Hier soir, j’étais contente d’être en week-end.
Après un petit apéro, on a revu Cellule 211, un film espagnol excellent, bien nerveux comme je les aime.
Ensuite, par habitude, j’ai jeté un œil distrait à Twitter.
C’est alors que j’ai vu passer ce tweet de Lucie :
J’ai mis plusieurs minutes à comprendre ce qui venait de se passer.
Et puis j’ai réalisé que c’était en train de se passer.
Je me suis alors sentie immensément inutile. Incapable de faire quoi que ce soit, en particulier de décrocher de mon ordinateur, j’actualisais frénétiquement Twitter, Facebook, le flux de Libé tout en écoutant France Info.
J’étais là, bien au chaud chez moi, pendant que des gens étaient en train de se faire assassiner.
Je n’arrêtais pas de penser aux personnes qui étaient à ce concert au Bataclan. J’essayais d’imaginer à quel point elles devaient être terrorisées par ce qu’elles voyaient et entendaient.
J’ai pensé que cela aurait pu être moi, là-bas. Cela aurait pu être n’importe lequel d’entre nous.
Ma boule au ventre devenait monstrueuse, et surtout, j’avais peur.
Peur pour les gens, peur pour mes amis, peur des raccourcis et surtout peur de la haine, d’où qu’elle vienne.
Ce matin, vers 4h, j’ai appris que, de 18 morts, on était passé à 120.
Au moment où je vous écris, mes yeux piquent encore, et j’ai encore du mal à réaliser l’horreur.
Je n’arrive pas à comprendre comment on a pu en arriver là.
Oui, je la vois bien, l’utilité de la laïcité. Je la vois bien, l’importance de l’éducation publique.
Voilà. J’avais besoin de garder une trace du flot d’émotions qui m’envahit depuis hier soir. Si vous avez envie de partager votre soirée et vos émotions avec moi, ça me ferait un bien fou de vous lire.
Je pense fort aux personnes qui ont subi tout cela, de près ou de loin. J’ai envie de vous serrer tous dans mes bras. Courage à tous.
I can’t believe the news today
Oh, I can’t close my eyes and make it go away
How long, how long must we sing this song?
How long? How long?
‘Cause tonight we can be as one, tonight

Lucie
14 novembre 2015
« Peur pour les gens, peur pour mes amis, peur des raccourcis et surtout peur de la haine, d’où qu’elle vienne. »
Dur ce matin pour moi aussi même si je n’ai que quelques connaissances sur Paris,
J’ai suivi twitter une partie de la nuit en voyant un flot de haine se déchaîner, vite des amalgames, vite trouver des coupables, c’est désolant.
Je sortais d’une très belle soirée ou l’on a projeté le film « être et devenir » sur l’éducation en famille (la déscolarisation) : des enfants heureux épanouis, bien dans leur tête, … Et je suis tombée sur les infos en rentrant.
Il est plus qu’urgent d’apprendre à nos enfants à être libres et ouverts.
Marie
14 novembre 2015
Ouais, outre les évènements en tant que tels, horribles, il y a cet effet secondaire que je trouve d’une grande violence. Aucune empathie, certains se contentent de faire des « blagues » islamophobes, c’est ignoble.
Tout se joue là. Pour les adultes, c’est trop tard malheureusement…
Arnaud
14 novembre 2015
Merci Marie pour ce billet.
On a tous les yeux humides ce matin, une immense gueule de bois (mais je m’essaie les yeux, je n’ai pas encore trouvé les mots pour expliquer aux enfants…)
Aujourd’hui, plus que jamais, j’aime Paris. On va leurs montrer que « Fluctuat nec mergitur », ce n’est pas qu’une devise.
Marie
14 novembre 2015
Salut Arnaud ! Merci pour ton petit mot.
Si ça peut t’aider, il y a cette vidéo de Serge Tisseron, pédopsychiatre, qui donne quelques conseils sur la manière de répondre aux questions de tes enfants.
Je l’ai regardée, elle est très bien.
aure
14 novembre 2015
« Oui, je la vois bien, l’utilité de la laïcité. Je la vois bien, l’importance de l’éducation publique. »
>> je comprends bien ta peine Marie mais suand je te lis, j’peux pas m’empecher de penser qu’il faut se méfier du dictat de l’emotion. Selon moi, tout ça n’a rien a voir avec la religion ni avec la laicité. Moi j’pense qu’on est entrain de recolter les consequences des actes de nos dirigeants sur le plan geopolitique. A force de faire la guerre à des pays qui ne nous avaient rien fait à la base, on finit par créer des conflits sur notre propre territoire. On finit par payer nos alliances avec des gens que nous aurions tout a fait traiter de terroristes dans d’autres circonstances.
Tu vois, moi ce qui me fait vraiment flipper c’est l’utilisation qui sera faite de nos émotions. J’ai bien peur qu’on s’enfonce encore un peu plus dans des conflits qui ne nous concernaient pas à la base, qu’on oppose laicité et religion, qu’on augmente encore un peu plus l’ostracisme envers une certaine frange de la population, et qu’on finisse par sacrifier une fois de plus nos libertés individuelles sur l’autel de la « démocratie ».
Marie
14 novembre 2015
Salut Auré !
Merci pour ton commentaire. Je ne m’exprimerai pas sur le plan politique, mais j’ai envie de réagir sur ce point :
Tu as raison, il faut raison garder. N’empêche que ça fait un choc, et que l’exprimer, en ce qui me concerne, est un premier pas vers l’acceptation et la guérison.
J’ai peur de ça aussi. Ce type d’évènement est une aubaine pour le racisme et la haine de l’autre. Il faut rester vigilant sur ce point.
lyne
14 novembre 2015
Merci pour votre message.. ici c est à la fois le soulagement de savoir des amis vivants, l inquiétude pour 3 amis sans nouvelle… J habite le 13eme et la ville est séparée en deux.
C est l’ incompréhen-sion… J ai mis toute la nuit pour réaliser… est ce possible me dis je ce matin? La ville est au ralenti…
Marie
14 novembre 2015
Lyne, j’espère que vous aurez bientôt des nouvelles de vos amis.
Cicia
14 novembre 2015
Je me prépare pour aller vers l’alliance française afin de rejoindre nos compatriotes et partager une minute de silence à l’appel de l’Ambassadeur de France.
Des pensées depuis Bangkok où il est déjà 16h15…
Courage à tous.
Bises Cicia
Ps : vive la liberté !
Marie
14 novembre 2015
Merci pour votre message, Cicia !
La Bécasse
14 novembre 2015
Merci pour ce post, je ne sais plus quoi penser ce matin. Évidemment, c’est une horreur, mais une idée me tiens à cœur : ne pas avoir peur, ne pas céder à la panique. Ce serait faire le jeu des meurtriers.
Je suis aussi très triste, aujourd’hui, mais tu vois, il ne faut pas changer notre manière de vivre pour autant. Il n’est pas question de devenir méfiant.
J’ai espoir que l’on gagne en compassion envers les immigrants, qui connaissent les mêmes souffrances. Au pire, je souhaite que tout soi comme avant.
Et là, je passe sûrement pour une naïve.
Marie
14 novembre 2015
Hello !
Je l’aimerais aussi, tout en ayant conscience que, parce que ces évènements se sont passés à Paris, en France, en Europe, en Occident, on en parle bien plus que toutes les exactions causées chaque jour partout ailleurs.
Je pense notamment à l’attentat qui a eu lieu à Beyrouth pas plus tard que jeudi, qui a fait 43 morts et 239 blessés, et dont je n’avais pas entendu parler jusqu’à ce qu’une amie libanaise m’en parle ce matin.
Notre compassion ne devrait pas avoir de limite géographique.
Quant aux migrants, l’accueil qui leur a été réservé jusqu’à présent en France est tout simplement honteux. Notre empathie et notre humanité semblent en berne, sauf quand ça castagne chez nous…
Moonlight
14 novembre 2015
je partage ton point de vue.
La Bécasse
14 novembre 2015
Je suis entièrement d’accord avec toi.
moonlight
14 novembre 2015
salut les gens,
je suis resté chez ma pote porte d’Italie hier soir et viens de rentrer chez moi dans le 18eme. Ambiance bizarre dans le méteo. Dans les rues. Entre deux tweets sarcastiques, je regarde les mosaïques des photos des portéEs disparues du bataclan et mes yeux s’enbrumment. je m’interdis de visionner les vidéos amateurs prises sur les lieux. je refuse de participer à la machinerie médiatique. En vain.
Facebook a lancé un programme gérant la liste des personnes se déclarant « en sécurité ». ça me fait penser à Black Mirror.
je suppose qu’il va encore une fois devoir fait preuve de clareté pour se positionner de la manière la plus juste, tenir compte de ses émotions, celles des autres, sans être pris-e en otage par des manips de tous bords.
:-*
Marie
14 novembre 2015
Salut Moonlight,
Contente que tu sois rentré à bon port !
Yep, c’est tout à fait ça. Pas évident d’analyser la situation de manière froide et objective pour le moment.
Même s’il y un léger mieux dans le traitement médiatique de ces attentats par rapport à Charlie Hebdo, je suppose qu’il faudra attendre quelques jours pour avoir une analyse plus distanciée.
En tout cas, ouais, j’imagine bien l’ambiance prostrée à Paris et l’état de choc… :(
Mathea
14 novembre 2015
Bonjour Marie,
Quand on est loin et qu’on a quitté la France, c’est un peu comme regarder un mauvais film. Sauf que c’est réel.
J’étais sans mots hier soir et choquée et j’en ai pleuré. Je n’avais pas été touchée de la même manière lors des attentats de Charlie Hebdo: dans ma tête, c’était différent. Charlie Hebdo, c’était une attaque contre la liberté de la presse et ceux qui la défendent.
Hier, j’ai vu cela comme la guerre. De la violence gratuite et le meurtre de civils, à Paris. Comme cela arrive tous les jours probablement en Afrique, en Syrie et dans tous les pays en guerre.
Nous sommes en guerre.
Et je suis triste ce matin comme je l’étais hier et j’entends la souffrance de toutes les personnes touchées et je me demande: pourquoi?
Comment combattre le terrorisme sans céder à la violence, ici et maintenant?
J’ai une petite fille de 10 mois et je persiste à croire que nous devons devenir meilleurs pour éduquer de meilleurs enfants.
Marie
14 novembre 2015
Hello Mathea,
Comme toi, je me sens démunie et triste. Je reste sidérée face à la gratuité et à la violence des actes.
Comme le disait La Bécasse plus haut, il faut malgré tout essayer de continuer à vivre normalement, et continuer à célébrer les valeurs et le mode de vie en lesquels on croit.
Cela passe notamment par l’éducation des jeunes pousses, oui. Pour les adultes, j’ai l’impression que c’est trop tard.
Tomek
15 novembre 2015
Salut Marie,
Vendredi soir, j’étais à un très chouette concert dans la campagne jurassienne. On planait encore bien haut après le concert. On a discuté avec les musiciens. Qui nous ont appris la nouvelle. On pensait à une blague tellement ça semblait inconcevable. On voulait rester dans l’ambiance de ce beau concert.
Puis on est parti, et on a fait la route en écoutant la radio qui déroulaient le fil de nouvelles toutes plus terribles les unes que les autres, et encore pleines d’inconnues angoissantes.
Et je ne trouvais juste rien à dire, je ne savais pas quoi dire. Je ne le sais toujours pas d’ailleurs.
J’aurais pu y être. Des amis d’amis y étaient. Certains y sont morts. Et je ne trouve pas les mots.
Maintenant c’est la réponse qui me terrifie. Celle que tous les politiques (sauf De Villepin) donnent. À l’instar d’Eric, je ne crois pas que jouer les va-t-en-guerre, œil pour œil etc. nous sera d’une quelconque utilité. Que la réponse donnée depuis des années est inappropriée. Que dire de plus ?
Marie
16 novembre 2015
Rien de plus à ajouter, en effet… Le billet d’Eric est très bien. Tout cela me fait cogiter.
Cette débauche de haine, d’armes et de discours guerriers, ça me donne juste envie de me terrer en boule dans mon terrier et d’écouter de la musique en attendant que ça passe.
Mais je sais que ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer les choses dans le bon sens…
Tomek
17 novembre 2015
Dans un premier temps, se replier et écouter la musique qui nous accompagne, qui nous apaise, avec laquelle on vit est tellement une réaction normale.
Mais il faut effectivement nous faire entendre, même si on ne pense pas infléchir quoi que ce soit, il faut au moins essayer.