J’ai la chance de travailler dans une équipe à taille humaine, pour une coopérative solidaire œuvrant au sein de l’industrie numérique.
Quand je l’ai rejointe, je me suis vite liée d’amitié avec quelques collègues.
Au fil des années, j’ai aussi contribué à plusieurs recrutements en soutenant des copain·es qui envisageaient de nous rejoindre. Comme ces recrutements ont fonctionné, ces potes et moi travaillons désormais ensemble.
J’ai donc :
- des collègues pour qui j’ai une grande affection ;
- des copain·es qui sont maintenant aussi mes collègues.
Je les désignerai toustes avec le mot « collègues/ami·es » dans ce billet.

Problèmes, acte I
Malgré l’amitié à l’œuvre, ce mélange entre vie professionnelle et vie personnelle provoque des effets de bord gênants.
Droit à la déconnexion
Pour commencer, cela nuit à mon droit à la déconnexion.
Pourtant, pendant mon temps libre, je fais tout pour tenir mon travail à distance :
- je ne reçois pas mes e-mails professionnels sur mon téléphone ;
- je ne consulte pas les espaces de discussion instantanée utilisés au boulot ;
- mon ordinateur pro reste éteint ;
- etc.
Cependant, le travail empiète quand même sur mon espace de liberté individuel dès que des collègues/ami·es commentent mon blog ou m’envoient un message personnel.
Ce n’est pas que les lire ne me fait pas plaisir ; mais en les lisant, je n’arrive pas à faire abstraction que ce sont les mots d’un ou d’une collègue que je lis, en plus d’être ceux d’un·e ami·e.
Amitiés limitées
D’ailleurs, sur la durée, ce mélange « pro et perso » pénalise les amitiés concernées.
En effet, les discussions personnelles avec mes collègues/ami·es ont tendance à se tarir au fil du temps, cannibalisées par notre travail.
Nous avons beau avoir plusieurs centres d’intérêt en commun, il est fréquent que notre activité professionnelle devienne peu à peu le sujet de conversation exclusif dans nos échanges informels, voire personnels.
Ces amitiés nouées avec des collègues peuvent aussi pâtir de tensions vécues au sein du travail, a fortiori si un rapport hiérarchique entre en jeu.
S’il est en général possible de dépasser des couacs temporaires, il n’en reste pas moins que le travail marque souvent au fer rouge une relation amicale.
Le risque de l’autocensure
Pour couronner le tout, plus mes collègues/ami·es lisent mon blog personnel, plus je m’autocensure.
Il me faut redonner un peu de contexte ici : La Lune Mauve (LLM) est en effet un blog très personnel. J’y consigne des émotions à fleur de peau, des photos et des anecdotes personnelles, des réflexions politiques, féministes et queer, mais aussi des bribes de ma vie privée.
Ce blog, c’est le terrain fertile de ma vulnérabilité, un cabinet de réflexion dans lequel j’ai besoin de pouvoir me retrouver au calme, seule ou presque avec mes pensées.
Vous pourriez me demander : pourquoi continuer à publier des choses si personnelles, si me savoir lue par certaines personnes me gêne tant ?
Ai-je raison de publier ce que j’écris ? Devrais-je moins me livrer sur Internet et me cantonner à des sujets plus consensuels ? Je serais peut-être moins gênée si je parlais de jardinage sur une chaîne Youtube.
Avoir besoin d’écrire
Mais voilà : j’ai un besoin viscéral d’écrire — et d’écrire des choses personnelles.
Écrire me permet d’explorer mes émotions et de structurer mes pensées, mais aussi de convoquer, voire de confronter autrui.
Je me suis toujours sentie plus à l’aise dans ma vie numérique que dans mon incarnation physique : j’ai l’impression d’être « vraiment moi » quand j’écris et d’être jugée pour « qui je suis vraiment » quand je suis lue.
Un peu comme si mon blog était une espèce de tesseract dans lequel je pouvais uploader ma conscience hors de mon corps.
De plus, ce que je partage sur mon blog donne lieu à des discussions qui m’apparaissent souvent comme bien plus profondes que celles qui rythment d’ordinaire mon quotidien. C’est une vraie nourriture intellectuelle.
Pour toutes ces raisons, abandonner cette écriture personnelle n’est pas envisageable, malgré toutes les questions que je me pose et la gêne que je ressens parfois, même avec 22 ans de blogging au compteur.
Rester libre de critiquer le travail
Je veux pouvoir rester libre de m’exprimer comme bon me semble sur mon propre blog, sans ressentir de pression sur les sujets à aborder ou à laisser de côté.
Mon blog relève de ma vie privée et la façon dont je le gère ne regarde que moi.
Aussi, le fait que certain·es de mes collègues lisent mon blog personnel ne doit pas dicter, de manière directe ou indirecte, ce que je peux ou ne peux pas publier en ligne, du moment que cela n’empiète pas sur mon travail (temps et plages horaires, réputation de l’entreprise ou de mes collègues, etc.).
Or, je m’empêche depuis longtemps d’aborder le sujet du travail sur mon blog. Que certain·es collègues lisent mon blog me prive de fait de la possibilité de questionner le travail :
- sans que les collègues/ami·es ne pensent que c’est une critique spécifique de leur travail à elleux, de notre travail commun ou de la structure au sein de laquelle nous travaillons ;
- sans que cela remette en cause notre amitié ;
- sans que notre réseau professionnel étendu se fasse des idées sur la nature de notre travail ou de l’entreprise dans laquelle nous travaillons, faute de disposer d’éléments de contexte suffisants.
De manière générale, je redoute de décevoir ou de blesser quelqu’un pour qui j’ai de l’affection avec ce que je publie sur mon blog, en particulier quand ça concerne un sujet qui les touche de près, comme celui-ci. Alors j’évite d’en parler, en général.
Privilégier des canaux virtuels privés
Du reste, quoi que j’écrive, je ne peux pas contrôler la façon dont vont réagir les gens qui le liront.
Il y a toujours un risque que mes écrits prêtent à confusion voire qu’ils contrarient autrui, malgré l’empathie dont j’essaie de faire preuve quand je prends la plume. (Je sais à quel point ça peut être déroutant de se sentir visé·e, à tort ou à raison, par un texte lu sur le net.)
Dans le doute, je me rabats souvent sur les canaux virtuels privés que j’ai à ma disposition : je peux m’y exprimer de manière plus libre que sur mon blog, y compris quand j’ai envie de partager mes réflexions sur le travail au sens large.
Par exemple, avoir un compte Twitter privé, utiliser des stories Instagram réservées à mes « ami·es proches », discuter sur des Slack ou Discord indépendants en très petit comité : tout cela me permet d’exprimer ce que je ressens avec une spontanéité qui me manque souvent quand je blogue sous les yeux de mes collègues.
C’est important pour moi de pouvoir exister dans des espaces où mon réseau professionnel n’est pas — à plus forte raison parce que j’ai longtemps communiqué sur mon métier en m’y dévoilant beaucoup en tant que personne.
Ces canaux privés me permettent aussi d’éviter de remettre le travail au centre des échanges que mes collègues/ami·es et moi pouvons avoir, à plus forte raison pendant notre temps libre, ce billet étant peut-être la seule exception à ma démarche.
Problèmes, acte II
Le fait que mes collègues/ami·es lisent mon blog personnel soulève donc déjà un certain nombre de problématiques.
Mais en plus de ça, mon blog est aussi de plus en plus découvert et lu par des relations professionnelles plus lointaines (≠ collègues/ami·es).
Je désigne ici à la fois :
- l’ensemble des gens avec qui j’ai pu travailler par le passé et avec qui je n’ai conservé aucun lien ;
- des personnes avec qui je n’ai jamais travaillé en direct et que je ne connais que de nom.
Que tous ces gens-là aient connaissance de mes publications personnelles a des conséquences autrement plus néfastes.
Transgression de vie privée
En fait, c’est simple : je vis ça comme une transgression de ma vie privée.
Cela me perturbe de savoir que tous ces gens, avec qui je n’ai a priori pas d’affinités particulières ni envie d’échanger plus que ça, découvrent des choses personnelles sur moi par l’intermédiaire de ce que j’écris et publie sur LLM.
À plus forte raison parce que, moi, je n’ai pas accès à des informations personnelles équivalentes sur ces personnes : pas que ça m’intéresse mais, le cas échéant, j’aurais au moins la sensation de ne pas être la seule à révéler ma vulnérabilité, cible de tant de mépris dans le monde du travail.
Parfois, cet intérêt pour mon blog de la part de mon réseau professionnel étendu a même pu prendre des aspects de stalking : c’est-à-dire provoquant des contacts non désirés entre ce réseau et moi alors que j’avais, dans certains cas, pris soin pour que nos routes ne se croisent plus jamais, de peur d’être harcelée à nouveau par exemple.
Quand ce genre de situation se produit, cela fait planer une menace sourde au-dessus de ma tête, au point de devenir une réelle source d’inquiétude par moments.
Violences et discrimination
En plus de ça, le fait que mon blog soit lu par de plus en plus de contacts pro, même lointains, représente un risque professionnel.
En effet, ce que je publie à titre personnel peut pousser des gens en désaccord avec moi à me dévaloriser, à m’écarter voire à me harceler dans le cadre de mon travail. Je l’ai déjà subi par le passé.
Car oui, derrière son folklore du cool, le milieu du numérique est très phallocrate et excluant. Toute personne qui y travaille en n’étant pas un homme à la fois cisgenre, blanc, valide, hétérosexuel et dyadique s’expose à des discriminations et à des violences.
Charge mentale
Mais comme ces violences ne sont pas prises au sérieux, charge aux personnes minorisées de redoubler d’efforts pour rendre leurs publications personnelles les plus discrètes possibles et, ce faisant, de se protéger.
Il existe certaines méthodes pour ça sur Internet, par exemple :
- utiliser un nom de plume ou un pseudonyme et veiller à ce que notre nom civil ne soit ni révélé ni associé à nos publications personnelles ;
- publier sous mot de passe ;
- changer de nom de domaine ;
- mettre en sourdine, désabonner ou bloquer des gens ;
- vérifier qui nous mentionne sur les réseaux sociaux, en révélant quoi et à qui ;
- bloquer certaines adresses e-mail dans son antispam, en prévention ;
- demander à ce que l’on modifie un intitulé de lien menant à notre blog pour garder le secret ;
- tenir des comptes bien distincts sur les réseaux sociaux et s’interdire d’aimer, de partager, de commenter et de suivre les comptes personnels de ses collègues/ami·es (ou les siens) ;
- demander aux collègues/ami·es de garder ce qu’iels lisent pour elleux et faire des rappels réguliers à ce sujet sans pour autant empiéter sur leur liberté d’expression et de communication ;
- être sur ses gardes au travail, en particulier lors de discussions informelles, pour s’assurer qu’aucun·e collègue/ami·e dans la confidence ne révèle l’existence de notre blog à des collègues dont on n’est pas proche du tout ;
- etc.
Outre les limites inhérentes à chacune de ces solutions, devoir gérer tout ça représente une charge mentale importante.
Cette charge mentale n’existerait pas si l’on pouvait juste publier ce que l’on veut sans avoir peur et sans « risquer » quoi que ce soit, que l’on soit déjà en poste ou que l’on recherche du travail.
Parce que le fait que son blog personnel soit passé au crible lors d’un recrutement puis voir sa candidature rejetée à cause de ça alors que tous les signaux étaient au vert, c’est quelque chose que j’ai subi aussi.

Quelles solutions ?
Peut-on réellement protéger son blog personnel ?
Face à ce tableau stressant, d’aucuns ont essayé de me rassurer en me rappelant que ce n’est pas parce que mon blog personnel est public et facile d’accès que tout le monde va le lire ou s’y abonner.
Par exemple, une de mes collègues/ami·es m’a dit ne pas lire LLM : c’est pourtant la seule sur les 7 personnes qui savent, faisant d’elle l’exception qui confirme la règle.
Se pourrait-il quand même que publier des textes personnels soit la meilleure façon de les protéger ? Noyés dans la masse, assumés, partagés, d’accès libre, qui se donne réellement la peine de les lire ?
Il y a sans doute des tas de connaissances professionnelles qui se fichent de mon blog. Et quand bien même certaines d’entre elles seraient tombées sur mon blog perso un jour, les gens oublient car, comme tout le monde, ils ont plein d’autres choses plus importantes à gérer par ailleurs.
Tout cela est vrai, mais ne suffit pas à me rassurer. Si les réseaux sociaux fournissent de plus en plus d’outils pour filtrer qui peut lire quoi (« amis proches », comptes privés, etc.), il est quasiment impossible d’empêcher qui que ce soit de lire un blog personnel public.
Algorithmes
Comme dit, j’ai déjà essayé à peu près toutes les solutions pour protéger mon blog de la curiosité de mon réseau professionnel. (Moi qui édite un blog dont la vocation est de susciter la curiosité, je vous laisse savourer le paradoxe.)
Il y a peu, j’ai appris qu’il est possible de définir des « mots clés négatifs », c’est-à-dire des mots clés avec lesquels mon blog ne devrait pas apparaître, par exemple quand quelqu’un cherche mon nom.
Toutefois, les mots-clés négatifs sont une option payante de Google Ads, que je n’utilise pas. Et ils ne fonctionnent que pour les annonces, pas pour le référencement naturel (ni dans Google, ni dans les autres moteurs de recherche).
Du coup… pourquoi ne pas carrément déréférencer mon blog, c’est-à-dire demander aux moteurs de recherche de ne plus l’indexer dans leurs pages de résultats ? L’invisibilité de mon blog pour les moteurs de recherche pourrait-elle entraîner son invisibilité pour les êtres humains ?
Rien n’est moins sûr. À la minute où quelqu’un fait un lien vers notre blog – que ce soit par e-mail, sur son blog, dans un message privé ou en le partageant sur les réseaux sociaux –, les algorithmes créent des chemins pour nous retrouver grâce à des déductions et recoupements très précis, que notre blog soit déjà référencé ou pas.
Même chose pour nos comptes privés sur les réseaux sociaux, recommandés en faisant le lien entre nos abonné·es et ceux des personnes que l’on souhaiterait semer… C’est ni plus ni moins qu’une traque et elle est inextricable.
En attendant, la seule solution pour limiter la casse côté référencement consiste à ne jamais faire figurer notre nom sur notre blog et à veiller à ce qu’il n’y ait jamais de liens qui y mène depuis un contenu où notre nom est mis en avant.
Déconvenues
Pour résumer : protéger son blog personnel est grosso modo impossible tant qu’il est public. Les options existantes pour passer sous le radar n’offre qu’un répit de courte durée.
Cette impossible tranquillité m’a déjà causé pas mal de déconvenues :
- la publication de tweets associant mon blog personnel à mon identité professionnelle, m’obligeant en prime à me justifier auprès de la personne ayant commis l’impair lorsque je lui demande à supprimer les tweets concernés ;
- le stalking de certains confrères qui finissent toujours par me retrouver et par se réabonner à mes publications malgré mes tentatives pour leur faire perdre ma trace et ne leur envoyer aucun signe de connivence ;
- une préoccupation constante de l’opinion d’autrui qui se traduit par une discipline limitante dans certains contextes. Par exemple, pendant un arrêt maladie, je m’oblige à ne rien publier ni sur mon blog ni sur mes profils sociaux de peur d’être soupçonnée de ne pas être « vraiment malade » par les collègues qui tomberaient sur ces éventuelles publications ;
- des relations professionnelles ne sachant pas tenir leur langue et révélant l’existence de mon blog personnel à d’autres, ou bien des détails de ma vie privée présents seulement sur mon blog perso, ne réalisant pas les conséquences de ça pour moi ;
- etc.
La brèche qui a tué la blogosphère
Je suis convaincue que, quel que soit le système que l’on mettra en place pour protéger ses écrits personnels, il y aura toujours une brèche.
Et que c’est cette grande porosité entre nos différentes identités numériques qui a tué la blogosphère.
Dans ce contexte :
- puisqu’il est devenu impossible de cloisonner ce que nous publions à titre personnel,
- puisque les dimensions pro et perso de nos vies s’entremêlent en permanence malgré nos efforts pour les garder à distance l’une de l’autre,
- puisque nos données personnelles sont monétisées malgré nous et puisque n’importe qui ayant un peu de temps devant lui peut nous retrouver, nous suivre voire nous harceler en faisant mine d’ignorer à quel point c’est gênant,
…alors peut-être que la seule façon de se protéger et d’échapper à l’invasion de nos pensées est en effet de disparaître : fermer sa gueule, ne plus rien publier, faire profil bas et priver le monde d’une voix singulière supplémentaire.
Lutter est épuisant, tandis que fermer son blog prend 5 minutes. Pas étonnant alors que tant de personnes, notamment des femmes, n’alimentent plus leur blog ou leurs profils sur les réseaux sociaux, voire les suppriment, pour retrouver un semblant de paix quand elles utilisent Internet, et ce malgré l’énergie et le temps investis dedans.
CQFD.
Du coup, que faire ?
Je ne peux toutefois m’y résoudre : j’ai eu beau fermer de nombreux blogs au fil du temps, j’ai toujours fini par en rouvrir un. J’ai trop besoin d’écrire et de partager.
D’ailleurs, le fait d’avoir rouvert LLM en 2016 après un hiatus de plusieurs années, et ce alors qu’il s’agit du tout premier blog que j’ai créé dans ma vie, est peut-être le signe d’une problématique insoluble.
Peut-être qu’il est temps pour moi d’accepter que mon blog personnel puisse être lu par tout le monde, y compris par des collègues et par d’autres relations professionnelles, même si cela me déplaît parfois. Accepter que c’est un prix à payer quand on partage quelque chose avec autrui : ne pas pouvoir décider qui prend place dans le public venu nous écouter.
L’art est plus durable que le travail
Quoi qu’il en soit, je vais continuer à m’exprimer, en laissant bien décanter mes billets les plus sensibles avant de les publier, pour me préserver, préserver mes ami·es et regretter le moins possible.
J’essaie aussi de me rappeler qu’à l’échelle de nos vies, l’art et l’écriture sont plus durables que le travail. Mes collègues d’aujourd’hui ne seront pas des collègues toute ma vie tandis que les autres liens qui nous unissent peuvent perdurer.
Si l’amitié est puissante, elle réussira à transcender notre relation professionnelle initiale, en dépit d’éventuels conflits, burnouts, licenciements ou démissions.
Crever l’abcès
Pour l’heure, j’ai tenté de crever l’abcès avec mes collègues/ami·es en leur demandant :
- es-tu à l’aise avec le fait que je lise ton blog personnel alors que nous travaillons ensemble ? Sinon, je me désabonnerai et ne chercherai pas à te suivre en secret. Je serai heureuse de te soulager d’un poids et je n’interprèterai pas ta demande comme un rejet total de ma personne ;
- te sens-tu capable de faire preuve de discrétion vis-à-vis des informations personnelles qui me concernent auxquelles tu as, as eu ou auras accès ? S’il te plaît, ne révèle pas l’existence de mon blog à d’autres personnes dans le cadre de notre travail et ne révèle pas non plus ce que tu y auras lu sans mon accord, car tout cela relève de ma vie privée. Si tu ne t’en sens pas capable, je préfère que tu te désabonnes de mon blog, s’il te plaît.
Voilà l’état de ma réflexion aujourd’hui sur tout ça.
Il me tarde de savoir comment vous faites, vous, pour gérer tout ça, en particulier si vous publiez sur Internet des choses qui peuvent vous rendre vulnérables, que ce soit avec un blog ou avec un autre moyen d’ailleurs.
N’hésitez pas à partager avec moi vos expériences, réflexions et décisions à ce sujet s’il vous plaît. J’ai abordé cette problématique par l’angle du travail, mais il y aurait beaucoup de choses à dire sur la famille aussi, d’autant qu’on ne peut pas en changer, contrairement à ses collègues. Et quid des ex pénibles ?
Si vous ne souhaitez pas ou ne pouvez pas laisser un commentaire public, vous pouvez aussi m’envoyer un e-mail. J’aurai plaisir à vous lire dans tous les cas.
Un grand merci aux personnes qui m’ont aidée à relire, à éditer et à enrichir ce billet, dont mes collègues/ami·es.
Mise à jour du 31/12/2022
Voyant de plus en plus de confrères et consœurs s’abonner à mon compte Mastodon, je réalise que c’est peut-être en partie dû à ce genre d’outil-là. Voici en quoi ça consiste :
- un confrère ou une consœur A s’abonne, iel est suivi·e par d’autres confrères B et consœurs B ;
- ces confrères B et consœurs B utilisent ce type d’outil pour trouver des nouvelles personnes à suivre parmi les personnes que suit la consœur A ;
- les confrères B et consœurs B tombent sur mon compte. Même si mon nom professionnel n’est pas rattaché à mes publications et comptes liés à La Lune Mauve, si iels ont déjà fait le rapprochement par le passé, c’est mort : iels décident de me suivre.
Quelles solutions ?
« Soft bloquer » consiste à bloquer une personne puis à la débloquer pour annuler son abonnement à notre compte.
Ainsi, soft bloquer systématiquement toute personne liée de près ou de loin à mon milieu professionnel pourrait peut-être limiter la portée de ce type d’outil, qui me mettent malgré moi en relation avec d’autres confrères et consœurs, alors que je ne le souhaite pas.
Je pourrais aussi rendre mes comptes privés et n’accepter comme abonné·es que des personnes qui ne sont pas liées à mon environnement professionnel.
Sauf que je ne peux pas toujours identifier qui est qui derrière un avatar ou un pseudonyme… Outre ça, publier en privé limiterait encore plus la portée, déjà quasiment nulle, de mes publications sur les réseaux sociaux. Quel intérêt alors de les utiliser ? (Cette question est pertinente dans tous les cas, et il est bon de se la poser régulièrement.)
Il faudrait que les outils qui permettent de suggérer notre compte à d’autres tiennent compte de nos paramètres de confidentialité (par exemple sur Instagram, on peut refuser que notre compte soit suggéré à d’autres utilisateurices), ou offrent la possibilité de ne pas voir son compte suggéré.
Toutefois, pour avoir échangé avec plusieurs ami·es/collègues/confrères/consœurs à ce sujet, je crains qu’il n’existe toujours pas, à l’heure actuelle, de solution simple et pérenne pour avoir la paix. Et c’est un problème.
Lebizarreum
25 février 2022
Tout le chapitre sur la vulnérabilité et le fait d’être jugée quand on est visible sur le web ça me parle.
Avant d’être publique quand j’étais uniquement sous pseudo ça allait.
Depuis que j’ai mon vrai nom, la transition a été cauchemardesque. Jalousies, problèmes à l’embauche, jugements, peur des futurs éventuels collègues. Bref, j’ai donc fait le choix d’assumer pleinement mais je sais que plein de portes se sont fermées (heureusement d’autres se sont ouvertes). Mais même quand on ne parle pas de choses personnelles on se sent très vulnérable donc je te comprends !
Marie
3 mars 2022
Je suis sincèrement désolée que tu aies subi, et continues à subir, tout ce merdier. Faire tomber le masque et s’assumer telle que l’on est demande beaucoup de courage. Tu peux être fière de toi et de tout ce que tu fais. C’est bien plus durable et pérenne que les obstacles que d’aucuns essayent de te mettre dans les pattes. Force à toi !
Mona B.
25 février 2022
Toujours un plaisir de te lire, et je comprends ton dilemme.
Si des collègues que tu n’as pas invités s’immiscent dans ton blog, c’est leur problème, pas le tien. Tu n’as surtout pas à t’autocensurer, alors que c’est ta catharsis !
Ils n’ont pas à te juger sur tes écrits ou ton art personnels, alors que ce sont uniquement tes prouesses professionnelles qui doivent les affecter/concerner. Ils doivent trier ton identité professionnelle et ton persona virtuel. Je sais, c’est un truc très Verseau à dire. 😉
Pour ma part, comme je travaille à mon compte personnel, je n’ai pas ce problème car je n’ai pas de collègues. Quant aux ex, amis ou collègues, qui te « stalkent », tu t’imagines le vide dans leur vie ?
Je t’envoie mon affection de l’autre côté de la Méditerranée, qui, elle, rit bien fort de ces gens qui n’ont rien de plus édifiant à faire que de te juger à distance, alors qu’ils doivent travailler sur leurs propres complexes.
Marie
6 mars 2022
Ma chère Mona, quel plaisir de te retrouver ici !
Sauf quand ce sont des personnes à qui j’ai parlé de mon blog au tout début (note pour plus tard : ne plus le refaire).
♥ Beaucoup d’affection pour toi en retour, depuis ma chère Bretagne !
Mealin
25 février 2022
Cette invasion du boulot sur le perso est une de mes grandes craintes, d’autant plus qu’une grande partie de ce que je partage est en lien d’une manière ou d’une autre avec mon domaine de compétence, d’où le fait que je communique très peu directement autour de moi sur mon blog (en jachère).
Il a suffit d’une « collab » pour que mon nom (mal orthographié en plus T_T) soit exposé sans me demander mon avis et dans la foulée, un peu dépité, j’ai accepté une proposé flatteuse dont je pensais bien qu’elle achèverai de lié pseudo&nom. Depuis je regrette presque et songe souvent à prendre un autre nom de plume mais renonce autant par flemme de gérer cette contrainte en plus que par attachement à l’identité numérique que je me suis construit. J’ai fais et dit des conneries, mais j’ai l’impression de n’avoir globalement pas trop à rougir et je sais que quelques rares personnes m’identifie à Mealin et ne franchirai probablement pas le cap du changement de nom (volontairement ou par méconnaissance).
Accessoirement, je sais que ça n’est pas réellement pertinent etc mais j’ai du mal à écrire ces lignes sans penser à celles et ceux qui sont entrain de perdre leurs vies et leur identité en Ukraine de manière bien plus concrète que moi qui ne fait qu’un vague et faible écho à ta situation bien plus tangible.
Marie
7 mars 2022
Merci beaucoup pour ton partage d’expérience, Mealin ! En te lisant, je sens autant de l’appréhension qu’une certaine fierté pour tout le travail que tu as accompli jusqu’à présent derrière ton pseudonyme (et tu as raison).
Je reconnais dans ton récit de nombreuses émotions contradictoires que j’ai ressenties quand j’ai lâché mon pseudo historique (celui qui commence par k) — cela a été un très long processus, qui a commencé il y a environ 6 ans suite au cyber harcèlement que j’ai subi, et qui s’est achevé peu ou prou il y a un mois, quand j’ai renommé mon compte Twitter pro afin de ne plus utiliser le dit nom cristallin.
Mais il m’a servi tellement longtemps (plus de 25 ans ?! ಠ_ಠ), que m’en défaire tout à fait me semble bien illusoire : mon adresse e-mail principale en gardera encore longtemps les stigmates, je pense.
Bref… tu as raison, toutes ces considérations semblent bien vaines au regard de l’actualité dégueulasse. Pensée et soutien aux peuples qui subissent la guerre des puissants.
mealin
7 mars 2022
Oui appréhension et fierté. Cette dernière émotion que j’essaie de ne plus considérer 100% du temps comme à bannir parce que non méritée, mais ça n’est pas gagnée TT » … mon premier réflexion était de t’écrire que je ne suis pas sûr que tu ais raison. Un jour quelqu’un m’a dit alors que je faisais mon modeste à refuser son compliment que en agissant comme ça, même si c’est une convention sociale de politesse, je lui déniais son ressenti, sa capacité à réfléchir par lui-même voire le traitait de flagorneur. Aïe. Douche froide.
Bref, long détour égocentrique, mais pour dire aussi que tu as bien saisie cette dualité, à la fois artificielle et malheureusement souvent nécessaire. Tant dans ta remarque sur mon pseudo que ton texte.
Je n’arrive pas à imaginer le cas d’une personne ayant accès à internet qui n’aurait pas étendue son identité à cette autre zone d’interaction sociale. Même en restant anonyme, en changeant régulièrement de pseudo ou même n’intervenant pas (ce qui est aussi un choix), il me semble que sauf problème psychiatrique, nous ne sommes qu’un seul individu. Avec ses valeurs, son fonctionnement et tout ce qui nous rends « nous » et pas « eux ». D’où le problème à séparer l’artiste/de l’homme… (masculin volontaire hein).
Je rêve d’un monde où, pas nécessairement en top priorité quand même, l’on apprendrait réellement à se respecter mutuellement dans nos facettes cultivées en irl ou en ligne. Où l’on expliquerait efficacement à chaque enfant qu’il a le droit d’avoir un avis, mais qu’il n’est pas toujours souhaitable de le donner s’il peut blesser. Qu’une interaction online peut avoir des conséquences émotionnelles/physiques irl et que le virtuel n’est pas réellement déconnecté du « réel »… etc
/Mes excuses pour ce texte bien brouillon, pas trop le courage de mieux le reformuler ce soir et j’ai peur d’oublier de réagir plus tard.
Lucie
25 février 2022
Je l’attendais ce billet, j’ai tellement à commenter ! Ton expérience fait écho à la mienne de deux manières. Premièrement, j’ai travaillé 7 ans comme assistante d’éducation. Cela veut dire que les élèves (les lycéens comme les collégiens) te cherchent forcément partout sur les réseaux sociaux. J’ai commencé en 2009 donc ce n’était pas aussi accru qu’aujourd’hui, néanmoins j’ai dû jouer de ruses et d’astuces diverses pour semer les mômes (j’ai des anecdotes assez drôles sur le sujet). Et je ne voulais pas mettre mes comptes en privé ! Je crois que je n’ai jamais été trouvée, sinon j’en aurais entendu parler (genre, vraiment). C’est lors de ma dernière année (en 2018) que le stress est monté d’un cran, les collégiens ont trouvé le compte Instagram de mon émission de radio. Heureusement, mon contrat se terminait peu après et j’ai quitté l’éducation nationale.
Avec le recul, j’ai trouvé ça plutôt « amusant ». En revanche, ce qui me fait beaucoup moins rire, c’est l’accès à mon blog. Depuis quelques années je vis un conflit familial avec un degré de toxicité très élevé. J’ai souvent eu besoin d’écrire là-dessus, ainsi que sur mon enfance parce qu’avant d’entrer en thérapie, je débordais. Cette dernière m’a un peu canalisée mais j’ai toujours très envie d’écrire, j’ai même la sensation de pouvoir écrire « mieux » qu’avant. Sur mon blog actuel, je mélangeais un peu de tout : revues culturelles et billets personnels. Et puis la pire personne de ma famille a trouvé l’adresse et est venue commenter un article où je l’évoquais en des termes peu reluisants (sans jamais donner aucune identité, bien sûr). Elle m’a laissé un commentaire pitoyable que je n’ai jamais validé, et j’en ai profité pour bloquer son adresse IP. Après cela, je me suis sentie ultra bridée, refroidie, glaciale. J’en ai parlé à mon psy qui considère que c’est une chose que je ne peux pas contrôler, alors autant s’en foutre. Sauf que, qui s’impose la charge d’apprendre à s’en foutre en plus du reste ? Moi, et personne d’autre. Alors j’ai laissé tomber et ça m’allait plutôt bien, depuis que j’ai ouvert ma boutique en ligne de cyanotypes, je consacre ce site entièrement à mon activité.
Oui mais. Je n’ai pas dit mon dernier mot. Je veux continuer d’écrire sur moi, sur ma famille, mes expériences, etc. parce que je ne sais pas en parler. On me reproche parfois de ne pas savoir ce que je pense. Alors j’écris, comme ça les gens (les amis, les autres) sont au courant. Après avoir changé le nom de domaine de mon site actuel, j’en ai profité pour me créer un nouveau blog ailleurs. Il n’y a rien dessus mais je sais qu’il est là, il m’attend. Se pose la question de sa diffusion mais là, je relis ce que tu as écrit et je sais que les miracles n’existent pas !
Aussi, je change de pseudo sur les réseaux de temps en temps (voire je ferme un compte pour en ouvrir un nouveau). C’est quelque chose que je faisais souvent avec mes blogs à une époque. On me moque un peu à cause de ça mais je m’en fiche pas mal, j’ai un besoin pathologique de renouveau. Et pour les raisons évoquées précédemment, ça me permet d’avoir l’esprit plus tranquille, même si c’est une illusion.
Je comprends donc également bien la sensation de vulnérabilité. On n’est jamais aussi vulnérables que lorsqu’on parle de soi !
Marie
7 mars 2022
Hello Lucie, merci beaucoup de partager tout ça. Par le passé, j’ai eu la chance de lire plusieurs de tes billets où tu parlais de certains des sujets que tu évoques maintenant : je suis heureuse que tu te sentes suffisamment à l’aise par ici pour les aborder sans protection particulière.
En lisant le passage où tu évoques la pire personne de ta famille, j’ai repensé à toutes les fois où j’ai publié un billet dans lequel je shitpostais clairement, seulement pour me rendre compte quelques semaines plus tard que la personne que je visais l’avait lu quasi tout de suite. Ça doit être la loi de Murphy des blogs : si tu vises quelqu’un, cette personne le sentira et te lira un jour ou l’autre. Passé quelques expériences délicates de ce genre, j’ai baissé le volume.
Tu es la seule personne que je lis qui fais ça à un rythme aussi rapide ; au début, quand j’ai découvert ton univers, ça m’avait pas mal déboussolée, tellement je suis habituée aux vieilles marmites du web. Mais à force j’ai fini par m’habituer et à trouver ça même assez chouette, réalisant à quel point cela doit demander des trésors de créativité pour inventer sans cesse une nouvelle persona. (Perso, cela fait 5 ans que je cherche un nouveau nom de plume, même si je me suis résignée à utiliser mon prénom qui est, en France du moins, d’une banalité confondante : bonne cape d’invisibilité, du coup.)
Pour en revenir à nos moutons, ouais, je suis désolée d’en rajouter une couche, mais le simple fait de changer de pseudo ne largue personne – parmi tes followers, du moins. Et comment peut-on avoir la certitude que, parmi tous ces pseudos et avatars soit-disant anonymes, ne se cachent pas les personnes honnies ?
Même chose pour les blogs : à partir du moment où tu déménages tes contenus, pour peu qu’une personne ait ajouté tel lien à ses favoris, même s’il ne fonctionne plus parce que tu as pris soin (?) de ne PAS mettre en place de redirection 301 depuis ton ancienne adresse vers la nouvelle, elle a toujours la possibilité de chercher le titre de ton billet ou un passage précis dans un moteur de recherche. Sauf à avoir empêché les moteurs de recherche d’indexer ton nouveau blog, bon, tu vois où je veux en venir : le ver est dans le fruit.
La méthode des deux blogs est intelligente ; à condition bien sûr de ne jamais faire de lien de l’un vers l’autre, etc. Et avec le risque (du moins, moi, je perçois ça comme un risque car rien que d’y penser ça me fait lever les yeux au ciel) de devoir gérer une seconde communauté à terme.
Pour ma part, partant du principe que même si je créais un autre blog, en prenant toutes les précautions d’usage, je finirais quand même par être trahie un jour ou l’autre, j’ai décidé d’ouvrir un compte Twitter privé sur lequel personne ne me suit et avec lequel je ne suis personne. J’ai ainsi le loisir de shitposter à foison, sans devoir rendre de compte à personne, sans m’inquiéter du référencement, et sans pouvoir m’épancher non plus, ce qui est une bonne chose (je n’y passe pas trop de temps : je viens, je râle et puis je me casse).
Au final, je pense qu’un mélange organique de différentes méthodes, souvent évolutives au fil du temps d’ailleurs, peut permettre un certain équilibre entre les forces en présence.
Lucie
9 mars 2022
Que veux-tu, je suis instable par nature… mais c’est assumé. Ce que j’assume un peu moins, c’est ce que j’écris. J’ai longtemps shitposté moi aussi, un peu partout parce que j’avais besoin d’être canalisée. Je crois que ça va mieux de ce côté-là. Peut-être grâce à l’âge qui avance, qui sait.
Tu as complètement raison, changer de pseudo ne largue personne. Ça en donne seulement l’illusion (et encore, pas toujours). Je sais qu’on peut me hate follow et que des personnes que je ne souhaite pas avoir dans ma vie peuvent me lire mais je travaille dessus afin de m’en foutre. N’est-ce pas leur accorder de l’importance que de s’en préoccuper, finalement ? Évidemment, quand cela peut avoir un impact dans la vie professionnelle, c’est autre chose. Mais de mon côté, je ne suis plus concernée par ce problème.
C’est pourquoi j’ai installé une redirection sur mon site-boutique quand j’ai changé son nom (et, donc, son destin). J’ai décidé que je n’avais plus de temps à accorder aux néfastes. Mais bon, vu que je n’y bloguerai plus sur d’autres sujets que celui qui l’occupe actuellement…
En revanche, le blog plus perso que je me suis créé récemment n’est pas indexé et j’ai décidé que je le partagerai via un compte Twitter privé ainsi que par le biais des amis proches sur Instagram. Et puis adviendra que pourra. Tant que mes propos ne tombent pas sous le coup de la loi, je ne suis pas responsable des réactions des gens.
On évolue avec Internet, c’était peut-être mieux avant (OK boomer), ou alors plus facile. En tout cas, je ne lâcherai pas ces divers espaces !
Claire des Bruyères
25 février 2022
Merci d’avoir pris le temps d’écrire cet article !
Comme je te le disais, ce sujet me parle beaucoup. J’ai pendant longtemps séparé mon identité « civile » et mon nom d’atelier et cela me convenait très bien… la limite est restée étanche étonnamment longtemps :D
Mais depuis quelques années c’est plus poreux, et cela me bloque aussi, non seulement dans la spontanéité de mes partages, mais aussi sur les sujets que je vais aborder. Pas de souci avec le filage, le tissage, les chroniques plus classiques de lectures et de musique… mais quand on touche au paganisme, au féminisme, à des sujets plus personnels, je me limite.
Comme tu le dis je n’ai pas envie que mes potentiels employeurs ou collègues aillent lire mon site (ou dans mon cas que des parents d’élèves m’en parlent à l’école de mes filles !).
Alors ce n’est certainement pas la seule raison de ma pause très prolongée (plus de 2 ans maintenant), mais ça y contribue fortement et je ne sais pas comment remettre cette limite en place. Tes pistes me donnent matière à avancer sur le sujet :)
Marie
21 mars 2022
Coucou Claire, merci d’avoir partagé tes réflexions avec moi ! Je comprends aussi bien ton hésitation et ton retrait que ton envie de continuer à t’exprimer malgré tout…
Ouhla oui, bonjour l’angoisse…
J’observe de plus en plus la tendance à créer une seconde identité numérique, par exemple à côté de ton blog et de tes profils publics, avoir un profil privé sur lequel tu partages ce qui te chante. Sur Insta par exemple c’est simple de passer d’un profil à un autre. Je persiste à penser que c’est important d’avoir une caisse de résonance de ce type, quand on ressent le besoin, comme nous, de s’exprimer sur le net et d’aborder des sujets sensibles.
Gabrielle Aznar
25 février 2022
Tres très compliqué comme question.
J’ai toujours fait une séparation entre mon image de creatrice et ma véritable identité même si je mele les deux forcement.
Avoir un autre nom est une sorte de bouclier.
Mais depuis que je bosse avec des enfants et pour une collectivité je cloisonne encore plus. J’ai un devoir de réserve, de discrétion et d’exemplarité qui joue forcément sur que je peux publier.
Vis à vis de mes collègues je ne parle jamais de mon travail créatif sur les réseaux. Je fais même hyper attention bloquant mes nouveaux collègues directement. Les seuls qui ont accès à mon facebook sont ceux en qui j’ai confiance et avec qui je ne bosse plus directement.
Je bosse avec des profils extrêmement différents et certains peuvent être malveillant. Pour ma part j’ai eu droit à de la magie noire et des trucs pas net dans mon assiette. J’ai du coup pas du tout envie qu’ils en sachent plus sur moi.
Je préfère prévenir que guérir.
J’ai une collègue animatrice lecture que je ne connais que de vue qui me suit sur insta. J’ai fini par découvrir qui elle est que récemment (et je suppose qu’elle a compris qui je suis il a peu aussi). Bah ça me met mal à l’aise surtout qu’on en a pas parlé.
Cest aussi pour ça que j’ai fait un compte à part pour mon exploration taphophile. Je sais que ça peut avoir une image péjorative qui pourrait être en ma défaveur. Je suis plus à l’aise comme ça.
Bref j’ai l’impression d’avoir deux mondes que je dois garder cachés l’un de l’autre tout en étant incapable de totalement les séparer. Ma créativité et mes goûts influent sur les deux tout en les utilisant de manière différente.
C’est un drôle d’équilibre qui parfois me donne des sueurs froides.
Marie
21 mars 2022
Coucou ! Merci beaucoup pour ton partage.
C’est un bon réflexe, de bloquer par défaut. Je laisse toujours couler quelques jours avant de le faire, pour que ça ne soit pas trop évident. Dans la plupart des cas, les gens ne réalisent pas et ne se réabonnent pas (les 1/10e qui se réabonnent sont toujours des hommes cis ¯\_(ツ)_/¯ #forceurs).
Ouais, c’est le bad, je comprends… Je vois deux hypothèses : soit briser la glace mais dans ce cas cela va lui permettre de « conscientiser » votre relation numérique et cela sera plus difficile de l’esquiver ensuite (ça me fait penser à l’effet Streisand) ; soit faire comme si de rien et finir par la bloquer aussi.
Et pour la taphophilie, clairement ; il y a encore trop de tabou sur la mort pour que les gens ne tirent pas des conclusions négatives quand ils découvrent ce type de passion atypique. Pour toi qui exerces un métier en contact avec des enfants, en plus, il semble encore plus important de faire profil bas en effet. Un peu relou mais au moins tu as la paix…
Louise
25 février 2022
Bonjour Marie, j’avais super hâte de lire cet article depuis que tu l’as annoncé sur Instagram (j’ai zieuté ma boîte mail tous les jours avec impatience) !
Ton post est plein de réflexions diverses et hyper-intéressantes sur la relation entre blogging et regard d’autrui, d’autant plus que ta situation m’est complètement étrangère. J’ai du mal à imaginer ce que ça peut être de tenir un blog dont l’existence est connue dans le monde du travail :o (mon ex-chef a une fois trouvé ma page Instagram perso par total hasard, et cela a été une grosse source d’angoisse pour moi) D’un autre côté (dis-moi si je me trompe), je trouve ça chouette car cela montre que tu as une bonne dose de confiance en toi, et en ce qui te passionne ? ^^
Pour ma part, j’ai un énorme problème avec le regard d’autrui. J’ai une telle peur de la critique, du commentaire désobligeant, que toute attention d’un proche ou moins proche sur ce que je fais (travail, créations, mode de vie, recette de cuisine, TOUT y passe…) me bloque complètement. Le blog, qui force à se confronter au regard d’autrui, me semble un très bon exercice pour lutter contre ce blocage. Mais du coup, impossible de le laisser lire à quelqu’un qui me connaîtrait irl ! Je souhaite le voir rester anonyme le plus loooooongtemps possible. Aucun ami, ni membre de ma famille n’a connaissance de ce blog. Seul mon compagnon en qui j’ai une absolue confiance sait qu’il existe, mais lui-même ne connaît pas mon pseudo ni l’adresse du site. En outre, personne ne sait que j’aime bien gribouiller-dessiner. Bref, j’ai choisi l’option « scission totale entre la vie internet et irl ». Je croise les doigts !
En tout cas merci pour ce partage de réflexions. J’aime beaucoup que tu aies fait deux illustrations aux teintes opposées (j’ai d’abord cru que tu avais seulement passé la première illustration en négatif !), c’est très beau :)
Marie
21 mars 2022
Bonjour Louise !
Aww 💜 Merci beaucoup pour ta gentillesse, ton message ainsi que pour tes compliments sur la double illustration : je suis contente que tu l’aies remarquée.
Ahah, il faudrait plutôt que ce soit mes collègues-ami·es qui répondent à cette question ! 😃 En l’occurrence, je ne sais pas ce que mon blog renvoie de moi à leurs yeux.
Je travaille dans un secteur professionnel peuplé de nerds en tous genres, au sein duquel il y a un peu plus de place qu’ailleurs pour se montrer comme on est – notamment au niveau du look. Il y a aussi une certaine tolérance vis-à-vis des passions et des lubies. Mais bon, ce n’est pas pour autant qu’elles sont toutes perçues ou tolérées de la même façon.
Arf, en effet… Hélas ce genre de choses est inévitable et imprévisible. Un jour, quelqu’un, quelque part, va déféquer sur ton tapis virtuel, et ça va sans doute autant te prendre de court que de contrarier.
Mais je te rejoins sur le fait que c’est d’autant plus vexant quand ça vient de quelqu’un que l’on connaît, alors que quand ça vient d’un·e inconnu·e, la prise de distance est souvent plus rapide.
C’est top ! Et je vois que tu as demandé à ton hébergeur de ne pas divulguer ton identité dans le whois de ton nom de domaine aussi, précaution toujours utile à prendre. Toutes les conditions semblent réunies pour que ton blog reste protégé un bout de temps.
Mais parfois tu n’as pas envie de révéler l’existence de ton blog à des ami·es ou à des proches par exemple ?
Alexandrine
26 février 2022
Épineuse question, et cruel problème, car comme tu le dis si bien, si on veut vraiment être tranquille, on ferme tout. On pourrait d’ailleurs très bien vivre sans identité numérique, après tout, des tas de gens l’ont fait avant nous depuis des siècles. On pourrait revenir à l’expression par le papier : tu as moins de risques de croiser des collègues ou de la famille dans des réseaux de diffusion papier s’ils n’ont pas l’habitude de les fréquenter.
Et en plus, il est moins facile de porter un jugement exprimer vocalement quand tu vois la personne qui vend ou montre quelque chose « en vrai » plutôt que porter un jugement bien planqué derrière son écran.
Bon, mais ça résout pas notre problème. Je dis « notre » car, en lisant ton texte, je me suis un peu reconnue, mais en même temps, je n’ai jamais eu de véritables problèmes engendrés par mon identité numérique.
Je blogue, et j’ai un compte instagram (bon, 4 en fait), et un pinterest. Et je prends soin de très peu révéler de choses de ma vie privée. Je blogue sur des sujets qui me passionnent dans le but de partager mes connaissances notamment en histoire de l’art ou en littérature, ou en mode. Donc, j’évite de révéler mes opinions politiques par exemple, ou bien mon point de vue sur le féminisme. Les seuls moments où j’ai révélé des choses sur ce dernier point, c’était pour mettre en ligne des extraits de mon mémoire M2, et je n’ai eu pratiquement aucun retours, donc… Mais ça vient peut-être de mon éducation : ma vie privée ne regardant personne, je ne l’a mets pas en avant sur les réseaux. Et mes opinions n’engageant que moi, idem. Et en plus, j’ai tendance à me dire : « mais tout le monde s’en fout de ton opinion en plus, donc, garde ça pour toi ». C’est peut-être dévalorisant pour mon opinion, mais j’ai tendance à penser que je ne vais pas faire avancer le schmilblick, donc, à quoi bon la partager.
Après, j’ai tendance souvent à mentionner mon blog quand je parle à des étudiants ou des doctorants, si je présente mon travail par exemple, parce que je considère que mes réseaux numériques font partis de mon travail. Comme je travaille plutôt sur les relations entre la culture populaire et le monde de l’art contemporain, les réseaux numériques font partis de cette étude, forcément. Et si je fais des fautes dans mes articles de blog, tant pis pour les personnes académiques qui me lisent (si elles le font), je n’ai pas à me justifier là-dessus. Mais je sais que des petits lutins pourraient me dire : « tu fais des fautes Alexandrine ». Et je leur répondrai sans doute : « si ton unique préoccupation quand tu lis mon blog c’est de compter les fautes, arrêt de le lire, épargne-toi cette peine ». Je n’ai pas de problèmes avec ça, et je pense que les étudiants qui me lisent via le blog ne retiennent que les connaissances et les liens que je leur apporte. J’ai déjà eu le cas de personnes qui me voient en vrai, et quand ils savent que je suis Studio Aartus, ils me disent « ah mais oui, je suis abonné à ton insta ». Et point, en fait ça s’arrête là.
Donc, je comprends l’inconfort que tu peux ressentir face à une auto-censure à cause des collègues/amis, mais peut-être qu’il faut juste tenter de ne pas trop s’en préoccuper, et mettre les choses au clair si la personne devient envahissante au travail sur ce que tu blogues. Et si elle ne comprend pas, était-elle vraiment ton amie ? (ça dépend de la définition du mot amie bien sûr)
C’est sans doute une question sans réponse…
Merci pour ton article, qui met le doigt sur un problème récurrent !
Belle journée
Marie
21 mars 2022
Merci pour ton long retour d’expérience !
J’aimerais que ce soit aussi simple.
Véronique
28 février 2022
Une énumération de constats et de problèmes que je ne soupçonnais pas du tout, ne m’étant jamais trouvée dans ce genre d’espace créatif.
J’ai juste un compte Insta avec un pseudo.
Difficile de trouver un équilibre satisfaisant : soit faire des compromis, soit risquer de se dévoiler trop et de subir commentaires, critiques, peut-être d’avantage…
En tout cas, je ne te connais pas, mais j’apprécie beaucoup ton travail et tes productions. C’est un univers particulier, étrange et qui m’a fait connaître des aspects du monde que j’ignorais jusque-là. Merci pour cela.
Marie
21 mars 2022
Merci beaucoup Véronique !
Diane
2 mars 2022
Je finis enfin de lire ton article, très intéressant sur biens des points.
Je comprends ce que tu dis sans pour autant le vivre ou pas de cette manière.
En effet, mon blog parle d’urbex et d’exploration et représente une partie de ce que je suis non négligeable. Je ne m’en suis jamais cachée auprès de collègues et malgré les (trop) nombreux métiers que j’ai pu faire, cela n’a jamais entaché quoi que se soit.
j’ai même eu un entretien, où faisant référence à mon blog en terme d’écriture et de référencement, ils ont voulu le voir, je l’ai montré et on en a parlé et ils étaient enchantés.
Internet tel qu’on le connait a eu plusieurs phases.
Au départ, on était sous pseudonyme, on était une autre personne, il y avait un coté double-vie plutôt grisant. Puis au final, on est nombreux à avoir laissé de coté notre anonymat et mettre notre nom. ce qui a pu faire basculer certaines choses, dont du harcèlement et un meilleur référencement. C’était avant qu’on ne prenne conscience de la puissance de Google et que ce que l’on considérait comme un espace de liberté se monnaie très cher au niveau de nos données personnelles. On s’est bien fait avoir !
Pour ma part, je n’ai aucun soucis à ce que des gens de mon environnement professionnel (si je peux l’appeler ainsi) voit mon blog et mes échanges.
J’ai tout de même très peur de vivre ce que vis Juliette. mais je n’ai pas sa notoriété et je ne fais pas de Youtube.
S’en foutre ce n’est pas si facile. Personnellement j’estime que si vraiment ton blog pourrait être mal perçu par un recruteur : c’est que cette entreprise n’est pas pour toi !
Quelque part, ça te fait un ménage à la base.
Plus facile à dire qu’à faire : te blinder pour que ce genre de choses ne te touche plus et que tu te sente plus libre.
Peut-être justement penser mentalement à ce genre de situation, leur donner une issue positive et également te faire une liste de tout les aspects négatifs. Regarder s’ils sont vraiment aussi négatifs que ça.
Marie
21 mars 2022
Merci pour ton commentaire et tes réflexions, Diane !
Tu as de la chance, c’est cool que ça se passe comme ça ! Cela rejoint un autre retour d’expérience que m’avait fait un ami à propos de son blog très spécialisé sur le cinéma et la littérature d’horreur.
Mon hypothèse est que, comme vous n’abordez pas de sujets pouvant vous rendre vulnérable sur votre blog, vous ne risquez en effet pas grand chose puisque vous exposez des passions qui, au contraire, vous valorisent socialement et professionnellement.
Vos blogs sont-ils vraiment des blogs perso ? Le tien par exemple, je le vois davantage comme un portfolio-boutique, comme quelque chose de professionnel, de spécialisé, comme un média photographique à part entière qui n’est pas conçu pour y exprimer tes émotions à toi, mais pour refléter les émotions que ton public ressent en observant tes photos.
J’ai le sentiment que c’est là que ça se joue et que c’est ça qui explique notre différence de perception.
Vous avez été plusieurs à me faire cette remarque. En théorie, c’est séduisant comme idée d’imaginer que je sois assez en position de force pour refuser les postes que l’on me propose. Mais la réalité, c’est que plus le temps passe moins c’est le cas (mon genre + mon âge, ne plus être à Paris, etc.).
Donc, si, c’est d’autant plus important pour moi de protéger cet espace « extime » d’expression sur le net, sans que cela n’interfère – ou le moins possible – avec des processus de recrutement souvent sclérosés (même derrière l’image « cool » que les nouveaux cabinets de recrutement essaient désespérément d’adopter).
In fine, je veux être jugée sur mes compétences professionnelles et mon expérience, et non sur mes centres d’intérêt personnels, ni sur mes engagements politiques, ni sur mes loisirs. Si je partage des centres d’intérêt communs avec mes collègues, j’en suis évidemment ravie (et j’ai la chance que ce soit le cas dans mon poste actuel). Mais cela n’est pas, pour moi, un critère essentiel pour accepter ou décliner une proposition d’embauche ; je n’ai hélas pas ce luxe.
Philippe
2 mars 2022
Merci pour ce billet :) Je reviens pour lire la fin des commentaires qui sont tout aussi intéressants.
Ton billet aborde tellement de sujets… et on pourrait tellement extrapoler : le contexte est le travail, mais l’accès à la vie privée et le non cloisonnement est une des sources du harcèlement scolaire également…
Puis il y a des domaines où c’est vital (l’éducation, la santé, la sécurité, …) tout domaine où on est proche des autres et où le besoin de cloisonner est vital, que ça soit pour son bien-être ou sa sécurité/tranquillité. Et j’imagine que c’est encore plus vrai pour les femmes (je pars du principe qu’il y a beaucoup de stalkers hommes).
Tu fais aussi une allusion aux arrêts de travail, à juste titre car au delà des collègues, je pense que les personnes qui contrôlent peuvent jeter un oeil sur les réseaux sociaux,. D’ailleurs il n’y a pas qu’eux, le fisc le fait également depuis un décret de février 2021 ! (Enfin… je vais me taire sur le sujet parce que ce n’est pas le lieu mais cela comment à ce voir que la politique des contrôles n’est pas la même pour tout le monde.)
Pour revenir au sujet, qui n’a jamais eu de remarque d’un·e collège / vaste connaissance / plus globalement « une personne non proche » par rapport à une publication sur un réseau social ? Ne serait-ce qu’un « tiens j’ai vu une photo de ton weekend, ça avait l’air sympa non ? »
Même si la question part d’un sentiment sincère, je trouve cela glaçant.
Idem à l’entretien d’embauche, si la personne a son pseudo twitter sur son cv, j’ai souvent eu le cas où il était facile de faire le lien avec d’autres forums ou un blogs (ou vielles casseroles adolescentes).
Malheureusement, comme tout est « à plat » sur le web, il est facile de lire sans se demander si l’autre serait d’accord. La logique du « s’iel ne voulait pas qu’on lise, il ne fallait pas l’écrire » l’emporte souvent.
Cependant, si vous vous promenez dans la rue et qu’une fenêtre est ouverte et que l’intérieur de la maison est visible : allez-vous vous pencher pour regarder de plus près ? Si vous étiez témoin de la scène, ne diriez-vous pas « mais ça ne se fait pas ! » ?
En quoi le web devrait-il être différent ?
Je suis pour les pseudos, et même j’en ai plusieurs, selon l’activité, le thème du forum… Je crois même que mon compte insta est passé en privé suite à un commentaire non souhaité.
Pour en revenir à l’embauche, j’aime bien participer aux entretiens quand mon travail recrute. Mais je sais que j’ai pu poser des questions qui ne se posent habituellement pas, surtout dans mon ancien travail : c’était l’habitude de tout le monde, pour avoir « une bonne synergie ». Mais en fait, simplement demander « et sinon tu fais quoi en dehors du travail ? » est de trop, cela ça ne nous regarde pas.
Donc à défaut d’avoir une solution miracle, je préfère philosopher et me dire qu’au pire, cela reste un excellent red flag : les réflexions sur les publications / commentaires, l’impossibilité de se déconnecter du travail (combien de boîtes poussent le teambuilding à outrance pour sur-entretenir les liens avec le travail ? Pour l’avoir connu, c’est moche et vicieux).
Et surtout, si quelqu’un me dérange sur un réseau social, je bloque directement, sans chercher plus loin. Pour citer (approximativement) Martin Fourcade qui répondait à une question sur les RS durant les JO : « Les personnes qui me critiquent sur les RS, je ne les ai jamais croisées en vrai, (sous-entendu : elles sont lâches), contrairement à celles qui me supportent et me félicitent ».
Je t’envoie tous mes encouragements et j’espère que tout continuera d’être bien cloisonné car c’est toujours un plaisir de venir ici.
Marie
22 mars 2022
Hello Philippe, merci pour ce rebond détaillé et complémentaire !
Absolument.
Mais voyons pourquoi tu dis ça 🙃 (Question rhétorique, je précise.)
Disons que ça dépend si ça sert à lancer une discussion (dans ce cas, je trouve ça chouette) ou au contraire à la couper.
D’ailleurs ces temps-ci je réalise que mon blog est plus lu par mes collègues que par mes propres ami·es proches (hors travail). Je ne sais pas trop comment je suis censée l’interpréter. Peut-être après tout que c’est sain que mes ami·es proches ne le lisent pas (ou le lisent mais ne rebondissent pas sur ce qu’iels ont lu, même quand on discute de vive voix), ça laisse la porte ouverte à d’autres conversations sur d’autres sujets.
Mais si ce n’est pas à elleux que je m’adresse, alors, à qui ? Ce public aux coutours flous est au cœur du problème.
C’est louable de ta part de le reconnaître. Tu es loin d’être le seul, a fortiori dans notre secteur professionnel qui se croit très cool, créant et entretenant l’illusion d’une proximité innée avec les autres.
Pendant longtemps j’ai fait preuve de naïveté en trouvant ça agréable, jusqu’à ce que je comprenne à mes dépends que ça signifie vraiment aucune barrière même quand TOI tu souhaites en mettre.
Une fois que les gens savent, ils ne peuvent plus ne plus savoir ; on ne peut pas retirer une confidence, on ne peut pas semer durablement les autres.
Sain réflexe. Mais même si tu bloques une personne sur une plateforme, qui te dit qu’elle ne te suit pas quand même avec ses 3 autres comptes ?
J’évite de trop y penser parce que sinon je ne publierais plus rien et cela me rendrait malheureuse aussi, mais au fond tout ça est très perturbant.
Kellya
6 mars 2022
Je suis chamboulée par ce sujet que je n’imaginais meme pas, ma naiveté incurable me poussant à ne voir que les bons cotés de s’exprimer librement… Merci mille fois de proposer des pistes de questionnements pour mettre plus à l’aise les blogueurs de mon entourage!
Je crois aussi que j’ai la chance de travailler dans une langue autre que la mienne, ce qui me permet de garder une distance bien plus facilement. J’ai quand meme été parfois mal à l’aise quand des personnes de ma vraie vie commentaient sur des partages que j’ai pu faire, typiquement féministes ou sur la sexualité.
Kellya
6 mars 2022
Ah j’ai oublié aussi de te dire que j’adore les illustrations de cet article, j’aime beaucoup le coté série!
Marie
22 mars 2022
Merci !! 💜
Marie
22 mars 2022
Merci beaucoup pour tes commentaires, Kellya !
Je n’avais jamais pensé à ça, ayant toujours blogué et partagé des contenus en français dans 99 % des cas, mais je veux bien te croire.
Arf, ouais, c’est assez badant quand ça arrive. C’est des personnes qui t’ont suivie à ton initiative ou qui ont découvert ton compte par hasard ?