J’ai vu TOOL en concert à Lyon hier soir. Ils ont absolument déchiré.
Je les avais déjà vus à l’Olympia de Paris en mai 2002, où ils délivrèrent, c’est simple, le meilleur concert que j’aie jamais vu, performance restant à ce jour inégalée. L’ambiance était hypnotique, absolument spirituelle.
L’étroitesse intime de la salle nous permettait, à nous public, de ne faire qu’un au cours des deux heures bien tapées que dura le concert. L’ambiance était électrique, mouvante, acharnée. La musique entrait par chacun de nos pores, passant par nos pieds, nos jambes, nos poitrines dévouées, détraquant un peu plus nos esprits tourmentés, avant de repartir et de s’envoler pour un au-delà plus qu’incertain.
Maynard, alors tout de noir vêtu, nous tourna le dos pendant toute la durée du concert, mais peu nous importait, car il délivra un chant proche de l’incantation qui devrait vibrer dans nos tripes encore longtemps une fois le concert achevé.
Hier soir, bien qu’il eût été difficile pour le groupe de réitérer sa performance quasi-divine de 2002 vu l’équation salle (plus grande que l’Olympia) et public (un peu éparpillé), la magie a bel et bien opéré. Arrivées trop tard pour voir Mastodon, qui officiait en première partie, nous n’avons pas attendu longtemps avant que la scène ne soit préparée en vue du rituel metalique qui allait y avoir lieu. La batterie de Carrey, majestueuse, décorée à l’image de « 10.000 days », trônait au centre droit de la scène, laissant deviner que MJK allait prendre place, lui, sur la gauche. ça n’a pas loupé.
21h15 pétantes, le groupe entre en scène, la scène toute illuminée de mauve et de noir (uh uh). Mémorable Maynard, et sa crète, en jeans, emmitoufflé dans sorte de veste orange fluo qui me fit sourire et qu’il ne tarda pas à enlever. Et c’est parti; ça a recommencé. Une base rythmique si puissante et si concentrée qu’elle prenait la place de tout battement de coeur. Quel plaisir que de sentir la pureté et la lourdeur de ce son adoré au sein de ma cage thoracique! L’impression de revivre, enfin. Le sol a tremblé, la transe prenant tout le monde par les tripes. Jones, Carey et Chancellor, ultra concentrés, faisaient office de gardiens du temple, dans lequel Maynard, survolté, s’arquait tel un chamane ayant ingéré quelques substances célestes.
Le concert a pris une tournure rituelle, d’ailleurs assez caractéristique de la musique de TOOL, en particulier lorsque, à cause de problèmes techniques, le groupe dut s’interrompre aux trois quarts du show: les quatre fantastiques se sont alors assis sur le bord de la scène, solennellement, et Chancellor alluma son briquet, ce que la salle ne tarda pas à faire elle aussi. Quelques minutes de presque silence – toutefois rempli par des accords toolesques passés en fond – à se scruter, à se contempler, de part et d’autre du Styx, avant que le déferlement d’intenses émotions ne recommence.
Concluons en citant MJK himself, hier soir:
We have good news, and we have bad news. The bad news is, we don’t speak French. The good news is, we do speak music. Which works pretty everywhere except in Germany.
Outre la vanne finale, c’est bien de cela qu’il s’agit: de musique, pure, intense, incorruptible, totalement magique – lien ultime entre nous-même et autrui, entre nous-même et nous-même. Introspection puissance mille, dans le secret d’une salle sombre et électrique. Même en écrivant ces lignes, je ne peux m’empêcher de headbanguer (en douceur cependant, mes cervicales ayant un peu souffert hier) à l’écoute de « Parabola », plus convaincue que jamais que, même démentielle, toujours virtuose, la musique adoucit les moeurs, et remplit d’un coup toute incertitude existentielle.
Tatyana
8 décembre 2006
J’écris « à chaud », puisque j’étais moi aussi à ce formidable concert avec la star de ce blog (je sens déjà le « ooh mais non pourquoi t’as écrit que j’étais une star?ah ah ah.)
Je suis d’accord avec le « de musique, pure, intense, incorruptible, totalement magique » surtout qu’il y avait des projections d’images et certaines que j’avais pas encore vues.
J’ai aussi apprécié absolument toutes les chansons, alors qu’il y en avait que 3 de 10’000 days (et qu’en ce moment c’est mon préféré) (mais bon i yavait Jambi!! et un type enb t shirt blanc m’a confirmé que je n’étais pas la seule à être absolument fan de cette chanson) et ont même joué « Swamp song » (Undertow), beaucoup d’Aenima et pas mal aussi de Lateralus. Et j’ai beaucoup apprécié aussi les moments de « détente » comme dit Marie (non elle a pas dit ça mais j’me souviens plus).
Et puis moi aussi j’ai allumé mon briquet (Quenod électrotechnique) :D
fromageplus
8 décembre 2006
Bonjour,
J’étais au même concert : absolument fabuleux. J’ai également fait ma petite chronique sur le sujet.
Si quelqu’un a des photos, je suis preneur!
Ubix
10 décembre 2006
Tiens, c’est joli par-ici. ;-)
Etant donné la manière dont tu évoquais le concert démentiel de 2002 depuis un certain nombre d’année, j’étais curieux de savoir comment tu allais percevoir celui-ci. L’alchimie semble s’être répétée.
Et le « we do speak music » est trop classe, bravo Nanard (ok j’abuse, ça ne lui va pas du tout ; le contraire aurait été surprenant).
Marie
11 décembre 2006
Salut à tous, et bienvenue à fromageplus et à Ubix! Merci pour vos réactions enthousiastes et pour les différents liens.
@Ubix: non, décidément, « Nanard » ne lui va pas du tout. C’est Maynardo, s’il te plaît. ;)
Lucille
11 décembre 2006
Quel bonheur de te relire! Je t’envie ce concert, il a l’air d’avoir été vraiment bien… Et puis Tool :) C’est pas demain qu’ils passeront à Fribourg!
Marie
11 décembre 2006
Coucou Lucille! Quel plaisir de te voir par ici… ;)
Tool ne passent jamais par la Suisse?
Violhaine
12 décembre 2006
Comme je t’envie. *_*
Lucille
12 décembre 2006
Les deux grandes salles de suisse sont aux deux bouts, Zürich et Genève. Et moi j’ai le bonheur d’habiter… Le milieu! Alors pour les concerts de groupes connus, c’est un peu raté, surtout sans voiture!
Pheno
13 décembre 2006
Maynardo est Dieu, je ne vois pas trop d’autre explication. Enfin bon, c’est un genre de Dieu pervers et punk… :-D
Mais je maintiens : il y a du divin dans cet homme.
Et TOOL est dénitivement ‘au-delà’, c’est certain.
Marie
14 décembre 2006
Bienvenue à Violhaine, et à ma Pheno préférée! ^^
Tout à fait. Je me rends compte, en ce qui me concerne, que je ne me sens vraiment attirée que par les musiques qui offrent ce lien spirituel entre ici et la Source. D’ailleurs, quand on y pense, ce n’est pas vraiment surprenant que Tori, Maynardo et Trent soient liés.
Pheno
14 décembre 2006
Exact. ;-)
Cependant, je trouve que notre Rezzo international touche à certains de nos plus vils instincts. Une forme de grâce, certes, mais dans un autre registre.
(puis, alors avec son nouveau look, là, je sais pas trop où il met les pattes ^^).
Tatyana
20 décembre 2006
J’ai trouvé ça sur un forum, ça ma fait rire. Au fait jai vu aussi que Tool à Paris ont assuré, Maynard a dansé avec une projection de Saturne, il faisait comme si les anneaux l’égorgeaient, ahah.