que ce serait un énième article sur le sujet, j’ai vraiment l’impression d’en avoir lu des tonnes de cet acabit où toujours la blogueuse se « justifiait » de gagner de l’argent avec des partenariats).
Pour être honnête, je n’ai pas réussi à le lire consciencieusement et en entier mais plutôt en diagonal tellement j’ai trouvé le ton assez désagréable et hautain. Comme toi j’avais relevé cette phrase hautement condescendante à l’égard des lectrices… qui achètent les produits mentionnés ! (Ces faibles !).
C’est d’ailleurs l’omniprésence de la pub qui m’a poussée à arrêter de suivre certaines blogueuses comme Friendly Beauty ou autres, j’en étais saturée. C’est vraiment dommage d’autant qu’à la base son blog était une mine d’idées écolo et de réflexions personnelles…
A mon humble avis, la professionnalisation TUE à coup sûr les blogs. J’ai arrêté de suivre absolument tous ceux que j’aimais lorsqu’ils sont passés « au niveau superieur » car je ne m’y retrouvais plus du tout, leur préférant les petits espaces confidentiels avec du vrai contenu et des réflexions dedans.
Le tien est un de ceux que je prends le plus plaisir à lire dépuis quelques temps, justement pour cette raison.
C’est marrant, mais pour ma part je n’ai jamais ô grand jamais eu envie de monétiser mon blog, ni été attirée par ce monde « d’Influenceu·r·ses » qui me paraît trop factice et dénué d’authenticité. D’abord je suis trop irrégulière dans mes publications ?, et ensuite j’aurais trop peur que la créativité ne soit plus au rdv à cause de ces contraintes de performance.
Voili voilou, c’est tout pour moi.
Passe une bonne journée !
Marie
10 juillet 2018
Hello Marine ! Ton commentaire m’a fait bien plaisir, merci d’avoir pris le temps de partager tes réflexions !
Itou ! J’en ai lu des tonnes, et à chaque fois j’ai l’espoir de lire un point de vue un peu nouveau, un peu original sur la question… Mais c’est rare que ça arrive. Sur le sujet, je me rappelle de plusieurs billets vraiment pas mal d’Eleonore Bridge : Comment je gère mon blog, la pub et les marques et surtout Comment je gagne ma vie avec ma boîte et mon blog. Je me souviens qu’à l’époque cela m’avait donné du grain à moudre.
De même, le billet Blogging // Vers un nouveau business model de Mango & Salt a lui aussi le mérite d’être transparent et d’établir un dialogue avec les personnes qui lisent le blog.
En fait, je crois que ce qui m’agace c’est le côté « publicité glissée sous le tapis comme si de rien n’était ». C’est vraiment prendre les gens pour des imbéciles. Pourquoi ne pas assumer ? Il y a des gens que ça ne gênera pas, qui trouveront même ça intéressant (après tout, si les produits sont bien ciblés…) ; il y en a d’autres que ça gonflera et qui iront voir ailleurs, et alors ? C’est toujours mieux quand les choses sont dites clairement.
Je te remercie ! Mais c’est un peu « de la triche », car justement mon blog n’est pas monétisé. Je n’ai donc aucune contrainte de ligne éditoriale, de rythme de publication, de choses à dire plutôt que d’autres pour honorer d’éventuels contrats. Tant mieux, car c’est ce qui me convient et qui convient de toute évidence aux personnes comme toi qui lisent et apprécient La Lune Mauve. Mais je ne pense pas qu’on puisse comparer ce que font les blogueuses et blogueurs professionnels, et mon blog perso.
Éditer un blog à titre personnel, juste par plaisir, c’est le choix d’investir beaucoup d’heures de recherche, de travail, d’illustration, de rédaction (de billets mais aussi de commentaires ^^), de maintenance technique, « juste parce que ». C’est une activité chronophage, et sincèrement je mentirais si je disais que je e me dis pas régulièrement que cet investissement prend une place tout à fait démesurée dans ma vie (du temps que je pourrais consacrer à d’autres activités – mais ceci est un autre débat).
Je comprends qu’on puisse avoir envie d’aller l’utile à l’agréable, et de générer des revenus de tout ce temps énorme passé à faire des photos, écrire des articles, etc. En fait, ce n’est pas la volonté de monétiser qui me hérisse le poil (même si, clairement, je préfère les blogs indé), mais bien la façon dont on monétise. Je pense qu’il est possible de générer des revenus sans vendre son âme.
C’est toujours un crève-cœur de voir que des blogs frais, bien foutus, originaux soient progressivement envahis par les articles sponsorisés et les mises en avant de produits de consommation courante. Pour moi, c’est un vrai tue-l’amour, à la longue.
Après, si c’était des livres ou des produits culturels qui étaient ainsi promus, je pense que j’aurais une approche un peu différente, car le sujet m’intéresse beaucoup plus que des shampoings ou du riz (désolée, je reprends encore cet exemple, mais ça m’a marquée !).
Globalement, tout ce qui peut donner envie aux gens de lire, de sortir, d’aller voir des expos, bref de se cultiver et de faire preuve de curiosité, me semble infiniment plus utile que des produits de beauté ou de la bouffe (ok on a tous besoin de manger, mais bon… un blog ce n’est pas un prospectus, quoi – et le fait que le prospectus soit joli et vaporeux ne change rien).
Effectivement ! Monétiser son blog est un travail à temps plein, qui peut vite se transformer en corvée si tu n’as pas bien préparé le truc et que tu ne sais pas trop où tu mets les pieds. Parfois je vois émerger de nouveaux blogs où, clairement, le propos est de générer du biz à tout prix (« INSCRIS-TOI À MA NEWSLETTER POUR OBTENIR 20% DE RÉDUCTION SUR MON COURS EN LIGNE TOP MOUMOUTE »), et en plus ce sont des gens très jeunes derrière. Je trouve cela assez pathétique…
Alexandrine
29 juin 2018
En fait, je me rends compte qu’on a de la chance : on a des blogs culturels et créatifs, le secteur qui est hyper rarement monétisé parce que ça n’intéresse pas les marques. C’est trop bien, on n’est jamais démarchés ! ^^
Bon, blague à part. Au début, mon blog était un blog mode (l’ancien blog, ouais, c’est compliqué, j’ai changé plusieurs fois de noms, etc.). J’aime énormément la partie créative que représente la mode dans son ensemble, et puis les couleurs, les matières, tout ça, du coup, je voulais partager ma passion. Mais je ne suis pas du tout dans « la mode ET les tendances à tout prix ». Du coup, je ne voulais pas monétiser, mais je recevais quand même des sollicitations, ce qui est hyper gonflant pour moi.
Certes, monétiser un blog, c’est du travail, mais c’est les blogueurs qui choisissent ce taf, on ne les force pas quand même. La pub, c’est hyper chiant sur un blog, quand elle est non-déguisée, déguisée, etc. J’ai travaillé dans la pub, ça représente des millions d’emplois (pitié, arrêtez de coller des autocollants « pas de pubs » sur les boîtes aux lettres, prenez-la et mettez-la au tri sélectif, ça va vous prendre 2 minutes et vous sauverez des emplois), donc, je ne me battrais jamais contre la pub, mais je trouve que sur certains blogs, il n’y a plus que ça. C’est fatiguant, parce qu’on se demande où est l’honnêteté là-dedans ? Une blogueuse qui parle beaucoup beauté (oui, j’emploie le féminin, mais je ne connais pas de blogueurs qui parlent beauté) par exemple, elle va nous bassiner avec « ça y eeeeeest, j’ai trouvé THE produit du mois pour mes cernes/mon teint », mais on sait pertinemment que le mois d’après elle va faire l’apologie d’un autre produit. C’est très très fatiguant. Du coup, je ne lis pas les blogs beauté. Je me souviens avoir fait trois post beauté sur mon ancien blogs : j’ai une peau réactive, allergique, fine, pâle (ouais, la totale arnaque en fait), et en plus, je suis plutôt pro-bio pour les produits de beauté. Du coup, j’ai fais trois posts sur les produits que j’utilise tout le temps, je m’étais dit que j’allais parler de mes problèmes de peau, comme ça, si jamais des lectrices présentaient les mêmes problèmes, elles y trouveraient des solutions. Mais je n’aurais jamais accepté d’être monétiser pour ça. Parce que, tester des produits tous les mois, c’est pas le rêve pour la peau, vu qu’elle met au minimum deux semaines à s’adapter à un nouveau produit, et que, à trop tenter de s’adapter, elle s’épuise petit à petit. Bref (c’était la minute beauté du commentaire).
La pub est ch….. sur les blogs. Du coup, je ne suis plus que des blogs et insta créatifs, culturels, et pour les insta, surtout des comptes perso de créateurs (au sens large, tout type de création). Certes, c’est un moyen pour eux de se faire de la pub, mais ils en profitent pour développer un univers autour de leurs propres créations, j’aime beaucoup voir ce processus.
Mais il y a quelque chose que je trouve ENCORE plus agaçant que la pub sur un blog : c’est que le blogueur n’arrête pas de se justifier. T’as choisi, tu sais que le virtuel engendre forcément critiques et commentaires pas toujours sympas, alors t’assumes. C’est toujours ce que j’ai envie de leur dire ! ^^
Très intéressant ton article, merci pour le partage de ton ressenti !
Belle journée
Alexandrine
Marie
11 juillet 2018
Coucou !
C’est vrai que de ce point de vue-là, je suis tranquille… J’ai dû recevoir, quoi, deux demandes de service presse en un an et demi, plus une invitation à découvrir une expo en avant-première sans aucune obligation d’en parler sur mon blog ? Ça va :)
J’ignore les proportions que cela a prises, mais est-ce que mettre en place une adresse email spécifique (ou un filtre) que tu ne consulterais qu’une fois par mois (par exemple) en lisant en diagonale, aurait pu éviter cet effet de saturation ? Je crois que c’est ce que fait Eleonore Bridge…
Oui !
Mmm… Tes propos sont paradoxaux ! D’un côté, tu dis que la pub sur les blog est envahissante et que c’est pénible – alors que, concrètement, s’il s’agit de bannières, ça peut se masquer facilement avec des extensions du type Ad Block – et si vraiment le blog est truffé de sponsorings relous, il suffit de ne plus aller le lire, décision que j’ai souvent prise et continue à prendre.
De l’autre, tu défends mordicus la présence de prospectus dans les boîtes aux lettres – alors qu’il n’existe pas d’extension pour les dégager automatiquement – la plupart des distributeurs de pub ne tenant pas compte des autocollants « STOP PUB » que certaines personnes prennent pourtant le soin de coller sur leur boîte aux lettres.
Pour moi, la pub est la pub, quel que soit sa forme, son origine, son objectif. La publicité numérique a un coût écologique, mais la pub IRL aussi ! (Encres, papier…) Des tonnes de prospectus imprimés et jetés aussi sec… Est-ce réellement utile ? (Pas trop, si j’en juge la poubelle à prospectus de mon immeuble qui est toujours pleine, malgré le fait que je la vide très régulièrement.) Est-ce que cela aide l’humanité à aller mieux ? Non plus…
Cet argument sur « arrêtez de coller des autocollants stop pub pour sauver des emplois » est extrêmement culpabilisant, et ça m’étonne beaucoup que tu l’avances !
Je considère que ce n’est pas aux particuliers (qui n’ont PAS demandé à recevoir des dizaines de prospectus par semaine dans leur boîte aux lettres, ce n’est pas comme si c’était un opt-in) de « sauver des emplois », mais bien aux pouvoirs publics et aux entreprises.
Pour moi, cet argument, ça revient un peu à dire : « arrêtez de manger bio et local, parce que la malbouffe crée des emplois ! ». Juste : non.
Alors je comprends que le fait que tu aies travaillé dans le secteur de la pub fait que ce sujet te tienne à cœur. Mais j’ai vraiment du mal à comprendre cet argument de « sauver des emplois »… À choisir, je préfèrerais qu’on sauve des arbres et qu’on arrête d’imprimer des publicités que non seulement personne ne lit, mais qui en plus, lorsqu’elles sont placardées en ville, dans les gares, dans les couloirs des métros, etc., sont de véritables agressions visuelles et morales.
Bref, je suis farouchement anti-pub, et je considère toute forme de pub aliénante : inciter les gens à dépenser toujours plus d’argent, souvent pour des produits dont ils n’ont pas vraiment besoin. Symboliquement aussi, c’est une agression : insérer de force (= sans mon consentement) de la publicité dans ma boîte aux lettres personnelle alors que je n’ai rien demandé, pis, que je demande à ne PAS en recevoir avec un autocollant « Stop Pub », c’est irrespectueux de mes choix. Et dans la rue, c’est pareil : on est obligé de regarder la pub, car son design et sa disposition sont étudiés pour cela. C’est oppressant de ne pas avoir le choix.
Je ne peux pas m’empêcher de repenser à Fight Club en écrivant tout cela…
Encore une fois, je rebondis sur ce que tu as écrit dans une optique de dialogue et d’échange, mon but n’est pas de te voler dans les plumes ! Mais ce passage de ton commentaire m’a un peu estomaquée, je dois dire.
Non, elle l’est partout :)
Je suis d’accord. Tant d’énergie perdue. Comme je disais à Marine, je préfère largement les démarches assumées et justifiées d’une Eleonore Bridge ou d’une Mango & Salt. On sent qu’elles réfléchissent sur la manière de gagner de l’argent sans complètement renier leurs valeurs, et je trouve cette problématique très intéressante. Et puis ce souci de transparence est admirable, à l’heure où plein de personnes qui bloguent essayent de masquer les partenariats comme si de rien n’était…
Mealin
29 juin 2018
Petite variation de ta super phrase finale pour me correspondre : mon blog n’est pas mon gagne-pain, je n’ai pas l’envie qu’il le devienne et j’en suis très heureux.
C’est moins punchy, mais je crois que les sirènes de la monétisation peuvent retentir aussi avec le « succès » et qu’au début beaucoup sont plutôt anti pub (avec plus ou moins de convictions).
Je souscris au coup de gueule en tout cas ;)
Marie
22 juillet 2018
Je valide à 100 % ta variation ! ;-)
Lalie
29 juin 2018
Je crois qu’il y a une partie de rêve dans la monétisation. C’est pas seulement parce que l’herbe est plus verte ailleurs, parce que c’est pas vrai. C’est plus une question de « Et si » et de « elle le fait, pourquoi pas moi ? ». C’est difficile de savoir cerner ou commence et ou s’arrête la créativité, et de savoir comment « l’exploiter » (j’assume le mot, moi j’exploite, c’est parce que j’en ai beaucoup faut pas gâcher lol) dans différentes situations.
Un hobby qui nous plaît peut-il devenir un travail ? Oui. Est-ce que ça restera un hobby qui nous fera plaisir ? Non. Parce que lorsque rentre la notion d’argent, rentre aussi la pression, les deadlines, les clients… c’est un gros risque à prendre finalement. Je ne pense pas qu’il vaille le coup. Ce n’est pas pour ça que je ne peux pas faire preuve de créativité dans mon travail, d’une manière toute aussi plaisante, sans pour autant m’en dégoûter. Étant dans une année de campagne électorale, il faut voir la liste de mes idées de comm’ et d’animations…
Après, chacun son problème. Régler ses compte avec la blogosphère sur un blog, pourquoi pas. C’est la liberté d’expression ! Mais après avoir lu cet article de Julie et les commentaires élogieux à son sujet… je suis, comme toi, bien heureuse d’avoir lu de la bonne grosse revendication de meuf, mais ça me laisse aussi un goût amer. Je suis triste pour elle, et sa vision virulemment triste me rend triste.
Blog ou pas blog, être auto-entrepreneur, c’est ça. Certes ce n’est pas gratuit, les cadeaux sont pas des cadeaux… OK ! Mais j’ai envie de dire que *humhum* si t’es pas contente tu te casses et tu fais autre chose, ce n’est pas la peine de t’en prendre aux lecteurs-ices, ce qui en soit n’est pas une bonne stratégie je pense si tu cherches aussi à te faire plaindre. Absurde.
J’ai un super bon plan moi : t’es pas content, débrouille toi pour que ca change !
Signé la fille qui du jour au lendemain a fermé son site web, son blog, sa chaine Youtube, et qui n’en ressort que plus légère et heureuse (surtout de ne pas avoir à s’en justifier !!).
Marie
22 juillet 2018
Je suis assez d’accord avec toi sur le côté « rêve » de la monétisation, qui découle de notre panurgisme à vouloir à tout prix faire comme les autres et/ou d’un petit manque d’imagination et/ou du matraquage de « success stories » de blogueuses et blogueurs dont le « succès » est mesuré uniquement au regard des revenus qu’ils·elles engrangent.
Mais c’est la société capitaliste qui fait ça. Ce réflexe de vouloir tirer à tout prix de l’argent du moindre projet créatif et personnel que l’on fait est un poison. Cela crée en plus une énorme pression : quid si ce que je crée est mauvais, pas assez « à la mode », si ça ne se vend pas ? Cela peut être très décourageant (alors qu’au fond, non, vendre ses créations n’est pas le But Ultime de la Vie).
J’ai le même raisonnement que toi. Après, peut-être que c’est juste parce que je n’ai pas encore trouvé LE TRUC tellement palpitant qui me ferait accepter toutes ces corvées en contre-partie.
Perso, mon but dans la vie est d’avoir le moins de corvées possible, d’avoir le plus de temps libre possible pour faire « mes trucs », je crois que je n’ai pas du tout l’état d’esprit de l’entrepreneuriat (et je me porte très bien). Chacun·e son truc…
Après, j’ai la chance d’avoir des compétences qui me permettent de faire un métier salarié très intéressant, et de ne pas ressentir le besoin de créer mon propre métier et de l’assumer à 100 % en créant ma boîte. Cela viendra peut-être un jour, mais à l’heure actuelle je m’en sens à des années-lumière.
À l’occaz, ça m’intéresserait quand même que tu me racontes ! :)
Hoppipolla
29 juin 2018
Hello Marie :)
Comme je te le disais, ton article (et celui qui l’a «inspiré ») a déclenché plein de réflexion en moi, notamment parce que le sujet m’intéresse beaucoup, voire me passionne.
Au final, j’ai plus réagi en lisant d’autres parties de son billet que celles que tu relèves ^^° En particulier la partie où elle mélange joyeusement salariat, freelance, side projects et consorts. (C’est d’ailleurs en lien avec ce que tu évoques, concernant la tentation de monnayer sa créativité). Il y aurait beaucoup à dire sur ce paragraphe uniquement, mais comme je sais que mon commentaire sera déjà très long, je vais éviter de faire une tartine plus grosse encore.
Pour revenir à ce que tu relèves, je suis probablement très cynique sur le sujet, mais le thème des blogueuses et blogueurs se plaignant du manque d’investissement (en like ou autres interactions sur les réseaux sociaux notamment) est un serpent de mer tristement éculé aujourd’hui. Je dois avouer que ce type de remarques ne déclenche plus chez moi qu’un roulement des yeux agrémenté d’un « c’est l’jeu ma pov’ Lucette ». Je pars du principe que ces personnes connaissent pertinemment les règles du jeu, et qu’il n’y a guère plus qu’elles et une petite poignée de personnes pour s’émouvoir, avec des trémolos dans la plume, de leur grande générosité à fournir gratuitement du contenu aux gens ;) Dans ce type de démarches, quand c’est gratuit, c’est toi le produit. Tout le monde le sait, arrêtons l’hypocrisie cinq minutes.
Il faut également un sacré culot – ou une bonne dose de naïveté, mais je ne suis pas dupe, là encore ;) – pour affirmer tenir un blog poussant à la consommation tout en déclarant que son audience a un problème à avec son rapport à ladite consommation, si elle se sent tentée d’acheter les produits mentionnés.
Pour être honnête, cela fait un moment que je vois ces blogs, chaînes Youtube, comptes Instagram et consorts plus comme des versions renouvellées des réunions Tupperware. Il s’agit, à mon sens, ni plus ni moins qu’une version 2.0 des démonstrations-ventes à domiciles qui avaient lieu avant l’avènement du web, c’est particulièrement flagrant dans le cas des chaînes et blogs beauté et mode.
Ta réflexion sur la pub et l’ironie de ce type de démarche sur des médias se targuant d’être éco-friendly, voire responsables, m’a énormément intéressée, je suis entièrement d’accord avec toi sur ce sujet passionnant, qui mérite d’être fouillé.
Je vais me permettre un petit point sur l’aspect services presse, éditeurs, et culture en général, parce que c’est un milieu que je connais bien, pour avoir été des deux côtés de la barrière, et avoir croisés des personnes appliquant de bonnes pratiques, et d’autres des mauvaises, des deux côtés également.
Petit contexte (disclaimer) 3615 ma vie : il se trouve que j’ai eu la grande chance d’apprendre le système des services de presse lorsque je travaillais dans une petite maison d’édition, qui appliquait rigoureusement de bonnes pratiques sur le sujet, et me les a transmise au début de ma carrière, donc. Si j’avais travaillé dans une structure différente, considérant ses relations avec les médias différemment (de manière plus cynique, dirons-nous), mon avis sur la chose aurait très probablement été différent, donc.
On m’a donc appris, à l’époque, les règles et usages du monde de l’édition (qui sont nombreux, là aussi il y’aurait matière à écrire des tartines), et donc ceux des services presse, à savoir :
– un service presse n’est pas un cadeau, mais un outil. Un·e journaliste ou blogueuse/blogueur sérieux ne le verra pas comme tel, mais comme un moyen de faire son travail. De la même manière que de se rendre à une visite presse d’exposition ou une avant-première de film lui permet de découvrir l’oeuvre, ce n’est pas une sortie entre amie où on t’offre le ciné/une expo pour te faire plaisir. De la même manière que, quand tu bosses dans l’édition, tu lis une palanquée de bouquins, techniquement tu lis pour gagner ta vie, mais cela reste un travail. Là encore il y’aurait beaucoup à dire à ce sujet, mais je risque de m’éparpiller donc je vais en rester là !
– la personne qui le reçoit n’a aucune obligation de rédiger un article/produire une vidéo/un segment radio à son sujet : on lui envoie le livre parce qu’on a ciblé notre démarche envers les journalistes/blogueurs dont on sait qu’ils pourraient être interessé·e·s par l’ouvrage. On espère évidemment que la personne appréciera le livre et qu’elle produira une chronique suite à sa lecture, mais ce n’est pas une certitude. Ça fait partie du jeu.
– Le coût des services presse est prévu dans le budget de la maison d’édition tout comme celui des SP envoyés aux libraires. Certaines refusent d’ailleurs farouchement d’en envoyer, quel que soit le média. Dans tous les cas, même si les SP sont mesurés pour éviter le trop grand nombre d’envois (car il faut imprimer, stocker et envoyer les livres, donc prévoir également le coût de la livraison), il reste difficile de réellement mesurer le retour sur investissement. C’est d’ailleurs un des avantages de l’arrivée du numérique : la possibilité d’envoyer des SP aux médias ou libraires, en avant-première, sans avoir à prévoir des frais d’impression – parfois d’épreuves non-corrigées pour des questions de planning de publication. D’ailleurs ça évite aussi aux libraires d’emporter des kilos de bouquins sur leur lieu de vacances pour préparer la rentrée littéraire, ce qui n’est pas plus mal si ça leur évite un lumbago ou une scoliose. (Là encore, il y’aurait beaucoup à dire et développer sur la rentrée littéraire, le nombre de livres, le coût carbone de cette grande mascarade, mais ce n’est pas le sujet immédiat ^^.)
– L’impression et l’envoi de SP représente un coût assez lourd, ne le cachons pas. D’où la tentation chez certaines maisons d’édition de « sécuriser » un retour sur investissement et de passer au mode partenariat, qui est très différent d’un service presse, car il s’agit ici d’un contrat (écrit ou non), stipulant que le blog devra publier tant de chroniques sur tant de livre de la maison d’édition sur une période donnée, avec une sorte d’exclusivité sur les contenus (aka, on ne parle pas des concurrent·e·s). J’ai croisé ce type de propositions dans ma vie de blogueuse, de la part de « grosses » maisons d’éditions, connues, et le postulat de départ est très différent d’un SP. La relation est biaisée dès le départ. Malheureusement, beaucoup de blogueuses et blogueurs ne font pas la distinction, souvent parmi les « débutant·e·s » d’ailleurs (le fameux « Hiiiii, on m’offre des livres, trop cool, hihihihi ! »). J’ai pris le temps de discuter de ces différentes avec l’équipe de mon webzine, au fil du temps, et la distinction a toujours été claire à partir de là. Ce type de partenariats ne nous intéressaient pas. Nous acceptons (acceptions, vu que nous publions peu ces temps-ci) cependant des SP lorsque nous étions certain·e·s qu’il n’y avait pas d’obligation formelle quant à une chronique du livre envoyé, ni du contenu de ladite chronique. (Bon de toute façon, mon équipe a toujours été du genre « J’suis chez moi, j’fais c’que je veux », pas tellement du genre à se laisser imposer le contenu de ses chronique. ) Et au pire, que peut-il se passer ? La maison d’édition décide de nous rayer de ses listes, tant pis. ça ne nous empêche pas d’acheter ses livres, s’ils nous intéressent, et même de les chroniquer, parfois ;)
Il y’aurait tant à dire sur ce sujet… Mais je crois que mon commentaire est déjà aussi long que ton article, donc je vais arrêter ma tartine ici ^^
Raphaël
30 juin 2018
Merci pour ton point de vue de l’autre coté de la barrière.
Il y a encore quelques services de presse qui comprennent comment ça marche et sont respectueux de la relation qu’ils entretiennent avec leur communauté.
Marie
28 juillet 2018
Coucou !
Je trouve enfin le temps de répondre à ton impressionnant commentaire. Tu viens peut-être de décrocher la palme du plus long commentaire jamais publié sur un de mes blogs (ce qui n’est pas peu dire) ! ;-)
Je suis très contente d’avoir ton avis sur la question, car je sais que c’est un sujet que tu connais bien et auquel tu t’intéresses depuis longtemps.
Ouais, c’est vrai. Je suis en train de lire Beauté fatale de Mona Chollet, elle parle de ce « backlash » (retour de fouet) qui a lieu depuis les années 90 en réaction aux avancées féministes des années 70. Le retour à la réduction des femmes à leur apparence physique, et, de manière plus pernicieuse, la valorisation d’une société strictement genrée, « rassurante » vis-à-vis du chaos politique et sociétal.
Ce livre est en train d’apporter énormément d’eau à mon moulin (je n’y suis pas encore, mais apparemment dans le chapitre 3 il est question justement des blogs beauté/mode), et je pense que ça va nourrir d’autres réflexions, en écho à ce billet-ci et à celui que j’avais écrit suite à ma lecture du bouquin de Titiou Lecoq.
Merci ! C’est une amie qui m’a fait prendre conscience de ce paradoxe, lorsqu’on échangeait pendant la relecture de mon billet. Si jamais je trouve des analyses sur la question, je les partagerai, promis !
Tu as eu de la grande chance ! Je suis un peu hors sujet, mais les gens sur qui on tombe au début de notre vie professionnelle jouent un rôle tellement important… Je m’en rends compte chaque jour.
Je te remercie d’avoir pris le temps de détailler ton expérience et de partager ton analyse au sujet des SP et de ce qu’ils impliquent. Je rebondis sur ce point :
Tout à fait, et je l’ai appris aux dépens de ma motivation pour le webzinat… Au début je trouvais ça extraordinaire de recevoir des bouquins « gratuits », j’étais super enthousiaste, je ne me rendais pas compte. Et puis progressivement je me suis rendue compte que chaque nouveau service presse était un nouveau fil à la patte, une nouvelle obligation.
D’ailleurs, au fil des ans on m’a envoyé pas mal d’œuvres, de disques, de livres, que j’ai mis de côté et dont je n’ai jamais parlé (en dépit de mes promesses à ce sujet). C’était ridicule et irrespectueux, et en ça je pense que je n’ai jamais été – et ne serai sans doute jamais – une blogueuse « sérieuse » (comprendre : professionnelle).
Dans la vie, j’ai envie de devoir le moins de choses aux autres, d’avoir le moins d’engagements possible. Il m’apparaît évident aujourd’hui que coordonner un webzine n’était pas du tout adapté à ma personnalité. Et c’est aussi pour cette raison que je n’arriverais pas, je pense, à coordonner des partenariats, gérer un planning de publication qui ne dépend pas que de moi, etc. Cela m’emmerderait royalement.
annso
29 juin 2018
Merci pour ton article, ça me donne envie de réagir !!
Mes commentaires vont un peu dévier de la question, comme une conversation, parce que ce que tu dis en moi fait écho pour d’autres choses. Du coup, je vais disgresser, j’espère que tu me pardonnera !
Première réaction, quand tu parles d’affiliation :
Je lis ça pile une semaine après avoir mis en place des liens d’affiliations sur mon blog privé. Forcément donc, je me sens visée et coupable d’autant que j’ai longuement hésité et que je ne suis pas sûre de mon coup. Mais je vais essayer d’expliquer mes raisons pour avoir mis en place de l’affiliation sur mon blog privé. Ce blog est un endroit où je parle de mes lectures. Je commente longuement les livres (souvent des essais) que j’ai lu et je fais des parallèles vers d’autres livres qui abordent la même problématique : bref, dans un article, il n’est pas rare que je parle de 3 ou 4 livres que j’ai lu, de mon plein gré (et choisi moi-même avec soin). Ce blog a un an et demi, et donc pendant toute cette période, on peut dire que j’ai régulièrement fait de la pub et poussé à la consommation ; mais « librement » puisque j’étais entièrement maître du contenu. Et puis, la semaine dernière du coup, j’ai décidé d’ajouter des tags d’affiliations parce que… soyons honnête… l’appel de l’argent, pour acheter encore plus de livres, et en recommander encore plus ! Et si je pousse plus loin dans mes motivations, je crois que j’avais aussi envie d’un « salaire » : résumer et parler d’ouvrages qui ne sont pas de la fiction demande pas mal de temps d’analyse et de synthèse ! Je partage ce travail volontiers avec mon lectorat (car il me sert à moi aussi, c’est hyper intéressant de synthétiser ce que j’apprend et je découvre) mais je me dis parfois que ça mérite une reconnaissance, et je crois que mon esprit a bien intégré que argent=reconnaissance.
Tout ça pour dire que pour le moment, je n’ai mis les tags d’affiliation que sur des articles que j’avais déjà écrit donc, de fait je sais que la qualité de mes articles n’a pas baissée. « À part » l’aspect traçage de mes lecteurs (est-ce qu’on peut dire que ce point est compensé par le fait que je n’ai même pas installé analytics sur ce blog ?) donc, je trouve la mise en place de cette « monétisation » (qui ne m’a rien monétisé jusque là :D) plutôt innofensive sur la qualité de mes écrits et la liberté qu’elle me laisse. On verra avec le temps. Mais comme je le disais, je ne suis qu’à moitiée sûre de moi. Si ça ne me rapporte rien, je l’enlèverais surement. Si je me rends compte (mais s’en rend-on compte facilement ?) que j’ai tendance à faire des liens affiliés que je n’aurais pas fait avant, j’arrêterais aussi. Qui vivra verra !
Ensuite, j’ai eu envie de réagir sur le passage sur
qui rhaaaaa, moi aussi m’a énervé ! Ça m’énerve tellement quand je passe 20 minutes dans ma tête à me demander si ce truc qui me fait envie vaut bien son prix, avant de réaliser que la personne qui me le « vend » n’a pas eu à payer ce prix elle. Elle n’a pas fait l’effort mental de savoir si ça rentrait dans le budget ou pas, si cet objet là était mieux qu’un autre, etc…Et pour finir, j’avais envie de réagir sur le fait de monétiser son activité créative : est-ce une mauvaise idée ? Je ne sais pas si c’est tout à fait similaire mais voilà un an que j’ai commencé à monétiser mon activité de photographe. J’avais envie d’essayer, en plus de mon métier, de voir ce que ça fait d’en faire une activité rentable. Sans surprise, ça a totalement changé ma pratique, je me suis professionnalisée, mais je crois que c’est bien. Et étrangement, j’aime beaucoup certains aspects « non-photographe » de l’activité professionnelle car j’apprends des choses (avoir un argumentaire de vente, créer un tunnel d’achat, établir une carte des tarifs : je me pose pleins de questions, et je trouve ça chouette). Mais par contre, effectivement, d’autres aspects sont insupportables (dans mon cas, tout ce qui est promotion : animer ma « marque » et ma communauté, poster régulièrement sur les réseaux, tout ça, je le déteste, et je crois que je le fais très mal du coup :D).
(Bon, maintenant, il ne me reste plus qu’à décider avec quoi je signe : mon blog privé, mon activité de photographe ou encore une troisième URL ? ? #multicasquette #segmentation #normalementJeSéparerToutÇa #maisCestCompliqueQuandOnVeutParlerAvecToiHaha)
Marie
28 juillet 2018
Coucou !
Pas de souci, c’est fait pour ça :)
Je ne te visais pas du tout, personnellement, étant donné que je ne connais pas l’URL de ton blog privé. Je serais bien en peine de faire une quelconque remarque à ce sujet !
Que tu te sentes concernée, par contre, je le comprends. J’ai pas de leçon à te faire, ni de conseil à te donner pour te sentir plus en paix avec les liens affiliés. Si tu les a mis en place, c’est que tu as tes raisons.
Je pense qu’il faut relativiser : entre quelques liens affiliés que tu ajoutes dans des billets où tu parles de livres dont tu aurais parlé même sans lien affilié, et l’invasion de ton compte Instagram, de tes tweets et de tes billets par de la pub cachée commandée par une marque, il y a un monde…
Les liens affiliés restent de la pub (comme de l’amorce pour faire mordre les lecteurs et lectrices à l’hameçon), mais c’est de la pub plus discrète que de la pub. Un lien affilié ne te rapporte quelque chose que si la personne a effectivement acheté le livre via ton lien. Le fait qu’elle clique dessus n’a aucune incidence sur ce que tu touches (je crois même que, pour certaines régies pub, plus un lien est cliqué sans que la personne ne l’achète, plus ça fait baisser le taux que tu touches quand quelqu’un finit par l’acheter).
Alors que les bandeaux de pub génèrent de la maille en fonction des pages vues, et que le placement produit / marque a le même effet que la pub accrochée en ville : on ne peut pas ne pas la voir, et une fois qu’on l’a vue, on ne peut plus la « dé-voir ». Le mal est fait, la graine de la tentation d’achat compulsif est plantée.
Je ne suis pas en train d’essayer de te déculpabiliser – c’est juste une tentative de relativiser et de prendre du recul sur les différentes pratiques de monétisation qui existent. J’estime que certaines sont pires que d’autres (mais c’est un point de vue très personnel, je ne prétends pas détenir la Vérité Vraie à ce sujet).
Non, parce que la régie qui te permet de faire des liens affiliés agrègent bien ces stats, elle. Et on ne sait pas trop ce qu’elle en fait (d’ailleurs, c’est sans doute un point à creuser et à indiquer dans ta page Politique de confidentialité). Si c’est Amazon ou Priceminister, typiquement les données collectées vont servir à personnaliser les bandeaux de pub affichés tout au long de la navigateur de l’utilisateur. Ça laisse donc des traces, et ça te poursuit longtemps.
Chacun·e voit midi à sa porte ;-) Difficile pour moi d’épiloguer sur le sujet, n’étant pas en mesure de juger le volume de liens affiliés par rapport à tes contenus habituels. Mais peut-être que ça serait intéressant d’ouvrir le dialogue avec les personnes qui lisent ton blog, pour leur expliquer ta démarche et recueillir leurs avis ?
Même si je vois mal quelqu’un que le sujet intéresse, qui aura acheté un livre intéressant via ton blog, te reprocher quoi que ce soit – n’ayant pas forcément conscience du « prix invisible » de l‘affiliation (cookies et modification des contenus proposés lors de sa navigation sur le net, pistage… dont je parlais plus haut). C’est pour ça qu’être bien transparente sur ce point me paraît indispensable, pour que chacun·e consulte ton blog en son âme et conscience (ou mette en place les outils nécessaires pour empêcher le pistage – je pense à Ghostery par exemple).
À titre personnel, je pense que la pub, quelle qu’elle soit, n’est jamais inoffensive.
Ça m’intéressera de savoir si ces liens affiliées t’ont rapporté quelque chose, et si ce quelque chose valait le coup en tout cas ! Expérimenter, c’est toujours intéressant !
Perso, j’avais testé ça par le passé sur mon autre blog. Mais j’ai arrêté car la législation a changé et il faut désormais déclarer ces revenus, ce que je n’étais absolument pas prête à faire. Donc j’ai tout supprimé et franchement, vu les sommes ridicules que ça me rapportait, ça n’a rien changé à ma vie.
Il n’y a pas de réponse universelle à cette question. C’est très personnel comme décision, de créer une entreprise et de s’investir corps et âme dans une nouvelle activité professionnelle (d’autant plus quand ça touche à une grande passion). Je pense que quelles que soient les expériences qu’on vit, elles ont toutes quelque chose à nous apprendre. Si t’essayes pas, tu peux pas savoir. Et parfois t’essayes en mode « coup de poker », et ça marche de fou. C’est tout le mal que je te souhaite ! :-)
Raphaël
30 juin 2018
Salut,
Je te rejoins sur le coté « tu n’es pas obligée d’acheter ce qu’on te présente sur un blog. » culpabilisant pour le lecteur et déresponsabilisant pour l’auteure. J’ai juste envie de dire « Tu fais de la pub, ça participe à la société de consommation, ton avis influencer x% de lecteurs et lectrices et si ce n’est pas le cas, tu fais mal ton boulot et ça ne va pas durer longtemps. T’es juste la version 2.0 de la démonstratrice en magasin, du vendeur à la criée : Il est frais mon poisson ! »
Delà, ce qui me gêne c’est souvent le coté non assumé de la monétisation des blogs. Ça se traduit souvent par deux choses :
– Un ton faussement complice, cool, où tout est géniale, beau et simple. Mais bien-sur au bout de 3 articles comme ça, ça devient juste chiant de « mignontitude » ou d’injonctions a être au tops
– Et le non respect de la loi, sachant que toutes publicités doivent être facilement identifiables.
Une fois que le coté monétisation direct ou indirect est assumé et bien pas de soucis. Ça clarifie les choses, c’est plus sain pour tout le monde. On retombe soit dans le modèle du magazine qui vends des encarts publicitaires, soit du blog qui permet de soutenir une marque qui vend des produits ou des services par ailleurs, soit dans le cas de l’amateur-passioné qui va amortir une partie de ses frais.
À l’inverse, ne pas monétiser est aussi un choix à assumer financièrement, temporellement, éthiquement. Il n’est pas forcément plus facile et demande aussi pas mal d’engagement mais permet d’être cohérent avec ses aspirations (et de changer du jour au lendemain si on a envie).
Marie
28 juillet 2018
Salut !
Absolument. Et je pense que c’est particulièrement aggravé dans la blogosphère féminine, puisqu’on éduque les filles à être sages, polies, souriantes, à prendre soin des autres, à ne pas faire de vagues, etc. Donc ce sont des comportements qu’on retrouve chez les adultes, et je suis d’accord que quand cette notion de « care » est mise au profit de la vente, c’est totalement insupportable.
Ouais. Perso, je pense qu’on est plus libre sans tous ces fils à la patte (car mine de rien, monétiser un blog ça génère beaucoup de paperasse, de mails, de charge mentale et de corvées, aussi). Si du jour au lendemain tu as envie de tout effacer et de te casser, tu peux le faire – alors que quand tu as des partenariats à honorer, et que tu t’es engagé·e sur plusieurs mois, c’est impossible.
L’idée que chacun de nos loisirs devrait impérativement nous rapporter quelque chose en échange me met toujours aussi mal à l’aise. Je le vis comme une menace, même : en gros, plus aucun hobby ne peut échapper à l’impératif de rentabilité, la recherche de profit va réussir à dénaturer la moindre envie de partager quelque chose avec autrui, on n’a même pas échangé trois mots avec nos lecteurs et lectrices qu’on est déjà en train de leur soutirer du fric et des informations personnelles… Ça me file des frissons d’angoisse. Je ne veux pas de ce web-là.
Philippe
30 juin 2018
Je trouve enfin le temps de lire ce billet à tête reposée et… bravo, ça fait bien du bien de lire cela.
Internet… au départ personne n’y croyait sauf quelques informaticiens érudits et toute une génération qui y vit un lieu d’échange, de rencontres et de bienveillance.#mondeDeBisounours #caricature
Dans cette somme d’informations, il était facile de trouver des conseils. Étant moi même modérateur sur un photo le but premier de ce forum est le conseil, le partage d’une même passion.
Certes le forum est affilié à une marque, simplement parce qu’au départ c’était la marque commune à une poignée de passionnés qui aimaient sa philosophie. Cela a eu de bons côtés (des concours internes avec une dotation fournie par la marque, l’essaie de certaines pré-séries) mais cela n’a pas empêché d’être critique et même si aujourd’hui certains ont changé de marque on s’en fiche, on parle toujours photo. Mais bon, le forum est encore un domaine à part (où justement une partie de la modération consiste à calmer les ego et la pub plus ou moins dissimulée), là on part blog.
Donc petit à petit, les influenceurs sont apparus.
« Ah tu te renseignes pour acheter ça ? Demande à Machin il s’y connait ». Machin n’a rien demandé, c’est juste un passionné, qui échange avec d’autres passionnés, se renseigne, jusqu’à être reconnu par ses proches comme calé sur un sujet. Si bien que quand Machin conseille, il le fait d’une manière beaucoup plus accessible par des humains que la dernier brochure photo de la F**c (ça marche avec beaucoup d’autres enseignes).
Puis les marques ont fini par en avoir vent… Si bien qu’un matin en weekly marketing George dit à Jeannine « Dis, j’ai vu ma fille suivre les conseils d’un blog sur Internet, tu imagines qu’au lieu de dépenser 100xxx… € en campagne pub* on pourrait juste envoyer un colis à cette blogueuse et on aurait de la pub gratos.
(*Campagne aurait nécessitée 5 charettes de 3 freelances et une maquette nommée v14-final5-copie2.psd)
En quelques années, on est passé de « personnellement j’utilise ce casque audio, ce n’est pas le meilleur mais il me convient très bien pour l’usage que j’en fais et son rapport qualité prix et génial » à « on a testé le casque Bidule©, il est vraiment super parce qu’il est top ! Et il ne coûte que 499€ mais avec le code « blogDeRoger2018″ vous aurez -15% sur la housse de rangement. Merci Bidule© je vais l’utiliser tous les jours (surtout qu’à la rédac, on en a reçu 3 gratos). »
Le tout sur un site avec 3 bannières dont 2 vidéos, un système de commentaire qui t’oblige à t’inscrire (coucou les données perso), le navigateur qui te demande si tu veux activer les notifications desktop et un avertissement sur les cookies qui prend 1/3 de la page….
Enfer et damnation.
En plus de perdre l’esprit critique on est attaqué visuellement et sur mobile c’est pire… Tu dis que la bannière vidéo est une invention du Malin mais sur mobile c’est le 10e cercle de l’Enfer. Le gros splash screen avec une touuuutte petite croix si bien que tu vas cliquer sur la bannière quand même. Comment cela peut-il être pratiquer en 2018 ?
On s’est battu durant des années pour sortir des vieilles popups dégueulasses des années 2000 et 20 ans plus tard la navigation mobile est devenu l’enfer sur terre. Je ne comprends pas comment cela ne génère pas plus de bad buzz. Il y a des critiques mais comme les sites génèrent de l’argent on ne change rien… [SPOILER] L’argent fait tourner le monde… [/SPOILER]
Je ne vais pas parler de ceux qui ne font qu’agglutiner le contenu d’autrui (dont celui de Machin, vous savez l’ami super calé qui conseille gentiment). Le pire c’est qu’elles se disent experts mais elles ne sont compétentes qu’en paraphrase et en conception de sites qui ne servent qu’à générer des vues et collecter des infos. (« Découvre les 10 pires sites putaclics, le 4e va t’étonner ! »)
Pour en finir avec Machin, on lui a tellement dit « tu t’y connais trop, tu devrais en faire ton activité » qu’il est devenu auto entrepreneur. Mais depuis il a retrouvé un CDI et garde sa passion pour son temps libre.
(Attention, je n’ai rien contre les auto entrepreneurs, ils ont tout mon respect mais ça m’énerve d’entendre des discours de « l’auto entrepreneuriat est la solution miracle » alors que c’est galère et que ceux qui y arrivent ont beaucoup de mérite).
Cette perversité du web en en arrive au point où certains navigateurs voient le jour (comme Brave, mais il y en a sûrement d’autres) qui se veulent bloqueur de pubs et de collectes d’informations.
Le problème c’est qu’il est parfois impossible d’accéder à un contenu (replay d’une vidéo, article d’un journal) si on ne débloque pas les 3min de publicités vidéos.
Donc voilà, c’est bien dommage que ce phénomène soit tant accepté sans que plus de personne ne disent « mais on s’en fout de ton test, normal que tu aimes ce produit on te l’a offert / on t’a payé pour en parler et tu le rends dans 1 semaine » Parfois je suis sur YouTube, sur des chaines que j’aime bien ou je repense à d’anciennes chaines et je me dis « ils auraient mérité que leur chaîne leur rapporte quelque chose parce que le contenu était vraiment de qualité.
Puis je me rappelle qu’ils étaient anti-pub et qu’ils ont fini par se faire connaître par leurs qualités et non leur buzz quelconque… Malheureusement ce n’est pas le cas pour tout le monde.
Pour finir, je suis bien heureux qu’il reste des blogs comme le tien, remplis de bienveillance et de passion qui rassemblent des personnes différentes mais se retrouvant autours de certaines valeurs et centres d’intérêts sans que cela ne fasse de bruit.
À croire que sur Internet, le proverbe « vivons heureux, vivons cachés » va de plus en plus s’appliquer…
(désolé du pavé :D )
Marie
28 juillet 2018
Salut Philippe !
C’est exactement ça ! ^^
Absolument, pour moi ça touche à la neutralité du net. C’est inconcevable de bloquer l’accès à un contenu public par ailleurs (je ne parle pas des articles payants sur les sites de presse) parce que tu refuses de perdre 2 minutes à regarder une publicité vidéo pour des tests de grossesse ou des tortellini.
Je pense que si un jour on colonise une autre planète, on la flinguera tout pareil avec des panneaux publicitaires à chaque coin de rocher.
Le capitalisme ruine vraiment tout…
À la rigueur, ça m’intéresserait de lire des choses à propos de système de troc, par exemple. En mode : je suis blogueuse/blogueur, je consacre tant de temps par semaine à préparer des contenus originaux pour mon blog, je n’ai rien monétisé, mais en échange ça serait cool qu’on troque ou que vous m’apportiez quelque chose en échange.
Pour ma part, si j’estimais que mon activité bloguesque « méritait » une compensation, recevoir des commentaires comme le tien compenserait largement le temps investi. Mais je ne vois pas les choses comme ça. Je ne blogue pas pour obtenir quelque chose. Si j’obtiens quand même quelque chose, c’est la cerise sur le gâteau, mais ce n’est pas mon objectif premier.
Peut-être que c’est le fait d’avoir grandi sur un Internet relativement « vierge » et préservé, à la fin des années 90, qui m’a inculqué cette pratique désintéressée du blogging et du partage. Sincèrement, certains jours, je ne reconnais absolument pas ce qu’est devenue la blogosphère. Et je lutte régulièrement contre le risque d’être contaminée à mon tour.
Merci ! Vive les chemins de traverse et les univers alternatifs pas rentables :)
Stella Polaris
30 juin 2018
Finalement, est-ce que monétiser par le partenariat/le sponsoring, ce n’est pas la solution de facilité et de paresse intellectuelle ? Comme tu le dis, il y a d’autres voies (livres, vente d’autres produits ou services, etc.) mais toutes demandent plus d’effort, que ce soit au niveau de la réflexion préalable ou de la mise en œuvre. En fait, peut-être que c’est de cette paresse (avec toutes les compromissions qu’elle engendre) qu’on accuse les blogueuses en question, au fond, plutôt que de vouloir gagner de l’argent en soi…
(Par contre, certaines lectrices et lecteurs me semblent faire preuve d’immaturité quand la critique est sur le registre « ouin c’est trop méchant de me faire rêver avec des trucs que je ne peux pas m’offrir ! » Y a un moment, faut accepter qu’on ne peut pas avoir tout ce qui nous fait envie : c’est une leçon qu’on reçoit déjà enfant, normalement ! Gérer sa frustration de façon positive, voire constructive et créative, ça fait partie du fait d’être adulte, me semble-t-il.)
Marie
28 juillet 2018
Je ne suis pas sûre. J’ai lu plusieurs témoignages de blogueuses qui prennent leurs partenariats très au sérieux et créent du contenu hyper quali pour les marques, et ça demande beaucoup de boulot aussi (comme n’importe quel travail de commande).
Mais du coup, j’ai d’autant plus de mal à comprendre pourquoi ne pas consacrer ce temps énorme à faire les choses pour soi (par exemple, créer des trucs et s’occuper d’une boutique en ligne).
Oui ! Mais tu ne contrôles pas le niveau de maturité des lecteurs·rices de ton blog. Par contre, tu maîtrises la réponse que tu donnes à ces réactions. Et c’est là que le bât a blessé, pour moi.
Eirwen
30 juin 2018
Je suis plutôt d’accord avec toi sur l’ensemble, surtout sur le passage bien condescendant à propos de « pas être obligé d’acheter ce qu’on voit », alors que justement le matraquage est une technique de com super efficace – qui ne pousse pas à l’achat immédiat mais plutôt à avoir les cibles à l’usure, que ce soit en créant un nouveau « besoin » ou simplement en s’assurant que le jour où on aura besoin d’un truc X on se rappellera de la marque en question parce qu’on y aura été exposé si longtemps.
En plus bon on ici parle de marques, mais ça marche avec tout, y compris politiquement ce qui est bien glauque :/
Après personnellement en tant que freelance, je comprends bien le dilemme éthique vs sous. Quand je me fais contacter par une grosse compagnie bancaire pour un contrat bien payé, ça m’enchante pas au niveau de l’éthique car c’est pas très aligné avec mes valeurs personnelles. Quand j’ai l’opportunité de faire des trucs dans le mieux plus associatif, créatif, j’adore et niveau éthique y a pas mieux, seulement je travaille souvent à perte dans ces situations. Du coup, l’équilibre très fragile que je me force à accepter aujourd’hui est de prendre les £££ des contrats qui m’enchantent pas tellement éthiquement, ce qui me permet de (sur)vivre en faisant des trucs moins lucratifs mais plus en raccord avec mes valeurs.
Quand je transpose ça au blogueurs, youtubers, etc., je vois bien la similarité. La monétisation leur permet de créer du contenu par ailleurs. Alors c’est sûr que y en a qui basent absolument tout leur contenu sur des partenariats etc. et franchement c’est fatiguant de se faire matraquer comme ça :/ Il y a aussi les placements sournois et discrets… Ou tout simplement les bannières de pub sur du contenu autrement pas monétisé… J’aime bien le système de patrons/mécènes/tips, seulement à mon niveau je ne l’utilise pas, car je n’ai juste pas les moyens, même pour des petites sommes. Pourtant, j’aimerais pouvoir aider les créateurs dont j’apprécie le contenu. Alors d’une certaine manière, je suis contente de me prendre une pub ou de voir qu’ils font un contenu sponsorisé. C’est sûr, l’idéal serait que tous les créateurs puissent monétiser d’une manière plus agréable pour nous, plus éthique peut-être, comme certains sur youtube qui collaborent avec des organismes (par exemple je pense à Nota Bene qui a l’air d’être pas mal avec ses vidéos financées par des conseils départementaux/régionaux), mais clairement tous les créateurs n’ont pas ces opportunités malgré un contenu de grande qualité.
Marie
28 juillet 2018
Je te remercie de ce retour d’expérience, qui m’ouvre les yeux. La comparaison me semble pertinente. Je juge un peu moins sévèrement les blogueurs/blogueuses qui créent leur propre univers par ailleurs, mais qui ont en effet besoin d’avoir des revenus complémentaires pour s’en sortir.
Par contre, j’ai toujours autant du mal avec les blogs qui ne vivent que des bandeaux de pub criards et des placements produits, d’autant plus si leurs thèmes de prédilection sont super stéréotypés (genre blog mode « classique »). Ça n’apporte rien, ça existe déjà en 100 000 exemplaires, bref je m’emmerde sec (et en plus mon expérience utilisateur est ruinée par la pub et le fait qu’on me prend pour une idiote incapable de déceler les placements produits).
Itou ! Perso, je contribue à quelques Patreon, mais j’aimerais pouvoir faire plus. J’essaie autant que possible d’acheter de temps en temps des créations de mes artistes préféré·es si c’est dans mes moyens.
J’ai aussi pour projet de leur consacrer des billets entiers sur LLM, pour contribuer à faire connaître davantage leur travail. Si cela peut permettre à de futur·es fans de les découvrir et de les soutenir, c’est cool ! Je trouve qu’on parle toujours un peu des mêmes, et j’ai envie de relever mes manches pour proposer une alternative à ce sujet.
Lucie Guë
30 juin 2018
Quel sujet compliqué !
Je dois avouer ne pas avoir lu le billet de Julie en entier, son argumentaire m’a un peu ennuyée. J’aurais aimé avoir des chiffres, des vrais écrits en toutes lettres, je ne comprends pas pourquoi (en France ?) on a tant de mal à parler d’argent.
Je te rejoins sur le sexisme de la blogosphère : pourquoi part-on du principe qu’un blog est forcément rédigé par une autrice et qu’elle ne soit lu que par des lectrices ? Une part de moi se dit qu’il est intéressant de genrer au féminin à cause de la majorité mais je sais bien que ce n’est pas le cas. Du coup ça me gave.
J’ai tenté pendant environ six mois la monétisation de mon blog via Google l’année dernière. Trop peu de gains pour beaucoup trop de nuisance visuelle, j’ai tout stoppé. J’ai aussi déjà accepté quelques partenariats, toujours en lien avec ma ligne éditoriale et ça ne m’a pas bridée dans ma liberté de ton. Enfin je ne suis pas une influenceuse aux milliers de visites quotidiennes (je me fais rire en écrivant ça) ! Désormais je lis très peu de blogs dont les billets sont systématiquement sponsorisés. Moult blogueuses (puisque dans ma liste de lecture il ne s’agissait que de femmes) sont devenues de simples panneaux publicitaires et n’écrivent plus rien d’authentique, leur blog est un gagne-pain. Ça peut me faire râler et j’ai également constaté le côté libéral de tout ça, mais je crois que c’est hélas inévitable. Ça m’a permis de faire le tri dans mes lectures et de conserver les personnes qui m’intéressent vraiment.
D’un point de vue strictement personnel, ce que la blogosphère et Instagram (par extension) sont devenus me rend un peu triste et amère, j’aimais bien ces espaces personnels où les gens dévoilaient leurs créations quelles qu’elles soient (le simple récit d’une journée étant une création). Désormais il n’est question d’argent et de développement personnel (j’y reviens !) et c’est usant, bring back l’authenticité des gens.
Après, comme la grosse vénale que je suis (lol), toutes conditions mises de côté, si demain on me propose de vivre de mon blog, franchement je crois que je dis oui.
Marie
28 juillet 2018
Merci pour ton commentaire, Lucie ! Je suis toujours contente d’avoir ton avis.
Ce matin je lisais sur je ne sais plus quel blog quelqu’un qui disait qu’elle était passionnée par ce qu’elle appelle le « blogging old school ». Ça m’a pas mal parlé. Sans doute que dans notre cas, comme on a connu les débuts du net et des espaces numériques personnels, et qu’on a nous même grandi avec tout ça, on est particulièrement sensibles à la dégénérescence capitaliste de ce qui n’était, au départ, qu’un hobby de losers.
Internet est désormais contaminé par la gagne, la pub, les marques, le fric, et personnellement ça me donne encore plus envie de me cacher dans les eaux profondes.
Je ne désespère pas, cependant, car il existe des blogs « old school » qui, même si peu subsistent, ne suivent pas du tout la logique gravée dans le marbre des blogs d’aujourd’hui. Longue vie à eux !
Marion Maillet
2 juillet 2018
Il est beau ton billet, aussi beau dans le fond que dans la forme :)
Je te rejoins à 100%, je ne vais donc pas m’étendre en tartine mais je souhaitais juste revenir sur un point en particulier.
Tu mentionnais le fait de passer de cette activité loisir à professionnelle, ce qui avait été dommageable pour plusieurs personnes autour de toi. Je sais que ce serait aussi le cas pour moi pour une seule raison (enfin, en tout cas une principale raison) : le fait que, dès lors que je suis obligée de faire quelque chose, je le fais mal, je traîne des pieds et je vois cela comme une corvée. Alors que actuellement, avec mon p’tit blog où si j’ai 40 visites par jour je suis aux anges, je me sens archi libre, j’ai hâte de poster chaque nouvel article et je suis capable de me mettre à écrire à 3h du mat’ juste pour être sûre de pouvoir le poster avant Dimanche soir … alors que je n’ai aucune réelle obligation à part ma propre envie et c’est géniale … !
Bisous :)
Marie
28 juillet 2018
Merci beaucoup, Marion ! (Je viens de te suivre sur Twitter, mais j’ai galéré à trouver ton compte, car le lien présent sur ton blog est erroné. J’ai eu raison de m’accrocher et de fouiner car tes tweets sont vraiment chouettes !)
Je ressens une joie simple et sincère dans ce passage, et cela me donne le sourire ! En effet, je crois que le plaisir doit passer avant tout. La vie est trop courte pour s’emmerder… Je me demande dans quelle mesure les personnes qui monétisent systématiquement leur écosystème numérique (blog, Insta, etc.) sont frustrées (ou pas ?) de ne pas toujours pouvoir parler de tous les sujets dont elles aimeraient parler, de peur que ça fasse fuir les annonceurs.
Perso, je serais super mal à l’aise de parler de choses personnelles sur un blog où je fais ouvertement de la pub pour des produits de consommation courante. Je sais pas, y’a un truc qui me gênerait énormément, j’aurais l’impression d’avoir un panneau de pub dans ma chambre à coucher.
Au fond, ce que je trouve le plus triste dans tout ça, ce n’est pas que les un·es et les autres fassent de la pub, après tout, je m’en fiche, j’ai arrêté de lire/de suivre les blogs et les comptes où la pub a fini par prendre trop de place.
Non, ce qui me rend triste, c’est que monétiser son blog soit devenu la norme. Que, limite, ce soit la première question que se pose un·e aspirant·e blogueur·se. Pour moi, l’ADN d’Internet a muté, et c’est un véritable drame.
Ce qui m’empêche de perdre tout espoir, ce sont les quelques étoiles qui subsistent dans ce ciel noir – ce microcosme de blogs personnels à l’ancienne, peu connus, dont on ne se partage pas l’adresse sous le manteau mais presque… Je me sens préservée, dans ces espaces-là. On y trouve une authenticité qui ne s’achète pas.
Messalyn
3 juillet 2018
Je suis de moins en moins tolérante envers cette pratique aussi, même lorsque le choix des partenariats semble étudié pour coller au mieux à l’éthique du propriétaire du blog — un travail de sélection appréciable, mais qui ne rattrape pas tout. Je sais bien que s’épouiller mutuellement n’étant plus une option de carrière depuis quelques millénaires on essaie tous de se trouver une place dans la société et qu’en y regardant bien la quantité ou le type de travail d’un blog semble se rapprocher d’une profession comme une autre, mais au final cela revient à monnayer sa sphère intime, à utiliser sciemment les outils et la culture créés par et pour les amateurs lorsqu’ils voulurent exercer leur liberté d’expression façon 2.0*. Que l’on soit transparent ou non sur l’origine de ses « reportages » et autres « tests », l’intérêt commercial de ces partenariats repose sur l’excès de confiance — complètement internalisé par ailleurs, les disclaimers écrits n’y pouvant rien — des lecteurs envers un autre individu plutôt qu’envers un commerce. L’auteur vend d’abord sa personnalité, mais le produit va de pair. Quoiqu’il en soit, oui ok, tout le monde se démène avec ses contradictions, mais bien qu’il existe des systèmes plus injustes et dégradants que le blogging sponsorisé pour gagner de l’argent, j’ai comme toi peine à lui trouver des points positifs, surtout s’il faut inclure les lecteurs.
Ah, ce passage est tellement limpide ! On pourrait presque avoir un autre débat sur le bien-fondé de la publicité gracieuse. Mais bon si je n’éprouvais pas de sentiments contradictoires à cet égard, je ne serais pas moi-même !
Sur le postulat d’un « pourquoi pas ?** » je dirais même que le nœud du problème, l’intégrité, réside dans le choix entre adapter son activité à un moyen de bénéficier de celle-ci, ou l’inverse. Pour la première option, je préfère encore un freelance qui fait son taf sans ambigüité du propos ni illusions sur sa liberté, même lorsqu’il doit renoncer à faire valoir son auguste signature.
Quant à suivre son inspiration et chercher à en tirer une rémunération, c’est sûr que c’est une voie plus hasardeuse. Quand on ne doit compter que sur soi-même, il n’est pas rare d’échouer. Il en est d’autant plus nécessaire de faire des choses pour le plaisir de leur donner corps, comme tu le pointes. Cette année j’ai remarqué que les trucs que j’ai fait pour les donner ont allégé l’anxiété engendrée par le reste (cette activité qui ne se développe pas de la façon que je lui ai prévue), le temps de leur exécution du moins. Savoir exactement à quoi m’attendre (= rien), ça m’a fait du bien !
* Oui bon, je hais cette expression mais parfois il faut faire des sacrifices sur l’autel de l’exactitude.
** Considérons l’hypothèse d’une personne x ayant une créativité si chronophage dans sa forme, qu’un métier à côté est inconciliable, et donc qu’il lui faut rentabiliser une partie de son travail, ou arrêter d’exercer. Hypothétiquement, bien sûr. Bien sûr.
PS : Achetez mes trucs.
Marie
30 juillet 2018
C’est tout à fait ça ! Qu’il y ait eu des évolutions du blogging tel qu’on le pratiquait « jadis », rien de très surprenant ; et peut-être que le fait que la principale évolution ait été cette monétisation quasi-systématique n’a rien de très surprenant non plus.
Ça renvoie un message très violent, au fond : on estime que les personnes qui lisent notre blog ou suivent notre compte Instagram/Twitter nous doivent quelque chose en échange.
Cela signifie que ce que l’on publie, qui en général est personnel, n’aurait peut-être pas de raison d’être si ce n’était pas monétisé.
Donc, que ces passions et centres d’intérêt ne sont exploités que parce qu’ils génèrent des revenus. Il n’y a plus d’insouciance, le plaisir d’offrir on peut se le carrer, et le fait que cette démarche soit dorénavant de mise lorsque n’importe quel·le ado ouvre un blog achève de me déprimer.
Ce que je remarque aussi, c’est que les blogueuses/blogueurs qui s’infiltrent dans cette voie finissent inévitablement par lisser leurs contenus, et se soumettre à une certaine esthétique « à la mode » – en tout cas à une esthétique très répandue, et qui semble avoir fait ses preuves niveau « captation d’attention » et likes.
De là découle une implacable uniformisation du net. Tout finit par se ressembler. Les photos Instagram des « grandes blogueuses à la mode » dans le domaine lifestyle (puisque c’est le domaine que j’étudie le plus à ce sujet) semblent tout droit sorties du même endroit, du même esprit. Et c’est flippant.
Outre ça, je ne comprends pas que ce soit ces comptes-là qui ont le plus de succès. J’ai envie de leur dire : TOUT SE RESSEMBLE, CE N’EST PAS INTÉRESSANT. En plus de modeler nos représentations et nos systèmes de valeurs. Voir toute cette masse se ruer sur des contenus publicitaires comme la petite vérole sur le bas peuple, pendant que des blogs indé peinent à trouver leur public et que tout le monde réclame à corps et à cris des contenus plus personnels, ça me lourde au plus haut point.
ifeelblue
3 juillet 2018
aaaaaah comme il est bon de lire ton billet! ça fait tellement de bien de voir que tout le monde n’adhère pas à la monétisation des blogs! je suis d’accord avec toi à 100%.
Je comprends que « vivre de son blog » fasse rêver, surtout si on a un boulot qu’on aime pas/peu. Mais l’omniprésence de la pub me gêne aussi beaucoup. Mon blog n’a que 5 ans donc je ne fais pas partie des « vieux de la vieille », mais les choses ont énormément changé en quelques années, je trouve. J’ai l’impression que l’écrasante majorité des blogs qui restent (parce que bon, tout se passe sur Instagram maintenant) sont monétisés d’une façon ou d’une autre. L’authenticité se fait rare.
Ah et j’ai trouvé ta réflexion sur l’influence du capitalisme extrêmement intéressante!
Marie
30 juillet 2018
Merci !
Tout à fait. L’authenticité est devenue une curiosité. On partage les URLs des blogs résistants sous le manteau.
Maintenant, je me dis aussi que cela nous laisse beaucoup de latitude pour faire ce que nous voulons, dans les interstices, pendant que tout le monde a les yeux rivés sur des écrans géants diffusant de la pub H24.
Les blogs old school et underground ont toujours existé, et la monétisation d’Internet est peut-être, paradoxalement, ce qui va le plus les pérenniser, par effet de contraste.
À titre personnel, je retire une certaine fierté d’éditer un blog qui n’a rien à voir avec ce qui est à la mode ou rapporte des tonnes de pages vues. Je suis contente de ne pas abuser de l’attention que des personnes donnent à mes publications en leur vendant des trucs. Je sais que les personnes qui lisent mon blog cherchent autre chose que les blogs mainstream, ça me motive énormément à pousser encore plus loin la singularité et la qualité de mon blog.
Je pense que la meilleure manière de résister à cette appauvrissement de la blogosphère, c’est justement de faire encore plus à fond ce qu’on a l’habitude de faire. D’être soi à 300%, sans concession.
Jeune et affamée
3 juillet 2018
Je découvre ton blog avec ce billet et je m’y retrouve tout à fait ! Je pense qu’on est nombreux à être lassés de la pub à tout va et de la sérieuse perte de sincérité des gros blogs. Heureusement, on est encore quelques uns à faire ça pour le plaisir !
Marie
30 juillet 2018
Merci beaucoup ! Au plaisir de te lire !
Lexie
4 juillet 2018
Merci pour ce billet ? C’est vrai que les pubs / partenariats partout, c’est usant à la longue ! Je n’en ai fait qu’un seul avec mon blog, et je ne compte pas en faire 50. Je préfère partager mes découvertes, sans qu’il y ait forcément de produit à acheter derrière.
Marie
30 juillet 2018
Merci pour ton retour, Lexie !
Irène
5 juillet 2018
Hourra, voilà qui fait du bien ! Je pense qu’il y a une forme d’ambiguité croissante sur le statut des blogs, avec pas mal d’entre deux, entre deux pôles : personnel / marketing en ligne… Beaucoup de blogs sont tenus par des personnes qui ont par ailleurs des compétences en communication, graphisme, développement web ou marketing. Et qui utilisent l’une, l’autre ou toutes ces compétences, assez efficacement. Mais le résultat c’est aussi que la tentation est grande de monétiser effectivement. Que ce soit un but assumé, je trouve ça plus transparent à la limite… Dans tous les cas y’a moyen de trouver des compromis satisfaisant, par ex je suis le blog Echos Verts et je ne me sens pas agressée alors qu’elle parle régulièrement de certaines marques. Mais elle ne case pas des produits sponsorisés discretos quand on a le dos tourné, ni des bannières vidéos ;)
Marie
30 juillet 2018
Ouais, et justement je pense que ça rend d’autant plus « facile » le fait de décliner ce qui était au départ un petit blog perso en immense plateforme tout-en-un boutique/blog/portfolio top moumoute avec 15 000 fonctionnalités et produits.
Perso, j’ai été tentée de partir dans ce délire y’a quelques années, mais aujourd’hui j’ai totalement revu ma copie et je suis désormais une fervente admiratrice de la simplicité. La valeur de ce que je publie n’est pas liée au nombre de pages vues que ça engrange, ni aux revenus que je (ne) génère (pas) avec mon blog.
Dans l’absolu, je comprends le rejet du salariat (qui par bien des aspects est aliénant), et je comprends aussi très bien l’envie d’allier l’utile (gagner sa vie) à l’agréable (créer des trucs).
Mais les partenariats et les placements produits n’ont rien de créatif, même si on crée des photos ou des visuels spécialement pour. C’est de la pub, ni plus, ni moins. Cela n’a rien à voir avec le fait de vendre ses propres créations, par exemple, ce que je trouve mille fois plus logique et légitime que représenter une marque…
Magali
2 août 2018
Je découvre ton blog avec cet article, que j’ai trouvé passionnant et qui me fait beaucoup réfléchir! J’ai un petit blog littéraire, ni monétisé ni affilié, je reçois juste quelques service presse de temps en temps mais je présente principalement les livres que j’achète et lis spontanément. Et j’avoue que parfois je me dis qu’au vu des heures de travail que nécessite la rédaction d’une chronique, si on inclut la lecture, l’illustration, la promotion et la maintenance du blog, ça serait cool d’en tirer une petite rémunération. D’un autre côté, je me suis rendu compte que ce blog est plus ou moins la seule chose « importante » (en terme d’investissement de temps et d’énergie) que je fasse sans visée utilitariste. Et c’est aussi celle qui me procure le plus de plaisir et qui m’a apporté un certain équilibre. Et quelque part, je suis consciente du fait que si le blog devenait à son tour utilitaire (en me rapportant de l’argent), je perdrais probablement en partie le plaisir que j’ai à le tenir…
L’autre partie de ta réflexion qui m’a frappée, c’est quand tu relèves à quel point on fait facilement le saut entre création et marchandisation de celle-ci. Je suis exactement dans ce cas de figure (moi aussi, je conseille à mes amis créatifs de vendre sur Etsy, d’essayer de décrocher des mandats de ceci ou cela, etc.) et je n’avais jamais pris conscience ni de cette tendance systématique, ni du fait que c’est tout simplement une internalisation du système qui nous pousse à envisager que tout talent, tout temps investi dans une activité quelle qu’elle soit, devrait forcément rapporter de l’argent. Et du coup je me rends compte aussi que j’associe « rémunération » à « validation de la qualité de ce qui est produit » alors que j’ai mille exemples qui montrent bien que ça n’a souvent rien à voir…
Bref grâce à toi j’ai du grain à moudre, merci! Et désolée de ce long commentaire!
Marie
29 août 2018
Hello Magali ! Sois la bienvenue sur l’astre pourpre, et merci pour ton long commentaire ! (Ici, tu n’auras jamais besoin de t’excuser parce que tu écris « trop » !)
Je suis ravie que ce billet t’ait donné du grain à moudre, c’était le but !
C’est un réflexe très courant (et les blogs « connus » et médiatisés sont toujours des blogs monétisés qui rapportent une blinde, donc on n’a pas non plus beaucoup d’autres exemples pour envisager une alternative).
Personnellement, ce qui me donne ce sentiment de « validation de la qualité de ce qui est produit », ce sont les commentaires et les réactions que suscitent mes billets. Bien sûr, recevoir des commentaires chaque semaine est une source de grande joie, mais parfois les retours ne sont pas toujours aussi immédiats. Il arrive qu’on m’écrive au bout de plusieurs années pour me parler d’un très vieux billet que j’avais publié à l’époque –, mais quand ça arrive c’est toujours gratifiant et motivant.
Savoir par exemple qu’un de mes billets créatifs a pu donner envie à quelqu’un de se mettre à l’aquarelle, ou qu’une de mes revues de web a fait découvrir un·e artiste ou une initiative particulière, que cela a motivé quelqu’un à lire un bouquin précis, et plus globalement à sortir de sa zone de confort, c’est vraiment la cerise sur le gâteau. En fait, c’est la raison première et ultime pour laquelle je blogue et partage des trucs sur le net depuis tant d’années.
Je trouve que cette relation relève presque de l’amitié, et imaginer que la pub et l’argent viennent gâcher la fête, je ne peux m’y résoudre. Même les services presse (SP), quand on y pense, ça apporte du trouble dans la relation de confiance que tu construis au fil du temps avec les gens qui lisent ton blog et font confiance à ton jugement.
Alors, évidemment, si ce sont des SP très bien ciblés, qui émanent d’une maison d’édition dont tu dévorais déjà les livres avant, cela ne change pas grand chose. C’est pourquoi je pense qu’en tant que personne qui blogue, il faut faire super attention à ce qu’on accepte. On a une grande responsabilité vis-à-vis des personnes qui nous lisent et nous font confiance (car les choix éditoriaux que nous faisons les influencent et peuvent influencer leurs choix et leurs achats).
Jess
15 août 2018
Je poste peu de commentaires sur les blogs mais là je devais m’arrêter.
MERCI!!!! MERCI!!!!
Je pensais être la seule à en avoir marre de la publicité envahissante, des partenariats pas très bien cachés. J’en suis même venue à fréquenter moins Instagram à cause de cette plaie.
Okay, les gens qui veulent vivre de leur activité c cool! Le truc c’est qu’ils deviennent à leur insu, LA pub (quasi gratuite) des entreprises. Et à terme, cela veut dire verrouillage des opinions et réduction de la liberté d’expression.
Tu as TOUT dit, MERCI.
Marie
29 août 2018
Hello Jess ! Quel enthousiasme ! Ça fait plaisir :)
Clotilde
10 février 2019
Bonjour. Je suis arrivé ici à partir du bloc de Raton Rêveur et je lis cet article ainsi que ses commentaires depuis ce matin et je trouve toutes ces discussions très enrichissantes. Je n’ai pas de blogs mais j’écris beaucoup pour moi. du coup, une phrase m’a donnée envie de rebondir et creuser :
J’en arrive à plusieurs questions : Pourquoi écrit-on au lieu de juste penser ? 1. Pour s’en souvenir ; 2. Parce qu’écrire permet de mettre en forme ses idées, de pousser l’analyse, de synthétiser…
Pourquoi publie-t-on au lieu de garder ses écrits pour soi ? 1. Pour partager, aider les autres (altruisme) ; 2. Pour obtenir un revenu (besoin matériel) ; 3. Pour obtenir de la reconnaissance (égo)
Comment se manifeste cette reconnaissance ? 1. Par de l’attention, des lecteurs, des commentaires… 2. Par de l’argent… si vous m’aimez, prouvez le et payez moi ! L’argent devient le vecteur de notre valeur personnelle (comme tu l’as souligné en parlant du capitalisme)
Plus généralement, pourquoi travaille-t-on ? 1. Pour rendre service, parce notre boulot est utile (altruisme) ; 2. Pour obtenir un revenu (besoin) ; 3. Pour obtenir de la reconnaissance (égo), où là encore, cette reconnaissance peut s’exprimer par de l’attention, des paroles, ou par de l’argent… L’avantage de l’argent étant qu’il satisfait deux besoins à la fois…
Un bon travail satisfera les trois besoins en même temps, un job alimentaire uniquement le second, un job alimentaire bien fait et bien managé pouvant satisfaire les deux derniers besoins… Mais rien ne remplace le manque de sens (le commentaire composé ! Les bullshit jobs!)…
Si on en revient à la publication, doit-on cumuler les trois éléments (sens, besoin, égo) ? Non, le sens est suffisant.. (de même que l’appât du gain, de même que le besoin de reconnaissance !! Bon, je pense que la qualité s’en ressent…)
Et aussi, pourquoi on ne publie PAS ? 1. Par flemme, manque de sens ; 2. Par manque de temps ; 3. Par protection de l’égo, par peur… On retrouve les trois raisons de faire (sens, contrainte matérielle, égo) qui peuvent aussi être des raisons de ne pas faire… C’est l’équilibre de ces trois composantes qui décide de l’action finale… Si on trouve beaucoup de sens et qu’on a plein de temps, alors on va probablement passer sur la peur… Le seul fait de trouver beaucoup de sens va probablement suffire à passer par dessus la peur et un relatif manque de temps…
Voilà, je contredis mon mode de fonctionnement, puisque pour une fois je partage ce que j’écris ! (mais pourquoi ? envie de partage ? besoin de reconnaissance ? ;-)
Bonne continuation en tout cas !
Marie
28 février 2019
Bonsoir Clotilde ! Bienvenue sur l’astre pourpre !
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de partager tes réflexions.
Je ne sais pas trop comment rebondir là maintenant tout de suite, mais ça me donne du grain à moudre pour mon prochain billet sur le blogging, qui a justement pour but d’aider les autres à combattre la peur et la flemme, et à se (re)mettre à partager/à bloguer/à commenter !
On verra ce que ça donne.
Le manque de temps est une véritable problématique ; de mon côté je galère à trouver le temps d’écrire mes billets-fleuves ; de l’autre certaines lectrices et certains lecteurs me disent que la longueur de mes tartines les découragent de les commenter… ;-)
Adele_Eastmacott
14 septembre 2019
J’ai beaucoup aimé ce billet et les commentaires que j’ai tous lu avec intérêt. Si je prends l’exemple du dernier, je publie par altruisme (pour partager quelque chose qui m’a plu et dont j’espère qu’il plaira à d’autres) et pour faire une activité créative. Le blog me faisant rédiger (mettre des mots sur des choses encore floues) et chercher des illustrations (donc le plus souvent ressortir mes photos car je veux être « droit de la propriété intellectuelle » friendly).
A l’inverse, je travaille pour un revenu. Mais j’ai fait en sorte de travailler dans ce que j’estime de bonnes conditions : avec des collègues sympathiques et d’une manière / sur des sujets qui me stimulent intellectuellement.
Ces éléments étaient vraiment primordiaux pour moi, je suis contente de ne pas les avoir sacrifiés pour une rémunération qui me convient bien. J’ai l’occasion d’être créative dans cet emploi de bureau même si ce n’est pas ce qu’on me demande en premier.
Pour mon blog et pour mes loisirs en général, je n’accepte pas de contraintes. J’ai un mal fou à m’astreindre à suivre des activités à des heures précises. J’abandonne rapidement tout ce que je tente de quotidien, même un journal de gratitude qui m’a beaucoup apporté : je. ne. veux. pas. de. contraintes. Et dans mes grands projets cette année, je me sens par exemple très satisfaite de me lancer dans des activités que j’ai eu le temps de choisir et mûrir.
C’est la raison pour laquelle, à mon sens, les blogueurs qui commencent à faire une activité commerciale sont frustrés et frustrants. Frustrés car ce ratio temps / énergie passés est effectivement vu comme « tout travail mérite salaire », ce que je peux comprendre mais qui est dangereux à court et long terme. Ils y perdent en sincérité, je me suis émue de voir des blogueuses que j’aimais bien et estampillées « bio/slow/nature » faire la publicité de certaines marques dont je connaissais les pratiques très borderline. Je me sentais vraiment dépitée et un peu trahie. Quelque chose m’a longtemps poussée à m’accrocher aux blogs beauté et mode : l’espoir d’y trouver des conseils pertinents pour moi. Ce qui est de moins en moins possible avec les posts sponsorisés et les publicités planquées partout.
Je n’ai rien contre les blogs « vitrine » qui permettent à leur auteur de monétiser son contenu ou sa boutique. La partie rationnelle et angoissée qui est en moi pense que ce doit être plus inquiétant qu’autre chose de faire de sa passion son gagne-pain : et si ça m’ôte toute envie de faire mon loisir si j’y consacre tout mon temps libre et pas libre ? Et si malgré mon investissement, ça ne marche pas ?
Une question mais pas des moindres : comment trouver ces blogs à l’ancienne ? Je suis arrivée ici car Diglee mentionnait La Lune Mauve. Il y a quelques blogs que je connais déjà, comme La Nébuleuse que je vois dans les commentaires, donc peut-être devrais-je continuer à lire les commentaires. Mais hormis cela, je manque d’inspiration pour les trouver, ces blogs « indépendants » : je sais qu’ils sont là, quelque part, mais où ?