Le Viktor Wynd Museum of Curiosities, Fine Art & Natural History est un cabinet de curiosités extraordinaire situé à Londres.



De toutes les découvertes que j’ai déjà faites dans ma ville préférée, c’est de loin l’une de celles qui m’a fait la plus forte impression.
Bien que le Viktor Wynd Museum ne se situe pas dans le centre de Londres, s’y rendre est très simple : il suffit de prendre le London Overground jusqu’à l’arrêt Cambridge Heath depuis la gare de Liverpool Street.
Si vous avez une Oyster Card, il vous suffit de valider votre carte comme d’habitude : le trajet ne coûte pas plus cher qu’un trajet en métro, de mémoire.



La devanture noire et blanche du musée est immanquable : on peut y lire The Viktor Wynd Museum of curiosities, fine art & natural history, mais également The Last Tuesday Society, qui n’est autre que le nom du collectif qui gère l’endroit et y organise expositions et évènements.

En entrant, j’ai été surprise par les grands sourires du personnel présent derrière le bar. Amusés, ils nous ont regardés découvrir tous les animaux naturalisés qui ornent le plafond.

Le Viktor Wynd Museum Museum est en effet double d’un bar à cocktails ouvert jusqu’à 23 heures. Attention, c’est fermé le lundi, et les horaires sont parfois un peu particuliers. N’oubliez pas de vous renseigner avant d’y aller !
Pour la modique somme de 6 pounds, on rejoint le sous-sol où se trouve le fameux cabinet de curiosités, après qu’on nous ait remis un petit guide de près de 200 pages consacrés à Viktor Wynd et à sa curieuse collection.



L’émerveillement est immédiat. Certes, il faut aimer la bizarrerie et ne pas être claustrophobe pour apprécier l’endroit, qui est très exigu et où il fait très chaud.
Mais quel plaisir de voir un tel amoncellement d’objets tous plus bizarres et excentriques les uns que les autres, depuis la sirène du Pacifique, aux têtes réduites, aux aquarelles érotiques, à la tonne de taxidermie jusqu’aux excréments de célébrités.



C’est le royaume miniature du kitsch et du macabre, du cynique et du parfois carrément dégueulasse.
C’est d’un goût que l’on trouve douteux ou excellent, selon son affinité personnelle pour l’ethnologie, le dandysme, la pornographie et le surnaturel. Certains objets exposés sont vraiment dérangeants, et méritent de longues minutes d’observation.



De grandes vitrines protègent des amoncellements de coquillages, d’os, de gravures, de livres bon marché, de reliques et de bocaux au contenu plus ou moins hygiénique…



Personnellement, j’ai adoré, et j’ai déjà hâte d’y retourner, car la collection évolue et change au fil des humeurs et de l’inspiration de Mr Viktor Wynd himself !
Si vous avez envie d’en savoir plus sur les curiosités de Viktor Wynd, le livre Viktor Wynd’s Cabinet of Wonders, paru en 2014, a l’air extra !
Autres curiosités à Londres
Si vous aimez les trucs un peu bizarres, ne manquez pas ces autres curiosités à Londres :
- le Grant Museum of Zoology ;
- la Spirit Collection au musée d’histoire naturelle ;
- The Hunterian Museum (fermé jusqu’en 2021 pour rénovation).
Diablotin
23 octobre 2018
Excellent : on retrouve totalement l’esprit « Wunderkammer » : de l’hétéroclite, de l’inclassable et de quoi éveiller la curiosité ! A voir, assurément, si on se réfère aux très chouettes photos !
Marie
29 octobre 2018
Merci Diablotin ! C’est vraiment un endroit unique… (Et encore, je n’ai pas parlé du gâteau grandeur nature à l’effigie d’un dictateur très célèbre…)
Laurence
23 octobre 2018
C’est marrant, on dirait à la fois que cet endroit fait 23m carrés et 250m carrés à la fois. Ça a l’air vraiment super sympa à voir, merci pour cet article !
Marie
29 octobre 2018
Ahah, je t’assure que cela se rapproche plus des 23 mètres carré ! Faut pas être trop claustro pour aller le visiter.
Irène
23 octobre 2018
Et bien dis donc, les amateurs de cryptozoologie seront servis :D ! C’est ce qui m’a le plus interpellée, on aurait envie de s’arrêter sur chaque pièce exposée, pour savoir qui l’a faite, quand, à partir de quels animaux ou autres choses bizarres. Tiens d’ailleurs c’est marrant, la « sirène » me semble ressembler pas mal à la version qui en a été faite dans Harry Potter (dans le 4), lorsqu’on voit les êtres qui peuplent le lac de Poudlard, tu vois de quoi je parle ? Un peu vert, mains palmées, pas de cheveux…
Merci pour cette visite en tout cas. C’est vrai qu’il y a des trucs un peu dérangeants par contre (je me pose toujours la question dans les musées de manière plus générale, en ce qui concerne les pièces lointaines, les têtes réduites…la légitimité qu’on a ou pas à les exposer. D’ailleurs si tu as l’occasion d’aller ou de retourner à Florence, le musée d’ethnographie a une magnifique collection avec des momies, des têtes réduites, des costumes de tous les peuples du monde et même en août il n’y avait per-sonne : les gens sont pas là pour ça, le musée est boudé ! Malgré ces questionnements c’est de toute façon un musée qui vaut le coup)
Marie
29 octobre 2018
Oui, je vois très bien ! En effet, si on met de côté l’aspect diaphane des sirènes de Harry Potter, il y a vraiment quelque chose, c’est vrai.
Oui… C’est une problématique importante et vaste, puisqu’elle concerne un grand nombre de musées contenant des objets/œuvres importées. A. en parle à titre individuel à propos de sa collection ostéologique. C’est intéressant.
De mémoire, je n’ai pas vu de message particulier à ce sujet au Viktor Wynd… Mais une bonne part des cabinets de curiosités se constituent au fur et à mesure, ici par une vente aux enchères, là par une trouvaille au hasard d’une brocante ou d’une petite annonce… J’imagine qu’il est de fait difficile de s’assurer de l’origine de chaque specimen (il doit d’ailleurs y avoir tout un marché parallèle pour les faux…).
Oh cool, merci pour ce bon plan ! Retourner à Florence est un de mes rêves, j’étais trop jeune pour vraiment m’en imprégner lorsque j’y suis allée la première fois. Toutefois, certaines merveilles vues aux Offices m’ont durablement marquée.
Alexandrine
23 octobre 2018
Je rêve d’aller voir ce boui-boui qui ressemble à la tente du tournoi de Quidditch : plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur ! (d’ailleurs, c’est un poil copié sur la niche de Snoopy, mais bon). On a l’impression que c’est immense à cause de l’accumulation, mais c’est petit en fait… C’est un vrai cabinet de curiosité dans le sens où justement, tout est mis un peu pêle-mêle sans souci de gradation ou de rareté, je trouve cela fascinant car c’est justement ce mélange qui est inspirant (enfin, pour les weirds comme nous sans doute ^^), même s’il y a parfois de l’extrême. Je me souviens à Rouen, au Musée Flaubert d’Histoire de la médecine, il y a un foetus calcifié qu’on a retrouvé dans l’utérus d’une femme lors de son autopsie. L’idée qu’elle a vécu avec ce truc immonde en elle pendant tout ce temps (parce que quand même, le foetus est clairement visible, c’était plus un haricot) m’a fait frémir. Et en même temps, ma fascination pour l’anatomie a pris le dessus et je ne cessais d’observer ce machin sous tous les angles… Voilà, maintenant on va croire que je suis folle (ça, c’est fait) ^^.
Les têtes réduites sont excellentes, je me souviens de ma stupeur en découvrant, pendant mon master 1, au détour d’un texte, comment en réalité on fabrique une tête réduite, qui n’est absolument pas une vraie tête réduite bien sûr, ce qui est anatomiquement impossible à réaliser, même par magie. Même en connaissant le procédé, les résultats sont toujours impressionnants !
Alors, j’ai une lecture pour toi : Royaume de l’artifice: l’émergence du kitsch au XIXe siècle, de Céleste Olalquiaga. Elle y parle notamment de la fascination victorienne pour tout ce qui relevait de l’aquatique, des végétaux, des miroirs, de la transparence. Cela tourne beaucoup autour du cabinet de curiosité, et, chose magnifique, tout un chapitre très documenté et complet sur les sirènes… ^^
Belle journée, et merci pour ton article !
Alexandrine
Marie
29 octobre 2018
C’est exactement ça !!
L’histoire du fœtus calcifié m’intrigue beaucoup, vivement que j’aille à Rouen voir ça !
Je te remercie pour ton conseil de lecture, je vais essayer de me procurer ce livre, car en effet le sujet m’intéresse beaucoup.
Marie
29 octobre 2018
Alexandrine !! Je tombe sur l’article A Fetus Can Turn to Stone in Its Mother’s Body and Go Undiscovered for Decades juste après t’avoir répondu !
Alexandrine
30 octobre 2018
Rhooooo, je vais aller lire ça ! Merci Marie !!!! ^^ (je suis sûre que le livre te plaira, il est très intellectuel mais en conservant un ptit côté « barré » que j’aime bien, Céleste écrit vraiment très bien et c’est passionnant de la lire !)
La sorcière enquête
24 octobre 2018
Je suis allée là bas l’année dernière, j’avais adoré!!! C’est un de mes endroits préférés à Londres! Ton article me donne envie d’y retourner pour aller au Grant Museum of Zoology et aux studios Harry Potter!
Marie
29 octobre 2018
Yeah ! Je pense retourner au Grant cette fois-ci, car ça commence à faire pas mal d’années que j’y suis allée, et puis comme c’est gratuit, pourquoi se priver ?
Aurelie
25 octobre 2018
Je ne connaissais pas cet endroit, quelle découverte! J’ai vu ton partage sur twitter et il me tardait d’avoir un peu de temps pour venir lire ton article. Depuis toute petite je suis fascinée par les Wunderkammer et je suis heureuse d’avoir une nouvelle adresse où me rendre dans le futur (et que ce soit un bar ne gache rien ahah), merci pour la visite virtuelle <3
Marie
29 octobre 2018
Coucou Aurélie, merci beaucoup pour ton commentaire ! Cela me fait plaisir de t’accueillir sur ma planète.
Bizarrement, j’ai mis des années avant d’entendre parler du Viktor Wynd Museum pour la première fois, alors que j’allais déjà à Londres depuis longtemps… Je suis heureuse de te passer le relai à mon tour :)
Catherine LUTHI
28 octobre 2018
Un grand merci pour le récit de ses promenades au coeur de Londres.
Cela me donne une envie folle d’y retourner.
Par contre, pas sure de visiter ce petit musée, super intéressée mais pas trop envie du côté fermé, sombre…
La visite virtuelle est géniale !
J’attend le prochain récit avec impatience !
Marie
29 octobre 2018
Merci beaucoup Catherine ! Je comprends, c’est vraiment particulier comme ambiance.
Si tu aimes les curiosités, mais que tu préfères un cadre moins anxiogène et plus propre, il ya des musées publics sympas à voir à Londres :
C’est ça qui est génial avec Londres, il y en a pour tous les goûts !
Tu m’as donné envie de poursuivre mes chroniques londiennes, tiens.
Johanna
29 octobre 2018
Cet article est tout bonnement merveilleux !! Merci beaucoup Marie pour ce chouette billet avec tous ces détails écrits riches d’informations et saupoudré d’une petite pointe d’humour qui s’aventure à évoquer certains objets de la collection qui détourneraient ou défieraient le sens de l’hygiène contemporain !! Ce lieu a l’air vraiment de regorger de trésors insondables ! Les photos sont très parlantes : elles donnent absolument envie de s’y rendre illico !! Adresse du coup à noter dans les immanquables détours à faire !!
Marie
6 novembre 2018
Merci beaucoup pour ton retour ! Je suis ravie de te lire, et de savoir que mon billet t’a donné envie d’aller faire un tour chez Viktor Wynd. ;-)
L'ourse bibliophile
16 novembre 2018
J’ai adoré ce cabinet de curiosité. C’est un lieu vraiment exceptionnel, à la fois dérangeant et franchement fascinant. J’aurais pu y rester des heures pour tout examiner, il y a tellement de choses incroyables dans cette cave !
Tes photos sont magnifiques et me remettent plein de souvenirs en tête, me font retrouver des sensations que j’ai eu sur place.
Marie
20 novembre 2018
Merci beaucoup pour tes commentaires, chère Ourse ! Je suis vraiment ravie de savoir que ce billet-ci a pu faire office de madeleine de Proust l’espace d’un instant.