Il y a quelques semaines, Titiou Lecoq était de passage à Rennes pour présenter son livre Libérées : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale.

Cela fait des années que je lis son blog et ses divers articles, et j’apprécie toujours autant ses réflexions et sa verve. J’étais donc toute chose d’être dans la même pièce qu’elle, et de lui demander de dédicacer l’exemplaire de ma copine Audrey.

Titiou Lecoq à Rennes, à la librairie La Nuit des Temps.

Titiou Lecoq à Rennes, pendant la soirée organisée par la librairie La Nuit des Temps.

Titiou Lecoq a écrit Libérées en réaction à un ras-le-bol soudain : Un jour, je me suis demandé : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent ? Je n’ai trouvé qu’une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants, et que, conséquemment, les corvées, c’est pour ma gueule. C’est ce constat qui lui a donné envie de creuser le sujet de l’assignation des femmes au domestique.

J’ai lu Libérées d’une traite, lecture rythmée par de nombreux mais ouais, c’est tellement ça !. Cet essai est extrêmement pertinent, richement documenté, et incroyablement bien écrit. Les superlatifs ne manquent pas, car c’est vraiment un très bon livre.

Bien que Titiou Lecoq aborde de très nombreux aspects de la féminisation de la sphère privée, il y en a qui m’a particulièrement parlé, et que j’étais même soulagée de lire enfin quelque part, de manière aussi directe : comment les réseaux sociaux réactualisent et renforcent les injonctions qui pèsent sur les femmes.

Son analyse, aussi concise qu’efficace, m’a fait l’effet d’un point de non-retour. Elle a enfin mis des mots sur ce qui me tort le bide depuis des années, à chaque fois que je tombe sur un blog estampillé « féminin », ou que je découvre un nouveau compte Instagram rempli de photos parfaites, dévoilant des intérieurs parfaitement décorés, et des meufs parfaitement habillées et maquillées, quel que soit leur style.

C’est en lisant un énième billet de blog témoignant de cette répugnante perfection que j’ai décidé d’écrire ce billet, et de faire le lien entre mes observations, mon ressenti, et Libérées.

Les problèmes de la blogosphère « féminine »

En tant que femme, je réalise que l’écrasante majorité des blogs que je lis sont écrits par d’autres femmes. Ce qui n’est pas gênant en soit, parce qu’en toute honnêteté, ce que vivent les meufs et les personnes LGBTIQ+ m’intéressent éminemment plus que ce que vivent les mecs cis.

Le hic, c’est que plus j’avance dans ma prise de conscience féministe, plus la blogosphère « féminine » m’apparaît pourrie de l’intérieur.

Stéréotypes

Deux choses me dérangent en particulier. D’une part, la prédominance de thèmes traditionnellement associés aux femmes (mode, maquillage, décoration d’intérieur, etc.) à l’exception généralement de tout autre, et leur traitement visuel et éditorial stéréotypé.

Je précise tout de suite qu’à mes yeux, aucun de ces sujets n’est fondamentalement mauvais. Que les vêtements, le maquillage et la façon dont on décore sa piaule soient une manière de s’affirmer et d’apprendre à s’aimer soi-même, voire de questionner les diktats de l’apparence et du genre, super ! Cela m’intéresse, et je peux même dire que j’aime lire ce type de contenus. Je cherche d’ailleurs à en lire davantage, en particulier écrits par des meufs grosses, noires, handicapées, queer, trans, et alios.

Par contre, le sexisme intégré des blogs féminins « mainstream » et leur propension à satisfaire le male gaze m’horripile.

Bien entendu, je sais qu’en tant que femmes nous sommes sujettes à d’énormes pressions concernant notre apparence physique et nos choix personnels, et que nous sommes éduquées et conditionnées pour nous préoccuper du plaisir (visuel, physique, psychologique) et du confort des autres avant les nôtres. C’est ce qu’on appelle le care.

Il est donc logique que des femmes, même jeunes, consacrent une grande partie de leur temps libre à se pomponner, à pouponner, à cuisiner, à décorer leur foyer, etc., car c’est ce qu’on attend d’elles socialement.

Questionner et refuser ce schéma signifie être féministe (ouiii ! ♥︎). Or, toutes les femmes n’ont pas encore la chance de l’être ni d’avoir pu déconstruire ce conditionnement. Je leur souhaite sincèrement de rencontrer des amies féministes et de lire des autrices féministes qui les aideront à se déconstruire peu à peu.

Marchandisation de l’intime

L’autre aspect de la blogosphère « féminine » qui me révolte, et que je trouve encore plus grave car a priori sans solution, c’est la recherche quasi systématique de profit dans les contenus bloguesques et sur les réseaux sociaux.

Le fait que les blogs féminins encouragent le consumérisme, en vantant aux lectrices les qualités de tel ou tel objet, vêtement ou accessoire, dans le but de leur donner envie d’acheter les mêmes, me hérisse le poil.

Rares sont les blogs « féminins » qui ne contiennent aucun lien affilié. Bon, on peut se dire que quand il y en a un de temps en temps, et que c’est clairement précisé, on a moyen de les repérer et de les éviter. Ouais, sauf qu’en parlant davantage de leurs possessions matérielles que de leurs expériences, certaines blogueuses influence notre perception du monde.

Mais là où les choses deviennent véritablement avariées, c’est quand certaines blogueuses écrivent des billets spécialement pour caser des tonnes de liens sponsorisés.

Ces meufs passent donc des heures à écumer les boutiques en ligne de leurs partenaires commerciaux pour trouver les pièces les plus susceptibles de nous faire craquer et donc, de leur rapporter de l’argent. Je trouve cela très problématique d’un point de vue moral.

Cela dit, je comprends la tentation de chercher à gagner de l’argent avec son blog : le monde du travail est si dur que toute alternative mérite d’être étudiée.

Je continue cependant à penser que la pub détourne notre créativité de son objectif premier, et qu’elle constitue une pollution visuelle et morale.

Un magnifique désordre

Trève de théorie, je vais vous donner un exemple de blog « féminin » que j’adore détester.

Quand j’ai découvert le blog d’Elsie Larson, A Beautiful Mess (ABM), Elsie y postait de façon personnelle, sur des sujets divers et variés qui allaient du scrapbooking, à la photo, de ses réflexions sur son parcours de travailleuse indépendante à sa vie amoureuse, et j’en passe. Le style était naturel et créatif, le design de son blog aussi.

A Beautiful Mess à l’époque.

A Beautiful Mess à l’époque.

Tout était super soigné, en particulier les photos, et le ton employé changeait tellement de ce que j’avais l’habitude de lire. C’était en quelque sorte mon blog chouchou. (Bon, certes, à l’époque, j’étais beaucoup moins déconstruite qu’aujourd’hui : mes critères de qualité bloguesques étaient donc beaucoup plus bas.)

11 ans plus tard, que reste-t-il de cette fraîcheur des débuts ? Absolument RIEN.

Ce blog a muté en une machine à fric entreprise, qui emploie une quinzaine de personnes, et dont Elsie est la patronne.

Ceci a été possible grâce à la publicité vendue sur son blog, aux applications mobiles qu’elle a produites, aux livres qu’elle a co-écrits avec sa sœur, au merchandising issu de leurs activités (cours en ligne, box mensuelle, maquillage, vêtements…) ainsi qu’à la marchandisation des flux Instagram liés à son univers (de très nombreuses photos, dont certaines très personnelles, comportent des liens vers les boutiques dont sont issus les vêtements et les meubles photographiés).

ABM n’est plus le petit blog personnel d’une jeune-femme créative aspirant à mener une vie créative (Elsie a même créé un autre blog, plus personnel, tellement ABM n’est plus « son » blog). C’est devenu une immense plateforme à but lucratif, qui ne valorise que deux types de contenus : d’une part, les articles sponsorisés, d’autre part, les tutoriels, recettes et autres prêches en faveur de la vie de la parfaite petite femme au foyer.

Titiou Lecoq analyse bien le phénomène, qu’elle a constaté, elle, sur les réseaux sociaux :

Les réseaux sociaux sont devenus le lieu de propagation d’une nouvelle dictature domestique avec des normes extrêmement élevées et uniquement à charge des femmes (…). Dans ces univers éthérés, il n’y a pas de place pour les miettes ou les cernes. Tout est blanc, doux, cotonneux, enfantin, léger, joli, et c’est écrasant.

Si vous vous êtes déjà demandé comment réaliser la parfaite queue de cheval tressée spéciale festivals d’été, comment coordonner vos vêtements à ceux de votre sœur, comment cuisiner des fettucine aux épinards pour votre petit mari, comment photographier vos chiens pour votre énième album de Noël, ou encore comment organiser votre cérémonie de mariage vintage et DIY de manière à ce qu’elle soit mitraillée sous tous les angles pour prouver à Internet que vous êtes vraiment la mariée la plus cool de l’univers, alors ABM aura la réponse.

En outre, dans 99 % des cas, ce sont des femmes qui sont photographiées : des femmes blanches, minces, toujours souriantes, habillées avec des vêtements différents à chaque fois (on y trouve quasiment toujours au moins une pièce offerte par une marque), posant généralement chez elles, dont le décor semble sortir d’un magazine, et préparant de bons petits plats bio, entourées d’animaux adorables et d’enfants toujours souriants, propres et impeccablement fringués eux aussi.

A Beautiful Mess aujourd’hui.

A Beautiful Mess aujourd’hui.

Les stéréotypes payent

Bien entendu, ABM est loin d’être le seul blog de ce type. Plus près de moi, les blogueuses mode françaises (blanches, minces, valides et cis bien sûr) contribuent elles aussi à véhiculer une image de « Femmes Parfaites© », un stéréotype renforcé par leurs réussites financières.

En effet, il est communément admis qu’un blog réussi est un blog qui rapporte de l’argent. (Affirmation que l’on pourrait discuter des heures durant, mais bon.)

À ce sujet, la déclaration suivante de Betty Autier m’avait sidérée. À la question Tu serais prête à nous révéler ton salaire mensuel ? posée par le magazine Paulette (nº19, novembre/décembre 2014), elle répondait :

Alors il faut le faire à l’américaine (Rires) ! Je vais déménager à Los Angeles et aux États-Unis la modestie ne paye pas, là-bas tout le monde parle librement de salaires. Ce qui me gêne ce sont les rumeurs sur mon salaire, parfois j’entends : Betty elle se fait cinq cent euros par mois ! J’ai envie de leur répondre : Hey, moi je suis milliardaire (Rires) ! Je vais donc me faire ce petit plaisir et être honnête… Chaque mois l’affiliation de mon blog me rapporte environ 10 000 euros. Mais ce n’est pas ma seule source de rémunération. Par an, je gagne entre 300 000 et 500 000 euros (…)

🙄

Bref, la blogosphère « féminine » s’est rapidement transformée en véritable vitrine publicitaire.

Cette intrusion massive de l’argent a fait d’un passe-temps personnel et amateur – le blog –, un véritable métier marketé jusqu’à la moëlle. À cause d’elle, les blogueuses – ces individues initialement créatives et libres – tendent à devenir des femmes-sandwich numériques qui ne raisonnent qu’en terme de retour sur investissement et de statistiques.

Et je trouve ça triste, car, à les écouter et à les observer, aucun juste milieu ne semble possible. Dès lors qu’elles décident de monétiser leur activité en ligne, tout y passe : tweets et articles sponsorisés pour une marque de montre, un lait hydratant ou du riz basmati ; louanges faussement innocentes à propos de tel hôtel ou de tel club de vacances où elles ont été invitées tous frais payés ; placements produit divers et variés, tout juste indiqués par une petite astérisque dont la légende se situe loin, très loin, en bas de page si on a de la chance ; etc.

Et c’est ainsi que disparaissent peu à peu leur originalité et leur spontanéité, ce qui, précisément, rendaient leur blog intéressant.

Le naturel n’est plus qu’un lointain souvenir, et ce qui transparaît désormais de leur vie sur Internet semble désormais dicté par une logique marchande et néolibérale.

Qu’importent leur intégrité et leur intimité, finalement, puisque les bafouer leur rapporte de l’argent sur Internet ?

La tentation du mimétisme

Mais le pire dans tout ça, ce n’est pas que des femmes aiment décorer leur intérieur, cuisiner des fettucine aux épinards, ou qu’elles gagnent de l’argent grâce à leur blog.

Non, le pire, c’est que ces contenus nous captivent, et que les choix normés que font ces femmes font nous influencent.

À force de voir passer des photos parfaites dès qu’on ouvre Instagram ou Feedly, à force de voir des femmes étalant leur beauté, leur accomplissement et leur apparent bonheur, nous assimilons que cette esthétique-là et que ce mode de vie-là pourraient bien être la baguette magique qui nous manque.

C’est un peu comme si notre esprit critique disparaissait un peu plus à chaque scroll, choisissant d’ignorer que ces photos ne sont que des fragments de vie soigneusement choisis, et non la vie elle-même.

La lecture de Libérées m’a fait prendre conscience du phénomène de sidération que provoquent toutes ces images parfaites, et à quel point c’est un poison insidieux pour l’imagination et l’estime de soi.

Ces photos ramènent sans cesse les femmes à ce terrible constat : elles ne sont pas à la hauteur. À moins d’être dotée d’un ego en béton armé, on a forcément l’impression que les autres font mieux le ménage, la déco, la cuisine, l’éducation. Mais pas le travail. Dans cet univers, on ne travaille pas puisque la vie n’est que délices et bonheur et que les contraintes n’existent pas. Cette absence totale du monde professionnel ramène un peu plus les femmes à leur place : la maison.

Le fait de ne représenter le féminin qu’au sein de la sphère domestique est un gros problème.

La minute autocritique

En réfléchissant à tout ça, je me suis vite demandé si mon propre blog reflétait lui aussi ce type de schéma.

Après tout, mes billets sont souvent liés à mon chez moi, et célèbrent un mode de vie plutôt casanier, bien au chaud sous un plaid, avec une boisson chaude, des livres, un chat, et des loisirs créatifs à foison.

Ce goût pour le « cosy » et l’« en-dedans » est un goût que j’ai acquis depuis mon enfance. Même si j’aimais bien jouer dehors, je passais beaucoup de temps à l’intérieur à dessiner, à regarder des dessins animés ou à faire mes devoirs.

Bon, même si en vrai, je faisais quand même plein d’autres trucs, nanmého :

Je me rends aussi compte que, parallèlement à la renaissance de La Lune Mauve, j’ai presque complètement laissé tomber mon blog professionnel : les trolls que j’ai subis début 2016 m’ont fait fuir le devant de la scène professionnelle du jour au lendemain, et retourner symboliquement « à la maison », à l’abri, protégée, invisible et inconnue.

Je pense néanmoins que je n’ai pas grand chose à voir avec les Elsie et les Betty de ce monde : de mon côté, j’essaie d’encourager la curiosité et la créativité des personnes qui me lisent (qui sont d’ailleurs en majorité des femmes), davantage que le culte de l’apparence, du profit et de l’ordre domestique.

Le jour où je commencerai à parler de meal prep ou de recette pour confectionner vous-même votre shampoing sec, ou à vous donner des conseils pour monétiser votre blog, je compte sur vous pour venir m’en toucher deux mots !

Le mensonge de la vie adulte

Grâce au livre de Titiou Lecoq, j’ai compris que les blogueuses et personnalités numériques qui nous abreuvent de visions et de récits idylliques nous mentent.

Et que bloguer implique une grande responsabilité : celle de raconter les choses avec honnêteté, sans gommer les détails déplaisants des aléas de la vie.

Je cite à nouveau Libérées :

Poster à longueur de temps des photos pour montrer qu’une vie merveilleuse, c’est facile, me paraît moralement condamnable. Il faut arrêter de mentir, il faut que chacune cesse de mentir aux autres parce que cela ne génère que du mal-être.

Sur Instagram, on ne tolère pas les poils, le sang des règles, la vaisselle sale, les chaussettes qui traînent et le travail. Plus cet idéal de vie lénifiante se répand, s’enroule autour de nos esprits et commence à les enserrer, plus il est nécessaire de tenir le discours inverse. (…) La vie, ce n’est pas un édredon rose pastel. Parfois on souffre, on se plante, il y a du sang et de la merde. (…) à la longue, cette suite interminable de photos d’intérieur aussi parfaitement identiques les uns aux autres me donne l’impression d’une maladie mentale. Il y a une forme de fascisme dans cette esthétique.

Récemment, j’ai eu une sorte de révélation concernant la dégradation de la blogosphère et sa monétisation : peut-être que toutes ces dérives sont liées au fait que nous sommes devenu·es adultes.

Quand nous avions 17, 18 ou 20 ans, nous n’avions pas encore vécu grand chose. Notre identité naissante avait fondamentalement besoin de se développer et de se construire, notamment en se comparant et en se liant aux autres. Et puis, surtout, nous avions tout le temps libre que nous voulions.

Aujourd’hui, à 30 ou 40 ans, nos objectifs de vie ont évolué. Nous avons souvent des métiers et des occupations qui occupent tout notre temps. Certain·es d’entre nous ont même eu des enfants.

Nous n’avons donc plus tout à fait les mêmes centres d’intérêt et priorités que lorsque nous étions ados, et surtout, nous n’avons plus le temps physique de bloguer (pour écrire ce billet, je me suis levée deux heures plus tôt chaque matin pendant une semaine, en gros), ni le temps psychique pour la charge mentale qu’implique l’écriture d’un blog.

Du coup, nous ressentons le besoin inconscient de justifier le temps que nous passons à mettre à jour nos blogs et nos profils sur les réseaux sociaux, car ce temps nous est compté : nous estimons qu’il devrait nous rapporter quelque chose, influencés sans doute par les blogging success stories dont nous sommes témoins.

Les petits jardins qui résistent

Celles et ceux qui restent et qui continuent, bon an mal an, à bloguer, sont en quelque sorte des résistant·es, tentant de survivre au sein d’un labyrinthe aussi fécond qu’anarchique.

Cet Internet qui résiste est constitué d’un réseau de blogs et de comptes plus ou moins privés, plus ou moins protégés, consacrés à des sujets de niche et à des lubies qui n’intéressent personne, qui ne rapportent pas un rond et que leurs auteur·ices ont parfois même décidé de déréférencer pour avoir la paix.

Lorsque Titiou Lecoq raconte ce qu’était Internet en 2008, je ressens de la nostalgie mais aussi de l’espoir :

On était sur Internet pour raconter ses faiblesses et ses mortifications, ceux qui exhibaient leur réussite étaient immédiatement moqués. Ce qui a caractérisé, entre autres, le début de la Webculture, c’était l’esthétique de l’échec et du mauvais goût, des hasards et des coïncidences. Le Web était précisément l’espace, opposé à la vie IRL (réelle), où les losers pouvaient se retrouver entre eux pour se raconter toutes les petites humiliations qu’ils vivaient au quotidien.

10 ans plus tard, cet Internet est toujours là, tapi dans l’ombre. Il ne tient qu’à nous de le nourrir et de le réactiver.

Quel bonheur tout de même d’être libre de tout partenariat publicitaire, libre de publier ce que nous voulons, quand nous le voulons – ou de ne pas publier du tout si nous n’avons ni le temps ni l’envie.

Nos jardins secrets, qui résistent face à la construction massive d’hôtels de luxe, sont précieux. Nous avons une responsabilité de prendre soin du nôtre, mais aussi d’encourager nos voisin·es à prendre soin du leur.

Eliness écrivait qu’il faut se serrer les coudes : pour moi, cela veut dire continuer à lire ce que les autres écrivent, laisser une trace, commenter parfois, être toujours là.

Bien sûr, c’est toujours un crève-cœur lorsqu’un de ces petits jardins secrets disparaît. Mais de nouveaux blogs personnels voient le jour, aussi. Or, il n’est pas toujours évident de les trouver, surtout maintenant que les algorithmes décident à notre place ce que nous devons lire ou pas. D’où l’importance de parler autour de nous des blogs émergents et de toutes nos bonnes adresses, souvent inconnues du « grand public ».

Cela doit aussi nous rassurer sur le bien-fondé de tenir des discours et d’écrire des billets à contre-courant de « la norme bloguesque ». Ne pas aller dans le sens de cette norme si pourrie est plutôt rassurant.

À titre personnel, je suis heureuse de ne pas avoir à me rendre malade à cause du manque de cohérence visuelle de mon flux Instagram, de peur que les gens se désabonnent en masse de mon profil, ou que cela dissuade des marques de travailler avec moi. Quelqu’un se désabonne ? Quelle aubaine ! C’est une probabilité de prise de chou en moins.

Quant aux marques, je suis heureuse de n’être l’elfe de maison de personne. J’ai toujours pensé que créativité et rentabilité ne font pas bon ménage.

En plus de ça, je manque déjà de temps pour écrire tous les billets personnels que j’ai envie d’écrire, alors si je devais, en plus, consacrer du temps à des billets sponsorisés, je n’y prendrais plus aucun plaisir et laisserais tout tomber.

Épilogue

Récemment, Elsie Larson (que je continue à suivre par intermittence) m’a fait beaucoup rire, en se plaignant elle-même de l’aseptisation d’Instagram, tout en publiant une photo de son impeccable salon, dont la perfection est uniquement troublée par une chaussure d’enfant toute mignonne, perdue au beau milieu du passage.

Légende : Quand tu as un enfant, tu as toujours cette chaussure surprise dans chaque photo que tu prends. 💛

Pauvre Elsie ! On a clairement pas la même définition de l’aseptisation et du désordre.

La vérité, c’est que ces femmes, et leurs vies, sont effrayantes. Il n’y a pas de place pour le raté, le foireux, le cassé. Ou tout simplement le moche. C’est une espèce d’eugénisme existentiel. Je crois que je ne pourrais pas vivre dans un monde d’où le moche aurait été banni.

Titiou Lecoq, Libérées

Marie

64 commentaires

  1. Hey, mais merci !!!
    Cela me fait énormément plaisir de constater que le laquage « instatruc » ne défigure pas toutes les personnalités… et tous les blogs.
    Tu m’as donné envie de lire l’ouvrage de Titiou :) (mais je vais attendre de le trouver d’occasion…)

    Je me demandais : connais-tu des blogs intéressants rédigés par des hommes ? En réfléchissant rapidement, ils ne sont pas nombreux dans mes multiples flux RSS (quelques uns en perma-agri-culture, mais aucun de type « personnel »)

    Merci de continuer à t’exprimer librement depuis autant d’années :) (et bon thé calfeutré !)

    1. Hey, mais merci !!!

      Ça m’a fait vraiment plaisir de lire ce cri du cœur de bon matin !

      Cela me fait énormément plaisir de constater que le laquage « instatruc » ne défigure pas toutes les personnalités… et tous les blogs.

      Ouais, je résiste, je résiste… Au départ je complexais presque de faire mon truc de manière différente, et puis maintenant que j’ai pris du recul et lu des trucs qui m’ont aidée à comprendre ce qui se tramait, je trouve ça vraiment cool en fait d’avoir ma propre patte, et de ne pas faire comme les autres.

      Je me demandais : connais-tu des blogs intéressants rédigés par des hommes ? En réfléchissant rapidement, ils ne sont pas nombreux dans mes multiples flux RSS (quelques uns en perma-agri-culture, mais aucun de type « personnel »)

      J’ai longuement épluché mon Feedly pour te répondre, et c’est vrai que je n’en connais pas beaucoup, c’est vrai. J’aime beaucoup celui de Nimwendil, qui est orienté créativité ; celui de Brice qui parle principalement de photo (mais pas que) ; celui de Didier Lestrade (qui écrit teeellement bien ohlala) ; et… c’est tout.

      Le reste des blogs écrits par des mecs que je suis sont des blogs techniques ; ce sont ceux sur lesquels je me rue le moins…

      1. Coucou,
        J’ai enfin pris le temps d’ausculter mes flux RSS, voici une sélection de blogs personnels tenus par des hommes (en espérant ne pas me tromper, difficile des fois de distinguer derrière le pseudo). Au final, j’en suis déjà un paquet… En vrac :
        – nrkn.fr
        – nota-bene.org
        – ploum.net
        – 1tierschemin.wordpress.com
        – jcfrog.com/blog/
        – lesvoyagesdemat.com
        – n.survol.fr
        – larlet.fr/david/
        – blog.davidmanise.com
        – davidtribal.com/blog/

        Bonne lecture :)

      2. Merci pour cette liste ! Je t’avoue que ça m’a fait tout bizarre de voir apparaître soudain tant de confrères sur La Lune Mauve.

        En effet, je prends grand soin de préserver ce blog-ci du microcosme professionnel dans lequel j’évolue qui, par certains aspects, m’oppresse et a pu me faire du mal par le passé. J’ai donc minifié les URLs cibles supprimé les liens pour éviter que tout ce petit monde ne débarque ici à cause d’un blacklink.

        Mais ne t’inquiète pas, c’est à moi de trouver les solutions techniques et éditoriales pour que cette séparation entre mes deux univers soit viable. C’est une véritable problématique.

    2. Hors les blogs typés informatique ou sujet hypers pointus, je ne me connais pas beaucoup de compagnons blogueurs masculins et aucun dans un style personnel… à se demander si côté masculin on ne suit pas l’injonction « sentiment aseptisé/dur/taiseux etc. » A moins que ce ne soit une plus grande défiance envers l’exposition intime à tors et à travers ?

      /Désolé je squatte, mais le questionnement m’a intéressé !

      Je retiens et approuve surtout à titre perso cette phrase :

      Quel bonheur tout de même d’être libre de tout partenariat publicitaire, libre de publier ce que nous voulons, quand nous le voulons – ou de ne pas publier du tout si nous n’avons ni le temps ni l’envie.

      Même si au fond il est bien dur d’être réellement exempt de toute pression.

      1. Hors les blogs typés informatique ou sujet hypers pointus, je ne me connais pas beaucoup de compagnons blogueurs masculins et aucun dans un style personnel… à se demander si côté masculin on ne suit pas l’injonction « sentiment aseptisé/dur/taiseux etc. »

        Je pense, oui, que ça a à voir avec l’injonction à la virilité qui pèse sur les hommes (et qui est tout aussi sexiste).

        A moins que ce ne soit une plus grande défiance envers l’exposition intime à tors et à travers ?

        Bah, ça, je suis moins sûre : pour moi cette défiance existe bien, mais elle ne me semble pas exclusive à un genre.

        Je retiens et approuve surtout à titre perso cette phrase : « Quel bonheur tout de même d’être libre de tout partenariat publicitaire, libre de publier ce que nous voulons, quand nous le voulons – ou de ne pas publier du tout si nous n’avons ni le temps ni l’envie. »

        Même si au fond il est bien dur d’être réellement exempt de toute pression.

        Ouais, c’est vrai. En prendre conscience est déjà un grand pas je pense.

        Bon, et le mot de la fin : quand j’ai répondu à Laëtitia, j’ai vraiment galéré à trouver des blogs écrits par des mecs, parmi tous ceux que je suis. Et quand tu as commenté, je me suis dit : OHLALA MAIS OUI Y’A « POUR UNE IMAGE » AUSSI ! Honteuse d’avoir pu l’oublier, je pars donc me cacher dans un trou en Écosse.

      2. Ahaha, aucune honte à avoir ? déjà je réponds peu je suppose au critère « blog personnel » et puis tu ne peux pas penser à citer tout le monde tout le temps… Et ça me va bien si je ne suis pas étiqueté « blog de mec ».

  2. Hell yeah.
    (J’allais dire « Amen », mais invoquer Satan me plait beaucoup plus).

    J’appelle ce phénomène « être en constante représentation de soi », et ça me rend dingue. Car même en ayant totalement conscience des mécanismes psychologique des réseaux sociaux, il reste difficile de ne pas se faire avoir par cette ambiance policée et se sentir déprimé.e.

    Exemple : à chaque fois que je vois des photos de personne.s prises par d’autres – donc pas des selfies – je me dis toujours que je suis nulle parce que moi, je n’ai personne pour prendre de photos de moi. Alors que je déteste être prise en photo, et que TOUS mes proches le savent. Ils ne posteraient jamais une photo de moi sur le Net sans me demander la permission au préalable (ni ne prendraient de photo de moi tout court, en fait). Mais je me fais avoir quand même et compare ma petite vie vide à celle des autres qui semble tellement plus riche en émotions & relations sociales, par le merveilleux prisme d’Instagram.

    C’est ridicule. Cela veut simplement dire que ma manière de sociabiliser fonctionne : je suis introvertie, fréquente peu de gens, et prends régulièrement du temps seule pour recharger les batteries. Donc le peu de temps que je passe avec des gens est précieux : je suis concentrée sur elleux, ce qu’on est en train de faire, mon portable reste dans ma poche, etc c’est tout. Il n’y a donc aucune raison pour moi de prendre moult photos de ce que je suis en train de vivre plutôt que de l’expérimenter.

    C ‘est d’ailleurs rigolo, dans mon groupe d’amis, je suis la seule à bosser dans le numérique, et je suis la plus rigoureusement attachée à ma vie privée hors-Internet. Peut-être parce que j’en connais les mécanismes ?

    1. Hell yeah.
      (J’allais dire « Amen », mais invoquer Satan me plait beaucoup plus).

      :-D

      J’appelle ce phénomène « être en constante représentation de soi », et ça me rend dingue. Car même en ayant totalement conscience des mécanismes psychologique des réseaux sociaux, il reste difficile de ne pas se faire avoir par cette ambiance policée et se sentir déprimé.e.

      Ouais, je pense vraiment qu’à la longue, la répétition et l’unicité de ce type d’univers nous font nous sentir exclu. D’autant qu’il y a l’effet « groupe » (que ce soit le nombre de comptes qui alimentent ce type d’esthétique, ou bien le nombre de personnes qui likent), qui renforce encore ce sentiment d’être à part et de n’intéresser personne.

      C’est ridicule. Cela veut simplement dire que ma manière de sociabiliser fonctionne : je suis introvertie, fréquente peu de gens, et prends régulièrement du temps seule pour recharger les batteries. Donc le peu de temps que je passe avec des gens est précieux : je suis concentrée sur elleux, ce qu’on est en train de faire, mon portable reste dans ma poche, etc c’est tout. Il n’y a donc aucune raison pour moi de prendre moult photos de ce que je suis en train de vivre plutôt que de l’expérimenter.

      Mais complètement ! C’est toi qui es dans le vrai, pas les autres. Je me rappelle d’un vieux billet d’Eleonore Bridge qui avait réalisé à quel point elle était intoxiquée par les réseaux sociaux, quand ses proches ont fini par lui dire que c’était un peu beaucoup relou qu’ils doivent attendre 5 minutes de toucher à leurs plats au restaurant, le temps qu’elle ait tout pris en photo pour son blog… Je ne retrouve pas le billet mais c’était intéressant.

      C ‘est d’ailleurs rigolo, dans mon groupe d’amis, je suis la seule à bosser dans le numérique, et je suis la plus rigoureusement attachée à ma vie privée hors-Internet. Peut-être parce que j’en connais les mécanismes ?

      Possible, même si tu es l’exception plutôt que la norme.

  3. Beaucoup beaucoup beaucoup d’amour pour ton article ! Je traque avec plaisir ces jardins secrets et spontanés dont tu parles et je suis heureuse d’en avoir découvert pas mal. Ton blog n’a rien à voir avec ce que tu décris, tu n’as pas à t’en faire ;) Entre les réflexions que j’ai lues récemment chez Echos Verts, les derniers articles sur le blog Un invincible été, le tien… Je pense qu’il y a une petite communauté qui essaie de rester à l’écart de tout ça, pour le meilleur. J’ai connu moi aussi cette phase de sidération, qui amène aussi à ces blocages : oh non j’ai un texte d’article mais les photos ne seront pas assez bien… !! Et finalement ce qui m’a motivée à lancer un blog, c’est cette volonté de dire « zut! » aux injonctions esthétiques et à celles qui concernent les thèmes « sexy ». Tant pis si je fais des articles trop longs, trop sérieux, pas assez illustrés, on a besoin de diversité, donc ce qui compte pour moi c’est que mon imperfection toute relative alimente surtout des échanges. Sinon je me disais qu’en fait, j’ai l’impression que les quelques blogs tenus par des hommes sont sujets aux mêmes dérives quand il s’agit de « lifestyle » au sens général… Je ne pense pas que ce soit particulièrement le fait de la blogosphère féminine, il se trouve juste que l’omniprésence des femmes sur les thématiques de consommation, de mode etc prédisposait leurs blogs à dériver comme ça, mais le conseil/coaching beauté et lifestyle se développe chez les mecs de la même façon. Et les blogs qui parlent de sport ou d’autres thématiques plus stéréotypées comme masculine courent les mêmes risques je pense

    1. Merci Irène !

      Je traque avec plaisir ces jardins secrets et spontanés dont tu parles et je suis heureuse d’en avoir découvert pas mal.

      Oui, j’ai vu que ta blogroll est bien fournie, j’ai commencé à l’explorer mais il me reste encore pas mal d’adresses à découvrir. Merci d’ailleurs d’y avoir inclus La Lune Mauve !

      J’ai connu moi aussi cette phase de sidération, qui amène aussi à ces blocages : oh non j’ai un texte d’article mais les photos ne seront pas assez bien… !! Et finalement ce qui m’a motivée à lancer un blog, c’est cette volonté de dire « zut! » aux injonctions esthétiques et à celles qui concernent les thèmes « sexy ». Tant pis si je fais des articles trop longs, trop sérieux, pas assez illustrés, on a besoin de diversité,

      Ah mais, oui complètement ! Prendre du recul vis-à-vis de la « norme » est une chose, mais il faut aussi réussir à détecter son petit tyran intérieur, et réussir à passer outre ses exigences, sinon on ne fait plus rien. Parfois on est soi-même sa pire ennemie.

      ce qui compte pour moi c’est que mon imperfection toute relative alimente surtout des échanges.

      Hé bien déjà le choix du mot « imperfection » est intéressant ! Sincèrement, je ne pense pas que les gens qui lisent ton blog, ou le mien, se disent « ohlala que c’est imparfait ! ». J’ose espérer que si iels restent et continuent à lire, c’est qu’iels y trouvent quelque chose d’unique.

      Finalement, on se met tellement la rate au court-bouillon à cause du fait de ne pas réussir à rentrer dans le moule, mais… ne pas rentrer dans le moule est une chance. Misfits forever!

      Sinon je me disais qu’en fait, j’ai l’impression que les quelques blogs tenus par des hommes sont sujets aux mêmes dérives quand il s’agit de « lifestyle » au sens général… Je ne pense pas que ce soit particulièrement le fait de la blogosphère féminine, il se trouve juste que l’omniprésence des femmes sur les thématiques de consommation, de mode etc prédisposait leurs blogs à dériver comme ça, mais le conseil/coaching beauté et lifestyle se développe chez les mecs de la même façon. Et les blogs qui parlent de sport ou d’autres thématiques plus stéréotypées comme masculine courent les mêmes risques je pense

      Merci pour ton analyse ! Je dois dire que je ne lis aucun blog lifestyle masculin, mais les rares que j’avais survolés il y a longtemps étaient en effet complètement repoussants.

      Quand je vois la couv’ et les gros titres des magazines lifestyle pour hommes, idem, je lève haut les yeux au ciel. L’injonction à la virilité qui pèse sur les hommes est tout aussi oppressive. J’adorerais que des blogueurs hommes s’emparent du sujet et partagent leurs réflexions.

      1. Je rebondis sur ta dernière remarque, c’est vrai que j’aimerais lire des homme sur le sujet ! Mais comme l’aspect lifestyle reste relativement rarement traité par des mecs, finalement ceux que je lis sont plutôt dans la sphère scientifique et sceptique (vulgarisation, esprit critique). Dans ma blogroll, ils sont tous dans cette section là, ça dit beaucoup de choses…

      2. Tout à fait ! Le fait que les hommes parlent spontanément moins de leur vie privée, de la paternité, de leur vulnérabilité, et qu’ils surinvestissent les domaines scientifiques et « objectifs », est extrêmement signifiant sur les injonctions à la virilité qui pèsent sur eux.

  4. Je ne sais pas si tu l’as lu mais justement Pauline sur le blog Un invincible été a écrit de très belles choses récemment sur le fait d’être quelqu’un du « dedans », attachée à son intérieur…

    1. Il faudra que j’aille lire tout ça !

  5. J’ai trouvé ta réflexion très intéressante et aussi très rassurante ( = je ne suis pas la seule à penser ça!). Je n’ai pas encore lu le livre de Titiou mais je suis son blog depuis un bon bout de temps (et sa newsletter hebdomadaire pour Slate; dans l’avant-dernière, elle analysait les publicités pour sous-vêtements féminins et c’était particulièrement intéressant).
    J’ai pour ma part fermé mon blog, parce que plus le temps, plus d’inspiration, crainte pour mon anonymat et surtout je ne supportais plus l’homogénéité écrasante des blogs, la monétisation, le consumérisme dégoulinant de partout… Alors je partage complètement ton avis sur toutes ces questions, et ça fait vraiment du bien de lire des blogs comme le tien. :)

    1. Merci pour ton retour, ça me fait chaud au cœur !

      J’ai pour ma part fermé mon blog, parce que plus le temps, plus d’inspiration, crainte pour mon anonymat et surtout je ne supportais plus l’homogénéité écrasante des blogs, la monétisation, le consumérisme dégoulinant de partout… Alors je partage complètement ton avis sur toutes ces questions, et ça fait vraiment du bien de lire des blogs comme le tien. :)

      Je regrette évidemment que tu aies fermé ton blog, mais je garde un très bon souvenir de ce que j’y ai lu. Je comprends tout à fait les raisons qui t’ont poussée à prendre cette décision en tout cas.

      C’est bizarre car par rapport à il y a quelques années, où j’étais prête à tout laisser en plan et à arrêter définitivement de bloguer, aujourd’hui je suis plus sereine vis-à-vis de ça. Je crois qu’avoir fait une pause de plusieurs années, et avoir pris le temps de bien redéfinir la « nouvelle » Lune Mauve, de m’interroger sur les raisons qui me poussaient à me relancer là-dedans, les trucs que je voulais réaliser, les trucs que je n’étais plus prête à accepter, etc., ça a été un travail de fond précieux, qui me sert de phare au milieu de la nuit quand je me sens à nouveau « déprimée du blog ».

      Mon problème, c’est que j’aime trop écrire et échanger sur le net, cela m’a toujours permis de m’exprimer, d’apprendre des trucs et de faire des rencontres cools, du coup j’aurais beaucoup de mal à m’en passer.

  6. Moi ça me désole… je trouve la blogosphère morte à cause des réseaux sociaux. Les seuls blogs que je suis encore, à part le tien, doivent être un blog beauté (la nana est sincère et écrit bien) et celui de Miss Pandora (qui est payée pour, mais c’est encore différent) ^^.

    1. Ouais, je pense en effet que les réseaux sociaux ont fait du mal aux blogs (Twitter n’est-il pas une plateforme de « micro-blogging » ?). En fait je trouve que ça dévoile un trait pathétique de l’humanité occidentale actuellement : la baisse progressive de notre capacité de concentration. Tout doit être court, simpliste, plus personne n’aime lire, et quand tu as le malheur d’écrire des tartines (?), on te fait bien sentir que c’est lourdingue – alors que, non, ce n’est pas moi ni ma pratique le problème.

      Les seuls blogs que je suis encore, à part le tien, doivent être un blog beauté (la nana est sincère et écrit bien) et celui de Miss Pandora (qui est payée pour, mais c’est encore différent) ^^.

      Pourquoi considères-tu que la façon dont Miss Pandora monétise son blog est « différente » ?

  7. Chouette billet ! L’internet d’avant me manque de plus en plus… J’en parlais justement récemment avec un pote. Avec le nombre, les gens curieux et ouverts sont cachés par le plus grand nombre. C’est devenu un média de masse…
    Mais finalement ce qu’on relate là avec les blogs, c’est la même chose avec la presse… La liberté d’expression existe que si elle est indépendante financièrement. C’est d’ailleurs la même chose avec les films ou TV ou la musique. Quelque chose est proposé, produit indépendamment et il peut fonctionner. Mais rare sont ceux qui prennent les risques d’investir dans des choses engagées et nouvelles. On mise sur ce qui marche. Finalement c’est tout le reflet de notre société et c’est bien triste.
    Il faut arriver à proposer de nouvelles choses… Lutter. Être indépendant financièrement d’abord pour grandir et faire naître sa voix, puis continuer fidèle à ses valeurs et sa ligne édito.

    1. Merci !

      Avec le nombre, les gens curieux et ouverts sont cachés par le plus grand nombre. C’est devenu un média de masse…

      Ce qui est rassurant dans cette phrase, c’est que les curieux sont simplement « cachés », et qu’ils n’ont pas disparu. Un peu comme de bonnes adresses insolites qu’il faut chercher car elles ne sont pas indiquées dans les guides touristiques grand public.

      La liberté d’expression existe que si elle est indépendante financièrement. C’est d’ailleurs la même chose avec les films ou TV ou la musique. Quelque chose est proposé, produit indépendamment et il peut fonctionner. Mais rare sont ceux qui prennent les risques d’investir dans des choses engagées et nouvelles. On mise sur ce qui marche. Finalement c’est tout le reflet de notre société et c’est bien triste.

      On mise sur ce qui marche, pour moi justement c’est une forme de conservatisme, de frein à l’innovation. Ce n’est pas parce qu’un truc marche qu’il est « bon ». Il y a des tas de chaînes Youtube, de comptes Twitter, de blogs, d’artistes qui tiennent des dis discours moisis et qui ont du succès malgré ça… ou peut-être à cause de ça ! Bref, plus le temps passe, plus je me méfie comme d’une guigne des « succès de masse ».

      Il faut arriver à proposer de nouvelles choses… Lutter. Être indépendant financièrement d’abord pour grandir et faire naître sa voix, puis continuer fidèle à ses valeurs et sa ligne édito.

      Oui, je pense qu’à partir du moment où ton blog devient un boulot (même si pas à plein temps), c’est mort, le plaisir que tu y prends va forcément diminuer, et la spontanéité disparaître. Aucun intérêt. Bloguons sans entrave ! :)

    2. Tout a fait d’accord Ally, c’est très bien dit !

  8. Olala, voilà un article qui me parle beaucoup !

    D’autant que, comme je t’en avais parlé, je tiens depuis un an un blog typiquement féminin qui parle de… parentalité. C’est tout un pan de la blogosphère à découvrir, mais qui a exactement les mêmes problèmes que les « niches » (déco, bien-être et cie) que tu décris : mamans maquillées, plats maisons, enfants bien éduqués et avec bienveillance…

    Et si je trouve que la Lune Mauve ne rentre absolument pas dans ces schémas malsains, j’ai parfois plus de doute quand à mon blog. Il faut dire que j’ai choisi un sujet touchy : comment partager son cheminement dans la parentalité sans tomber dans les schémas dont tu parles ? (Pourquoi est-ce moi et pas mon mari qui ressent le besoin d’en parler ? Comment rester vrai, pour ne pas véhiculer une image fausse d’une vie parfaite et rangée ?) Je fais de mon mieux, mais je ne suis pas sûre de toujours réussir.

    Côté consumérisme par exemple, même si mon blog n’est pas monétisé (ni affilié, ni sponsorisé) (je déteste trop ça chez les autres pour vouloir devenir moi aussi une publicité géante), je conseille au moins 3 livres par article (hey, je lis beaucoup ! Il faut bien que j’en parle quelque part !)

    Bref, encore un article qui me fait cogiter, merci :)

    1. Pouitch !

      D’autant que, comme je t’en avais parlé, je tiens depuis un an un blog typiquement féminin qui parle de… parentalité. C’est tout un pan de la blogosphère à découvrir, mais qui a exactement les mêmes problèmes que les « niches » (déco, bien-être et cie) que tu décris : mamans maquillées, plats maisons, enfants bien éduqués et avec bienveillance…

      J’imagine tellement bien…

      Et si je trouve que la Lune Mauve ne rentre absolument pas dans ces schémas malsains, j’ai parfois plus de doute quand à mon blog. Il faut dire que j’ai choisi un sujet touchy : comment partager son cheminement dans la parentalité sans tomber dans les schémas dont tu parles ? (Pourquoi est-ce moi et pas mon mari qui ressent le besoin d’en parler ? Comment rester vrai, pour ne pas véhiculer une image fausse d’une vie parfaite et rangée ?)

      Tu sais, je pense que te poser ces questions est déjà énorme ! Est-ce que ton mari sait que tu tiens ce blog ? As-tu déjà pensé à lui proposer d’y bloguer lui aussi ?

      Côté consumérisme par exemple, même si mon blog n’est pas monétisé (ni affilié, ni sponsorisé) (je déteste trop ça chez les autres pour vouloir devenir moi aussi une publicité géante), je conseille au moins 3 livres par article (hey, je lis beaucoup ! Il faut bien que j’en parle quelque part !)

      Franchement, ça ne me choque pas DU TOUT ! Les livres sont nos amis pour la vie, et perso si les blogs (et comptes Twitter) que je suis ne conseillaient pas régulièrement des bouquins, j’aurais beaucoup moins lu dans ma vie. Pour moi le consumérisme de livres, ça serait si tu conseillais des tas de livres à tes lecteurices sans les avoir lus toi-même, à la chaîne, juste pour caser du lien affilié… Or là ça n’est pas le cas.

      En outre, je veux bien croire que quand on a un enfant pour la première fois, on a besoin de multiplier les sources d’infos tellement le truc qu’on vit est extraordinaire. Donc le fait que tu recommandes des bouquins utiles, qui t’ont aidée et intéressée, bah c’est juste sympa en fait :)

  9. Quand je vois la photo avec seulement une chaussure qui traîne…. Franchement je rigole ! Ses enfants ne doivent pas vivre là ! Perso la maison est un vrai chaos et je préfère aller me balader dans la nature plutôt que de faire le ménage ou de ranger. Alors forcément sur Instagram je ne poste pas le chaos de la maison… Je préfère montrer ma vision de la nature mais parfois en voyant des photos d’intérieurs tout clean c’est vrai que je me demande si je ne suis pas seule au monde à préférer mettre ma fille dans le porte bébé pour aller faire un tour sous la neige plutôt que de faire la vaisselle !!!

  10. <3

    1. Oups, mon premier commentaire est parti sans le texte, mais le <3 résumait bien le fond de ma pensée.

      Billet qui m'a fait beaucoup de bien à lire et qui m'a donné envie d'ajouter l'ouvrage de Titou à ma PAL.

      Ce que tu relates dans ton billet fait écho à pas mal de choses qui me taraudent (tu le sais) : la tentation de "formater" mon propre blog ; la culpabilité de "dire du mal" d'une expo alors qu'on m'a envoyé le catalogue / invitée ; la difficulté à trouver un équilibre entre blogging et nécessité de gagner sa vie ; le rapport ambiguë aux amis dont le quotidien ressemble à un fil Instagram et dans laquelle j'ai l'impression de faire tache comme un panier de linge sale au milieu du salon…

      J'ai commencé les billets Lifestyle et DIY (avec la linogravure et ma liseuse numérique) et les illustrer est un vrai souci tant je n'ai pas l'âme d'une designer nordique. J'aime vivre dans le bordel, acheter de la déco me saoule et je déteste jeter un truc fonctionnel. Ma table de salon est constitué d'un carton datant de mon déménagement (il y a deux ans) sur lequel j'ai installé une planche de bois tachée, ce qui désespère tous nos amis. Tu crois que je pourrais créer un fil Instagram "je ne suis pas une instagrameuse ?".

      1. Oups, mon premier commentaire est parti sans le texte, mais le <3 résumait bien le fond de ma pensée.

        <3

        Ce que tu relates dans ton billet fait écho à pas mal de choses qui me taraudent (tu le sais) : la tentation de « formater » mon propre blog ; la culpabilité de « dire du mal » d’une expo alors qu’on m’a envoyé le catalogue / invitée ; la difficulté à trouver un équilibre entre blogging et nécessité de gagner sa vie ; le rapport ambiguë aux amis dont le quotidien ressemble à un fil Instagram et dans laquelle j’ai l’impression de faire tache comme un panier de linge sale au milieu du salon…

        Je comprends, j’ai déjà été confrontée (et continue à l’être) à des réflexions similaires.

        En ce qui concerne le fait de « dire du mal » d’une expo ou d’un bouquin, déjà je pense qu’il faut relativiser : on peut tout à fait critiquer quelque chose en étant constructive. Le fait de prendre malgré tout le temps d’écrire et de préparer un billet à propos de quelque chose, même si on n’est pas aussi emballée qu’on l’aurait voulu, est déjà en soi valorisant pour le truc en question.

        Perso, après une dizaine d’années passées à gérer un webzine culturel et les services presse qui vont avec, j’ai pris les devants et ai indiqué dans ma page À propos les conditions sous lesquelles j’accepterais éventuellement un service presse ou autre chose. En gros je ne m’engage à rien, même pas à en parler, si cela ne m’a pas plu. Mais bon, je t’avoue que c’est un soulagement de ne plus recevoir de proposition de service presse (depuis la remise en route de LLM, je n’en ai reçue qu’une, que j’ai dû refuser faute de temps) – je n’ai déjà pas le temps d’écrire mes propres billets, alors bon, sacrifier mon précieux temps pour faire indirectement la pub de tel ou tel ouvrage que je n’ai pas choisi, bof, quoi.

        Cela dit dans le cadre d’expos (qui sont souvent si chère ! T_T), et qui constituent une part importante de ton blog, je comprends ton dilemme.

        J’ai commencé les billets Lifestyle et DIY (avec la linogravure et ma liseuse numérique) et les illustrer est un vrai souci tant je n’ai pas l’âme d’une designer nordique.

        Franchement, tu t’en es bien sortie ! Tu as même publié une photo de ta liseuse dans un coffee shop, c’est so lifestyle de ta part ! :-p (Je te taquine un peu. En vrai, ton billet est très bien illustré !)

        C’est tout bête, mais prendre des photos sur le vif est encore ce qu’il y a de plus simple à faire. Plus tu vas en prendre, plus tu vas trouver ton style, et faire ton propre apprentissage photographique. Ah, et personnellement, je te l’ai déjà dit, et je le redis : c’est définitivement avec tes billets plus perso que j’ai le plus d’affinité (mais sans doute parce que ma culture en histoire de l’art est trop limitée pour pleinement savourer les autres, que je ne lis d’ailleurs pas tous).

        J’aime vivre dans le bordel, acheter de la déco me saoule et je déteste jeter un truc fonctionnel. Ma table de salon est constitué d’un carton datant de mon déménagement (il y a deux ans) sur lequel j’ai installé une planche de bois tachée, ce qui désespère tous nos amis. Tu crois que je pourrais créer un fil Instagram « je ne suis pas une instagrameuse ? ».

        Ça m’a fait rire !

        En vrai, do what thou wilt shall be the whole of the law.

        Concrètement, pour moi, montrer sans arrêt un intérieur parfait revient à inviter un tas d’inconnu·es dans son salon – pensée qui me provoque une sérieuse crise d’angoisse. Mon chez moi est perso, et je suis bien contente de ne pas avoir à rendre de compte à qui que ce soit quant à son état de propreté ou d’ordre.

        Face aux éventuels complexes que peuvent nous filer ces comptes Instagram dont on parle, on peut – on doit – aussi voir l’autre côté de la pièce, et savourer la liberté que nous confère le fait de NE PAS surexposer notre intimité. Perso, je trouve ça vraiment agréable… d’autant que ma table basse est également très moche ! :D

  11. Merci pour ces liens et ce conseil lecture, je sens que j’ai toujours besoin de me déconstruire à ce niveau là, et c’est quelque chose que j’aimerais faire plus sérieusement cette année.
    J’ai eu une réflexion similaire vis-à-vis du blogging, je tenais un blog au début des années 2000, que j’ai arrêté faute de temps. Je suis revenue au blogging en 2011, avec une ligne éditoriale super restreinte et pas vraiment perso (un truc sur le healing dans WoW ?). Ça me plaisait bien, mais j’avais aussi envie de publier des trucs plus perso. Et les blogs plus perso que je voyais, déjà à l’époque, commençaient à être monétisés, submergés d’articles genre test de produit de beauté etc., pas vraiment ma tasse de thé :/ Même la “blogosphère” WoW a commencé à changer, avec des articles sponsorisés pour des accessoires PC… Comme quoi c’est pas que les blogs “féminins”, même si ces derniers sont particulièrement affectés ?
    Je pense que cette tendance générale n’est pas sans rapport à ma procrastination sur mon projet de blog, ça m’a un peu écœurée honnêtement. Ce qui est idiot au fond parce que j’ai envie de le faire pour moi, et qu’il y a effectivement toujours une communauté qui produit des contenus intéressants. Mais j’ai aussi l’impression que les réseaux sociaux et Youtube ont pas mal pris le pas sur le blogging. C’est dommage et, je trouve, dangereux avec la censure omniprésente. Mais c’est vrai qu’il ne tient qu’à nous d’alimenter la part de web que l’on aime ?

    1. Merci pour ces liens et ce conseil lecture, je sens que j’ai toujours besoin de me déconstruire à ce niveau là, et c’est quelque chose que j’aimerais faire plus sérieusement cette année.

      Je t’en prie ! Je suis heureuse de savoir que ça nourrit ta réflexion. Se déconstruire prend du temps, d’ailleurs je pense que c’est un éternel work in progress, donc ne te mets pas la pression à vouloir réussir à tout prix cette année.

      Même la “blogosphère” WoW a commencé à changer, avec des articles sponsorisés pour des accessoires PC… Comme quoi c’est pas que les blogs “féminins”, même si ces derniers sont particulièrement affectés ?

      En effet, merci pour ce petit retour d’expérience à propos d’un pan de la blogosphère que j’ignore tout simplement. Cela ne me rassure pas que les dégâts sont généraux, mais cela ne me surprend pas non plus. Finalement, la marchandisation et, donc, la détérioration des contenus sur le net est simplement dûe au capitalisme, qui ne supporte pas l’idée qu’on puisse faire des choses juste par plaisir, sans que ça rapporte un rond.

      Et penser qu’on serait soi-même « une meilleure blogueuse » ou « un meilleur blogueur » parce qu’on aurait réussi à allier passion ET revenus est un poison mental très puissant, contre lequel j’ai longtemps lutté. Aujourd’hui, cela reste un vague rêve d’imaginer pouvoir « vivre de mon art » au sens large (ce qui inclut en effet l’écriture), car il faut bien vivre de quelque chose vu notre système économique actuel. Cependant, je suis persuadée qu’il existe d’autres méthodes de gagner de l’argent que d’afficher des pubs abominables partout, et de vanter les mérites de produits conformistes.

      Je pense que cette tendance générale n’est pas sans rapport à ma procrastination sur mon projet de blog, ça m’a un peu écœurée honnêtement. Ce qui est idiot au fond parce que j’ai envie de le faire pour moi, et qu’il y a effectivement toujours une communauté qui produit des contenus intéressants. Mais j’ai aussi l’impression que les réseaux sociaux et Youtube ont pas mal pris le pas sur le blogging. C’est dommage et, je trouve, dangereux avec la censure omniprésente. Mais c’est vrai qu’il ne tient qu’à nous d’alimenter la part de web que l’on aime ?

      Tout à fait ! Pour moi, tu as mis le doigt sur la chose la plus importante : faire les choses pour soi. En fait dès que tu commences à trop penser aux autres, quand tu blogues, c’est là où la machine s’emballe et que tu finis par te décourager, car ce que tu imagines des attentes des autres n’est jamais atteignable.

      C’est pour ça que faire les choses pour soi, fixer ses propres règles du jeu, est plus sain car c’est tenable, tout simplement. Et ça tombe bien, car ce que cherchent les gens comme toi et moi aujourd’hui, ce sont justement les contenus candides et authentiques, qui n’ont pas été standardisés selon le conformisme en vigueur. Selon moi, on ne peut rester authentique que si on a un minimum confiance en soi et qu’on ne se laisse pas trop influencer par ce que disent et font les autres. Ce qui n’est pas toujours facile ! Peut-être que c’est une forme de résistance, au fond, que de continuer à suivre son petit bonhomme de chemin en refusant de prendre l’autoroute.

  12. Juste merveilleux de te lire, comme toujours. Ce billet était particulièrement instructif et une bonne tartine de réflexif, fait toujours du bien là où ça fait mal ;) Donc merci de t’être réveillée pour nous deux heures plus tôt cette semaine, car ça valait le coup !!
    Pour moi, cette inculte d’internet, la blogospère, c’est toi ! et rien que toi ! Ce petit kreestal scintillant, lumineux, et profondément original ! Peut-être parce que j’ai dix ans de retard sur la technologie ;) En tout cas ça me rassure que tu es de toi même su conclure que la Lune Mauve rien à voir, ni dans la démarche, ni dans le résultat, avec ces faiseuses de blogs du CAC40! Ton entreprise à toi, est personnelle. Et les fruits que tu en retires à mon avis ont beaucoup plus de valeur. Pour le lecteur c’est indéniable, mais aussi pour toi-même. Cf. ton billet bilan lunemauvien.
    C’est vrai qu’Instagram est vraiment hyper léché, purifié (au sens nazi du terme!), aseptisé. D’ailleurs je ne m’en sers que pour mon travail, parce que l’on m’a dit que je ne pouvais pas ne pas « en être », donc en effet dans un but de rentabilité. Pas du tout pour le plaisir, l’inspiration libératrice !
    Par contre, oui, lire tes billets, me libère, m’aide à penser, m’aide à sentir, à vivre quoi ! A vivre dans la bonne direction.
    Tu m’as donné très envie de lire le livre de Titou Lecoq, surtout que je suis dans un moment de dé-lavage de cerveau, de libération, voir de création, de la femme que j’ai envie d’être, et non pas de celle que j’ai appris à être sans même m’en rendre compte.
    J’adore la citation finale de ton billet dans laquelle Titou Lecoq dit qu’elle ne pourrait pas vivre dans un monde sans « le moche ». Ça a fait résonner en moi une phrase que mon père dit souvent, avec un air de suffisance a lui-même, de fierté, comme s’il était un être d’exception : « je crois que je ne pourrai pas vivre sans le Beau ». Une phrase qui sent en fait le caca et le sang, mais écrasé, caché, infiltré. Cette exigence qu’il impose, sauf à lui-même.
    Moi qui ai fait mon métier de faire le beau et le bien dans la maison de autres, je sens que je vais commencer à le faire chez moi, en moi. Un bon coup de balai ! Qui commence par la reconnaissance que la merde et le sang sont des choses tout à fait naturelles et qui nous relient à la vie, la vraie !
    Baisers féministes

    1. Juste merveilleux de te lire, comme toujours. Ce billet était particulièrement instructif et une bonne tartine de réflexif, fait toujours du bien là où ça fait mal ;) Donc merci de t’être réveillée pour nous deux heures plus tôt cette semaine, car ça valait le coup !!

      Ahah ! J’en suis heureuse ! (D’ailleurs, je me suis encore levée plus tôt pour pouvoir répondre aux derniers commentaires en souffrance…)

      Pour moi, cette inculte d’internet, la blogospère, c’est toi ! et rien que toi ! Ce petit kreestal scintillant, lumineux, et profondément original ! Peut-être parce que j’ai dix ans de retard sur la technologie ;)

      Dieu merci je ne suis pas la seule ! Cela m’intéresserait d’ailleurs que tu parcoures ma blogroll, et que tu me donnes ton avis sur les autres blogs que tu auras éventuellement visités.

      Par contre, oui, lire tes billets, me libère, m’aide à penser, m’aide à sentir, à vivre quoi ! A vivre dans la bonne direction.

      ♥︎

      Tu m’as donné très envie de lire le livre de Titou Lecoq, surtout que je suis dans un moment de dé-lavage de cerveau, de libération, voir de création, de la femme que j’ai envie d’être, et non pas de celle que j’ai appris à être sans même m’en rendre compte.

      J’espère que tu le liras et qu’on pourra en discuter ensemble !

      Moi qui ai fait mon métier de faire le beau et le bien dans la maison de autres, je sens que je vais commencer à le faire chez moi, en moi. Un bon coup de balai ! Qui commence par la reconnaissance que la merde et le sang sont des choses tout à fait naturelles et qui nous relient à la vie, la vraie !

      Exactement ! Détricoter notre éducation et comprendre d’où viennent nos troubles actuels est un travail au long cours, et difficile. Mais je pense que ce n’est qu’à cette condition qu’on ne libèrera vraiment de nos pères et, par extension, du carcan patriarcal dans lequel nous avons grandi et dans lequel les petites filles continuent de grandir. Beaucoup de choses se jouent pendant l’enfance, je m’en rends compte tous les jours.

  13. Je n’ai plus rien à dire : tout a déjà été dit, dans ton billet ET dans les commentaires !!! ^^

    Je vais aller voir ce livre de près, il me sera sans doute utile l’année prochaine en doctorat.
    Avoir un blog, c’est compliqué, que ce soit pour les hommes ou les femmes, parce que, de toute façons, il y a aura TOUJOURS des lecteurs pour t’assimiler à tel ou tel truc, juste à partir de ce qu’ils lisent, alors qu’un blog ne révèle qu’une partie de la personne puisqu’il s’agit de virtuel, et non de réel… Donc, au bout d’un moment, si tu veux bloguer en liberté (tiens, c’est joli comme formule), il faut s’en fiche. J’ai beaucoup de de problème avec ça : la fameuse IMAGE DE SOI VIRTUELLE. Je parle d’art, de choses bizarres, de lieux géniaux que j’ai découvert, et de livres. Donc, forcément, on va me prendre pour une intello. Mais si jamais je sors un billet sur la mode par exemple, ou la déco, on va se demander pourquoi je sors ça alors que je suis plutôt une intello. Sauf que je suis intello ET j’adore la mode (en tant que processus de création notamment) ET j’adore la déco. Bon, c’est pas un drame : étant non monétisé, mon blog peut se permettre d’afficher ce qu’il veut, on s’en fiche. ^^ Ce qui me laisse à penser que finalement, les blogueuses monétisées finissent par devenir esclave de leur propre création, ce qui est contre-productif et très nocif pour leurs santés mentales (narcissisme à fond, même si elles ne s’en rendent pas compte, dé-réalisation, etc…).
    Quelqu’un, dans les commentaires, a cité le blog de Louise Ebel, Miss Pandora. Il ne diffère en rien des autres (monétisé à fond), sauf sur un point : elle a gardé son univers. Certains posts sont agaçants (le dernier pavé sur le féminisme m’a agacé, pourquoi se justifier alors que monétiser un blog par la beauté et la mode revient à entretenir la frénésie d’achat, notamment make-up, visant à maintenir la femme dans un état demandeur, presque enfantin, donc, esclave de la consommation, donc, tout, sauf féministe, et là, il faut relire Gilles Lipovetsky pour comprendre ce que je dit) , mais la qualité des photos, surtout celles issues de concepts et non de mode, relève le tout (c’est pour cette raison que je continue de lire le blog), dans un certain univers qui n’est pas celui de toutes les blogueuses, c’est ce qui fait l’originalité de Louise et le conformisme des autres.
    Sur le sujet, la série en deux saisons « Fashion Bloggers » est édifiante…
    Bref. Le principe de la société postmoderne est soi-disant la liberté, ce qui est faux bien sûr, puisque les libertés se restreignent de plus en plus sous couvert de consommation, lois, etc. C’est un système perfide dans lequel il faut s’adapter (ou pas, si vous voulez partir élever des chèvres en Auvergne sans wi-fi c’est possible, mais ça comporte quelques inconvénients dont il faut être conscient). Donc, ce qui est désolant, c’est que la plupart des blogueuses monétisées n’ont absolument pas conscience du mal que peuvent engendrer, mentalement, leurs articles. Et reconnaissent très peu être un superbe maillon en or de cette fichue société de conso postmoderne… C’est une situation difficile pour elles, et pour les autres, car la société étant ce qu’elle est, cela ne peut durer éternellement. Et après ?
    Le principe même du blog devrait être la liberté d’expression, or celle-ci n’existe pas puisque dés qu’un blog parle cuisine ou mode ou déco, il est forcément féminin. Et pourquoi une femme aimant cuisiner serait-elle forcément esclave de l’image de la femme? Pourquoi est-ce que cuisiner serait un acte anti-féministe au possible ? Si la pseudo liberté de la société actuelle existait réellement, les blogs ne seraient ni féminins ni masculins, ils parleraient de choses, et c’est tout. Utopie bien sûr, tant qu’une femme aimera cuisiner, elle sera forcément une « femme » au sens parfaitement sociétal du terme…
    Heureusement, il y a encore des blogs résistant encore et toujours à l’envahisseur ! ^^ (comme le tien)

    Belle journée !
    Alexandrine

    1. Avoir un blog, c’est compliqué, que ce soit pour les hommes ou les femmes, parce que, de toute façons, il y a aura TOUJOURS des lecteurs pour t’assimiler à tel ou tel truc, juste à partir de ce qu’ils lisent, alors qu’un blog ne révèle qu’une partie de la personne puisqu’il s’agit de virtuel, et non de réel…

      C’est vrai, mais je pense que ce phénomène doit s’atténuer avec le temps. À force de lire quelqu’un (avec qui tu n’avais pas forcément énormément d’atomes crochus au départ), on peut revoir son jugement et être agréablement surpris·e. On n’a pas à être toujours d’accord avec tout ce qu’on lit, d’ailleurs. Garder un esprit critique est fondamental, même quand on lit quelqu’un qu’on aime a priori bien.

      Donc, forcément, on va me prendre pour une intello. Mais si jamais je sors un billet sur la mode par exemple, ou la déco, on va se demander pourquoi je sors ça alors que je suis plutôt une intello. Sauf que je suis intello ET j’adore la mode (en tant que processus de création notamment) ET j’adore la déco.

      Ouais, on aime bien mettre les gens dans de petites boîtes hermétiques… C’est un vrai problème ! Et le fait qu’une femme puisse aimer la mode et la déco est souvent jugé comme quelque chose de superficiel, mais là encore c’est de la misogynie. Nous sommes peut-être conditionnées pour être plus sensibles à la mode et à la déco plus que les hommes, surtout. L’essentiel est de continuer à se déconstuire. Savoir pourquoi on aime telle ou telle chose, les valeurs qu’on y associe, la distance critique que l’on peut prendre vis-à-vis de ça, c’est passionnant.

      Je prends un exemple : j’adore les longs métrages de Disney, qui sont pourtant ô combien stéréotypés et dont les plus anciens sont hyper sexistes. Vu que ce sont des films que j’ai vus et revus quand j’étais môme, il est évident que cela a sans doute façonné ma perception du monde, et surtout de moi-même (sur la beauté, la minceur, et même peut-être l’hétérosexualité).

      Aujourd’hui, en tant que féministe, j’ai évidemment lu énormément de critiques de l’univers de Disney, et je sais à quoi m’attendre. Je n’adore pas tout, d’ailleurs. Je ne garde que les aspects qui me rattachent à ma propre enfance, ainsi que la fascination pour l’univers visuel, parfaitement maîtrisé.

      Ce qui me laisse à penser que finalement, les blogueuses monétisées finissent par devenir esclave de leur propre création, ce qui est contre-productif et très nocif pour leurs santés mentales (narcissisme à fond, même si elles ne s’en rendent pas compte, dé-réalisation, etc…).

      Ouais, et j’ai souvent lu que cela faisait peser de fortes contraintes non seulement sur elles, mais aussi sur leur entourage. Ce qui aboutit parfois à des divorces, ou laisse des traumatismes sur leurs enfants. Cela peut aller vraiment loin, mais comme le fait de filmer une famille 24 heures sur 24 et de diffuser ça à la télévision… Cela contribue au voyeurisme dont notre société se repaît (et a appris à se repaître – car tout ceci est la suite d’un apprentissage, à se désinhiber sur Internet d’une part, et à absorber des contenus sans les questionner d’autre part).

      …c’est ce qui fait l’originalité de Louise et le conformisme des autres.

      Merci d’avoir partagé avec nous ton analyse, c’est intéressant ! Du coup, on accepterait la monétisation et les injonctions implicites juste parce que les photos sont belles ? La beauté visuelle anesthésierait-elle notre sens critique ?

      Donc, ce qui est désolant, c’est que la plupart des blogueuses monétisées n’ont absolument pas conscience du mal que peuvent engendrer, mentalement, leurs articles.

      À moins de vivre une énorme crise existentielle et de tout remettre en question, ce qui du fait remettrait leur business même en question, je ne vois pas comment elles pourraient s’en rendre compte. Mais bon après tout, certaines en ont peut-être conscience mais en tirent de tels revenus qu’elles continuent quand même.

      D’autres essaient de monétiser leur blog de manière « éthique » : je pense à Victoria de Mango & Salt.

      Si la pseudo liberté de la société actuelle existait réellement, les blogs ne seraient ni féminins ni masculins, ils parleraient de choses, et c’est tout.

      Absolument. On en revient à la notion de genre, qui pourrait bien être un concept obsolète, au fond…

      1. Garder un esprit critique est fondamental, même quand on lit quelqu’un qu’on aime a priori bien.

        Oui, c’est sûr, comme dans la vraie vie : on n’a pas forcément à être toujours d’accord avec ses amis (les vrais, les réels ^^). Le principal problème d’un blog, c’est de pouvoir exprimer de la bonne manière ce que l’on veut dire, et à l’écrit, ce n’est pas forcément évident. Là, je viens de sortir un article sur le rapport aux poils et à l’épilation, eh bien, je l’ai relu et modifié trois fois parce que je voulais que cela soit absolument clair, et que les lecteurs ne se fassent pas de fausses idées sur moi. Mais il y a pleins de blogs où rien de sert de lire les articles puisqu’ils sont ultra creux…(et donc, dans ces cas-là je n’y vais pas/plus, j’aime les belles photos mais j’aime aussi les articles de fond).

        Savoir pourquoi on aime telle ou telle chose, les valeurs qu’on y associe, la distance critique que l’on peut prendre vis-à-vis de ça, c’est passionnant.

        Un jour j’écrirai un article là-dessus, mon rapport critique et amour/haine à la mode et à la déco… ^^ Mais tu as raison, savoir pourquoi on aime telle ou telle chose, c’est le plus important.

        Aujourd’hui, en tant que féministe, j’ai évidemment lu énormément de critiques de l’univers de Disney, et je sais à quoi m’attendre. Je n’adore pas tout, d’ailleurs. Je ne garde que les aspects qui me rattachent à ma propre enfance, ainsi que la fascination pour l’univers visuel, parfaitement maîtrisé.

        Je te rejoins : je suis fan des Disney. Les vieux, pas les nouveaux. Mais il y en a que je n’aime pas : je déteste Cendrillon, mais je connais par cœur la chanson des fées. Mon héroïne favorite, c’était Belle, sans doute parce qu’elle a toujours le nez dans ses bouquins… Je ne sais pas si le fait de les voir et les revoir m’a conditionnée, mais sans doute pas en tant que femme (jeune, belle, mince, ma mère a toujours pris garde à ce que je ne tombe pas dans ses panneaux), peut-être plus en tant que valeurs morales. Je suis plutôt du genre à défendre les opprimés qui sont à côté de moi, au sens propre, et ça, c’est hyper Disney (mais c’est présent aussi dans beaucoup de mythes ancestraux).

        Cela contribue au voyeurisme dont notre société se repaît (et a appris à se repaître – car tout ceci est la suite d’un apprentissage, à se désinhiber sur Internet d’une part, et à absorber des contenus sans les questionner d’autre part).

        Cela découle du narcissisme et du culte de la personnalité qui nourrit la société postmoderne (et que celle-ci a fait naître). Je ferai un post là-dessus, parce que la question est intéressante, jusqu’où peut-on aller, etc. (ça m’en fait des articles à faire…)

        Du coup, on accepterait la monétisation et les injonctions implicites juste parce que les photos sont belles ? La beauté visuelle anesthésierait-elle notre sens critique ?

        Ah, non pas du tout ! ^^ Là, je parlais juste de Louise parce que son blog possède un univers que les autres n’ont pas et du coup, elle choisit des partenariats rémunérés avec des marques qui collent à son propre univers, ce qui est complètement logique pour elle. Donc, je regarde les photos, j’admire le travail des photographes, les ambiances, les couleurs, etc, mais je mets de côté l’aspect monétaire. Cela fonctionne peut-être juste pour moi : j’ai bossé dans la pub, du coup, comme je sais comment fonctionne les ptits rouages de l’esprit manipulé, j’y suis hermétique. Mais je pense que c’est vrai pour la majorité des lecteurs de Louise : on y va pour voir de belles photos mais c’est pas pour ça qu’on va acheter son dernier fond de teint par exemple. Je ne sais pas si cette forme de publicité fonctionne si bien que ça, je pense qu’il y a une limite et que les spectateurs/consommateurs ne sautent pas tant que ça le pas et la distance qu’il y a entre le blog et l’achat. Je n’ai pas lu d’études précises là-dessus, je chercherai ! ^^

        Après, est-ce la beauté visuelle atténue mon sens critique ? Hmmmm, non. L’une des dernières séries façonnée par Louise pour vanter les mérites des make-up Serge Lutens est inspirée de David Lynch. J’adore ces photos, je sais qu’elles sont faites pour vendre, mais pour moi, ce sont juste de belles photos. Pareil pour les magazines de mode : je SAIS qu’une série photo mode met principalement en avant les annonceurs et financeurs du magazine, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier la photo pour ce qu’elle est : un acte de création. Et je n’achèterai pas le produit présenté. Donc, mon sens critique est en action mais je ne m’interdis pas d’aimer une photo pour autant, même si c’est promotionnel.

        D’autres essaient de monétiser leur blog de manière « éthique » : je pense à Victoria de Mango & Salt.

        J’ai acheté son livre : supers recettes !!!! Bon, en même temps je suis la cible visée : jeune femme, célibataire ou en couple, à forte tendance bio et éthique, etc. Mais j’avoue : je suis gourmande et les recettes de Victoria sont à tomber ! ^^

        Absolument. On en revient à la notion de genre, qui pourrait bien être un concept obsolète, au fond…

        Le problème de la notion de genre, qui effectivement, est fortement bousculée ces temps-ci, c’est que c’est un phénomène inhérent à notre société, à cause notamment du nomadisme ambiant : pas d’attaches fixes, dans aucun domaine, (en général) du coup, la fluctuation des genres est apparue, et en est la conséquence logique (je résume grosso modo). Ce qui est intéressant, ce de savoir et de voir, ce qui va venir après le genre, qu’est-ce que l’humain va inventer, vers quoi va-t-il se tourner ?

      2. Merci d’avoir pris le temps de rebondir et de partager tes réflexions avec moi. Je ne vais pas rebondir cette fois, mais sache que tout ce que tu m’écris (et écris sur ton blog) est très inspirant et éclairant.

  14. > Cela dit, je comprends la tentation de chercher à gagner de l’argent avec son blog : le monde du travail est si dur que toute alternative mérite d’être étudiée.

    Je l’ai déjà lu ça ici et ça m’interpelle. J’ai récemment lu un petit livre qui s’intitule : « Le petit livre qu’il vous faut pour réussir sur instagram ». Je te conseille d’y jeter un oeil un jour ou l’autre, pas tellement pour y apprendre quelque chose, mais pour nourrir ta réflexion. Je vais un peu briser le suspens mais le synonyme de « réussir » est réussi à vivre de son flux (pourquoi pas après tout) et ceci se fait par l’intermédiaire de la… publicité.

    Ta réflexion sur le fait de pouvoir vivre de son blog, de sa photo, des trucs que l’on fait et qui nous motive vraiment m’interpelle, si ça implique de tirer des revenus publicitaires, gloups non merci. Peut-être qu’il y’a quelque chose à réinventer. Les solutions types tipee, patreon, m’ont l’air intéressantes. Je ne sais par contre pas trop comment ça fonctionne derrière.

    Bref, à voir. Merci d’avoir pris le temps de nous écrire.

    1. Ta réflexion sur le fait de pouvoir vivre de son blog, de sa photo, des trucs que l’on fait et qui nous motive vraiment m’interpelle, si ça implique de tirer des revenus publicitaires, gloups non merci. Peut-être qu’il y’a quelque chose à réinventer. Les solutions types tipee, patreon, m’ont l’air intéressantes. Je ne sais par contre pas trop comment ça fonctionne derrière.

      Oui, il existe d’autres façons que la publicité pour tirer des revenus de son activité numérique. Dans tous les cas cela demande un énorme investissement en temps, cela doit être géré comme une véritable entreprise pour être viable. Je n’ai pas l’impression qu’il soit possible de générer légalement quelques pesos pour, par exemple, couvrir les frais de son hébergement ou de son nom de domaine. En France, c’est très lourd administrativement de pouvoir gagner le moindre euro.

      Ce qui est bien parce qu’on est dans un système avec une protection sociale, etc. Mais cela freine aussi de potentielles expérimentations entrepreneuriales, en ce qui me concerne.

  15. Être partagée étant une seconde nature pour moi, évidemment ce genre de billet provoque simultanément une jouissance à lire des mots justes et une peur de manquer de lucidité et de me complaire dans un regret passéiste, potentiellement toxique, mais leur intérêt, leur rôle fédérateur, leur thérapie par procuration justifie chaque nouveau chapitre je pense.

    Si je ne me sens pas menacée personnellement par ce type de blog (s’ils arrivent à sortir les gens de leurs apps propriétaires, c’est déjà un petit exploit), cela me met extrêmement mal à l’aise quand cela provient de personnes que je connais et apprécie, surtout pour une rentabilité illusoire. Embarras aussi quand cela concerne des gens qui ont un rôle important voire progressiste dans la sphère au travers de laquelle ils évoluent, mais dont les billets sponsorisés manquent évidemment de cette verve que personne n’est capable de monétiser, ce qui donne de bons textes bien construits dignes des meilleures plaquettes, mais détonnant tellement par rapport à leur contexte qu’ils laissent une impression d’erreur (et pas du tout l’innocente maladresse qui revient dans les commentaires), ce qui est un peu le contre-sens de la réclame. Mais même ainsi, c’est toujours mieux que la pub dissimulée (« thanks @brand » ).

    Mon rapport à la pub est tout de même un peu plus complexe car face au bruit assourdissant qui règne sur la toile, mon nouveau cheval de bataille est de débusquer et soutenir les personnes plus discrètes ou moins habiles à se vendre dont le principal problème n’est pas le talent. Je ne supporte plus de voir une œuvre au sens large (j’inclus donc l’habillement ou la bijouterie par exemple, du moment que c’est indépendant), ne pas trouver son public, surtout pour un problème de médiatisation. Je n’arrête pas de me demander si monétisation ou type de contenu à part, il n’y aurait pas également un problème de géographie avec les réseaux sociaux. J’aimerais avoir les moyens, temps et matériel, de faire des tests dans ce sens.

    Mais on s’éloigne un peu du prisme de la blogosphère spécifiquement féminine qui fait tout le sel de cet article.

    1. Mon rapport à la pub est tout de même un peu plus complexe car face au bruit assourdissant qui règne sur la toile, mon nouveau cheval de bataille est de débusquer et soutenir les personnes plus discrètes ou moins habiles à se vendre dont le principal problème n’est pas le talent. Je ne supporte plus de voir une œuvre au sens large (j’inclus donc l’habillement ou la bijouterie par exemple, du moment que c’est indépendant), ne pas trouver son public

      Tu parles de mécénat, en fait ?

      1. Non, de soutien au sens large, donc traditionnel (commerce), mécénat, communication. Mais mon intolérance à la publicité est telle que faire de la publicité moi-même s’accompagne d’une forte culpabilité. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de doutes en glissant les 2 livres dans ton colis, car je suis très proche de leurs autrices, mais les thèmes sont une évidence aussi dans mon choix. En voyant à quel point cela me perturbe qu’une recommandation puisse s’accompagner d’une réclame, je me demande comment font les blogueuses « pro ». (ils entrecoupent de billets persos (pour expliquer que blogueur c’est un vrai métier)).

        Mais à côté de ça, quand je commande un tirage à une personne, que j’ai lambiné des mois pour le faire et que je reçois le n°1, et que je repense à tous les emojis vides d’intention reçus par cette personne, ça commence à me toucher. Il y a aussi le cas de cette marque dont les sources d’inspiration et l’éthique sont dans le vent. Pourtant, impossible de percer les cercles (mot qui a son importance) de créatifs dans la même veine dont l’épicentre est évidemment, aux États-Unis, ou au pire en Scandinavie. Cette attention à sens unique commence à avoir de plus en plus souvent MON attention. Enfin, pour tempérer un peu mon propos sur ce que je suis prête à faire pour soutenir les indépendants, ce mois-ci j’ai vu beaucoup de designers indé lancer des pages de mécénat et ça me gêne. Je ne dénie pas qu’exercer leur métier soit une galère, mais au moins la demande existe. Je crois que j’attendais un peu trop de ce mécénat en ligne, j’espérais quelque chose d’altruiste, la possibilité pour ceux qui en ont les moyens de financer des images et des textes distribués gratuitement, et puis finalement je vois débouler des paywalls, le concept de commission simplement réemballé, celui d’investisseur aussi…

        (Voilà, un autre demi-commentaire, comme ça il est complet).
        (Je pourrais utiliser la photo de ton dessin, et le scan du mien pour faire un billet au fait ? Mon blog est tellement vide en ce moment…)

      2. Non, de soutien au sens large, donc traditionnel (commerce), mécénat, communication. Mais mon intolérance à la publicité est telle que faire de la publicité moi-même s’accompagne d’une forte culpabilité.

        En fait il faudrait définir à partir de quel moment on fait « de la publicité ». Parce que pour le coup, moi cela fait des années que je parle des œuvres et des artistes qui m’inspirent sur mes blogs successifs, sans avoir été payée ou rétribuée pour cela (hormis quelques services presse de l’époque webzinesque de LLM – et encore, on n’avait aucune pression de devoir parler en bien de tel ou tel bouquin, et heureusement ! Certains services presse n’ont d’ailleurs jamais eu l’honneur d’une chronique, ce qui m’a toujours embarrassée).

        Du coup, quand on parle à titre personnel d’une œuvre ou d’un·e artiste qu’on apprécie réellement et spontanément, s’agit-il de « publicité » ? C’est de la communication, de la curation, voire même du mécénat, oui, mais la publicité implique une notion d’acquisition, d’achat – ce qui serait le cas si tu balançais plein de liens vers Amazon contenant ton identifiant perso pour toucher une commission, par exemple.

        Et puis comme tu l’expliques très bien, il y a un lien émotionnel, intellectuel, qui nous relie à ces œuvres et à ces artistes ; donc de base c’est très différent de la démarche de parler d’un produit avec lequel tu n’as aucun lien juste parce qu’on t’a payée pour.

        Bref pour moi c’est vraiment deux choses différentes, et c’est en toute modestie que j’estime que toi et moi, sur nos blogs, nous ne faisons pas de publicité.

        ce mois-ci j’ai vu beaucoup de designers indé lancer des pages de mécénat et ça me gêne. Je ne dénie pas qu’exercer leur métier soit une galère, mais au moins la demande existe. Je crois que j’attendais un peu trop de ce mécénat en ligne, j’espérais quelque chose d’altruiste, la possibilité pour ceux qui en ont les moyens de financer des images et des textes distribués gratuitement, et puis finalement je vois débouler des paywalls, le concept de commission simplement réemballé, celui d’investisseur aussi…

        Je comprends ! Les initiatives comme Patreon et compagnie sont encore récentes, pas dit que ça convienne à tout le monde, faut voir la suite des évènements. Le crowdfunding (même à petite échelle) est intéressant je trouve, ça permet d’avancer les frais de production d’œuvres ou de projets qui ne verraient jamais le jour autrement.

        (Je pourrais utiliser la photo de ton dessin, et le scan du mien pour faire un billet au fait ? Mon blog est tellement vide en ce moment…)

        Absolument ! :)

  16. Merci mille fois, tu viens de mettre des mots sur un ressenti, un malaise qui ne s’exprime pas. Je comprends mieux pourquoi maintenant, je vais pouvoir réfléchir à ma propre position vis-à-vis de tout ca! Merci! Je découvre ton blog et je sens que j’ai de belles découvertes devant moi! :-)
    Bonne journée!

    1. J’en suis ravie ! Merci pour ton commentaire, Agathe. Au plaisir de te lire à nouveau !

  17. Je découvre ton article par le biais de La Nébuleuse et je suis tout d’accord avec toi et en même temps, ça me fait culpabiliser parce que moi aussi je me rends bien compte que mes photos sont aseptisées et que je mets en valeur des marques (même si on est bien d’accord, le dernier thé Dammann ça fait moins rêver qu’une paire de Louboutin). En fait, je me rends compte de la difficulté d’être cohérente, entre ce qu’on a envie d’être pour soi et aux yeux de la société. Bref, ce message est complétement décousue mais c’était juste pour te dire merci de m’aider à réfléchir à tout ça :-)

    1. Hello Sarrousse ! Bienvenue par ici, et merci pour ton petit mot !

      Tu dis que ce billet t’a fait culpabiliser, ce n’était évidemment pas mon objectif, mais je me dis que prendre conscience de tout ce qu’il nous reste à déconstruire en nous n’est pas toujours très agréable. Je pense cependant que c’est bon signe et que cela fait partie du processus.

      Après, chasse la spontanéité, elle revient au galop… Il y a forcément des constantes dans tes photos actuelles qui sont « toi ». Et puis pour les marques, vu la spécialisation de ton blog, ça me semble difficile de passer complètement outre.

      Je découvre ton blog, c’est chouette ! J’adore le thé, je pense que je vais apprendre plein de trucs.

      À bientôt !

  18. La réponse de Betty est… sidérante de condescendance ! Soit tu réponds, soit tu réponds pas, mais tu l’étales pas comme ça avec une fierté toute démonstrative, pour bien insister sur le fait que tu réussis financièrement, en insistant sur la différences entre les rumeurs et la réalité (500 vs 10 000) et en disant « je vais me faire un plaisir de répondre » histoire de bien étaler ce que tu gagnes. On peut pas répondre comme ça… c’est d’une condescendance pour les lecteurs, les gens grâce à qui elle a ce pognon… ! et les gens qui gagnent beaucoup moins… Je trouve ça affolant… on peut aussi le comprendre dans la mesure où le succès a pu lui monter à la tête, ça y est, elle se prend pour une star alors qu’elle fait partie des premières (non ?) blogueuses, et donc aussi des premières à avoir gagné de l’argent, à un moment où on ne pensait pas encore que c’était possible peut-être… elle a les chevilles enflées cette fille… on peut comprendre pourquoi elle répond comme ça, mais pas l’accepter sans broncher ! C’est une condescendance et d’un mépris d’une puissance assez formidable et j’ose espérer qu’elle s’en est rendu compte !

    J’ai quand même une nuance sur la dernière citation : ce ne sont pas leurs vies qui sont effrayantes, ce sont leurs vies telles qu’elles les présentent. Elle présente un désordre avec une chaussure qui traîne mais, en réalité, elle a bien des gosses qui braillent et gesticulent parce qu’ils ne veulent pas ranger leur chambre et qu’elle est obligée de le faire elle-même si elle veut prendre une photo potable.

    Je dirais aussi que… tu vois moi actuellement je suis en Service Civique, donc je ne gagne pas beaucoup d’argent (et comme je suis dans une ville un peu paumée y’a pas vraiment d’emploi que je pourrais trouver pour compléter) et donc ben si je peux un peu profiter de mon blog pour me faire envoyer un bouquin qui m’intéresse et faire des économies je suis contente. Après, je le fais pas tous les quatre matins non plus, et je ne le fais pas pour un truc qui ne m’intéresse pas vraiment. Enfin je l’ai fait une fois (pour mon premier partenariat du genre d’ailleurs). Le bouquin m’intéressait, en fait j’étais curieuse mais très incertaine, et je le trouvais un peu cher, mais je voulais savoir ce qu’il y avait dedans. Mais même si je l’ai bien aimé, au moment d’écrire l’article je le sentais pas trop c’t’affaire. Donc ça, demander un partenariat pour un truc pour lequel mon intérêt reste prudent et sceptique, je ne referais plus. Mais si quelque chose m’intéresse vraiment, mais que voilà, mes finances me permettent pas, ben je vais tenter. Pas pour gagner de l’argent, mais pour faire des économies, voilà. Après, je suis réaliste, je sais que je n’ai pas une communauté très large et donc la capacité de nouer beaucoup de partenariat et avec des marques de luxes et ce n’est d’ailleurs même pas mon but et ce que je recherche, et j’ai envie d’écrire aussi sur moi, ce que je pense de tel ou tel truc, et actuellement j’aimerais développer un peu des articles d’écriture et tout… donc c’est pas demain la veille que je vais me transformer en blog lifestyle x)

    1. La réponse de Betty est… sidérante de condescendance ! Soit tu réponds, soit tu réponds pas, mais tu l’étales pas comme ça avec une fierté toute démonstrative, pour bien insister sur le fait que tu réussis financièrement (…)

      Je vois que toi aussi tu es sidérée par cette déclaration ! L’âge n’excuse pas tout, mais je me dis que comme c’était il y a quelques années, il y a peut-être le facteur « jeunesse » qui a joué à ce moment-là. Quelque part, ce qu’elle a dit était très spontané et franc ; ça peut surprendre, choquer même, mais c’est la seule donnée que j’aie trouvée qui contienne de véritables chiffres, et me permet de voir que les dégâts commis par la pub peuvent être bien pires que ce que j’imaginais.

      Je dirais aussi que… tu vois moi actuellement je suis en Service Civique, donc je ne gagne pas beaucoup d’argent (et comme je suis dans une ville un peu paumée y’a pas vraiment d’emploi que je pourrais trouver pour compléter) et donc ben si je peux un peu profiter de mon blog pour me faire envoyer un bouquin qui m’intéresse et faire des économies je suis contente. Après, je le fais pas tous les quatre matins non plus, et je ne le fais pas pour un truc qui ne m’intéresse pas vraiment.

      Tu sais quoi ? Moi aussi par le passé j’ai accepté des services presse. Je vis très bien avec cette idée, et d’ailleurs ça a été l’occasion de faire plein de belles découvertes, tant littéraires qu’humaines.

      Je pense qu’il faut déculpabiliser vis-à-vis du fait de recevoir un livre de temps en temps : cela n’a RIEN à voir avec les mécanismes de sponsoring systématiques que j’évoque dans mon billet.

      Il y a tellement de facteurs qui interviennent : la régularité, le montant, les conditions (est-ce que les éditeurs t’obligent à parler du livre même si tu n’as pas aimé ? quels sont les thèmes qui reviennent, s’agit-il de livres et de discours oppressants ? Si oui là on aurait un problème, mais ça n’a pas l’air d’être le cas vu ce que tu dis), le type de partenariat…

      C’est bien différent de parler d’un livre (culture) de temps en temps (rareté) que de régir tous tes contenus personnels uniquement à travers le prisme des marques avec qui tu travail. Parler de culture, même si c’est parfois grâce à des services presse ou à des invitations, ça me paraît quand même vachement plus intéressant (et émancipateur) que de parler de riz basmati ou de veste à 2000 €…

      Donc je pense que tu n’as aucun besoin de te justifier ou de culpabiliser (même si bien sûr, ton retour d’expérience m’intéresse dans l’absolu).

      Après, je suis réaliste, je sais que je n’ai pas une communauté très large et donc la capacité de nouer beaucoup de partenariat et avec des marques de luxes et ce n’est d’ailleurs même pas mon but et ce que je recherche

      La question, du coup, c’est : si un jour ta communauté a grandi et que des marques commencent à te contacter pour que tu écrives des articles sponsorisés, comment penses-tu que tu réagiras ?

      j’ai envie d’écrire aussi sur moi, ce que je pense de tel ou tel truc, et actuellement j’aimerais développer un peu des articles d’écriture et tout…

      ??

      c’est pas demain la veille que je vais me transformer en blog lifestyle x)

      On peut très bien tenir un blog lifestyle sans publicité ni compromission morale. Ma blogroll en est remplie, et j’essaie à titre personnel de maintenir également cette ligne. Tout n’est jamais ni tout noir ni tout blanc. D’ailleurs il subsiste des aspects de A Beautiful Mess et consorts que j’apprécie, c’est te dire ! Cela n’empêche pas de faire preuve d’esprit critique. :)

      1. Non bien sûr, tous les blogs lifestyle ne sont pas remplis de pubs ! C’est vrai que ma formulation était bizarre x)

        Si ma communauté grandit (ou plutôt quand elle aura grandi et que je serais devenue maître du monde mwahahahahaha !) et que je reçois des demandes de marques… je ne sais pas comment je réagirais. Je pense que ça va dépendre de la marque et de la demande. Si c’est un truc sur un thème dont j’ai déjà parlé (par exemple quelque chose qui peut se rattacher au rapport au corps) alors je pourrais accepter, mais ça dépend des conditions (si jamais je n’ai pas le droit de dire que j’ai pas aimé, si je dois mettre 150 mot-clés bien déterminés, etc.), de leur nombre, etc. En fait ça sera au cas par cas. Si c’est pour du riz basmati… je vais éviter x)

  19. Mais quel article parfait. Bien écrit, bien construit. Je ne suis pas féministe, mais je suis une femme (oui on peut être l’un sans l’autre), et je me suis reconnue dans ton article. Dans la pression que l’on a d’être parfait.
    Ton article m’a été partagé par une lectrice, comme quoi, il y a encore de jolies choses qui arrivent. As-tu vu le dernier TEDx de Leslie Coutterand ? Une ancienne actrice « made in TF1 » qui a tout quitté (gloire et paillette) pour suivre ses rêves à elle (et pas les rêves de succès dont on nous abreuve). Magnifique.
    J’ai la même prise de conscience que toi (même si de temps à autre, je fais encore des articles partenariats, pour des choses qui me font vraiment plaisir), et je trouve ton article très juste. J’aimerais pouvoir en dire autant, avec tant de justesse.

    Bref. Merci
    (du coup, ce livre m’intrigue, moi la femme non féministe)

    1. Hello Odile ! Merci pour ton commentaire. Je suis ravie que tu retires quelque chose de mon billet !

      Ton article m’a été partagé par une lectrice, comme quoi, il y a encore de jolies choses qui arrivent.

      J’en suis heureuse !

      As-tu vu le dernier TEDx de Leslie Coutterand ? Une ancienne actrice « made in TF1 » qui a tout quitté (gloire et paillette) pour suivre ses rêves à elle (et pas les rêves de succès dont on nous abreuve). Magnifique.

      Non, mais je vais essayer de trouver ça. Les histoires de reconversion m’intéressent toujours.

      (du coup, ce livre m’intrigue, moi la femme non féministe)

      Cela ferait plaisir à Titiou Lecoq, j’en suis sûre ! Bonne lecture !

  20. Cet article est une fucking bible pour moi. Tellement merci d’avoir verbalisé ces choses qui grouillaient en moi, ces frustrations grisâtres aussi sur lesquelles je n’arrivais pas toujours à mettre des mots. Tu es une perle <3
    J'ai aussi la nostalgie du début des années 2000, où comme tu le dis si bien, les blogs étaient un espace pour les losers, un espace de confidence et de complicité souterraine ! C'était génial ! Sans réseaux sociaux, sans pubs, on allait commenter et on recevait des commentaires d'inconnus qui kiffaient un haïku chelou composé à nos 20 ans, une photo mal prise mais mélancolique un jour de pluie, une pensée un peu logorrhéique où on crachait notre venin sporadique ^^ C'était un petit paradis. Maintenant c'est vrai qu'on est tellement conditionnés par les esthétiques instagram et la cohérence des blogs marchands qu'on sait plus ce que c'est qu'un esprit azimuté, confus mais unique et pluriel ! Moi j'aime TROP l'esthétique de ton blog, je la trouve ultra belle et poétique, méga inspirante, comme entrer dans le rêve d'une ado éthérée, le pur kif. Sinon c'est dingue ce que dit ce livre incroyable, c'est tellement pertinent ! De l'eugénisme existentiel, mais tellement ! C'est clair que ces meufs proprettes (des putains de control freak, on est d'accord!) ont un pouvoir de sidération sur nous, et on finit par oublier ce que c'était qu'internet avant les sponso et les affiliations. Perso j'aimerais bien avoir des affiliations, des trucs dans les domaines que j'aime, mais c'est mort, je suis pas bankable, je suis trop compliquée apparemment, et trop prolixe pour être un joli encart publicitaire vivant. Je pense quand même qu'il est possible de trouver un juste milieu entre passion de vie et vivre de sa passion ! Mais sans devenir un clone BOOOORING, et surtout heureux d'être asservi et d'asservir les autres sans proposer un minimum de réflexion, de création. Merci encore pour ton article !!! Je repasserai souvent !

    1. Cet article est une fucking bible pour moi. Tellement merci d’avoir verbalisé ces choses qui grouillaient en moi, ces frustrations grisâtres aussi sur lesquelles je n’arrivais pas toujours à mettre des mots. Tu es une perle <3

      Aww, un grand merci pour ce retour plus qu’enthousiaste !

      J’ai aussi la nostalgie du début des années 2000, où comme tu le dis si bien, les blogs étaient un espace pour les losers, un espace de confidence et de complicité souterraine ! C’était génial ! Sans réseaux sociaux, sans pubs, on allait commenter et on recevait des commentaires d’inconnus qui kiffaient un haïku chelou composé à nos 20 ans, une photo mal prise mais mélancolique un jour de pluie, une pensée un peu logorrhéique où on crachait notre venin sporadique ^^ C’était un petit paradis.

      Totalement. Et c’était parfait parce que nous étions encore naïfs et naïves, et que l’esprit capitaliste, qui veut que chaque seconde rapporte quelque chose (de l’argent, de l’attention, ad lib.), n’avait pas encore contaminé ces espaces amateurs d’expression personnelle.

      Moi j’aime TROP l’esthétique de ton blog, je la trouve ultra belle et poétique, méga inspirante, comme entrer dans le rêve d’une ado éthérée, le pur kif.

      Merci tout plein ! ?

      C’est clair que ces meufs proprettes (des putains de control freak, on est d’accord!) ont un pouvoir de sidération sur nous, et on finit par oublier ce que c’était qu’internet avant les sponso et les affiliations.

      C’est ça. Je serais bien curieuse de lire des études psy sur ces phénomènes-là. À mon avis, le phénomène psychique qui se produit à force de voir se répéter le même type d’images et de contenus, est un conditionnement, ni plus ni moins. Cela me fait penser au matraquage publicitaire. Sauf qu’ici c’est encore plus insidieux qu’une pub pour des pastilles de machine à laver, qu’on verrait 10 fois par jour : ici, c’est un certain mode de vie qui est matraqué. Et à chaque instant, chaque image nous renvoie dans la tronche le fait que notre vie à nous est moins belle, moins blanche, moins healthy, moins bio, moins végane, moins heureuse tout simplement. C’est une forme de terrorisme idéologique. Le pire étant que la grande majorité des personnes qui promeuvent ce mode de vie n’ont pas l’air de se rendre compte des implications sociologiques de ce qu’elles font.

      Et que toi, quand tu oses ouvrir ta gueule et publier un billet comme celui-ci, tu passes pour la jalouse rageuse de service. Alors que ce n’est pas du tout mon ego qui est en jeu, mais ma santé mentale.

      Je pense quand même qu’il est possible de trouver un juste milieu entre passion de vie et vivre de sa passion !

      Moi aussi ! Mais cela demande comme tu dis de la réflexion et de la créativité. Victoria de Mango & Salt y arrive assez bien, dans son style.

      Merci encore pour ton article !!! Je repasserai souvent !

      Chouette, à bientôt !

  21. Je découvre ton blog via ton commentaire sur le dernier article de Ifeelblue. C’est une très chouette surprise !
    Ta réflexion est vraiment intéressante (et m’a donné envie de lire Titiou Lecoq). Je la partage entièrement, c’est d’ailleurs la raison première de ma disparition de la blogosphère (après dix ans de blog).

    Je rebondis d’ailleurs particulièrement sur le côté injonctif et « eugénisme existentiel » (bien trouvé !) : je suis récemment devenue mère, et ce qui partait au départ d’un bon sentiment (l’envie de me cultiver, d’approfondir les éducations « nouvelles »/bienveillantes/positives/montessori) s’est subtilement transformé en méga pression pour être la mère « parfaite ». Sauf que la vraie vie, ce n’est pas ça. Et avec un loustic qui dormait très peu et très mal, ça s’est fini en burn out maternel. Depuis j’ai pris beaucoup de recul, parce que j’avais conscience en théorie de la toxicité d’internet, mais pour l’avoir expérimentée en vrai (et comme une « bleue » quelque part, parce que je n’étais pas naïve), ça a laissé de grosses cicatrices.

    La réflexion sur le fait que la femme est cantonnée au foyer (et le fait qu’internet ne valorise pas ce qui concerne le travail) est assez juste aussi. Et pour moi qui adore mes enfants mais suis assez malheureuse de rester à la maison loin de mon job qui m’apporte un épanouissement intellectuel vital, bonjour la culpabilité latente !

    Bon mes remarques partent dans tous les sens. Mais merci pour cet article, et je vais de ce pas découvrir ton blog et ceux des autres commentaires. J’étais un peu désespérée de trouver un jour à nouveau ce type d’espace virtuel (tu penses que c’est pas HC qui les met en avant ^^), donc c’est la super nouvelle de ma journée !

    1. Pareil pour moi Edgar ! Ce genre de Blog est précieux !

      1. Merci, je relirai ce message quand j’aurai le cafard. ?

    2. Hello Edgar, merci beaucoup pour ton témoignage !

      La réflexion sur le fait que la femme est cantonnée au foyer (et le fait qu’internet ne valorise pas ce qui concerne le travail) est assez juste aussi. Et pour moi qui adore mes enfants mais suis assez malheureuse de rester à la maison loin de mon job qui m’apporte un épanouissement intellectuel vital, bonjour la culpabilité latente !

      Ouais, j’imagine très bien. Ce que tu me dis fait écho à ce que me racontent mes amies ayant de jeunes enfants. Bizarrement (non.), les papas se posent moins cette question vis-à-vis du retour au travail. Cette culpabilité dont tu parles concerne, systémiquement, les femmes. Et c’est ça le problème.

      Bon mes remarques partent dans tous les sens. Mais merci pour cet article, et je vais de ce pas découvrir ton blog et ceux des autres commentaires. J’étais un peu désespérée de trouver un jour à nouveau ce type d’espace virtuel (tu penses que c’est pas HC qui les met en avant ^^), donc c’est la super nouvelle de ma journée !

      Oh ça me fait plaisir de lire ça ! Bonnes découvertes alors. Peut-être que tu trouveras encore d’autres blogs intéressants dans ma blogroll. À bientôt !

  22. J’avais complètement zappé ton blog et je retombe dessus par le hasard d’un lien dans une conversation Twitter… et ça fait du bien de relire ce genre d’article, tellement complet, tellement vrai, tellement bien vu. Une vraie vague de fraîcheur, merci!

    1. Merci à toi Nannig, je suis contente que tu aies retrouvé le chemin menant à l’astre pourpre ! À bientôt !

  23. Coucou ! Je découvre tout juste ton blog, car j’ai récemment chroniqué Libérées sur le mien, et j’avoue que je suis séduite ! Ton blog est très beau, tu écris une super chronique, comme j’en vois très très rarement, et en plus tu es rousse, tu aimes le métal et les doc martens (!!!) ! Que demander de plus ?
    Blague à part, le male gaze me disait quelque chose, mais l’article que tu mets en lien est très fouillé, merci ! Je ne regarde pas beaucoup de films (je lis…), mais je ferai attention à ça à l’avenir !
    C’est vrai que les blogs ont tendance à se professionnaliser. On cherche à vivre de ce qu’on aime, et finalement ça devient un métier. Tout devient très dépersonnalisé, aseptisé, et si tu regardes même les photos ont des filtres hyper clairs, toutes les couleurs sont douces, blanches, roses. J’avoue ne pas suivre de blogs comme ça, ou alors la beauté et le minimalisme sont associés à l’écologie.
    Avec mon blog qui n’intéresse que les plus radicaux des radicaux, je pense faire partie des niches dont tu parles. Si j’ai eu des doutes au cours des 6 ans qui se sont écoulés, je continue à le faire avec grand plaisir car ça m’apporte beaucoup, de lire, de mettre en place mes idées, et de les rédiger. Alors si, au détour d’un clic, ça peut apporter quelque chose à quelqu’un·e d’autre, alors j’ai atteint mon objectif !
    Et j’oubliais, mais j’ai aussi adoré lire Libérées, et depuis j’ai attaqué Le Deuxième Sexe de Beauvoir, ainsi que Masculin/Féminin de Françoise Héritier. J’ai malheureusement beaucoup trop de travail pour publier au rythme que je voudrais.
    Je suis ravie de découvrir ton blog, et je pense que tu trouveras des choses intéressantes par chez moi. Au plaisir de te lire :) Lysiane

    1. Merci infiniment pour ton commentaire très intéressant ! On fait tout juste connaissance, et pourtant j’ai le sentiment qu’on a vraiment beaucoup de choses en commun…

      Alors si, au détour d’un clic, ça peut apporter quelque chose à quelqu’un·e d’autre, alors j’ai atteint mon objectif !

      Exactement ! Je suis dans la même optique. Partager des trucs, et inspirer les autres à créer des choses à leur tour, à mettre le nez dehors, à lire, à s’intéresser à ce qui se passe autour d’eux, au patrimoine, à la culture, tout ça ce sont d’énormes vecteurs de motivation.

      1. Carrément ! J’ai très peu de temps pour moi d’août à novembre, je travaille comme une malade, mais ton lien est en top de ma liste :)

  24. Luthi Catherine

    6 janvier 2019

    Je suis ravie de ce que je viens de lire ! Les photos de magazine superbes mais vides et sans vie… Je m’aperçois qu’elles m’ont bien traumatisée. J’ai fait de mon appartement un atelier avec du bazars partout, des trucs pas encore finis des tableaux aux murs et plein de livres. Pour être juste, ce n’est pas ce que l’on pourrait appeler un appartement « féminin » mais il me plait comme il est, et, il est bien vivant. Merci pour ce blog qui m’a fait comprendre et réaliser ce que je ressentais vraiment.
    Et oui c’est vrai, la majorité des blogs que je préfère et où je suis fidèle sont fait par des femmes qui parlent de leur vie et de leur travail, de leurs voyages et passions. J’aime aussi les photos sur la lune mauve, je suis plutôt visuelle, elles sont superbes !

    1. Merci beaucoup Catherine !

      La notion même de « féminité » mérite qu’on s’y penche et qu’on la déconstruise. C’est une construction socio-culturelle aliénante, qu’on a la possibilité aujourd’hui de pouvoir envoyer bouler. Cela m’a demandé des années avant de m’en rendre compte, et mes lectures féministes m’aident progressivement à prendre conscience de ces entraves invisibles. Je suis ravie de pouvoir transmettre le flambeau !

      PS : ton appartement a l’air très chouette ! ;-)

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