17 février 2015. Un bâton d’encens au musc blanc s’émiette, et moi j’écoute la musique que j’écoutais déjà il y a 15 ans : Nightwish, Marilyn Manson, Paradise Lost…
Qu’importe ; les dates et les moments n’ont pas vraiment d’importance. La seule chose qui compte, ce sont les émotions qu’on y rattache, celles qui restent dans notre mémoire, sans doute diluées, mais bien présentes.


Si je devais décrire ma vie aujourd’hui, je parlerais sans doute de la Bretagne, de mon choix de m’y installer, et des bienfaits de suivre son instinct en dépit des qu’en-dira-t-on.
Six mois plus tard, pas un jour ne passe sans que je savoure la pleine mesure de cette bonne décision.

Celle que l’on appelle aussi affectueusement « la Petite Bretagne » m’a adoptée comme je ne l’aurais pas pensé possible – moi, la graine de folie éparpillée aux quatre vents, qui ai testé tant de ports d’attache différents, sans jamais réussir à m’y attacher vraiment.
Cette fois, je touche du doigt la vérité. Je ne sais toujours pas où se situe mon port d’attache (ni s’il existe), mais autour de moi, la houle s’est calmée. La navigation est plus paisible. Je me sens moins stressée.

Tandis qu’une bonne odeur de gâteau maison vient perturber mes sens, je jette ces quelques idées par écrit, pour garder une trace de ce moment un peu particulier.
Quels que soient les vents contraires qui essaieront de faire chavirer ma barque, quel que soit le nombre d’oiseaux de mauvais augure que je devrais chasser, quels que soient les doutes, les absences et les blessures ; l’essentiel est de vivre sa propre vie comme on l’entend.
La vivre non pas contre quelqu’un ou quelque chose, mais la vivre pour soi.


Suivre son petit bonhomme de chemin, continuer à cheminer, quels que soient les détours, les nids-de-poule, les irrégularités, les fissures, les averses, ou le nombre de chaussures usées.
Toutes les routes mènent à Avalon. L’essentiel est de trouver ce qui fonctionne pour soi – « trouver ses vraies dimensions, ne pas se laisser gêner », comme l’écrivait Virginia Woolf.

Les forêts de Bretagne, immenses et silencieuses, m’engloutissent le temps de promenades en leur cœur.
Par moment, je jurerai que des yeux féeriques m’observent du haut d’un arbre, et qu’une sylphe m’a effleuré les cheveux au détour d’un talus…
Je m’arrête alors, sur mes gardes ; intrigués, mes yeux humains ne voient rien, mais mon sixième sens carbure.

Hotié de Viviane
Par les chemins secrets je m’élance à la recherche d’un je ne sais quoi – d’une intuition, peut-être, qu’on peut être heureux en étant différent, en choisissant de battre le rythme à sa façon, quoi qu’en disent les autres.
Les kilomètres s’enchaînent ; peu à peu, mon esprit embrumé s’éclaire. Les lourdes pensées du quotidien s’éclipsent le temps de la marche. Mes muscles se dérouillent, mon souffle s’accélère, et une sensation de bien-être m’enveloppe.

La chapelle du Graal à Tréhorenteuc
Bien s’entourer (peu s’entourer ?), respirer à pleins poumons le parfum sylvestre des chemins boueux, repérer ici ou là un champignon, tenter vainement de capturer l’instant présent, se promettre plutôt de ne jamais oublier l’instant de liberté ressenti à cette seconde précise.
Parfois, ce qui est important, ce n’est pas tant le signe qui nous indique qu’on est sur le bon chemin, que le signe qui nous indique qu’on a quitté le mauvais.
Profiter intensément de chaque instant, et ne pas trop s’inquiéter de son caractère éphémère. Se contenter de vivre : être content de vivre, et en profiter.


La porte est en-dedans
Pousser la porte d’en-dedans, clôturer les chapitres douloureux qu’on n’a jamais réussi à lire jusqu’au bout, chausser ses bottes de sept lieues et s’élancer à l’aventure.
32 ans, l’année de l’apaisement ?
Ça ne coûte rien d’y croire.



Eliness
17 février 2015
Ce billet est une véritable bouffée d’air, un mélange de nature, mystique et introspection.
C’est ce que j’aime aussi tellement par ici, tout autant que ton blog puisse être technique et orienté web, tu n’oublies pas d’y disséminer des petites bulles instantanées et personnelles.
Le cocktail est complètement efficace pour ma part :)
Marie
17 février 2015
Merci Eli ♥︎ Je ne calcule pas trop, ce billet avait besoin d’être écrit, sans y passer des heures, battre le fer tant qu’il est chaud, tout ça. Contente que la potion ait pris ;-)
Isa
18 février 2015
Waouhh!!! Transportée, vivifie, enchantée, rien à ajouter! :-)
Bravo et merci!
Marie
18 février 2015
♥︎
Lullaby
18 février 2015
Un beau billet breton mais pas que ! On sent, sous-jacent, la magie des lieux mais aussi la paix, la beauté qui coupe le souffle, la sérénité, et la magnificence de ces arbres si hauts…
Je perds mes mots, en fait ^^ »
Merci pour ce billet, ces mots, ces photos et contente que ton installation en Bretagne te laisse aussi apaisée :)
Marie
18 février 2015
Merci Lulla ! ^.^
Ceci dit, même ici, la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, mais ces moments de sérénité et de paix me permettent d’affronter la tournure des évènements.
Emmanuel
19 février 2015
Bonjour Marie,
arrivé sur ton site via une recherche d’exemple de CV de webdesigner, je jette un oeil sur ton blog et tombe sur ce billet.
Tout me parle…
A bientôt
Marie
19 février 2015
Avec plaisir !
Mathea
21 février 2015
Quel beau billet d’anniversaire!
Bonne fête Marie (comme on dit au Québec), merci de partager ces magnifiques photos de la Bretagne (qui me manque) mais aussi tes pensées et tes écrits.
Tes mots me parlent, tant! Je cherche encore ma « maison », là où je me sens enfin chez moi.
Je te dirais que je me sens « accueillie » là où je vis (Montréal) mais surtout, j’ai compris avec cette traversée de l’océan, que sa « maison » peut être partout tant que l’on est bien dans ses baskets!
J’ai commencé le lâcher-prise, le tri, et j’ai commencé à prendre le temps de vivre. Et cela fait tellement du bien!
Et je suis maintenant définitivement ancrée dans le maintenant depuis la naissance de ma fille. Et c’est bon :-).
Merci encore pour ta fraîcheur et encore joyeux 32 ans!
Marie
21 février 2015
Salut Mathea !
Merci pour tes mots, et de partager cette réflexion et ces émotions avec moi. Tu as raison, sans doute peut-on se sentir chez soi n’importe où pourvu que l’on soit bien dans ses baskets…
L’équilibre est fragile, et j’accueille avec une certaine bienveillance le fait que ce n’est pas une fin en soi, mais un chemin, qu’on emprunte toute sa vie.
Bienvenue à ta fille, cela doit être un grand bonheur, et t’aider à savourer encore plus le moment présent ! :)
Mathea
21 février 2015
Je suis complètement d’accord avec toi lorsque tu dis que cet équilibre est fragile. Mais cela ne tient qu’à nous de tâcher de le maintenir, et dans des circonstances plus difficiles quelquefois, de se rappeler qu’il existe et de rester optimiste.
Et puis, à défaut de preuve (et pourtant je crois vraiment en la réincarnation), on n’a qu’une seule vie (ou potentiellement on ne se souvient pas de celles d’avant) donc autant être heureux-se, c’est bien plus chouette!
syleil
22 février 2015
J’ai beaucoup aimé votre billet dans les forêts bretonnes ! La Bretagne est mon rêve de vie depuis presque toujours. Et je me reconnais aussi dans votre choix de vie plus personnelle, plus vraie.
Le changement de vie a du bon quand on commence à stagner sur place, qu’une pesanteur s’installe et nous empêche de réfléchir par soi-même.
J’ai 40 ans de plus que vous et je viens de déménager, de quitter la France pour retrouver mon pays, la Suisse. Laissant derrière moi un chalet de montagne que je pensais ne jamais pouvoir quitter, j’ai retrouvé une autre montagne et la différence c’est que cela m’a donné la pêche pour m’installer un nid douillet et bien à mon image.
Tout changement est le début de quelque chose de neuf !
Je vais pouvoir me remettre à peindre dans un atelier bien à moi et c’est une des bonnes choses qui se mettent en place.
Bon vent pour vous !