Portrait de Mina Mond

Le portrait de Mina Mond que j’ai peint et que j’ai eu le culot de lui offrir.

Il y a quelques jours, Miss Pakotill et moi avons pris la route jusqu’à Nantes, direction Carquefou et son Manoir des Renaudières, pour assister au vernissage d’une de nos artistes préférées : Mina Mond.

Cela fait huit ans maintenant que je suis le travail de Mina. Tout a commencé quand j’ai découvert le travail de son alter ego, Marie Meier, grâce à un collègue fan de bande-dessinée. Selon lui, Marie Meier et moi étions en quelque sorte « jumelles » : deux Marie, grandes, rousses, alsaciennes (hé oui, je suis née à Strasbourg, et j’ai vécu en Alsace jusqu’à mon adolescence), et très créatives qui plus est.

Cette comparaison me fait sourire aujourd’hui, tant le fossé entre le talent de Mina Mond et mes gribouillis est intersidéral.

Il est pourtant vrai que je me suis toujours sentie très proche de Marie/Mina, pas seulement par mimétisme physique (entre grandes, on se comprend), mais surtout grâce au nombreux centres d’intérêt que nous partageons, ainsi que par l’étonnante honnêteté avec laquelle elle a toujours partagé les coulisses de son travail sur le net.

Que ce soit à travers ses blogs successifs, ses tweets, ses photos Instagram et même ses projets Ulule, sa spontanéité et sa simplicité m’ont toujours touchée.

Quand tu suis quelqu’un depuis 10 ans sur Internet, tu finis par éprouver de l’affection pour cette personne – une affection à sens unique la plupart du temps, certes, mais une affection sincère néanmoins.

L’idée de la rencontrer ne m’effrayait donc pas du tout, mon introspection naturelle s’évanouissant lorsque je suis face à quelqu’un d’aussi introverti·e que moi… Allez comprendre.

Art brut, art singulier

Carquefou, donc. L’après-midi a commencé avec une conférence de Pol Lemétais, directeur artistique du Musée des Arts buissonniers, et de Mina Mond.

L’occasion de découvrir l’existence de ce musée aveyronnais, ainsi que les projets artistiques collectifs et certain·es des artistes singuliers qu’il défend, dont Anaïs Eychenne, Paul Amar et, donc, Mina Mond.

Après cette présentation, l’artiste vêtue de noir a enfin pris la parole pour présenter son travail et expliquer la métamorphose artistique et personnelle qui l’a poussée à se remettre à la peinture il y a quatre ans.

J’ai alors été tiraillée entre l’immense plaisir de l’entendre enfin, a fortiori pour parler de sujets que j’adore, et la peine de la voir, par moment, presque mal à l’aise de devoir parler au micro devant un public, aussi réduit soit-il.

Ensuite, l’exposition en elle-même. Je serais bien en peine de décrire le torrent d’émotions qui a instantanément jailli à la seconde où j’ai posé les yeux sur les premiers tableaux.

C’est une chose de voir des œuvres magnifiques sur Internet ; c’en est une toute autre que de les voir pour de vrai et de toucher leur matérialité des yeux, comme un vœu qui se concrétise enfin.

Les aplats à la feuille d’or miroitaient, réverbérant la lumière chaude de fin d’été.

Lilith von Sirius

Lilith von Sirius, Mina Mond

Plus à l’aise entourée de ses œuvres qu’isolée sur la scène d’un amphithéâtre (on la comprend), Mina Mond a répandu sa chaleureuse pâleur et ses connaissances encyclopédiques auprès de la cinquantaine de personnes présentes ce jour-là.

Munie de son tambour chamanique, sur lequel elle a peint ses emblêmes personnels, la dame en noir a révélé quelques-unes des histoires que ses œuvres racontent, ainsi que certains secrets de fabrication. En effet, elle fabrique elle-même sa peinture (tempera à l’œuf).

Son du tambour

Quand le son du tambour rebondit sur la surface concave des paraboles repeintes…

On retrouve dans les œuvres de Mina Mond à la fois des figures mythiques (Marie-Madeleine, Vénus, Saurimonde, mère nature) et des sujets contemporains (la jungle de Calais, Donald Trump et le Ku Klux Klan, Phoolan Devi, Ahed Tamimi, Lilith von Sirius, les massacres de dauphins aux Îles Féroé, l’attentat de Nice, Twin Peaksad lib.)

Phoolan Devi, Mina Mond

La Jungle

La Jungle, Mina Mond, 2018. Ce tableau mesure 1,80 mètre de long ! Le centre, en noir et blanc, représente la jungle de Calais, prise entre les feux de l’Angleterre (à gauche) et de la France (à droite), et sur le point d’être avalée par la bouche de l’Enfer.

Pêche

Pêche, Mina Mond.

Le symbolisme de ses œuvres est poussé à son paroxysme, et les détails fourmillent de mille feux.

Par chance, deux salles se sont entièrement vidées dès le début du discours de Madame le maire. J’en ai bien entendu profiter pour prendre des photos sans personne pour photobomber, mais aussi pour me perdre de longs instants dans la contemplation de chaque tableau azur, sang et or.

Twin Peaks

Twin Peaks, Mina Mond.

Mina Mond, artiste féministe et handicapée

En apprendre davantage sur le parcours personnel et artistique de Mina Mond m’a permis de jauger tout ce que j’ignorais de celle dont j’admire pourtant les œuvres depuis des années.

Savoir, par exemple, qu’elle avait fini par détester la peinture parce qu’on lui avait dit plein de choses désagréables sur ses œuvres (trop religieux, trop compulsif), mais qu’elle y est revenue car l’histoire n’était pas encore terminée.

Que les dernières œuvres qu’elle avait peintes à l’époque — des ex-votos – sont aussi les premières auxquelles elle s’est ré-attelée 20 ans plus tard.

Que peindre est devenu pour elle une véritable catharsis par rapport à la maladie : Mina Mond a en effet une malformation cardiaque rare et complexe, source d’une opération à cœur ouvert, d’une expérience de mort imminente et de profondes angoisses que la peinture lui permet de canaliser. Un handicap invisible dont elle ne fait pourtant pas mystère, tant il est au cœur de son existence.

Eclipse

Eclipse, Mina Mond, 2017.

Qu’elle est un véritable bourreau de travail, peignant 10 à 12 heures par jour sans s’arrêter, sinon pour se faire un sandwich grignoté distraitement.

Qu’elle aussi fait partie du Club des Amasseurs Cumpulsifs, et qu’elle a déjà peint sur une quantité astronomique de supports différents : coffret électrique en pleine rue à Strasbourg, ancienne croix de cimetière, morceau de pressoir en bois, tête de lit, vieux skateboards… Chaque support attend son heure, et Mina Mond a un plan pour chacun d’entre eux.

Et que dire encore de ses gravures et sérigraphies ensorcelantes ?

Ce que j’aime particulièrement dans son œuvre, ce sont ses « hex marks », ces peintures qu’elle peint en plein air au hasard de ses promenades.

En général, ces sigils se trouvent dans des endroits difficiles d’accès (Mina a besoin de calme pour peindre), comme un rocher à flanc de mer, ou au cœur d’une forêt. Le thème de l’œuvre entre alors en résonance avec l’histoire et la topographie de chaque endroit.

Ces œuvres, peintes ici à l’acrylique, vivent ensuite leur vie, se décolorant tran­quil­le­ment au soleil, ou s’éva­nouis­sant au rythme des marées…

Et lorsque Mina Mond évoque le lien très fort qui la rattache à Sainte Barbe, fêtée le 4 décembre – date à laquelle Mina a été opérée du cœur, et à laquelle sa grand-mère a découvert une chapelle abandonnée jadis dédiée à la sainte –, difficile pour moi de ne pas rêver d’emmener celle qui se prédestinait à devenir pasteure jusqu’à la fontaine Sainte-Barbe du Faouët, avant d’aller se régaler d’une galette et de jus de pommes bien frais.

Des femmes, Mina Mond en peint beaucoup, admettant sans détour qu’elles trouvent leur force plus positive que celle des hommes, ayant dû et continuant à se battre plus qu’eux. La plupart des hommes qu’elle peint malgré tout sont souvent masqués ou déguisés.

Enfin, le chaos, la mort et l’occulte occupent une place très importante dans ses peintures, qui sont par ailleurs toujours plus grandes et toujours plus détaillées. Diseuse de bonne aventure, tireuse de cartes, spirite… Mina Mond est aussi une grande lectrice, friande de folklore, d’art populaire et d’ésotérisme.

Mater Dolorosa

Mater Dolorosa, Mina Mond, 2018. Un tableau inspiré par les vierges noires.

Une artiste humble, à la voix douce et grave, avec qui le contact est immédiatement passé.

On se rencontre enfin !

Oui, il était temps !

J’vous dis pas comme j’ai été fière, et intimidée, mais fière (et intimidée) de lui offrir l’aquarelle que j’avais préparée spécialement pour elle.

Je m’arrête là, mais : vivement notre atelier gravure, et merci pour ce déluge d’inspiration et d’ondes bienfaitrices, Mina !

Marie

23 commentaires

  1. La joie transpire dans cet article ! On sent bien que cette rencontre a été revigorante.

    « Elle avait fini par détester la peinture parce qu’on lui avait dit plein de choses désagréables sur ses œuvres (« trop religieux, trop compulsif ») »… Ah je trouve ça si dégueulasse de mépriser les individus par qui me semble être pour eux – et cette artiste en particulier – un moyen de vivre et s’émanciper ! Comme si les cheminements humains n’étaient pas assez difficiles…

    J’aime bien sa manière de se faire une place, étonnante, subtile, éphémère, dans la nature par laquelle ses « hex marks ».

    Une belle journée parme encore, puisque c’est la coloration de ces commentaires matinaux.

    R.

    1. J’aime la couleur de tes commentaires au petit matin !

      La joie transpire dans cet article ! On sent bien que cette rencontre a été revigorante.

      Ah, ça me fait plaisir ! Car c’est exactement l’état d’esprit dans lequel j’étais samedi, pendant le vernissage, et dans lequel je suis restée depuis.

      Ah je trouve ça si dégueulasse de mépriser les individus par qui me semble être pour eux – et cette artiste en particulier – un moyen de vivre et s’émanciper ! Comme si les cheminements humains n’étaient pas assez difficiles…

      Ouais, c’est dégueulasse comme tu dis ; est-ce évitable ? Je ne sais pas. Je réfléchis beaucoup en ce moment à l’impact que peuvent avoir nos paroles (et nos écrits, par extension). Un des quatre accords toltèques est justement : Que ta parole soit impeccable. C’est une grande responsabilité, d’être honnête (toujours !) mais avec bienveillance, sans volonté de nuire. Et, bien sûr, cela renvoie aussi au jugement où nous sommes si prompt·es à nous réfugier.

      Cela étant dit, à mon niveau, j’ai remarqué que les choses dégueulasses (voire carrément violentes) qu’on a pu me dire par le passé, ainsi que les accrocs réguliers auxquels je fais fasse comme tout le monde, nourrissent un endurcissement, qui cache en réalité une plus grande compassion vis-à-vis de moi-même.

      Une connaissance me disait récemment qu’il faut distinguer les « doers » (celles et ceux qui font) des « talkers » (celles et ceux qui parlent). Déjà, ça, ça permet de faire une discrimination nécessaire entre les retours que tu reçois à ton sujet et/ou au sujet de ton travail.

      Ensuite, parfois on est blessé·e par certains propos, et cette blessure peut mettre des années à cicatriser, voire ne jamais cicatriser. Mais il arrive aussi qu’on finisse par en rire, voire que ça devienne une devise, une petite phrase qu’on se dit ironiquement à soi-même pour se motiver à continuer. C’est peut-être méchant, mais moi je repense souvent aux personnes qui m’ont répété au fil des ans que je ne savais pas dessiner, que ce que je fais est moche, que je n’ai aucune notion d’anatomie, que patati et patata… Où sont ces personnes quand je passe des heures à peindre en m’amusant comme une folle ? Nulle part, je ne leur consacre pas la moindre seconde d’attention. Mais je combats leur venin à chaque minute que je passe à créer quelque chose. C’est une douce vengeance.

      Je me rends compte aussi (promis après j’arrête) que toute cette dureté m’a parfois rendu service. J’ai parfois tellement ruminé sur certaines choses que l’on m’a dites, que cela m’a aidée à mieux me connaître (« pourquoi je réagis comme ça ? qu’est-ce que ça cache ? »). Aujourd’hui, j’essaie de ne plus rien prendre personnellement (ce qui est un autre accord toltèque, d’ailleurs – sans être mystique pour un sou, même si la spiritualité m’intéresse, ce livre m’a beaucoup parlé), et de ne plus rien attendre. Ce sont deux antidotes aux mots malheureux, deux antidotes qui nécessitent un certain recul. Ne plus être scotchée sans arrêt aux réseaux sociaux par exemple, arrêter de fréquenter les personnes qui critiquaient sans arrêt mes initiatives et mes projets artistiques – tout cela, en plus de mes réflexions personnelles, m’a aidée et m’aide au quotidien à accepter ma nature créative, à la laisser s’exprimer et donc, à être heureuse.

      Entendre ce témoignage de Mina Mond, l’entendre en parler de vive voix, et sentir sa gorge se serrer légèrement à cette simple évocation, m’a rassurée et encouragée : même les grand·es artistes subissent ce genre de remarques sur ce qu’iels font. Et pourtant, iels continuent. J’essaie d’en prendre de la graine, en tant que bébé artiste.

      1. Olala merci d’avoir pris le temps de tirer le fil de la réflexion aussi longuement.

        Mon « dégueulasse » était assez impulsif, je m’en excuse et j’espère vraiment qu’il n’a pas été trop violent à la lecture. La tempérance, d’autant plus tôt tôt le matin apparemment, ce n’est pas toujours mon fort.

        Même si c’est encore difficile de me le mettre bien en tête, il est vrai que changer la manière de recevoir les mots des autres est un travail plus constructif que de tenter de régenter la terre entière, de décortiquer le pourquoi du jugement puisque tu as raison, la méchanceté, la maladresse, ce n’est pas évitable. Ton paragraphe m’amène à penser que peut-être que se frotter au monde, aussi piquant qu’il puisse être, nous permet alors d’affermir notre propre voie et manière d’être au monde.

        En y réfléchissant, peut-être que ce que je trouve le plus triste et dommage, ce n’est pas tant les méchancetés proférées sur le travail de Mina Mond mais l’impact qu’elles ont eu. Dans ce genre de cas, je me demande où sont les encouragements de soi-même ou de notre entourage qui atténuent et qui évitent qu’on dévie des lieux où l’on trouve du réconfort, de la force, de la liberté ou autre ? Peut-être parfois, ils n’existent pas, on ne les entend pas ces bonnes intuitions, qu’on n’y pas prêt, que c’est un chemin parfois fait de douleurs qui doit nous forger comme tu le dis dans ton avant-dernière paragraphe.

        En ce moment, je me répète que l’important, c’est le mouvement, la transformation, l’inclinaison, même infime qui fait que face à une même situation, pensée, sentiment, action…la réponse amenée est sensiblement différente. Passer de la frustration, la tristesse d’un jugement sur ce qu’on crée par exemple à la joie de faire sans porter plus d’attention que ça aux qu’en dira-t-on, c’est ce qu’on devrait mesurer.

        Cela n’empêche que j’essaie d’éduquer moralement ma langue et que je continue de me dire qu’on devrait aller vers cela collectivement. Rah la la l’équation entre le mouvement général et le mouvement individuel, c’est vraiment mon équation irrésolue…

        Merci du temps et de la cogitation en tout cas !

  2. Merci pour la découverte! J’adore sa représentation à propos de ce qui se passe à Calais. En tout cas, elle a du adorer ton cadeau, il est superbe!

    1. Merci infiniment ! La barre était haute, et je me suis donné un gros coup de pied au cucul pour mettre l’idée que j’avais à exécution, en dépit de ma petite voix intérieure, flippée, qui me répétait que ça allait être ridicule, yadi, yada. Bien contente de voir que je gère beaucoup mieux mon syndrôme de l’imposteur désormais !

      (Ça me fait plaisir de te relire par ici, tiens !)

  3. Quelle chance d’avoir croisé cette artiste! Je la suis moi aussi depuis une dizaine d’année, où elle était davantage dans l’illustration et l’univers rockabily. Je suis retombée sur ses oeuvres il y a quelques temps et je suis saisie de voir à quel point cet univers lui correspond, même sans la connaître!

    1. Merci beaucoup pour ton retour, Sophie ! Cela me fait super plaisir. En effet, son évolution artistique et personnelle (car les deux sont intimement mêlées) est passionnante et admirable.

      Je crois qu’outre les œuvres produites par mes artistes préféré·es, ce qui m’intéresse plus que tout c’est justement de connaître les coulisses, et l’histoire derrière. C’est ce que je veux essayer de valoriser dans les portraits d’artistes que je publie ici. La face cachée de la Lune, quoi (on y revient toujours). Personnellement, je puise énormément d’inspiration et d’énergie en apprenant comment les un·es et les autres se sont obstiné·es à créer, quels que soient les obstacles sur leur chemin.

      Je lisais justement il y a quelques jours cette citation de Marion Woodman : When the creative spirit is not breathing into the material, it dies. The work become an overwhelming duty. Je pense que tu connais bien ce besoin impérieux de créer, et le gouffre immense lorsque tu n’y arrives pas ? En tout cas, cette rencontre et mes diverses lectures à ce sujet en ce moment, ainsi que les œuvres et démarches que je continue à suivre avec beaucoup d’intérêt sur le net (dont tes propres œuvres !), tout ça me fait beaucoup de bien et me rendent encore plus impatiente de me remettre à peindre (ce week-end, sans doute).

  4. Je me souviens que j’avais pris un sacré claque en voyant ses œuvres lors d’une expo/atelier gravure en Alsace!
    Voir les dorures et tous les petits détails de tout près et en vrai, c’etait vraiment super chouette !

    Je suis contente que tu aies enfin pu la rencontrer dans la vraie vie!

    1. Merci bichette ♥︎ Vivement cet atelier de gravure ensemble !

  5. Quel enthousiasme dans ton article ! C’est un réel plaisir à lire, tant celui que tu sembles avoir ressenti infuse tes propos.
    Je ne connaissais pas le nom de cette artiste mais je suis sûre d’avoir déjà vu l’une de ses œuvres quelque part, sans doute une œuvre sauvage : je me rappelle l’émotion face à son trait. Il y a en effet quelque chose de très viscéral là-dedans, et j’apprécie beaucoup l’appropriation de sujets d’actualité avec autant de finesse — j’ai toujours l’impression que les artistes contemporains, même underground, ne parviennent à dénoncer la violence du monde tel qu’il va sans la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, à croire que le message dépasse toujours le talent. Ici, on sent une telle sincérité que tout devient fluide ; je devine en elle comme une prophétesse, qui a fait siens la souffrance des opprimés et qui rejaillit avec autant de force que la sienne. C’en est d’autant plus émouvant.

    1. Merci beaucoup pour ton retour enthousiaste, cela me fait sincèrement plaisir !

      Je ne connaissais pas le nom de cette artiste mais je suis sûre d’avoir déjà vu l’une de ses œuvres quelque part, sans doute une œuvre sauvage

      Quelle chance !

      j’apprécie beaucoup l’appropriation de sujets d’actualité avec autant de finesse — (…) Ici, on sent une telle sincérité que tout devient fluide ; je devine en elle comme une prophétesse, qui a fait siens la souffrance des opprimés et qui rejaillit avec autant de force que la sienne. C’en est d’autant plus émouvant.

      Ton analyse est très juste ! Je crois sincèrement que l’art a le pouvoir de modifier notre perception du monde, et que les artistes ont un grand rôle à jouer pour éveiller les consciences. Dans les tableaux de Mina Mond, on retrouve comme tu le dis une finesse d’analyse, et le courage d’aborder des sujets d’actualité « à chaud ». Sa maîtrise du symbolisme lui permet de remettre chaque « évènement » dans un contexte précis, et nous permet par ricochet de remettre les choses dans leur contexte. Elle parle d’ailleurs de tout cela très bien, expliquant patiemment chaque principal détail de ses œuvres à un public médusé…

      Cette prise de position m’interpelle et me fait cogiter sur la dimension de ce que je crée à mon niveau. Par exemple, l’envie d’illustrer des publications ou affiches féministes commencent à me chatouiller sévère. Canaliser l’énergie négative que l’on ressent parfois au profit d’une cause plus grande que soi.

      1. Canaliser l’énergie négative que l’on ressent parfois au profit d’une cause plus grande que soi.

        C’est exactement ça ! C’est l’une des grands forces de l’art, faire rejaillir le sentiment particulier au-delà de lui-même. Et une sacrée gageure aussi.

        En tout cas si tu décides de donner corps à cette envie de créer des affiches, je pense, de ce que j’ai lu de toi et de tes passions à travers ton blog (que j’ai compulsé avec avidité ; ça fait quelque temps que je te lis en dilettante et voilà deux semaines que je dévore tout en bloc) que tu t’y épanouiras beaucoup, effectivement  : mixed-média, illustration, amour du papier ; c’est un peu fait pour toi, finalement… !

      2. Coucou ! J’étais sûre de t’avoir répondu, et puis en fait, non ! Excuse-moi.

        En tout cas si tu décides de donner corps à cette envie de créer des affiches, je pense, de ce que j’ai lu de toi et de tes passions à travers ton blog (que j’ai compulsé avec avidité ; ça fait quelque temps que je te lis en dilettante et voilà deux semaines que je dévore tout en bloc) que tu t’y épanouiras beaucoup, effectivement  : mixed-média, illustration, amour du papier ; c’est un peu fait pour toi, finalement… !

        Merci beaucoup pour tes encouragements, ainsi que pour ton retour très enthousiaste à propos de mes billets, tu n’as pas idée à quel point cela me motive à continuer :)

  6. Je ne la connaissais pas du tout mais j’aime beaucoup !

    1. Contente d’avoir pu te guider jusqu’à elle :)

  7. ça fait tellement longtemps que je suis son travail, youhou ! ^^ Non pas que j’aime (je préfère être honnête), mais je le trouve super intéressant, car très foisonnant et syncrétique, donc, je suis ce qu’elle fait. Je comprends son dégoût de la peinture suite aux remarques qu’elle a due subir au début. Quand on crée quelque chose, ça vient souvent des tripes, du coup, il est très difficile d’encaisser des remarques très négatives et absurdes. Cela me fait penser à mon école des beaux-arts, où des des élèves ont dû faire face à des remarques du type « mais de toute façon, ce que vous faites, c’est de la merde ». MAIS il faut trouver le courage de se relever, ce qui n’est pas forcément chose évidente. Elle l’a fait, et de manière très belle je trouve, en allant encore plus loin dans son art.

    Merci pour ce beau post, ce partage, et aussi, bravo pour ton aquarelle, très réussie ! ^^
    Belle journée
    Alexandrine

    1. Merci beaucoup pour ton retour ! :)

      Je rebondis sur ton « Non pas que j’aime ». Aimer ou pas, trouver ça « beau » ou « moche »… Pour moi c’est moins important que ce que son travail suggère et dépeint. Ses œuvres sont hantées par les histoires sombres et les légendes qui finissent mal, et peut-être que ce sont ces tragédies qui résonnent le plus – ce qui est dit plutôt que la forme empruntée pour le dire. D’autant que l’artiste explique très bien ses œuvres, ce qui renforce le lien entre le public et elles.

      Je me surprends parfois à repenser à des détails très précis de certains tableaux que j’ai vus, alors que je les avais regardés distraitement de prime abord, tellement absorbée et presque un peu déstabilisée par ces toiles remplies jusqu’à plus soif. La répétition des motifs, non seulement de toile en toile mais aussi d’un coin à l’autre de la toile, relève presque de l’incantation, du rituel magique. Il y a quelque chose d’ancestral, et donc d’étrangement familier, qui se joue-là.

      1. « Je rebondis sur ton « Non pas que j’aime ». Aimer ou pas, trouver ça « beau » ou « moche »… Pour moi c’est moins important que ce que son travail suggère et dépeint. »

        Je ne trouve pas ça moche : son travail ne me parle pas. Je saurai l’étudier, l’expliquer, de manière extérieure, par rapport à la société postmoderne, à l’histoire de l’art, à son histoire… Mais cela ne me parle pas, je ne sais pas pourquoi. Mais cela n’empêche pas que je trouve son travail intéressant dans les questions qu’il soulève, et son rapprochement avec d’autres formes artistiques. Il y a des tas d’artistes dont je n’aime pas spécialement le travail (ce qui n’a rien à voir pour moi entre le beau et le moche, quand je dis que je n’aime pas, c’est que je ne ressens rien face à une œuvre, et non que je la juge selon un critère de « beauté »), mais que je trouve quand même intéressants (Frida par exemple, dont le travail de Mina est très très proche d’ailleurs par certains côtés).
        Hâte de découvrir ta nouvelle revue web, je suis sûre qu’il y aura plein de choses intéressantes dedans (comme toujours ^^).
        Est-ce que tu as reçu mon mail avec le pdf (8 fois sur 10 quand j’envoie un pdf en mail, il ne passe pas, je dois avoir un bad karma avec les pièces jointes…) ?

        Belle journée
        Alexandrine

      2. Oui je l’ai bien reçu, je te remercie :) Je suis « juste » très en retard dans ma correspondance.

  8. Merci pour cette nouvelle découverte (tes articles sont une vraie mine pour moi). Je ne connaissais pas du tout, et l’œuvre + l’artiste + ton enthousiasme m’ont tout de suite séduite. Je vais la suivre de ce pas. Au plaisir de te lire :)

    1. Merci beaucoup pour ton commentaire, Penny ! Je suis vraiment heureuse de savoir que tu es friande de ce genre de billet, cela m’encourage à continuer ! À bientôt !

  9. Mais mais mais …Mina et Marie Meier sont elles une et une seule personne ? Elles se ressemblent tant, ont la même pathologie, sont alsaciennes , mais ont un genre différents dans les sujets traités , et je me posais cette question , car si elles ne font qu’une , je suis encore plus impressionnée par ce travail artistique !!!

    1. Bonjour Lantz ! Merci pour ton commentaire. Oui, Mina/Marie deux émanations de la même personne.

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