
Virginia. De Tori Amos.
Chanson redécouverte, ou même découverte tout court, en juillet dernier, les pieds dans les cartons et le coeur à vif, comme une charogne humaine, la peau humide et la lèvre percée, alors que je m’apprêtais à reprendre la route pendant neuf heures – rejoindre le lointain bord de mer, y retrouver mes derniers baluchons. Lui dire au revoir.
Virginia… Ce fut un tête-à-tête entre elle et moi, un tête-à-tête qui dura neuf heures. 2’50 ». 2’50 ». 2’50 ». J’avoue… que si je devais choisir un instant précis pour disparaître, pour m’envoler, ce serait là précisément, de 2’50 » à la fin. La mer de sons liquides qui coule à ce moment précis, ce moment précis, ces sons liquides, ces torrents de prières… croyez-moi, sont peut-être parmi les plus lyriques de tout son repértoire. A l’instar de l’album tout entier.
J’ai mis un bon nombre d’années avant de véritablement accrocher, sans trop savoir pourquoi.
Voilà, en fait c’était exactement ça: je ne le comprenais pas. Je ne réussissais pas à relier mon histoire à son histoire.
J’écoutais pourtant le disque des centaines de fois, et ce dès sa sortie. Mais le courant ne passait pas complètement, même en quatre ans.
Trop alternatif. Trop pur, trop vrai, trop subtil.
Mais, au fil de nos conversations sur le sujet, Vladimir a eu raison de mes dernières hésitations. Scarlet est réapparue à ce moment-clé de ma vie, ce moment-là où seule la musique avait vraiment de l’importance, où seule elle avait des répercussions concrètes sur mon existence. Ce genre d’album qui a sûrement dû transformer ma vision de la vie, quelque part.
Tori, Tori, Tori… Que j’ai de la chance de vivre à ton époque. De pouvoir te voir sur scène! De t’adorer librement.
Reste qu’il me restait neuf heures de route à faire. Avec une seule cassette audio. Scarlet, et Virginia, et Amber Waves, portées à bout de voix. Je me souviens de ces multiples trajets, soit autant de multiplications par 9, et toujours la même cassette. Je n’avais simplement pas le coeur à la retirer du lecteur, et quand bien même, je n’avais pas le choix; c’était Scarlet ou c’était le néant. La seule chose que je pouvais, que je savais faire, était de rembobiner la bande magnétique, encore et encore, l’usant certainement. La copie crépitait, et je replongeais dans Virginia. A ce moment-là, à ces moments-là, ces centaines de milliers de moments, à ce moment-là, oui, mon âme quittait mon corps et se positionnait juste au-dessus de moi. Et elle regardait. Les nuages. Ces océans de lumière à perte de vue que la France recèle en ses contrées perdues, trop rarement parcourues. Et des prénoms d’anciens mages, de nymphes feuillues parvenaient jusqu’à mes lèvres. Et je dessinais dans ma tête. Et toutes les voix liquides qui observaient en silence les déserts et les canyons, qui se nourrissaient de poussière dorée et s’abreuvaient de la sève des cactus, foulaient le sol avec leurs espadrilles roses, cheveux au vent, les bras ballant. Virginia…
Je roulais, concentrée, habitée. Pourquoi cette chanson, pourquoi cette chanson-là? Je décidai alors de changer et de remettre la bande à zéro, du bout du seul index que j’avais de libre. Mes jambes se figeaient, je les détendais. Mes yeux se voilaient, je les émerveillais – à coup de sons, de sons liquides. Mais la seule chanson, les seules notes que je reconnaissais par coeur (à tel point que j’aurais voulu, si j’avais pu, les retranscrire sur du papier à musique), les seules notes qui touchèrent profondément mon coeur à ce moment-là, de cette façon-là, furent celles de Virginia.
Pour conserver le miracle intact, il faudrait ne point trop en abuser. Pourtant, les addictions réelles ne se tarissent jamais, même après été bues par hectolitres.
The CD’s about America –
It’s a story that’s also a journey, that begins in L.A.
and crosses the country, slowly heading east.
America’s in there, and specific places and things, Native American history
and pornography and a girl on a plane who’ll never get to New York,
and Oliver Stone and Andrew Jackson and madness and a lot more.
Not to mention a girl called Scarlet who may be the land
and may be a person and may be a trail of blood.
Scarlet is walking in my shoes. You could say she’s based on me. Or perhaps I am based on her.
Anne
9 février 2007
J’ai découvert Tori avec « Scarlet ». Avec « Taxi Ride » plus précisément et le morceau qui m’a accroché dès les premières notes pour plus jamais me lacher « Scarlet’s Walk » (et sa musique incroyable). C’est à partir de là que j’ai ensuite acheté « Little Earthquakes » et puis « The Beekeaper » et puis « Boys for Pele »… J’ai découvert un peu Tori dans tous les sens et de façon anachronique. A ma manière.
Cet album là a une couleur vraiment particulière et plein de couleurs au sein de lui-même, et il semble, c’est vrai qu’il est un peu « Ovni » par rapport aux autres. Qu’on puisse difficilement se sentir proche de ce qu’il raconte à première vue. Malgré ces paroles qui me semblaient difficilement accessibles, il y avait ces musiques, ces mélodies, ces rythmes et ces ambiances qui eux ne pouvaient pas me lâcher. Je pense à « Carbon », à « I can’t see New York », « Scarlet’s Walk » et aussi « Wednesday » et » Don’t make me come to Vegas » à leur manière. Je crois qu’il a fallu que je découvre les autres album, que je prenne du recul pour revenir à Scarlet et mettre le doigt sur quelque chose. Malgré qu’elle en ai fait des plus « cryptés », Scarlet reste pour moi l’album de Tori le plus mystérieux. Et ce final de « Virginia » a un quelque chose d’Eternité. Surtout avec juste derrière les premières notes de « Gold Dust »…Absolument magnifique…
By the way, cette photographie de Tori est très belle. Le livret photo de Scarlet est un de mes préférés.
Marie
23 février 2007
Tu as absolument raison, il y a quelque chose d’assez crypté, d’inaccessible, dans cet album. Pourtant, et c’est toujours le même paradoxe avec la musique de Tori, on se sent si proche de ces mystères… « I can’t see New York » est vraiment sublime et très touchante…
Cela va peut-être te paraître fou, mais je n’ai pas encore plongé dans les paroles et dans le concept de « Scarlet’s Walk », alors que je l’ai fait pour la plupart des autres albums. Je ne connais aucune parole par coeur, même pas celles de « a sorta fairytale »! C’est dire! Il faut croire que je me les garde sous le coude « pour plus tard »… Encore et toujours l’album le plus inaccessible, y’a rien à faire. :) Ce qui ne m’empêche pas de l’écouter en boucle ces temps-ci, dans l’attente fiévreuse de « American Doll Posse », le prochain album de Tori!
yop!
10 mars 2007
Ah! Je suis rassuré de savoir que je ne suis pas le seul à écouter du Tori Amos en boucle jusqu’à un point extrême de répétition. Cela dit, je ne m’en lasse pas. Mes amis, si.
Mais je compte en changer s’ils ne s’acclimatent pas.^^
Marie
11 mars 2007
Pour moi, hors de question d’arrêter d’écouter Tori pour faire plaisir à quiconque! C’est une question de vie ou de mort, lol! X-D Oui, j’écoute ses disques en boucle, et je change d’album selon mon humeur… En ce moment je suis très « Strange Little Girls » et « Scarlet ».
quitterie
4 mai 2008
Bonjour Marie :))
J’avais lu ton récit juste après la critique que tu avais rédigée sur le fameux concert de 2007.. :)
J’ai adoré.. ta façon de décrire à la fois ces sons liquides de « Virginia » (et dans « Lust » aussi, l’intro musicale évoque les liquides, pour moi, ce qui, quelque part, rend cette chanson encore plus érotique ah! ), et ce que tu as éprouvé à l’écoute de « Scarlet’s Walk » ; ainsi que ce qu’en dit Anne.
J’ai relu ta page il n’y a pas longtemps, car je suis tombée sur un site qui m’y a fait penser.
Tu es certainement déjà tombée dessus, mais si ce n’est pas le cas, je crois qu’il pourrait te plaire :
http://www.herbleonhard.com/Indexpg/index.html
C’est la page d’un peintre, Herb Leonhard, qui a illustré plusieurs chansons. Ses oeuvres sont extrêmement évocatrices et féériques. Surtout, il a réussi à dépeindre une ambiance très spécifique de l’univers et de la personnalité de chaque artiste. Dans l’ensemble, cela me paraît admirable!
Bien sûr, je me suis davantage attardée sur les pages de Tori Amos et de Kate Bush (dont le visage est dessiné d’une façon incroyablement fine et « exacte »).
La « pièce » de Tori est ici :
http://www.herbleonhard.com/Tori/Tori.html
Vraiment, je trouve Baker Baker et Winter merveilleux, mais Sister Janet, Caught A Lite Sneeze et Blood Roses sont incroyables également.
En réalité, ils sont tous bien, très réussis!
Dans I Can’t See New York, son visage m’a fait pensé à celui de Laura Smet hé..
D’une façon générale il y a beaucoup de rouge, ce qui me plaît aussi énormément :D (et, de l’orange ;) ).
Je me demande à quoi ressemblerait « Virginia » ou des chansons comme Little Amsterdam, Mr Zebra ou Leather..
Je suis même fan de 2 de ces peintures, « Spark » de Tori (wow!) et « This Woman’s Work » (en bas de page, dans la chambre n. 3 de Kate Bush:
http://www.herbleonhard.com/Kate/Kate3.html).
Pour moi, dans cette dernière, l’expression du visage de KB contient tellement d’émotions diverses (la souffrance, le soulagement mais aussi la joie imminente..). Puis son visage est représenté si subtilement..
De plus, j’ai reçu un bulletin d’une autre Mary ;) alias Cloudbusters sur Myspace :
« A TORI COMIC BOOK IS UNDERWAY!
Tori’s songs are being put into a comic book.
The tittle of the book istaken from one of her songs FLYING DUTCHMAN.
Here are her songs that will be put into the comic book
FLYING DUTCHMAN
BOUNCING OFF CLOUDS
GIRL
MERMAN
TAKE TO THE SKY
MR.ZEBRA
LITTLE EARTHQUAKES
MARIANNE
CRAZY
PROGRAMMABLE SODA
TOAST
JACKIE’S STRENGTH
LITTLE AMSTERDAM
HERE IN MY HEAD
SUEDE
SUGAR
TEENAGE HUSTLING
FATHER LUCIFER
SNOW CHERRIES FROM FRANCE
WAITRESS
CAUGHT A LITE SNEEZE
WINTER
BAKER BAKER
1,000 OCEANS
SPACE DOG
THE BEEKEEPER
SIREN
IIEEE
SILENT ALL THESE YEARS
LEATHER
GOLD DUST
PRECIOUS THINGS
GLORY OF THE 80’S
HONEY
CRUCIFY
GOD
PANDORA’S AQUARIUM
SCARLET’S WALK
THE BEAUTY OF SPEED
I CAN’T SEE NY
UPSIDE DOWN
NORTHERN LAD
ROOSTERSPUR BRIDGE
CORNFLAKE GIRL
PIRATES (je le connais pas..)
HEY JUPITER
DEVILS AND GODS
PAST THE MISSION
SWEET THE STING
RIBBONS UNDONE
PRETTY GOOD YEAR
I am kind of excited to see what these songs stories will look likewith drawings. »
(et ya une petite photo sur ce site :
http://s49.photobucket.com/albums/f253/MyraAmos/?action=view¤t=main-photo1.gif ).
J’ai l’impression que tes 25 ans ont donné naissance à de très beaux moments.. ;))
Je te souhaite une douce après-midi.
Et bon courage pour la semaine à venir :)
Quitterie
Marie
4 mai 2008
Bonsoir Quitterie! Hé bien dis donc cela faisait un bail que je n’avais plus eu le plaisir de te lire sur mon blog! :) Merci pour ce très long commentaire très riche.
Je connaissais le travail de Herb Leonhard grâce au livre « Lyrics » qui, comme son titre l’indique, réunit un bon nombre des paroles de Tori (mais jusqu’à Boys for Pele seulement, il me semble). Il a aussi collaboré maintes fois au calendrier RAINN/Tori Amos, cependant je n’avais jamais eu l’occasion d’aller visiter son site web. Merci donc pour les liens.
Par ailleurs, en ce qui concerne le Comic Book Tattoo, en effet cela promet d’être assez grandiose! Je crois qu’il fera plus de 400 pages, et existera en trois versions: soft cover, hard cover, et hard cover édition limitée (dédicacé par les principaux auteurs).
J’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner! De même, je n’ai pas eu vent du DVD « American Doll Posse », mais j’imagine qu’il doit être en production. J’ai hâte de voir quel sera le format adopté: quelle doll chantera?
On ne s’ennuie jamais au pays de Tori :)
quitterie
10 mai 2008
Bonsoir Marie
Merci à toi pour ces infos ;) !
Au fait, te souviens-tu de ce qu’avait organisé le site officiel ? On avait proposé au fans d’envoyer une photo d’eux avec leur album préféré afin de créer un portrait de Tori en « rapiéçant » toutes les photos transmises (sacré boulot ! ). C’était en 2006 je crois..?
C’est un peu dommage car pour l’instant, on ne sait pas non plus où en est ce projet :)
Et c’est vrai, est-il possible de s’ennuyer au pays d’une enchanteresse..
Marie
11 mai 2008
Oui je m’en souviens, j’avais participé d’ailleurs! Ce « super portrait » de Tori Amos devait sortir en même temps que American Doll Posse, visiblement il n’en a rien été… :-/
Néanmoins on peut espérer que cela reste un projet pouvant être inclus dans le DVD? Wait and see!
De mon côté, j’ai réservé une édition limitée du Comic Book Tattoo, qui vaut 149US$ mais que j’ai payée 50€ sur Amazon Canada. Intéressant! Vas-tu également te le procurer?
quitterie
11 mai 2008
Bonjour Marie!
Ah oui.. en effet, le prix sur Amazon Canada est très intéressant! (merci pour l’astuce :)) ).
Normalement, je ne devrais pas faire de dépenses ; je dois acheter un cadeau pour les 25 ans d’une amie, puis me préparer pour un mariage..
Aïe aïe aïe hé!
J’avoue donc que j’hésite à me procurer le Comic Book Tattoo, qui promet d’être assez grandiose.
(pis j’adore le titre)
Oui, il faut que j’y réfléchisse :(
C’est cool, tu vas bientôt passer de fort bons moments en compagnie de ce livre, d’autant plus qu’il contient de nombreuses chansons :D
Je te souhaite un beau dimanche, et encore merci ;)
Marie
11 mai 2008
Ecoute, la sortie du livre n’étant prévue que pour mi-juillet, je crois que ça te laisse un peu de temps pour passer commande et amortir le coût! Y’a pas de mal à se faire du bien, n’est-ce pas?!
A noter que l’édition limitée est signée par Tori herself… (Pas que j’essaie de t’influencer ni rien!)
L’édition toute simple quant à elle coûte moins de 15€ ;-)
Toujours un plaisir de te lire!
quitterie
12 mai 2008
Ah la la, tu as raison, je crois que je vais me laisser convaincre..
.. et je te tiendrai au courant de la suite (le livre est à 19.28€ avec livraison gratuite, sur amazon.fr, ah c’est bon marché également) :)
Le plaisir est vraiment partagé, Marie ! ;-))